Page images
PDF
EPUB

CHIMIE.

Lettre de M. J.-B. VILLON au Rédacteur du Journal de Physique, sur le Lithium, le Carbonite neutre d'Ether, le Sirium, la précipitation réciproque à l'état métallique de l'Etain et du Plomb, l'Alun de Soude, l'Indigo, etc.

MONSIEUR,

Vous saurez qu'en Allemagne comme en Angleterre, on a réduit le Lithium par le moyen de la pile; c'est un vrai métal d'alcali blanc, éclatant et pas tout-à-fait aussi persistant que le Sodium, car il brûle aussitôt qu'il est soustrait à l'influence de la pile. L'amalgame de Lithium décompose aussitôt l'eau.

Le muriate de Lithium, quoique cristallisable, est aussi déliquescent à l'air que le muriate de chaux; converti en chlorure par l'expulsion de l'eau, il échange au feu le chlore contre de l'oxigène, et reste demuriaté.

Le nitrate de Lithium se décompose au feu avec les mêmes phénomènes que le nitrate de potasse.

M. Banhof en distillant, à quelques reprises, de l'alcool sur de l'acide oxalique effleuri, a substitué une portion d'éther, 36,5, à une portion d'eau. Le carbonite neutre d'éther qui est ainsi obtenu, est sous forme d'huile; et lorsqu'on le sature de gaz ammoniacal, il est converti en une poudre blanche, insoluble dans l'eau, et qui se laisse sublimer sans altération, lorsqu'elle est exempte d'humidité. Cependant, l'éther oxalique lui-même, étant traité au feu, avec de l'eau, laisse échapper l'alcool et se régénère en acide oxalique; une proportion d'acide carboneux, 34,5, on 21 d'acide carbonique et 13,5 d'oxide de carbone et une proportion d'éther, 22,5, ou 14 de carbone hydrogéné, et 8,5 d'eau, sont ses principes constituans.

Le Sirium est toujours considéré comme un métal particulier. Il n'est réductible qu'en alliage avec un autre métal, et surtout avec l'arsenic. Ses oxides sont blancs, ne s'altèrent pas à l'air, et soutiennent, sans se fondre, une chaleur de 150° de Wedgwood. Ses sels sont également blancs.

Les dissolutions de Sirium sont précipitées en blanc par le prussiate de potasse, en blanchâtre par l'infusion de noix de galle, et en noir par l'hydrogène sulfure; ce dernier précipité se dissout aisément dans les acides.

M. Fischer a fait de très-jolies expériences sur la précipitation réciproque et à l'état métallique, de l'étain et du plomb. De

l'acétate acidule de l'un de ces métaux, est en partie décomposé par l'auire. L'étain ne précipite le plomb qu'en partie, maist le plomb précipite entièrement l'étain. Lorsque les acétates sont neutres, il n'y a point d'action; cependant pour l'étain, l'action continue à l'etat neutre lorsqu'elle a commencé à l'état acidule. Le plomb décompose le muriate d'étain et s'oxidule avec rapidité; mais le même sel et oxide n'en est que lentement attaqué, malgré l'affinité si supérieure de l'oxidule d'un métal sur son oxide. La cause de cet effet est exposée dans mes Principes; un mélange de limaille d'étain et de plomb, est dissous dans Jes deux métaux par le vinaigre; un alliage des deux mêmes métaux ne l'est pas. Cet alliage n'est dissous que dans l'étain, par l'acide muriatique.

M. Zellner a découvert un sulfate de soude et d'alumine qui cristallise très-bien, s'effleurit légèrement à l'air et se dissout daus le double de son poids d'eau froide; il l'appelle Alun de Soude. Ce sel consiste en une demi-proportion, 16,5, d'alumi.; une troisième proportion, 9,85, de soude, et une proportion 37,5 d'acide sulfurique, dont, par conséquent, deux sixièmes proportions sont en excès; puis six proportions, 5,1 d'eau. Bucholz, que la science vient de perdre, sans rien connoltre du travail de vos chimistes, a trouvé dans l'ipécacuanha, les mêmes principes qu'eux.

Léopold Ginelin trouve que le procédé le plus expéditif de se procurer de l'hydrogène sulfuré, est de le dégager de ce qu'il appelle Sulfure de Magnésie, et qui probablement est de l'oxisulfure, au moyen d'un acide. Il se procure le sulfure en traitant l'oxide de manganèse désuroxidé au feu, avec un quart de son poids de soufre, et un sixième de charbon, dans un creuset, jusqu'à l'ignition; il reste une masse brane, verdâtre. L'oxide de manganese et l'oxidule de fer semblent avoir assez d'énergie pour que leurs oxisulfures se partagent par l'eau, en hydrosulfure et sulfite sulfuré.

M. Sertuerner a trouvé que les acides énergiques acidifient les combustibles les plus indifférens, et que les acides ainsi produits, se salifient très-bien avec les oxides. C'est ainsi, dit-il, que l'acide sulfurique forme avec l'alcool, trois acides différens de cette espèce, et qui par la chaux sont conversibles en sels; M. Sertuerner peut avoir pris le sous-sulfate d'éther pour un acide particulier.

Doebereiner s'est assuré que l'indigo, dans son état de grande pureté, consiste en carbone et en azote, dans le rapport du charbon

animal (36 du premier combustible et 13,5 du second) avec de l'hydrogène et de l'oxigène, dans des proportions qu'il n'a pas encore déterminées. Lorsque l'indigo est traité avec l'oxidule de fer, la chaux et l'eau, il n'abandonne point d'oxigène, mais reprend de l'hydrogène et forme un hydracide que M. Doebereiner nomme acide isatinique, hydrogène indigore, acide hydroindigoïque. Cet acide est incolore et se trouve combiné avec la chaux dans la cuve d'indigo, dont la matière colorante passe si aisément au bleu, à l'air, par la perte de l'hydrogène.

[ocr errors]

siste en

Grottbus a publié un très-beau travail sur l'acide sulfochyazique de Porret, dont je pourrai vous donner une traduction. Il a trouvé que cet acide, qu'il appelle Anthrazothionique, com une proportion 6 de carbone, une proportion 13,5 d'azote, trois proportions 4,5 de soufre, et trois proportions 3. d'hydrogène. L'acide hydro-cyanique y échange, par conséquent, une proportion de carbone contre trois proportions de soufre et deux proportions d'hydrogène, et il contient les élémens de trois proportions 48 d'hydrogène sulfuré, comme d'une proportion 1,5 d'ammoniaque. Le premier gaz seroit uni à une proportion 19,5 d'azote carboné, et le second à une proportion 51 de soufre carboné. Cet acide colore en rouge foncé l'oxide de fer. L'Anthrazothionate de potasse se forme en gros cristaux prismatiques blancs. Agréez ma parfaite estime.

Louvain, 17 septembre 1818.

J.-B. VILLON.

Sur la combinaison de l'Alcool au moyen de la lampe sans flamme, par JOHN DALTON.

En considérant le phénomène de la lampe sans flamme qui eontinue la combustion de l'Alcool, au moyen d'un fil de platine roulé en spirale, M. Dalton fut frappé de l'idée qu'on pour roit desirer de savoir si les produits de cette combustion sont les mêmes que ceux de la combustion ordinaire. Il étoit disposé à penser qu'une combustion imparfaite ou une demi-combustion du charbon, en étoit peut-être le résultat, et que si une masse d'air isolée étoit soumise à cette opération, on y trou veroit plutôt de l'oxide de carbone que de l'acide carbonique.

Il suggéra, il y a environ trois mois, cette conjecture au Dr Henri, et ils ont fait brûler immédiatement cette lampe sous une cloche de verre. Après en avoir extrait une portion de l'air, ils furent bientôt convaincus, par les réactifs ordinaires, qu'il contenoit de l'acide carbonique. Peu de jours après,

en répétant l'expérience, dans la vue de trouver si l'oxide de carbone étoit mêlé avec cet acide, on fit brûler la lampe sous une cloche de verre de 120 pouces cubiques, jusqu'à ce que le fil cessât de paroître rouge dans l'obscurité; alors on remplit un flacon de l'air de la cloche, pour l'examiner; on n'eut pas plutôt enlevé la cloche, que le fil redevint rouge comme auparavant; ce qui montroit que la combustion n'avoit pas cessé. En examinant l'air sur le mercure, à la manière ordinaire, on trouva qu'il contenoit 14 pour cent d'oxigène, et environ quatre pour cent d'acide carbonique; mais on ne put découvrir un alome d'acide carbonique de plus, en enflammant le résidu avec un mélange d'hydrogène et d'oxigène.

Ainsi la conjecture par rapport à la production de l'oxide de carbone, ne fut pas confirmée par l'expérience. Cette espèce de combustion paroissoit plutôt supérieure qu'inférieure en énergie à la combustion ordinaire, puisque l'oxigène se trouvoit beaucoup plus diminué qu'il ne l'auroit été par la combustion ordinaire prolongée jusqu'à extinction.

Afin d'examiner ce dernier point plus complètement, M. Dalton laissa brûler la lampe avec flamme sous la même cloche remplie d'air atmosphérique, jusqu'à ce qu'elle s'éteignit spontanément. Le gaz restant se trouva composé de 16 pour cent d'oxigène et de trois d'acide carbonique. On ralluma de nouveau la lampe sans flamme sous la même cloche et dans les mêmes circonstances; elle s'éteignit au bout de 40 minutes; le résidu de l'air ayant été analysé, on n'y trouva que 8 pour cent d'oxigène, avec presque la même quantité d'acide carbonique.

M. Dalton dit avoir trouvé fréquemment dans des occasions précédentes, que la combustion de l'huile, de la cire, du suif, etc., diminuoit l'oxigène presqu'au même degré, avant que la combustion cessåt, savoir, de 4, 5 ou 6 pour cent, l'oxigène montant à 21 pour cent au commencement. Voilà donc, selon lui, un fait très-singulier et très-remarquable, c'est que cette espèce de combustion seroit capable de diminuer l'oxigène d'une si grande quantité, ou bien de s'entretenir dans des circonstances où la combustion ordinaire cesse entièrement. (Annals of Phi losophy, oct. 1818.)

ZOOLOGIE.

Sur le Poison des poissons; par le D' DIKSON. Extrait d'un Mémoire lu à la Société Linnéenne, en Angleterre, le 7 et le 21 avril 1818. Le Dr Dikson entend par le Poison des poissons, non les con

séquences sérieuses et quelquefois fatales, qui accompagnent les blessures faites par les aiguillons de la Raie ou par ceux des autres espèces de poisson, mais les accidens qu'on éprouve pour avoir mangé certains poissons ou certaines parties de pois son. Les journaux de plusieurs voyages nous offrent des exemples de personnes qui, pour avoir mangé certain poisson, ont été plus ou moins dangereusement malades, ont eu le corps gonflé et la peau couverte d'éruptions irritantes. Souvent la qualité malfaisante semble résider dans une partie du poisson en particulier, spécialement dans le foie et dans les intestins, comme il paroît résulter de ce que parmi l'équipage d'un vaisseau, il n'y a eu d'incommodés que ceux qui ont mangé de ces parties, C'est une observation commune, que tout poisson est une nourriture plus saine et plus agréable avant d'avoir frayé qu'après; le poisson, dans le premier cas, étant plein de santé et de vi gueur, tandis que dans le second, il est malade, maigri, et que la fibre musculaire en devient molle d'une manière remarquable. La différence entre ces deux états qui, dans les climats tem pérés de l'Europe, ne va guère qu'à rendre moins savoureux le poisson considéré comme objet d'aliment, est souvent cause, sous les tropiques, que la même espèce devient un aliment sain dans un cas et un aliment dangereux dans un autre. De plus, on observe que certaines espèces, spécialement aux Indes occidentales, sont saines pendant la même saison, dans certaines situations, et sont tout le contraire dans d'autres. Ainsi, on assuré que tous les poissons, sur les côtes des Barbades, sont une nourriture saine, même ceux qui, le long des côtes des autres les, sont dangereux à manger. On cite des exemples d'un vaisseau qui, un jour, tomba au milieu d'une multitude de poisé sons parfaitement bons à manger et qui, le lendemain, arriva au milieu d'une autre troupe de poissons de la même espèce, Jesquels se trouvèrent capables d'empoisonner.

Il n'est pas très-aisé de déterminer la cause de ces différences. Le moyen ordinaire parmi les marins pour savoir s'it y a sûreté ou risque à manger d'un poisson suspect ou inconnu, c'est de mettre une pièce d'argent dans le vase où l'on fait cuivre le poisson; si l'argent acquiert une couleur de caivre, le poisson est considéré comme malfaisant; sa couleur de cuivre ou plutôt de bronze, développée en cette circonstance a été probablement la raison pour laquelle la saveur du poisson dans cet état, a été attribuée au cuivre, dont on supposoit que le poisson s'étoit infecté, en cherchant sa nourriture sur des rivages con

« PreviousContinue »