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queur qui ne contenoit ni acide sulfurique ni baryte, ou du moins qui ne précipitoit ni par le nitrate de baryte, ni par l'acide sulfurique; elle contenoit cependant beaucoup d'oxigène; évaporée jusqu'à siccité, elle ne laissa qu'un résidu à peine appréciable, qui n'a très-probablement aucune influence sur l'oxi génation du liquide (1).

L'eau est donc susceptible de pouvoir être oxigénée, et M. Thenard est déjà parvenu à lui faire absorber plus de six fois son volume d'oxigène.

L'eau oxigénée par ses propriétés physiques, ressemble toutà-fait à l'eau ordinaire; elle est insipide, n'a aucune action sur la teinture de tournesol. Parmi ses autres propriétés chimiques qui paroissent être nombreuses, M. Thenard rapporte les suivantes :

Mise sous la machine pneumatique, et le vide étant fait à un haut degré pendant un jour entier, il ne se dégage pas d'oxigène. Elle se distille à la température ordinaire sans éprouver d'altération, tandis qu'elle laisse dégager son oxigène tout entier à la température de 100°.

L'oxide de mercure n'a presque aucune action sur elle.

Mise en contact avec l'oxide d'argent, elle le réduit tout à coup, en se désoxigénant elle-même, de sorte que l'effervescence est très-considérable. L'argent à l'état métallique et l'oxide puce de plomb la désoxigène presque aussi bien.

Les eaux de baryte, de strontiane et de chaux forment avec elle une foule de paillettes comparables à celles qui se produisent par le mélange d'un acide oxigéné et de ces dissolutions al

calines.

Mais si l'eau est susceptible de s'oxigéner, ajoute M. Thenard, existe-t-il des acides oxigénés? L'eau oxigénée abandonne beaucoup plus facilement son oxigène lorsqu'elle est pure, que lorsqu'elle contient un peu d'un acide tel que l'acide phosphorique, l'acide fluorique, l'acide sulfurique, l'acide hydro-chlorique l'acide arsénique, l'acide oxalique, etc., etc. En effet, que l'on prenne de l'eau oxigénée, qu'on la chauffe au point d'en dégager beaucoup de gaz oxigène, et qu'on y ajoute un peu de l'un de ces acides qui pourront être chauffés d'avance, et à l'instant même le dégagement de gaz cessera. Les acides sulfu

(1) M. Thenard pense qu'il seroit cependant nécessaire de rechercher si ce foible résidu n'a réellement aucune influence.

rique, phosphorique, oxalique, fluorique, peuvent même être chauffés pendant plus d'une heure sans perdre, à beaucoup près, tout l'oxigène qu'ils contiennent (1) ainsi leur présence dans l'eau oxigénée augmente donc l'affinité du liquide pour l'oxigène.

Il paroît en être de même du sucre, de plusieurs autres substances végétales, et de diverses substances animales; et s'il m'étoit permis d'aller plus loin, ajoute M. Thenard, je dirois que vraisemblablement la plupart des corps ont sur l'eau oxigénée une action qui tend à unir plus intimement l'oxigène à l'eau, ou à l'en séparer.

NOUVELLES SCIENTIFIQUES.

ASTRONOMIE.

Sur une nouvelle Comète; par M. PONS.

M. PONS, astronome adjoint de l'Observatoire royal de Marseille, a découvert le 26 novembre, une nouvelle comète dans la constellation de Pégase. D'après les observations de M. Blanpain, elle avoit, le 27 novembre, à 4 46′ de temps moyen 332° 22' d'ascension droite, et 8° 2' de déclinaison boréale. Le lendemain, 28, à 8 temps moyen, le même astronome a vu la Comète par 332° 2' d'ascension droite, et 7° 48′ de déclinaison boréale. Cet astre est très-foible, il est visible à l'œil nu; avec une lunette, on aperçoit un foible noyau entouré d'une lumière pâle et diffuse.

CHIMIE.

Sur la fausse Angusture, Angustura pseudo-ferruginea; par

MM. PELLETIER et CAVANTOU.

D'après une note que MM. Pelletier et Cavantou ont lue à la Société Philomathique dans sa séance du 29 novembre, la fausse Angusture doit ses propriétés vénéneuses à une matière alcaline cristallisable, qui paroît avoir beaucoup d'analogie avec la Vauqueline, substance nouvelle dont nous devons aussi la découverte

(1) L'acide fluorique l'abandonne un peu plutôt que les autres acides, lorsque l'expérience se fait dans le verre, parce que le verre se trouve attaqué.

aux mêmes chimistes. Elle en diffère cependant par plusieurs caractères. Elle est d'abord beaucoup plus soluble; son deutonitrate prend une couleur violette superbe par le proto-hydrochlorate d'étain; son nitrate ne cristallise pas comme celui de la Vauqueline. Cependant MM. Pelletier et Caventou ne prononcent pas encore sur l'identité de ces deux substances ou sur leur séparation (1); ils n'insistent que sur son existence et son alcalinité.

La poussière jaune rougeâtre qui se trouve souvent à la surface des écorces de fausse Angusture, ne doit pas sa couleur à l'oxide de fer, comme on l'a trop légèrement avancé. C'est une matière particulière soluble dans l'alcool, et qui prend une belle couleur verte par le contact de l'acide nitrique.

GÉOLOGIE.

Sur la découverte d'un grand fleuve dans la baie de Van-Diémen; au nord de la Nouvelle-Hollande.

Le capitaine King, chargé par le Gouvernement anglois d'explorer la côte nord-ouest de la Nouvelle-Hollande, vient d'envoyer à l'Amirauté, des dépêches datées de Timor, et dont il résulte que cet officier a rempli avec succès sa mission. Il a pénétré derrière les îles de Rosemary où Dampier croyoit qu'il y avoit une baie ou un grand fleuve; il a également examiné Les autres points de cette grande côte, et n'y a trouvé aucune ouverture, et seulement de petites baies, ainsi que les anciennes cartes hollandoises l'indiquoient déjà; il n'y a pas vu de rivière considérable. Mais arrivé à la baie de Van-Diémen, au nord de la Nouvelle-Hollande, il y a découvert un grand fleuve qui forme à son embouchure un delta considérable, et qu'il a remonté avec le schooner le Mermaide, qu'il commande, l'espace de 60 milles; à cette distance, le fleuve avoit encore plus de 400 pieds de large. Le terrain bordant ce fleuve, aussi loin que la vue pouvoit se porter, offroit uue immense plaine composée d'un sol d'alluvion. La marée remontoit dans ce fleuve à une distance considérable.

(1) Depuis la communication de cette Note, j'ai appris de MM. Pelletier et Cavantou, qui poursuivent, comme on le pense bien, leurs expériences sur cette écorce, que la matière alcaline de la fausse Angusture étoit certainement différente de la Vauqueline. (R)

De l'Imprimerie de Mme V COURCIER, rue du Jardinet, n° 12,

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