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de Poulpe, recueillis par Cranch. Ces œufs sont, dit-il, uuis entre eux par des pédoncules, absolument comme ceux du Poulpe commun, Sepia octopus, Linn., et leur sont entièrement semblables sous tous les rapports (1); ils diffèrent de ceux de la Janthine, Helix Jantina, Linn., et des autres vers testacés qui vivent dans l'eau, parce qu'ils ne sont pas contenus dans des espèces de nids chambrés, et parce qu'ils ont au contraire un jaune considérable pour servir à la nourriture du jeune animal lorsque l'œuf est éclos. Ainsi, suivant sir Everard Home, c'est encore un caractère qui sert à prouver que cet animal ne doit réellement pas avoir de coquille; et que si on le trouve dans celle de l'Argonaute, ce ne peut être qu'accidentellement; et, ajoute-t-il, si quelques personnes ignorantes en Anatomie comparée, ont assuré avoir vu dans des œufs trouvés dans une coquille d'Argonaute, une coquille semblable à celle-ci, elles auront pris le jaune de l'œuf pour une coquille.

De la mesure de l'effort journalier d'un moteur animé; PAR M. HACHETTE.

EULER a donné, dans les Mémoires de l'Académie de SaintPétersbourg, années 1760 et 1761 (pag. 245), une formule pour exprimer l'effort de l'eau sur l'aile d'une roue à aubes. Nommant et u les vitesses de l'eau et de l'aile, h la hauteur génératrice de la vitesse v, a la surface de l'aile, et faisant pour abréger a'h A, on suppose que l'effort A' de l'eau contre l'aile est exprimée par (1). Comparant ces vitesses » et u à celles d'un moteur animé qui marche librement, ou qui marche en faisant un effort capable de mettre une machine en mouvement, Euler considéra la quantité A comme l'effort maximum d'un mo

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(1) Sans entrer ici dans des détails nécessairement déplacés sur la structure vraiment remarquable des œufs des Sèches, je dois rapporter une observation que j'ai eu l'occasion de faire plusieurs fois sur des groupes de ces œufs nommés raisin de mer sur les côtes de la Normandie, et qui donne un nouvel exemple d'animaux exécutant toutes leurs fonctions au sortir de l'œuf, c'est que si l'on en ouvre un au moment de sa maturité et dans l'eau, la jeune Sèche en sort en jetant son encre et en cherchant à s'échapper en tous sens, avec autant de vitesse et de facilité que les plus grands individus.

teur animé, ou comme le plus grand effort de ce moteur dans l'état de repos, c'est-à-dire quand u=o, auquel cas la formule A' = A (1) donne A'=A. Elle donne encore A'=o, quand u=v; ainsi elle est vérifiée pour les deux limites o et v de la vitesse u.

M. Schulze, dans un Mémoire de l'Académie de Berlin année 1783, a fait voir que cette formule se vérifioit par rapport à l'homme, pour des valeurs de u comprises entre les limites précédentes. J'ai recherché si elle se vérifieroit de même par rapport au cheval.

Les expériences faites avec le dynamomètre, ont appris que l'effort maximum d'un cheval attelé, est moyennement de 400 kilogrammes. Sa vitesse par seconde, lorsqu'il marche librement au pas, est de 1,66 mètre par seconde, de 3",3 au trot, et 5,3 au galop.

Ainsi l'on a A = 400*; v=1",66.

Ayant recueilli plusieurs observations sur la vitesse du cheval attelé à un manége, je choisirai de préférence celle que j'ai faite rue Mouffetard, n° 80, à la brasserie dite du bon Pasteur. Là, trois chevaux sont attelés au même manége, et font mouvoir des pompes qui élèvent 155 muids d'eau à la hauteur de 132 pieds. La durée du travail journalier est de 4 à 5 heures, selon que les pistons sont en bon ou mauvais état. Cette action des trois chevaux équivaut à 1784 grandes unités dynamiques (un mètre cube d'eau élevé à un mètre); ce qui donne pour chaque cheval 595 unités.

Le diamètre du manége est de 6 mètres, et ils font 13 tours en 5'; la vitesse par seconde est o",8.

Ainsi l'on a u=o",8, ou 8 décimètres. Substituant ces valeurs de A, et u dans la formule, on trouve

A'100 kilogr.

ce qui est le tirage ordinaire des chevaux. Je ne l'ai pas mesuré directement; mais connoissant la vitesse, le tirage et le temps du travail journalier, 4 heures, par exemple, il est facile de voir que l'effet dynamique journalier, est environ 1185 unités, qui est réduit à l'effet utile de 595. Cette nouvelle application de la formule d'Euler, semble prouver qu'elle peut servir à cal culer l'effort journalier d'un moteur animé, quel qu'il soit, et que le résultat se rapprochera davantage de l'expérience que pour le mouvement de l'eau qui vient frapper les ailes d'une

roue à aubes, quoique la formule ait été faite pour celle espèce de mouvement.

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ν

En effet, prenant A' pour la pression de l'eau sur l'aile, l'effet dynamique seroit cette pression multipliée par la vitesse u, ou Au (1 - 4). Différenciant cette quantité et égalant à zéro la différentielle, on auroit u=z. Or, on sait ž. Or, on sait par expérience, que la vitesse correspondante au maximum d'effet a une valeur plus voisine de que de; c'est pourquoi Borda avoit supposé que la pression sur l'aile de la surface a', étoit a3v(v-u); ce qui donne pour l'effet a2v (uv — u2); égalant à zéro la différentielle de cette quantité, on a u. Suivant Smeaton, la vitesse du maximum d'effet est à très-peu près les de la vitesse de l'eau. Que cette vitesse soit la moitié ou les de celle de l'eau, la vitesse que l'eau conserve après avoir frappé les ailes de la roue, est totalement perdue pour l'effet dynamique. Il est donc bien important, si l'on veut économiser la force motrice, d'assimiler les roues à aubes aux roues à augets, par le procédé nouvellement introduit en France par M. Atkins. Ce procédé consiste à faire tourner les ailes dans une portion cylindrique d'un rayon très-peu différent de celui de la roue. Ce cylindre placé à la naissance du coursier, a pour arêtes, des droites parallèles à l'axe de la roue; il se termine au plan vertical passant par cet axe, et son arête supérieure est à la hauteur du niveau de la source.

Cet exemple, joint à beaucoup d'autres que nous avons sous les yeux, fait voir que dans l'état actuel de la science des Machines, l'étude et l'invention des formes qu'il convient de donner aux diverses parties d'une Machine, contribuent essentiellement aux progrès de cette science.

MÉMOIRE

Sur la propriété que le Fer acquiert dans certainés cir constances, de colorer le verre en bleu et deremplacer ainsi le Cobalt;

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PAR M. C. PAJOT DESCHARMES

JUSQU'A présent on ne connoit que le Cobalt et ses diverses préparations, comme propres à colorer en bleu sous diverses.

nuances inaltérables, les verres, les émaux, les porcelainés, faïences, poteries et aussi les empois qui servent aux apprêts des batistes, linons ou autres linges fins.

On n'exploite pas en France des mines de Cobalt. M. le comte de Beust, avant 1789, avoit commencé l'exploitation de ce métal, près Baguères de Luchon; mais différens motifs lui firent bientôt abandonner cette entreprise.

Tout le Cobalt qui se trouve dans le commerce, soit en métal, soit en safre, smalt et azur, se tire de l'étranger, et principalement de la Suède, de l'Autriche, de la Saxe et aussi de la Hollande (1); ces diverses substances sont chères; il seroit infiniment utile à ceux de nos arts auxquels elles sont indispensables, que l'on pût se procurer une matière propre à les suppléer à un prix modéré.

Depuis long-temps c'est une chose connue, que le Fer est susceptible de recevoir la couleur bleue, et de la communiquer en outre à certaines substances; mais les modifications que ce métal doit subir, influent beaucoup sur le résultat qui s'obtient par la voie sèche ou par celle humide. Je ne parlerai ici principalement que du premier moyen, comme le seul qui importe et soit relatif à l'objet de mes recherches.

J'avois, en maintes occasions, été à même de remarquer par suite de mes travaux concernant l'art de la verrerie que le Fer pouvoit procurer aux divers corps avec lesquels il se trouvoit allié, tantôt la couleur rouge sanguine et tantôt celle bleue qui m'intéresse. Je savois que celle-ci étoit plus fréquente qu'on ne pourroit d'abord le croire, mais il étoit difficile de reconnoître dans quelles circonstances particulières cette dernière couleur étoit produite. Je voyois des morceaux de picadil (2) sortir de la fosse des fours de verrerie, alimentés en bois, avec une couleur bleue plus ou moins intense, les laitiers des fourneaux de forges (3) recevoir aussi la même teinte,

(1) La Hollande tire de la Saxe tout le smalt qu'elle met dans le commerce après l'avoir raffiné; elle en prépare annuellement pour une valeur de plusieurs millions de francs.

(2) Dans les verreries alimentées avec le bois, on donne le nom depicadil à du verre tombé des pots, des cannes et des autres instrumens dans le four, où il ne tarde pas à prendre une couleur plus ou moins olive ou noire à raison des cendres, des charbons et dufer des outils dont il se trouve entaché par suite de son mélange avec ces substances.

(3) Le laitier des hauts-fournaux est une espèce de verre terreux composé d'argile et de chaux, et coloré par le fer de la mine et le charbon.

le verre des bouteilles à vin (1) se revêtir de la même couleur, lorsqu'elles étoient exposées long-temps au feu; le même verre se colorer tantôt en rouge, tantôt en bleu, lorsque pour le convertir en porcelaine, dite de Réaumur, je l'enveloppois d'un cement particulier, c'est-à-dire de sulfate de chaux, quand je desirois obtenir la couleur bleue (2). J'observois que les glaces vues en pile, et du côté de leur tranche, présentoient des couleurs plus ou moins bleues ou d'un vert bleuâtre; je trouvois parfois la surface de quelques-unes tachées tantôt de veines bleues, tantôt de veines vertes tirant sur le bleu. Je les voyois même entièrement teintes d'une nuance fortement azurée, lorsque dans certains essais je ne me servois pour fondant que de sulfate de soude (3); celles opales ayant pour fondant le sel de soude des îles Canaries, réflétoient aussi principalement la couleur bleue; les verres à vitre et ceux en table, lorsque le sel

(1) Le verre du fond des pots des verreries à bouteilles est aussi susceptible de se colorer en bleu, surtout quand les pots sont chambrés, c'est-à-dire quand la fente du pot par où le verre s'écouloit, a été bouchée avec une masse ou pelotte d'argile composée et fraîche que l'on a appliquée contre. C'est dans le fond des pots que se précipitent les parties du fer non incorporées. suffisamment avec la masse vitreuse dans laquelle elle se trouve quelque temps suspendue. En général, le verre du fond des pots des verreries est plus bleu que celui du dessus. Cette différence est remarquable, surtout dans les glaceries et les verreries à vitre.

(2) Le sable argileux ou l'argile seule, produit aussi les mêmes veines bleues qui, pour l'ordinaire, traversent toute l'épaisseur du vase, vis-à-vis le cément, lorsque ce verre n'a que quelques lignes d'épaisseur; ces accidens sont en outre subordonnés à l'intensité et à la durée de la chaleur.

(3) Une de ces glaces bleues a été soumise à l'exposition publique de l'an VI (1796); elle étoit accompagnée d'une autre glace de couleur olive. Ces deux glaces colorées diversement par le fer, ont été transformées en deux plateaux electriques d'environ trois pieds et demi de diamètre. J'en fis don dans le temps à M. Gautherot, qui s'est beaucoup occupé d'en comparer la vertu avec celle d'un plateau de même dimension en verre de glace ordinaire, c'est-àdire de couleur blanche et aérienne. Ces deux plateaux furent, par la suite, soumis au four de M. Billaux, à l'effet d'ajouter encore à l'énergie de leur électricité; il seroit important de savoir dans quelles mains ils ont passé depuis le décès du physicien qui les a eues le premier en possession. Ils sont curieux, et par la différence de leur propriété électrique, et par leur composition; celle bleue est le résultat du sulfate de soude employé comme principal fondant, et celle couleur olive provient du muriate de soude gris, ou autrement sel de gabelle, employé comme principal flux.

La couleur opale obtenue dans les glaces ordinaires avec le sel de la soude des iles Canaries, tient à la méthode particulière usitée dans ces îles pour la préparation de cette marchandise.

de

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