Page images
PDF
EPUB

agents techniques, les propositions tendant à remplacer les diplomates par des marchands, et tous ces vastes plans de réformes qui assigneraient pour but exclusif à l'Université de préparer des électriciens ou des chimistes au lieu d'aspirer à former des hommes.

Si le Parlement doit constituer la grande liste de candidature aux fonctions ministérielles, il serait par ailleurs totalement absurde de priver la nation des services d'un homme éminent sous le prétexte qu'il n'est pas oint du Seigneur-Peuple. Il faut que le chef de l'État puisse, dans le choix de ses collaborateurs immédiats, s'inspirer avant tout de l'intérêt public.

Mais il est nécessaire pour cela de rétablir l'équilibre constitutionnel qui était dans l'intention des constituants de 1875 et qu'ils ont été incapables d'assurer. Tant que le Parlement restera le pouvoir unique, absolu, sans frein et sans contrepoids, nous risquerons de voir arriver au gouvernement, au moins par accident, quelques incompétences loquaces. Il est nécessaire de restituer un pouvoir propre à l'Exécutif. L'exemple américain prouve que c'est peut être la véritable solution démocratique et la formule de la « nouvelle liberté ». Woodrow Wilson a défendu la liberté du peuple américain contre un Congrès où menaçaient de dominer les puissances d'argent.

Plus libre dans ses choix, le chef de l'État en sera par conséquent plus responsable, alors qu'aujourd'hui on ne sait en définitive sur qui doit peser cette responsabilité. Il s'efforcera donc de choisir les meilleurs. Tout au moins aura-t-il l'autorité voulue pour exercer un contrôle sur le choix du premier ministre.

D'autre part, les ministres, trouvant un autre point d'appui que le sable mouvant des majorités parlementaires, pourront plus longtemps demeurer dans leurs fonctions et les apprendre s'ils les ignoraient au moment où ils les ont assumées.

Nous verrons disparaître ce système de gouvernement à éclipses, qui disperse et annihile les responsabilités la restauration de l'exécutif fera sentir son influence à tous les degrés de la vie publique. Nous

verrons se rouvrir « l'ère des grands préfets » et des grands fonctionnaires.

Il ne faudra jamais cependant demander l'impossible aux agents de l'État. Et pour cela, il sera nécessaire que l'État observe lui-même les limites de sa propre compétence; qu'il ne se considère pas comme une providence omnicompétente, prévoyante et pourvoyante, chargée de la direction des esprits, des âmes et des richesses, et ayant mission de régler la production, la circulation et la consommation des biens. L'interventionnisme, pendant la crise exceptionnelle déchaînée par l'agression allemande, a été un mal nécessaire; les erreurs innombrables qui ont été commises dans ce domaine enseignent pour l'avenir que l'État ne doit pas se charger de ce que l'initiative individuelle peut faire mieux lui. que Le meilleur argument contre l'Etatisme, c'est que l'Étal n'agit que par des fonctionnaires, et que ces agents sont des hommes, donc imparfaits.

[ocr errors]

Nous verrons avec sympathie tous les efforts partiels tendant à introduire dans les services nécessaires de l'État une plus grande capacité. Mais nous considérons comme condamnées à une inévitable stérilité toutes les tentatives qui s'attaqueraient aux symptômes superficiels et négligeraient d'assainir les bases mêmes de la vie publique.

Le seul moyen de conserver l'amour de l'humanité, a dit un misanthrope, c'est d'attendre très peu d'elle. La seule manière de considérer des réformes constitutionnelles, c'est de ne pas en attendre une sorte de miracle, comme un renouvellement aussi total qu'instantané de la physionomie politique d'un grand pays. Il y a certes des constitutions qui corrompent les hommes; il y en a d'autres, au contraire, qui favorisent la manifestation de leurs meilleurs instincts. Mais on n'imaginera évidemment jamais de mécanisme constitutionnel si parfait qu'il rende inutiles les qualités intellectuelles et morales des citoyens. L'objet des sciences politiques, c'est l'homme, avec ses passions et ses faiblesses, et dont l'effort individuel, conscient et volontaire, reste le

agents techniques, les propositions tendant à remplacer les diplomates par des marchands, et tous ces vastes plans de réformes qui assigneraient pour but exclusif à l'Université de préparer des électriciens ou des chimistes au lieu d'aspirer à former des hommes.

Si le Parlement doit constituer la grande liste de candidature aux fonctions ministérielles, il serait par ailleurs totalement absurde de priver la nation des services d'un homme éminent sous le prétexte qu'il n'est pas oint du Seigneur-Peuple. Il faut que le chef de l'État puisse, dans le choix de ses collaborateurs immédiats, s'inspirer avant tout de l'intérêt public.

Mais il est nécessaire pour cela de rétablir l'équilibre constitutionnel qui était dans l'intention des constituants de 1875 et qu'ils ont été incapables d'assurer. Tant que le Parlement restera le pouvoir unique, absolu, sans frein et sans contrepoids, nous risquerons de voir arriver au gouvernement, au moins par accident, quelques incompétences loquaces. Il est nécessaire de restituer un pouvoir propre à l'Exécutif. L'exemple américain prouve que c'est peut être la véritable solution démocratique et la formule de la « nouvelle liberté ». Woodrow Wilson a défendu la liberté du peuple américain contre un Congrès où menaçaient de dominer les puissances d'argent.

Plus libre dans ses choix, le chef de l'État en sera par conséquent plus responsable, alors qu'aujourd'hui on ne sait en définitive sur qui doit peser cette responsabilité. Il s'efforcera donc de choisir les meilleurs. Tout au moins aura-t-il l'autorité voulue pour exercer un contrôle sur le choix du premier ministre.

D'autre part, les ministres, trouvant un autre point d'appui que le sable mouvant des majorités parlementaires, pourront plus longtemps demeurer dans leurs fonctions et les apprendre s'ils les ignoraient au moment où ils les ont assumées.

Nous verrons disparaître ce système de gouvernement à éclipses, qui disperse et annihile les responsabilités la restauration de l'exécutif fera sentir son influence à tous les degrés de la vie publique. Nous

verrons se rouvrir « l'ère des grands préfets » et des grands fonctionnaires.

que

Il ne faudra jamais cependant demander l'impossible aux agents de l'État. Et pour cela, il sera nécessaire l'État observe lui-même les limites de sa propre compétence; qu'il ne se considère pas comme une providence omnicompétente, prévoyante et pourvoyante, chargée de la direction des esprits, des âmes et des richesses, et ayant mission de régler la production, la circulation et la consommation des biens. L'interventionnisme, pendant la crise exceptionnelle déchaînée par l'agression allemande, a été un mal nécessaire; les erreurs innombrables qui ont été commises dans ce domaine enseignent pour l'avenir que l'État ne doit pas se charger de ce que l'initiative individuelle peut faire mieux que lui. Le meilleur argument contre l'Etatisme, c'est que l'Étal n'agit que par des fonctionnaires, et que ces agents sont des hommes, donc imparfaits.

Nous verrons avec sympathie tous les efforts partiels tendant à introduire dans les services nécessaires de l'État une plus grande capacité. Mais nous considérons comme condamnées à une inévitable stérilité toutes les tentatives qui s'attaqueraient aux symptômes superficiels et négligeraient d'assainir les bases mêmes de la vie publique.

Le seul moyen de conserver l'amour de l'humanité, a dit un misanthrope, c'est d'attendre très peu d'elle. La seule manière de considérer des réformes constitutionnelles, c'est de ne pas en attendre une sorte de miracle, comme un renouvellement aussi total qu'instantané de la physionomie politique d'un grand pays. Il y a certes des constitutions qui corrompent les hommes; il y en a d'autres, au contraire, qui favorisent la manifestation de leurs meilleurs instincts. Mais on n'imaginera évidemment jamais de mécanisme constitutionnel si parfait qu'il rende inutiles les qualités intellectuelles et morales des citoyens. L'objet des sciences politiques, c'est l'homme, avec ses passions et ses faiblesses, et dont l'effort individuel, conscient et volontaire, reste le

resort essentiel te toutes les institutions.

pas encore toue a arte pu tispense les

In na hommes

d'être justes #sages rules rende leureux quilles naigre leurs foiles. ›

1. Étonari Laboniaye. La politi me überne

« PreviousContinue »