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pour six mois à celle de Montauban. Les
six mois expirés, les Montalbanais ob-
tinrent du synode du Haut-Languedoc
que Garissolles fût attaché définitive-
ment à leur église, mais, sur l'appel de
Puy-Laurens et malgré les efforts de leur
député, Dubois, le Synode national de
Charenton leur ordonna, en 4623, de le
rendre à son ancien troupeau. Ne re-
nonçant pas toutefois à l'espoir d'enle-
ver à Puy-Laurens un ministre qui jouis-
sait d'une légitime réputation de scien-
ce et d'éloquence, ils envoyèrent les
consuls Roques et Lacresse au Synode
national de Castres pour le demander
comme second professeur de théologie,
et cette fois, leur requête leur fut ac-
cordée, bien que Garissolles insistât
pour rester à Puy-Laurens. Cette trans-
lation, confirmée par le Synode natio-
nal de Charenton, en 4634, devint ainsi
définitive.

Garissolles, qui avait été député, en
4644, à l'assemblée de Pamiers avec
d'Imbert et de Fournes par l'église de
Puy-Laurens, le fut, en 4645, au Sy-
node national de Charenton par le Haut-
Languedoc; il en fut élu modérateur,
et, en cette qualité, il répondit au dis-
cours du commissaire royal (Voy. IV,
p. 146). Après s'être félicité de l'avé-
nement au trône de Louis XIV (4) «cette
étoile d'Orient qui a paru avec un éclat
qui fait revivre toutes les espérances
de ses fidèles sujets, et qui a rempli d'é-
tonnement et d'admiration tous les peu-
ples du christianisme », il se contente
de paraphraser le discours d'Abimélec
de Cumont. Il promet, au nom du sy-
node, de se soumettre à toutes les volon-
tés du roi, seulement il prie S. M. de
bien vouloir arrêter les entreprises du
clergé catholique; il la supplie de se
souvenir que la Confession de foi des
églises réformées de France date de
cent ans et qu'on n'y peut rien changer
sans prévarication; il proteste que le
synode ne saurait y toucher sans se ren-

(1) Est-il nécessaire de relever ici une faute
typographique qui a substitué XIII à XIV
dans l'art, CUMONT? Personne n'ignore que
Louis XIII mourut en 1643.

dre coupable d'impostures et sans tra-
hir la foi réformée. Quant aux accusa-
tions portées contre ses coreligion-
naires, il les repousse avec force, sans
sortir des bornes de la modération, et
prouve qu'elles sont mal fondées ou au
moins entachées d'une singulière exa-
gération. Sa réponse au reproche rela-
tif aux écoles est surtout pleine d'habi-
leté et d'adresse: Si nous nous oppo-
sons, dit-il, à ce que les Protestants
envoient leurs enfants chez les Jésuites,
c'est pour qu'ils ne sucent pas ces mau-
dits principes de certains casuistes ro-
mains qui ont plongé le royaume dans
une mer de pleurs et d'amertumes.
Nous ne sommes pas, au reste, les seuls
coupables, puisqu'à l'heure même l'U
niversité de Paris vient d'intenter un
procès aux Jésuites pour avoir corrom-
pu la jeunesse et l'avoir empoisonnée
de leur morale. Le discours se termine
par une prière adressée au gouverne-
ment de ne pas se montrer plus sévère
envers les Protestants qu'envers les au-
tres Français, et de ne pas défendre aux
uns d'aller étudier à Genève, tandis
qu'il permet aux autres de suivre les
cours de l'université de Padoue. Rien
dans cette réponse ne justifie le bruit
dont Cathala-Couture s'est fait l'écho,
que Garissolles et son collègue Timo-
thée Delon, ancien pasteur de Mon-
treuil-Bonnin qui desservait depuis plus
de vingt ans l'église de Montauban (1),
avaient promis d'appuyer le fameux pro-
jet de réunion imaginé par Richelieu,
qui les aurait en conséquence gratifiés
de pensions.

Le synode députa au nouveau roi les

(1) Delon était, en même temps, professeur d'hébreu. M. Nicolas, qui occupe aujourd'hui une chaire dans la mème academie, nous signale deux sermons de ce pasteur imp. sous ces titres: L'ambassade du ciel ou Sermon pour l'ouverture du synode provincial tenu à Castres le 25 nov. 1637, Montaub., 1637, in-12, et Le secret de piété ou Sermon sur 1 Tim. III, 16, fait à Charenton durant la tenue du synode national, 3e édit., Montaub., 1638, in-12. Delon mourut en 1650.- Un peu plus tard, un autre pasteur de ce nom fut ministre de l'église franç. de Cantorbéry. Celui-ci mourut le 28 déc. 1686.

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pasteurs Vincent et Chabrol et les anciens de Pagnières ou Pannieuvre et de Cléré, pour lui offrir ses félicitations sur son avénement et le remercier d'avoir permis la tenue d'un synode national. Le jeune Louis XIV, la régente, le duc d'Orléans, les principaux ministres firent à l'envi les plus belles promesses, ce qui n'empêcha pas le gouvernement de porter, fort peu de jours après, une grave atteinte aux priviléges des Réformés, en nommant directement, sans l'intervention des églises, le baron d'Arzilliers pour remplacer le marquis de Clermont dans la charge de député général. Le synode, qui ne s'était point encore séparé « requit trèshumblement S. M. d'accorder le rétablissement de l'ancienne pratique. » Il s'occupa ensuite à dresser le cahier des plaintes; mais cette fois, sur l'ordre du roi, il dut y travailler en comité secret. De L'Angle, Cottiby, Morande et Pellevé furent chargés de le mettre entre les mains du prince. Au reste le synode ne fit aucune addition à la Confession, et il introduisit seulement quelques modifications dans la Discipline. La plus importante fut de permettre les mariages entre beaux-frères et bellessœurs et entre beaux-fils et bellesmères. On trouve aussi au nombre de ses décrets un formulaire de baptême pour les Païens, les Juifs et les Mahométans qui se convertiraient.

La session close, Garissolles retourna à Montauban où il continua à s'acquitter de ses doubles fonctions avec un zèle remarquable. Aymon raconte que tous ses collègues ayant quitté leurs chaires, parce que leurs appointements n'étaient pas payés, lui seul continua à donner diligemment ses leçons. Ce trait de dévouement rappelle celui de Bèze dans des circonstances analogues. Nous avons déjà dit que Garissolles passait, de son temps, pour un prédicateur habile; nous ajouterons qu'il cultiva aussi la poésie avec quelque succès. Voici la liste de ses ouvrages:

1. La voye du salut exposé en huit sermons, Montauban, 1637, in-12.

II. Decreti synodici Carentoniensis, de imputatione primi peccati Ada, explicatio et defensio, Montalban., 1646, in-4°; 1648, in-8°.

III. Theses theolog. de religione et cultu sive adoratione religiosa, Montalb., 4648, in-4°.

IV. Adolphides, sive de Bello germanico quod incomparabilis heros Gustavus Adolphus, magnus Suecorum, Gothorum, Vandalorumque rex, pro Germania procerum et statuum libertate gessit, Montalb., 1649, in-4°. -Garissolles dédia ce poëme héroïque en douze chants à la reine Christine, à qui il le fit présenter par son fils.

V. Theses theolog. adv. cultum sive adorationem religiosam creaturarum, Montalb., 4649, in-4°.

VI. Disputationes elenchtice de capitibus fidei inter Reformatos et Pontificios controversis in acad. Montalbanensi habite, sub præsid. Ant. Garissolii et Joan. Verderii, Montalb., 4650, in-12. Quatre de ces dissert. appartiennent à Jean Verdier, les autres à Garissolles.

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VII. Panegyricum super triumphalis coronationis pompa serenissima potentissimæque Christine Augustæ, Amst., 1650, in-fol.

VIII. Poème latin en l'honneur des Cantons protestans de la Suisse. Cité par Watt, sans autre indication.

IX. Catecheseos ecclesiarum in Galliâ reformatarum explicatio, Gen., P. Chouet, 1656, in-4°.—Ouv. posthume commencé par Paul Charles et continué par Garissolles depuis la 30° section du catéchisme. Le Cat. de la Bibl. royalefen indique une édit. donnée par le même libraire et la même année, mais in-8°, sous ce titre: Pauli Caroli et Antonii Garissolii utriusque pastoris et professoris in ecclesia et academia Montalbanensi, explicatio catechescos religionis christianæ, et trompé par ce titre, il fait du ministre Paul Charles, le même sans doute dont nous avons signalé une thèse (Voy. III, p. 346), ins. dans les Thèses de Saumur, un Paul-Char

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côté, ne mit-il pas assez de ménage-
ments dans sa polémique contre les
doctrines luthériennes; ce qui est cer-
tain, c'est qu'il se fit des ennemis dans
son troupeau même, en essayant de
maintenir avec trop de rigueur la sévère
discipline introduite par Calvin. Cinq
membres de son église l'accusèrent d'a-
voir traité l'un d'eux d'anabaptiste et
un autre d'usurier; de refuser la com-
munion privée aux personnes valides,
et de s'écarter, sur le dogme de la
présence réelle, de la doctrine officielle.
Le conseil ecclésiastique le somma de
se justifier principalement sur le der-
nier point. Garnier promit de s'en te-

les Garissolles qui n'a jamais existé. Watt commet probablement une autre erreur, en ajoutant aux ouvrages d'Antoine Garissolles un traité De Christo mediatore, publié à Genève, chez P. Chouet, en 4662, in-4°. Ce traité n'appartiendrait-il pas plutôt à son fils, qui se nommait aussi ANTOINE et qui faisait ses études à Genève en 4649. Celui-ci fut ministre à Castelmoron et desservit plus tard l'église entretenue par le duc de La Force (Arch. Tr. 267). Il laissa un fils, appelé JacQUES, qui remplissait les fonctions pastorales à Bergerac, lorsque l'édit de Nantes fut révoqué, et qui se retira en Hollande avec sa femme et le plusnir sur cette question à la Confession jeune de ses enfants, âgé de cinq ans. Les autres furent retenus en France (Arch. Tr. 287).

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GARNIER (JEAN), successeur de Bruslé dans la chair de l'église française de Strasbourg.

La biographie de ce pasteur plein de piété et de zèle offre, dès l'abord, une difficulté qui a été à peine signalée jusqu'ici. Selon Strieder, dans son Histoire littéraire de la Hesse, Jean Garnier était d'Avignon. Sa conversion au protestantisme l'ayant obligé de fuir, il se serait retiré à Strasbourg, où il aurait rempli, dès 4544, les fonctions pastorales; puis, en 4555, il aurait été nommé professeur de théologie à Marbourg, et, en 1562, appelé comme prédicateur de la cour à Cassel, où il serait mort, le 6 janvier 4574. Il semble que Strieder devait être bien informé, et cependant ses allégations ne peuvent se concilier avec ce que racontent les historiens strasbourgeois. D'après ces derniers, Jean Garnier, ayant refusé d'accepter l'Intérim, fut forcé de quitter Strasbourg en 4549; mais il y revint lorsque les esprits se furent un peu calmés.Malheureusement le tolérant Bucer et ses collègues avaient été remplacés par des luthériens fanatiques, qui, s'il faut en croire une lettre de Calvin, eurent recours à d'indignes machinations pour le contraindre à s'éloigner de nouveau. Peut-être Garnier, de son

d'Augsbourg, et probablement, l'affaire
en serait demeurée là sans l'imprudence
de Richard François, dit Vauville (4).
Ancien moine augustin, Vauville, à qui
Bèze accorde le témoignage d'avoir été
un excellent ministre, et que Vallerand
Pollanus qualifie d'homme parfait en la
doctrine chrétienne, avait prêché avec
beaucoup de fruit l'Evangile à Bourges,
puis à Montdidier, en 4547. Plus tard,
il avait passé en Angleterre et il avait
été, en 1550, un des quatre ministres
fondateurs de l'église wallonne de Lon-
dres; mais à l'avénement au trône de
la reine Marie, il était revenu sur le
continent et s'était retiré à Strasbourg.
Imbu des mêmes idées que Calvin sur
les prérogatives des ministres de la Pa-
role de Dieu, il ne craignit pas de si-
gnaler, du haut de la chaire, les cinq ac-
cusateurs de Garnier comme des pertur-
bateurs. Le magistrat ne voulut pas
souffrir cette licence, et il le fit mettre
en prison. Garnier consentit alors à un
accommodement, qui fut lu en chaire,
le 25 mars 4555, par les délégués du
magistrat; mais soit qu'il se repentît de
sa condescendance, soit que l'accord
eût été réellement altéré dans quelqu'un
de ses articles, il osa se plaindre de ce
qu'on l'avait falsifié, et il n'échappa à
un procès criminel qu'en donnant sa

(1) Il ne faut pas le confondre avec Nicolas François, ministre à Courcelles-Chaussy en 1565.

démission. Il eut pour successeur Pierre Boquin, qui fut remplacé, la même. année, par Pierre Alexandre, anglais réfugié à Strasbourg depuis 4554, et par Jean Loquet, qui, comme Garnier, eurent beaucoup à souffrir de l'intolérance du clergé luthérien; toutefois la guerre n'éclata entre les deux communions que pendant le ministère de Guillaume Olbrac ou Holbrach, appelé aussi Aulprecht, élève de Calvin, qui avait desservi pendant quelque temps l'église française de Francfort-sur-leMein. Dès l'année 4562, Olbrac fut exclu du consistoire, et l'année suivante, son église fut fermée (4). Cependant le nombre des Réfugiés s'étant considéra-. blement accru en 1569, le Conseil

"par commisération » permit à Jean Garnier, qui se trouvait alors à Strasbourg, de leur prêcher la Parole de Dieu, à condition qu'il ne toucherait point aux questions controversées, qu'il n'administrerait pas les sacrements, qu'il ne célébrerait aucun mariage, etc. Encore cette permission ne fut-elle accordée que pour un hiver; mais, comme le ministre eut soin de se renfermer dans les bornes prescrites, le magistrat ferma les yeux, et l'église continua à s'assembler. Garnier eut pour successeur, en 1575 (2), Jean Grenon, qui, moins prudent, s'opposa ouvertementaux pasteurs allemands. Sur la plainte de ces derniers, le Conseil intervint et ferma de nouveau l'église française, le 20 fév. 1577.

Il nous semble difficile d'admettre que le Jean Garnier dont parle Strieder soit le même personnage que le pasteur donné à l'église française de Strasbourg lors de sa réouverture en 4569. S'il était prouvé, ce qui ne l'est pas, à notre avis, que le prédicateur de la cour de Cassel quitta momentanément sa place pour rentrer en France, nous croirions plutôt qu'il se rendit à Metz

(1) Olbrac fut plus tard pasteur dans son lieu natal, village des environs de Paris.

(2) On ignore l'époque de sa mort. Peut-être est-il le meme que Garnier qui desservait l'eglise de Sancerre en 1580.

où l'on trouve, de 4564 à 1566, un ministre du même nom dont le zèle indiscret mit l'église en grand danger et à qui le gouverneur de Metz interdit la chaire. C'est bien le même caractère, la même fougue, tandis que nous n'apercevons aucune analogie entre l'esprit altier du successeur de Bruslé et Î'humeur conciliante du prédécesseur

de Grenon.

Strieder attribue à Jean Garnier, réfugié en Hesse:

I. Brièce et claire confession de la foy chrestienne contenant cent articles, selon l'ordre du Symbole des Apostres, et précédée d'une préface à toute la petite église francoise de Strasbourg, sans nom du lieu, 4549, 4555, in-8°; trad. en angl., Lond., 4562, in-8°.

II. Institutio linguæ gallicæ, Gen. 4558 et 4594, in-8°.

III. De epistola S. Pauli ad Hebræos declamatio, Marb.,4559, in-8°.

A ces trois ouvrages, on doit, peutêtre, joindre la Conférence de la messe avec la sainte Cène du Seigneur, Metz, 4566, in-8°; trad. en allem., Amberg, 4598, in-8°, que Ferry lui attribue dans ses Observations séculaires, à ce que nous apprend M. Waddington de Rouen.

GARNIER (ISAAC), pasteur de Marchenoir, de 4649 à 1643, est auteur d'une Refutation de la procédure des nouveaux méthodistes, ouvrage qui, bien qu'approuvé par le synode provincial de Mer, en 4644, sur le rapport de Jacques-Imbert Durand, de Taby et de Bedé, ne paraît pas avoir été imprimé. Isaac Garnier laissa de son mariage avec Marie Morin, un fils, nommé DANIEL, sieur de Monzay, né en 1626, et une fille, ANNE, qui épousa Samuel Racicot, sieur de Baudouin, et lui donna six enfants: DANIEL, en 4653, SAMUEL-JEAN, en 1657, ISAAC, en 1658, JACQUES, en 1660, ANNE, en 1655, et JUDITH, née posthume en 4663.

GARNIER (PHILIPPE), natif d'Orléans, maitre de langue française à

Giessen, en 4608, et plus tard, à Leipzig, a publié

1. Præcepta gallici sermonis, Strasb., 4607, in-8°; 1618, in-8°; Orléans, 1624, in-8°; Strasb., 41624,8°.

II. Gemmule gallicæ linguæ, Strasb., 1610, 1625, 1628, in-8°; augment., Francf., 4644, in-8°; Leyde, 1648, in-8°.

III. Thesaurus adagiorum gallicolatinorum, Francf., 1612,1625,in-12.

IV. Gemmulæ linguarum lat., gallic., italic. et hispanic., Amstel., 1636, in-8°.

V. Gemmulæ linguarum lat., gall., ital. et german., Lugd. Bat., 4637, in-8°.

VI. Dialogues en cinq langues cspagnole, italienne, latine, françoise et allemande, nouv. édit. revue et augm., Strasb., 1659, in-8°.

GARRIGUE (N.), a trad. de l'anglais de Wollaston Ebauche de la religion naturelle, en y ajoutant un supplément et en y faisant d'autres additions considérables (La Haye, 1726, in-4°; 4756, 3 vol. in-12). La Bibliothèque britannique parle en termes très-défavorables de cette traduction, qui a été attribuée faussement à Geneste. Garrigue était peut-être fils de Marie de Franchemont, veuve de Jean Garrigue du Périgord, qui sortit de France avec ses enfants et Rachel Garrigue, femme du ministre Mathurin. En tout cas, on ne doit pas le confondre avec l'apostat Garrigues, qui abjura en 4653, et à qui le clergé accorda une pension de 400 livres. Parmi les Réfugiés qui s'établirent à Genève, on trouve aussi un Barthélemy Garrigues de Lodève, qui y fut reçu bourgeois, en 1706, avec ses fils ANTOINE et JEAN-GÉDÉON.

GARROS (PIERRE), poëte gascon, né à Lectoure, étudia le droit et la théologie à Toulouse, et se rendit assez habile en hébreu pour comprendre le texte sacré dans la langue originale. Cette étude ne lui fit pas négliger toutefois la poésie, qu'il cultiva avec succès. Admirateur passionné de Clé

mence Isaure, il ne laissait pas passer une seule année, pour ainsi dire, sans adresser quelque pièce de vers à l'Académie des Jeux floraux. Sa religion l'ayant forcé de quitter Toulouse, il retourna dans sa ville natale où il mourut dans un âge très-avancé. On a de lui Psalmes de David, virats en rime gasconne, Toulouse, 1565, in-8°, volume rare et recherché, au dire de M. Weiss.

GASPARIN (THOMAS - AUGUSTIN DE), conventionnel, qui, en sa qualité de commissaire de la République au siége de Toulon, eut la gloire « d'ouvrir la carrière» à Bonaparte. Sa famille, originaire de Corse, était une branche cadette de la maison des Gaspari, laquelle avait embrassé le protestantisme en s'alliant à la famille du célèbre agronome Olivier de Serres. Gasparin naquit à Orange en 1750 (et non pas vers 1740 au Pont-Saint-Esprit, comme on le lit dans la Biogr. univ.). Il suivit la carrière des armes. En 1789, il était capitaine au régiment de Picardie. On raconte de lui, comme officier, un trait de vertu civique qui lui fait le plus grand honneur. C'était sur la fin de 1794; son régiment qui se trouvait à Sarrelouis, s'était mis en révolte contre ses chefs, il réclamait sa paye. Après de vains efforts pour le faire rentrer dans le devoir, Gasparin engagea tout son patrimoine afin d'obtenir la somme nécessaire pour comprimer la sédition. Ce beau fait ne rappelle-t-il pas le dévouement de Fabius Maximus, vendant son unique domaine pour dégager la parole de sa patrie? Les vertus antiques sont si rares dans notre temps, qu'on est heureux de pouvoir en rapporter quelque exemple. La Révolution ne surprit pas Gasparin, il la salua comme un heureux retour au bon ordre, car depuis trop longtemps il y avait conflit entre les choses et les idées, entre les institutions et les mœurs. Elu député à l'Assemblée législative par le départ. des Bouches-du-Rhône, il trouva place dans le Comité militaire, où il rendit des services. L'Assemblée le char

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