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GES

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Saint-Magloire, puis à l'Oratoire (Arch.
gén. E. 3372). L'année suivante, on
P'envoya dans le couvent de Lagny
(Ibid. E. 3373), et, son opiniâtreté
persistant, on le traîna dans le château
d'Angoulême. De guerre lasse, on finit
par l'expulser du royaume, en 4688.
Il se retira à Londres auprès de son
frère (Ibid. E. 3374) et de son fils,
qui, non moins zélé pour la religion
évangélique, s'y était enfui avec son
beau-père Isaac Mariette et toute sa
famille, et avait été nommé ancien de
l'église française.

Outre ce fils, Louis Gervaise laissa
de son mariage avec Marguerite Du
Fresne, une fille nommée MARGUERITE-
MARIE, qui ne donna pas le même
exemple de constance, non plus que
sa mère. Son mari, qui s'appelait
Monnier, était fermier de l'abbaye
Saint-Germain-des-Prés. La place était
bonne, il la préféra à sa religion (Arch.
E. 3375).

Une famille du même nom, et également protestante, habitait Montpellier. En 4673, David Gervaise, de cette ville, alla faire ses études à Genève. En 4688, Jean Gervaise était réfugié à Berlin, et il entra comme chirurgien dans les Grands-Mousquetaires. C'est aussi à Montpellier qu'était né l'auteur de l'Histoire de la conjuration faite à Stockholm contre M. Descartes, Paris, 4695, in-12; réimp. à Amst., 1696, in-12, avec la Suite du voyage du monde de Descartes [par le jésuite Daniel]; puis à Londres, 4739, in-12; mais Barbier nous apprend que de protestant il se fit catholique.

GESCHMAUSS (JÉRÔME), ou Gschmus, en latin Gemusæus, médecin, né à Mulhouse en 1505, mort à Bale, le 29 janv. 1543.

Geschmauss fit ses études à l'université de Bâle et se distingua entre tous ses condisciples par son application et ses progrès. Bachelier en 1524, maître-ès-arts en 4525, il vint continuer ses études de philosophie en France et se familiarisa si bien avec

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Platon et Aristote qu'il acquit la répu-
tation d'un des plus subtils philosophes
de son temps. A l'étude de la philoso-
phie il joignit celle de la médecine,
qu'il alla poursuivre à Turin, où il prit
le grade de docteur, en 1533. De re-
tour à Bale, l'année suivante, il fut nom-
mé professeur de médecine, chaire qu'il
quitta, en 4537, pour celle de philoso-
phie. Malgré son savoir prodigieux, il
ne rougit pas de se faire, en 1540, le
disciple de Sébastien Münster, poussé
qu'il était par le désir de lire l'Ancien-
Testament dans le texte original, et de
se mettre ainsi en état de défendre avec
plus de succès la Réforme qu'il avait
embrassée. En 1542, il partit pour
l'Italie; mais il tomba malade en route
et se hâta de regagner Bâle où il mou-
rut à la fleur de l'âge. « Animé d'un
grand goût pour le travail, dit Eloy,
s'il eût vécu, il se serait fait un grand
nom. » Outre des Préfaces, imp. en
tête des Euvres de Galien et de l'Al-
mageste de Ptolémée, on a de lui:

I. Variorum medicorum opera:
Albucase, Rolandi, Rogerii, Cons-
tantini, Ant. Gazii, Basil, 1544, in-4°.
II. Theophrasti opera que restant,
Basil., 4544, in-fol.

III. In libros Pauli Æginetæ omnes annotationes, Basil., 1545, in-fol.

IV. Epitome geographic Strabonis cum Nigri geographia et Corvini geographia, Basil., 4557, in-fol.

Selon Jöcher, il a publié aussi des Commentaires sur plusieurs livres d'Aristote, et il en a trad. quelques-uns en latin.

De son mariage avec Sibylle Cratander étaient nés deux fils: POLYCARPE, dont le sort est inconnu, et JEROME, qui fut un habile typographe. Parmi les descendants de ce dernier, Herzog mentionne plus particulièrement JEREMIE, sénateur et scholarque à Bâle, et JÉRÔME, pasteur à Rother flue.

Jérôme Geschmauss avait un frère, nommé Augustin, qui embrassa la carrière ecclésiastique et fut pasteur de Mulhouse. En 1536, Augustin Geschmauss fut député avec le conseiller

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Henry Wagner, à l'assemblée de Bâle où fut signée la Confession de foi présentée par Bullinger et Grynæus. En 1538, il fut envoyé de nouveau à la diète de Zurich avec le bourgmestre Acace Gilgauer. Protestant zèlé, il fut un des meneurs de la révolte qui éclata lorsqu'on apprit que les Cantons catholiques avaient exclu Mulhouse de la confédération.

GETE (JACQUES), ministre du SaintEvangile, né à Boulogne-sur-mer en 4509. Chassé de son pays par les persécutions, Gète se réfugia en Suisse. Lors de l'introduction de la réforme dans le comté de Montbéliard (1538), Pierre Toussaint, qui avait été chargé par le comte George, gouverneur du pays au nom de son frère Ulric, de présider, avec le titre de surintendant, à la nouvelle organisation ecclésiastique, l'appela auprès de lui pour lui confier la direction spirituelle de la paroisse de Roches dans la seigneurie de Blamont. Le 4 avril 4540, furent installés les 43 premiers prédicans. Nous ferons remarquer, à la louange des prêtres catholiques du comté, que la plupart refusèrent d'embrasser, par autorité, les nouvelles doctrines. Il est vrai qu'il y en eut qui motivèrent leur résistance par de singulières raisons: l'un d'eux, par exemple, déclara « qu'il ne pouvoit accepter la vocation de prêcher l'Evangile selon la forme et manière contenues aux ordres de la Régence, n'ayant études suffisantes pour enseigner, et, à cause de son âge, ne pourroit bonnement se mettre à l'étude et qu'on se moqueroit de lui de commencer à étudier en sa vieillesse, comme à un vieux chien apprendre la chasse.» La publication de l'Intérim (16 sept. 4548) remit à peu près les choses sur l'ancien pied; les ministres ayant tous refusé d'y souscrire, furent à leur tour remplacés par des curés catholiques. Mais pour obvier autant que possible au mal qu'il déplorait, le duc Christophe, qui administrait alors le comté, en l'absence du comte George mis au ban de l'Empire, établit, de con

cert avec la Régence, six catéchistes chargés d'enseigner l'Evangile, de bénir les mariages, de conférer le baptême et d'administrer la Sainte-Cène sous les deux espèces aux fidèles qui s'adresseraient à eux. Jacques Gète fut choisi pour l'un d'eux, et en même temps, il fut nommé maître d'école à Blamont. Les curés se plaignirent, mais on n'en tint compte. L'abolition de l'Intérim (5 oct. 1552), et par suite, le rétablissement du culte évangélique, rendit Gète à ses fonctions pastorales. Un mémoire de la Régence sur la « Vie et comportement » des prêtres catholiques durant l'Intérim, révèle des faits d'une immoralité révoltante. En voici le résumé: « Quasi tous sont bestes et asnes, qui ne sçavent à grand'peine décliner leurs noms; les uns sont paillards publics; les autres, ivrognes et gourmands, joueurs de cartes et de dez; les autres, jureurs et blasphémateurs du nom de Dieu; le: autres, chasseurs, avides de rousse venaison; les autres, réhabilités; les autres, notés d'homicide, et lesquels ne cherchent tous que la lippée et laine des pauvres brebis. » Gète fut alors chargé de desservir l'église de Bavans. Il s'acquitta de ses devoirs avec zèle, jusqu'à sa mort, arrivée en 1565. On lui doit un petit poëme latin où il célèbre la reprise de la ville et du château d'Héricourt (4561) sur les troupes de Claude-François de Rye, qui s'en était emparé par trahison: De Hericuriæ bello, ad Chistophorum ducem Wirtembergensem, Jacobi Getei Boloniensis Carmen de anno 4561, 449 vers, impr. dans le T. IV de l'Histoire des dues de Würtemberg, par Sattler, et reprod. avec la trad. en regard, dans le T. I des Mém. et Docum. inédits pour servir à l'hist. de la Franche-Comté, publ. par l'acad. de Besançon, 4838-44. En voici le début :

Versibus Iliaden resonis cantavit Homerus, Eneamque Maro, magnæque incendia Trojæ, Thebaidem Statius, præclaraque gesta virofrum

Nobilium heroicis sunt decantata camœnis:

Numquid ego, & Princeps clarissime et op[time, musa

Te celebrabo mea, quamvis sit laudibus impar Ipsa tuis longè? Celebrabo, suppeditante Altithrono Domino pietate suapte favorem, Qui te animi eximiis et corporis, optime Prin[eeps,

Dotibus ornavit, quas haud reticere licebit. Versibus aggrediar paucis recitare duellum, Quod sub te, pie Dux, duravit tempore pauco.

GIBERNE (N.), sieur de VALOTTE, nouveau converti de Saint-Germainde-Calberte, victime de la vengeance des Camisards. A la révocation de l'édit de Nantes, le sieur de Valotte se convertit avec le plus jeune de ses fils; mais sa femme se retira à Lausanne avec ses quatre filles et ses deux autres fils, qui suivirent Guillaume d'Orange à la conquête de l'Angleterre. Le jeune Giberne, seigneur de GIBERTAIN, prit une part active, comme commandant des volontaires de Saint-Germain, à la guerre acharnée que le pouvoir avait déclarée aux Protestants cévenols. Il assista, entre autres affaires, au combat de Champ-Domergue et y fut blessé à mort, selon les uns, tandis que, selon d'autres, il guérit de ses blessures, fut élevé au grade de lieutenant de dragons, combattit au val de Bane, et fut, peu de temps après, envoyé à l'armée d'Italie. Quant au père, non par exaltation religieuse, mais par prudence, il se confina dans un ermitage auprès de Beaucaire; mais le prophète Mandagout et d'autres chefs camisards allèrent à plusieurs reprises le troubler dans sa solitude, en sorte que, craignant que ces visites n'irritassent un gouvernement ombrageux, et qu'on ne le soupçonnat d'intelligence avec les rebelles, il prit le parti de se retirer à Marseille. Après la dévastation des Cevennes, raconte M. Peyrat, il crut le moment propice pour amener les Camisards à se soumettre volontairement et pour se faire pardonner sa conduite ambigue. Il partit donc pour Nimes et alla trouver Cavalier à Nages, au mois d'avril 4704; mais le chef camisard, ne voulant voir en lui qu'un apostat et un espion, le fit fusiller.

Dans une liste de Protestants bretons sortis de France après la révocation (Arch.gén. M. 673), nous avons trouvé un Giberne signalé comme mauvais catholique, mais nous ignorons s'il appartenait à la même famille.

GIBERT (JEAN-LOUIS), pasteur du désert dans la Saintonge.

Le plus ancien pasteur du désert dont le nom se soit conservé dans cette province est, selon M. Crottet, Chapel, qui, en 4728, présidait les assemblées secrètes des Réformés et y administrait le baptême. En 1729, Jean Renault, dit Cartier, fut arrêté comme prédicant, et condamné aux galères; mais il abjura et obtint grâce (Arch. gen. E. 3415). Ces premières tentatives pour relever en Saintonge l'Eglise protestante ne paraissent pas avoir eu de suites sérieuses; ce fut seulement après 1740, que Viala, Loire, Prineuf et Du Benet, qui s'étaient préparés à leur dangereux ministère dans le séminaire de Lausanne, réussirent à réorganiser secrètement quelques églises. Leurs successeurs Du Bessé, Gounon, dit Pradon, du Vivarais, et Gibert, continuèrent avec plus de succès leurs travaux apostoliques. Errants de village en village, de chaumière en chaumière, n'ayant d'autre asile que celui que leur offrait la charité de leurs coreligionnaires, traqués partout comme des brigands, ayant à se garantir, non seulement contre les attaques à force onverte, mais encore contre les embûches qu'on leur dressait de tous côtés, ces trois intrépides pasteurs ne ployèrent jamais sous la lourde tâche qu'ils s'étaient imposée pour le service de leur Maître pendant des années, ils bravèrent impunément les plus actives recherches des intendants stimulés par les ministres de Louis XV (Arch. Tr. 325). L'infatigable Gibert était surtout l'objet de la haine du clergé catholique. Après avoir épuisé tous les moyens de le saisir, on s'avisa d'une ruse que nous n'avons pas besoin de qualifier. L'évêque de Saintes envoya à Pons, vers le mois de mai 1754, un nommé

Syntier qui se fit passer pour protestant et chercha à attirer chez lui le pasteur du désert, sous prétexte de baptiser son enfant. Gibert, qui avait conçu des soupçons, refusa d'abord; mais les reproches des Réformés de Pons, auxquels se joignit le proposant Tourzeau, lui firent changer de résolution. Il partit donc des environs de SainteFoy, accompagné de son jeune frère Etienne, de Gentelot, de Sainte-Foy, d'André Bonfils et d'un gentilhomme nommé Jean-Daniel de Belrieu de La Grâce. La cérémonie achevée, dans la nuit du 21 fév. 4755, Gibert, dont toute la conduite de Syntier avait encore fortifié les soupçons, insista pour partir immédiatement; mais le chevalier de La Grâce refusa de se mettre en route avant le lendemain matin. A peine avaient-ils fait un mille qu'ils se virent poursuivis par les archers, et un coup de carabine tua le gentilhomme, dont le cadavre resta entre les mains de la maréchaussée. Bonfils fut arrêté. Les trois autres réussirent à s'échapper, grâce à la vitesse de leurs chevaux. Le 44 juillet 1756, l'intendant de La Rochelle rendit son jugement. Le ministre Gibert fut condamné, par contumace, à faire amende honorable, à voir ses sermons brûlés par le bourreau, en sa présence, et à être pendu; son frère, à l'amende honorable et aux galères perpétuelles ; Gentelot à la même peine; la mémoire du chevalier de La Grace fut supprimée; enfin Bonfils fut banni à perpétuité.

Ce cruel arrêt n'effraya nullement Gibert, qui continua à tenir des assemblées religieuses dans la Saintonge, rivalisant de zèle avec ses compagnons d'œuvre Dugas, homme vraiment apostolique, qui rendit à plusieurs reprises témoignage de sa foi devant les tribunaux, Soulier, Martin, Dupuy, Marsot, Julien, Liard, Déserit, Pougnart, Arnauld, Mazauric, Jarousseau, Estienorot. Une assemblée, à laquelle il présidait, fut surprise dans le bois de Merlet. Il fut assez heureux pour se sauver; mais plusieurs des as

sistants furent arrêtés. La persécution sévissait en vain, le zèle des Protestants s'enflammait de plus en plus à la voix du courageux ministre, qui les décida à rouvrir les temples de Gemozac, de Pons et d'autres lieux. Le temple de Pons ayant été fermé en 1763, les prétendus convertis, à qui l'on commençait à redonner le nom de Protestants, même à la Cour, s'assemblèrent dans la tannerie d'un nommé Yeon; mais ils en furent chassés en 1768, et ordre leur fut donné, en même temps, de faire baptiser leurs enfants à l'église catholique. Les enlèvements d'enfants recommencèrent. Les demoiselles de Longueville, entre autres, n'échappèrent aux archers qu'en se cachant dans une meule de foin. Cependant, en 1774, les temples furent rouverts; mais, le 2 août 1776, il fut signifié aux Protestants de Pons que S. M. n'entendrait jamais qu'ils eussent le libre exercice de leur religion et qu'elle leur ordonnait de démolir leur temple ». Ils n'en tinrent compte et on les laissa tranquilles. Enfin parut l'édit de 4787, suivi de près par les premiers éclairs de la Révolution. Mais Gibert n'eut pas la joie d'assister à la réorganisation des églises, et en particulier à celle de l'église de Pons, dont furent nommés diacres Pierre Brossard, Gaury, Gros, Philippe Combaud, Louis Tou ray et Thomas de Riollet, tous éprouvés par la persécution. Une tradition rapporte qu'il fut tué dans une assemblée surprise.

Etienne Gibert, qui avait été assez heureux pour échapper au guet-apens dressé par l'évêque de Saintes, gagna la Suisse, probablement avec l'intention d'entrer au séminaire de Lausanne. On ne le retrouve qu'en 1763, assistant à un synode comme député de la Saintonge. Plus tard, il fut appelé à Bordeaux; mais, en 1771, de graves dissentiments s'étant élevés entre son consistoire et lui, il passa en Angleterre. De 1776 à 1782, il desservit à Londres l'église française de La Patente, et à la mort de Charles de La

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II. Sermons sur les points les plus importans de la doctrine évangélique, Lond., 1805, 2 vol. in-8'.-II est parlé, dans le Bulletin de l'hist. du protestantisme, d'un recueil de Sermons d'Etienne Gibert publié en trois vol. à Guernesey en 4806; est-ce une réimpression? est-ce une collection nouvelle?

III. Démonstration du N.-T., 2 vol. in-8°. Mentionné par M. Quérard

Jöcher parle d'un David Gibert d'U-
trecht, vivant à Amsterdam en 1644,
et auteur d'une Admonitio adv. scripta
Boehmiana ét d'une Apologia Admo-
nitionis, contre J.-T de Tschech. Il
est très-vraisemblable que ce Gibert
était d'origine française.

GIBERT (SIMON), natif du Bas-
Languedoc, un des plus zélés et des plus
courageux pasteurs du désert, secré-
taire du synode de 1760. Son principal
champ d'activité fut le Périgord où,
dès 1762, il commença l'organisation
de maisons de prières, et tint de nom-
breuses assemblées. L'ardeur des per-
sécutions avait beaucoup diminué; mais
le feu couvait toujours sous la cendre,
et l'on devait craindre qu'il ne se ravi-
våt d'un instant à l'autre. Dans ces cir-
constances, on vit éclore bien des pro-
jets tendant tous à obtenir du gouver-
nement un édit de tolérance. Gibert,
entre autres, proposa, au rapport de
M. Ch. Coquerel, « de bien faire con-
naître à Versailles que les Protestants
seraient accueillis avec reconnaissance
par les nations étrangères; qu'il en sor-
tirait beaucoup, si la persécution venait
à recommencer; qu'il y avait déjà une

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voie toute prête pour ceux qui voudraient
s'expatrier.» Ses collègues, surtout
Armand, du Haut-Languedoc, s'op-
posèrent à l'exécution de ce projet,
qu'ils regardaient comme impossible.
Gibert, qui n'en croyait pas la réalisa-
tion aussi difficile qu'on le supposait,
résolut d'agir seul. Une lettre du che-
valier d'Eon (Arch. gén. M. 663) aver-
tit le cabinet de Versailles, en 1763,
que le prédicant Gilbert ou Gisbert
- c'est ainsi que son nom est écrit-
avait traité avec le gouvernement an-
glais pour conduire en Amérique une
colonie de Protestants français. Les
mesures les plus rigoureuses furent
prises pour empêcher cette émigration;
mais 212 Réformés de la Guienne réus-
sirent pourtant à tromper la surveillan-
ce des autorités, en sortant isolément
de France. Ils se réunirent à Plymouth,
d'où un vaisseau de l'Etat les transporta
à Charleston, au mois d'avril 4764.
Des terres leur furent distribuées sur-
le-champ, et, en très-peu de temps,
une ville nouvelle, qui reçut le nom
de New-Bordeaux, s'éleva au milieu
des forêts du Nouveau-Monde (1).

GIBOUT (TOUSSAINT), natif de Criel,
docteur de Sorbonne et chanoine théo-
logal de Saint-Etienne de Toulouse(2).
Dès 1559, Gibout fut assez hardi pour
prêcher publiquement les doctrines de
la Réforme; mais, cet acte de courage
accompli, il dut se soustraire par une
prompte fuite aux rigueurs du parle-
ment. Il se retira à Dieppe où il conti-
nua à professer ouvertement la religion
protestante. Daval nous le dépeint com-
me un homme vain, de mœurs licenci-
euses, courant après la popularité et
doué d'une éloquence très-propre à sé-
duire la multitude. Lorsque Nicolas
Le Tellier passa en Angleterre, les
Dieppois le demandèrent pour ministre
avec de si vives instances, que, bien que
Gibout n'eût voulu se soumettre à au-

(1) L'ouvrage de M. Ch. Coquerel jouit d'une trop légitime autorité pour que nous n'y relevions pas une double erreur. Gibert n'était pas de la Saintonge, et la colonie ne s'établit pas dans la Floride.

(2) On le trouve aussi appelé Tibout.

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