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V. Plainte et censure contre les accusations, Lond., 4708, in-8°. Ce titre évidemment incomplet nous est fourni par Watt.

VI. Nouveaux mémoires pour servir à l'histoire des trois camisars, où l'on voit les déclarations de M. le colonel Cavalier, Lond., 4708, in-8°. VII. La pratique de l'humilité, Amst., 4740, in-12.

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VIII. Charitas anglicana. Recueil d'actes publics publié, dit Adelung, vers 4742.

IX. Le devoir du chrétien convalescent, en quatre sermons sur Ps. CXVI, 8, 9, et les quatre sentimens du roi Ezéchias sur sa maladie, sa convalescence et sur sa chute après sa convalescence, La Haye, 4743, 8o. X. Sermons sur divers textes, Amst., 4745, in-8°. En tête de ce vol., que nous n'avons pu nous procurer, se trouve la Vie de l'auteur.

De La Mothe avait un frère, nommé Marin, sieur DES MAHIS, qui suivit la carrière ecclésiastique et se fit inscrire, en 4666, parmi les étudiants de l'académie de Genève. Il était né à Orléans, le 22 déc. 1649. Ses études terminées, il fut admis au ministère par le synode de Bellesme, en 1679, et fut donné pour ministre à l'église d'Orléans. Selon Du Pin, il s'acquit beaucoup de réputation; mais l'écrivain catholique nous semble, dans cette circonstance, avoir marché sur les brisées du Mercure galant, et avoir sciemment exagéré les mérites de Des Mahis. La lecture de son principal ouvrage : La vérité de la religion catholique prouvée par l'Ecriture sainte (Paris, 1696, 2 vol. in-12) ne confirme pas les éloges qu'on lui a donnés. Elle nous a laissé une idée assez médiocre de ses connaissances en histoire ecclésiastique et même de sa logique, car nous ne voulons pas révoquer en doute sa bonne foi.

Des Mahis remplissait, depuis quelques années, ses fonctions à Orléans, lorsqu'il conçut des doutes sur la vérité de certaines doctrines de son Eglise. II voulut leg éclaircir, et dans ce but, il

s'adressa à Gilly et à Courdil. Il faut convenir qu'il eût pu choisir mieux. Le résultat de leurs conférences fut qu'il abjura entre les mains de l'évêque d'Orléans, non pas en 1680, comme le dit Du Pin, mais en 1683, ainsi qu'on le lit dans le Mercure du mois de juin de cette année. « C'est un homme considérable par sa naissance, par sa piété et par son érudition, et qui estoit généralement estimé dans le party qu'il vient de quitter », ajoute le Mercure. Le parti jésuitique attacha beaucoup d'importance à cette conversion; il espérait que l'exemple serait contagieux, et, en conséquence, il fit accorder à Des Mahis une pension de 4,200 livres, que le ministre apostat abandonna généreusement aux Nouvelles-Catholiques d'Orléans. Mais plus les Catholiques témoignèrent de joie, plus le père de l'ancien pasteur, le sieur de La Buffère, montra d'indignation. Il lui interdit l'entrée de sa maison, et plus d'une année s'écoula avant que le nouveau converti pût y pénétrer; mais l'édit de Nantes ayant été révoqué sur ces entrefaites, et La Buffière relégué à Guéret, le 10 nov. 4685, les ennuis de l'exil adoucirent la colère paternelle. Non seulement il consentit à revoir son fils; mais il ne tarda même pas à suivre son exemple, en abjurant à son tour avec sa femme. Des Mahis, qui était entré dans les ordres, fut employé ensuite comme convertisseur. M Du Noyer raconte dans ses Mémoires, qu'il travailla à la ramener, avec M Saporta, dans le giron de l'Eglise romaine, et qu'il était secondé, dans ses travaux de propagande, par l'abbé Ferrier, cousin de Pélisson, «gros réjoui qui avait été autrefois protestant et qui était pour lors convertisseur, » et par M. Ducasse « qui a fait depuis une si belle fortune.» Ce Ducasse serait-il le fameux chef des Flibustiers? Nous n'avons vu nulle part ailleurs qu'il eût professé la religion protestante. Plus tard, Des Mahis fut envoyé comme missionnaire dans le Poitou. Il mourut

chanoine de l'église cathédrale d'Or- . léans, le 46 oct. 4694.

Nous ignorons si Paul Des Mahis, qui mourut, le 9 juillet 4686, à l'Abbaye où il avait été enfermé, le 12 avril, pour cause de religion, était de la même famille; mais nous croyons pouvoir y rattacher sans hésitation le médecin Marin Grostête Du Chesnoy (Arch. E. 3401), et Marie Grostéle, qui épousa Jacques Caillard, avocat au parlement, et lui donna sept enfants. Trois de ces enfants restèrent en France et abjurèrent, savoir JACQUES, avocat au parlement, ABRAHAM, qui entra dans les ordres, et MARIE, femme de l'avocat Chardon (Voy. III, p. 345); les quatre autres, nommés PIERRE, Jean, Louis et ANNE, passèrent dans les pays étrangers; mais l'un d'eux, Jean, sieur de La Monnerie, après avoir long-temps servi comme capitaine de cavalerie dans le régiment de Bois-David, au service du duc de Zell, rentra en France, en 1698, abjura et fut gratifié d'une pension de 4000 livres (Arch. E. 3384), comme s'il s'était illustré par quelque action d'éclat.

GROUCHÉ (NICOLAS), on GROUCHY, en latin Gruchius, était issu d'une famille noble de Rouen. L'historien de Thou, qui parle de lui avec de grands éloges, nous apprend que c'était un homme d'une vaste érudition, très-versé dans toutes les sciences, et que le premier il dicta en grec des commentaires sur Aristote. Après avoir professé la philosophie à Paris, à Bordeaux et à Coïmbre, où il avait été attiré par le roi Jean, il revint dans sa patrie, qu'il trouva en proie aux dissensions civiles et religieuses, et il se vit forcé d'errer çà et là pour échapper aux persécutions. La paix de 4570 semblait devoir mettre un terme à ses tribulations. Il avait accepté avec joie l'offre d'une chaire dans le collége que les Rochellois se proposaient de fonder, et il s'était mis en route plein d'espoir; mais la fortune adverse ne s'était pas lassée de le poursuivre. A peine arrivé à La Rochelle, au mois de jan

vier 4572, il fut emporté par une fiè vre dont il avait été atteint pendant son voyage. On a de lui:

I. Dialecticæ præscriptiones, Pa

ris., 4552.

II. De generatione et corruptione meteorologica, de cœlo, de ortu et interilu, et de animâ, græc. lat. per Joach. Perionium et Nic. Gruchium correcta, Paris., 4554, in-4°.

III. De comitiis Romanorum lib. III, Paris., 4555, in-4°; Venet., 4558, in-8°; Basil., 4663, in-fol.; ins. dans le T. I du Thesaurus antiq. rom. de Grævius.

IV. Elenchi sophistici, latinè per Nic. Grouchium, Colon., 1556, in-8°.

V. Logica Aristotelis. Accedit Disp. de nomine logices et dialectices, Paris., 4558; Lugd., 4670, in-8°.

VI. Responsio ad Car. Sigonii disputationes de binis magistratuum comitiis et lege curiatâ, Paris., 4565, in-8°; Bonon., 4566, in-4°; ins. dans le Thesaurus de Grævius.

VII. Refutatio posterioris disput. Car. Sigonii de binis comitiis, Paris., 4567, in-8°; ins. dans le Thesaurus de Grævius.

VIII. De conjugiis romanis, Venet., 4568, in-8°.

IX. Physica Aristotelis, latinè ex versione J. Argyropoli et J. Perionii, cum castigatione N. Grouchii, Colon., 4568.

X. De cœlo, latinè ex versione J. Argyropoli et J. Perionii cum castigatione N. Grouchii, Colon., 4568.

XI. Ethica, latinè per Nic. Grouchium, Paris., 1572, in-4'; Lugd., 1572, in-4.

XII. Histoire des Indes par Ferdinand Lopez, trad. en franç,, Anvers, 4576, in-4.

Selon Gesner, Grouché a aussi traduit les Analytica posteriora d'Aristote, publ. par Oporin dans son édit. de l'Organon. La Croix du Maine lui attribue, en outre, une trad. de Théodorite (?).

GROULART (CLAUDE), sieur de La Court, né à Dieppe, en 4554, et

mort, en 1607, premier président au parlement de Rouen.

Claude Groulart était fils de Claude Groulart et d'Hélène Bouchard, tous deux protestants zélés, sa mère surtout, riche drapière qui avait été une des premières à Dieppe à abjurer la religion romaine et qui avait contribué de tous ses moyens à soutenir et à accroître l'église naissante. Il paraît que ses parents l'avaient envoyé à l'université de Valence, sur laquelle l'enseignement de Cujas jetait alors un vif éclat. Il y faisait donc, ou plutôt il était censé y faire ses études, car il ne se distinguait parmi ses condisci→ ples ni par son application ni par ses progrès, lorsque le tocsin de la SaintBarthélemy retentit jusqu'à Valence. Le jeune étudiant s'enfuit à Genève. Nous trouvons, en effet, sur le Registre des habitants de cette ville, sous la date du 12 sept. 1572, cette mention qui ne peut concerner que lui: Claude Groulart, escollier de Dieppe. Le savant Joseph Scaliger, qui fut nommé, vers ce temps, professeur de philosophie à l'académie de Genève, prit en affection Groulart, et ses conseils lui inspirèrent enfin le goût de l'étude. Comme il était heureusement doué, il acquit en quelques mois une profonde connaissance du grec et du latin, dont il donna des preuves dans la trad. des deux Harangues de Lysias, que nous avons attrib. à Goulart (Voy. p. 335), induits en erreur par M. Renouard. En 4578, Groulart rentra en France, abjura la religion réformée et acheta une charge au Grand-Conseil. En 4585, il fut nommé premier présidentau parlement de Rouen. Sa conversion futelle sincère, ou bien, comme d'autres le disent, dissimula-t-il seulement ses opinions? Il ne nous est pas donné de sonder les cœurs; tout ce que nous savons, c'est que Groulart se montra constamment attaché à la cause de Henri IV, qu'il la servit fidèlement, et qu'à en juger par ses Mémoires ou Voyage fait en cour, ins. dans les Collections Petitot et Michaud, il n'é

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tait pas du nombre de ces esprits faibles», comme il les appelle, qui subordonnaient leur soumission à l'abjuration du Béarnais.

GRUDE (FRANÇOIS), sieur de La Croix et de La Vieille-Cour, terres dépendantes de la paroisse de Connerré dans le Maine, laborieux bibliographe, connu sous le nom de LA CROIX DU MAINE qu'il prit dans ses écrits, naquit au Mans en 4552. A l'âge de 47 ans, il alla compléter ses études à l'université de Paris. Mais il y séjourna peu de temps. Nos discordes civiles le forcèrent sans doute à s'en éloigner. Telle serait du moins notre supposition. Grudé appréciait trop les ressources que lui offrait la capitale pour s'en priver volontairement. Une noble passion s'était emparé de lui, la passion des livres, non cette passion inepte qui s'arrête à l'écorce des choses, mais une passion vraie. Il réussit à se composer une riche bibliothèque, tant en imprimés qu'en manuscrits. Il y dépensa plus de dix mille livres, somme considérable pour le temps. Ses études étaient réglées avec beaucoup de méthode. Il consacrait régulièrement, chaque jour, six heures au travail, dont trois à la lecture et trois à la composition de ses ouvrages et à des collections. C'était peu sans doute, mais la persévérance double l'activité. Après avoir passé une dizaine d'années dans la retraite, « faisant toutes sortes de recherches, amassant des livres, mémoires, tiltres, renseignemens et toutes autres choses,» il songea à retourner à Paris pour y chercher quelque Mécène qui protégeât ses débuts. Fils de famille, il ne jouissait encore «d'aucuns biens ou revenuz. » Parmi les centaines d'ouvrages (nous n'exagérons pas) qu'il se proposait de mettre au jour, il en était un qui le préoccupait plus particulièrement, c'était « un Catalogue général de tous les hommes et femmes qui ont escrit et composé des œuvres de leur invention, ou bien aussi qui ont fait des traductions en langage françois depuis cinq cens ans et plus,

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et contenant en outre « un Abrégé des vies des plus renommés entre ceux qui y sont compris, desquels le nombre est de trois mille ou peu s'en fault. » Dès 4579, il avait divulgué son projet dans son Discours du sieur de La Croix G. du Maine, contenant sommairement les noms, titres et inscriptions de la plus grande partie de ses OEuvres, latines et françoises, tant sur l'entière et parfaite illustration de la France et des Gaules, que de plusieurs autres siens desseins et projects sur l'histoire, et Mémoires recueillis par lui pour servir à tout l'univers, dédié et présenté à M. le vicomte de Paulmy, au Mans, 1579, in-4; réimp. à la fin de sa Bibl. franç. Le ton fanfaron de cet écrit nuisit à l'effet qu'il devait produire, personne ne prit l'auteur au sé-rieux, personne ne lui communiqua le moindre renseignement. On n'attend que du vent d'un auteur qui, avant d'avoir rien produit, commence par enfler la voix pour nous dire qu'il va chanter « la guerre que firent les Titans au maitre du tonnerre. Il n'est pas permis à chacun de chausser le cothurne et de s'écrier:

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Exegi monumentum ære perennius, Regalique situ pyramidum altius. Pour dire ces choses, il faut être Horace; le génie fait pardonner bien des faiblesses. Quant à notre bibliographe qui n'était rien moins qu'un grand esprit, il ne trouva grace ni auprès de ses contemporains, ni auprès de la postérité. Les critiques l'ont accusé d'avoir voulu en imposer en donnant une liste d'ouvrages imaginaires qu'il ne pouvait avoir en portefeuille, puisque, disaiton, plusieurs vies d'homme eussent à peine suffi à un pareil travail. Nous ne sommes pas plus crédule que d'autres; nous pensons que le plus grand nombre de ces ouvrages n'existaient qu'en projets dans l'imagination de leur auteur ou tout au plus sous forme de compilations; mais aussi nous sommes forcé d'admettre que s'il n'y avait pas

eu beaucoup de vrai dans ses assertions, notre bibliographe n'aurait pas entassé, comme à plaisir, tant d'invraisemblances, lui qui avait le bon esprit de comprendre que l'on n'ajouterait pas foi à ses paroles. On ne manque pas de jugement à ce point. Et d'ailleurs le livre qu'il a publié ne donne-t-il pas une bonne idée de sa patience et de sa diligence dans les recherches (4)? Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons nous dispenser de faire connaître au moins les principaux d'entre ces nombreux ouvrages « qu'il avoit prests à mettre en lumière. » Nous parlerons plus loin de ses deux bibliothèques, qui nous paraissent avoir été le plus clair de son, travail. L'histoire, dans toutes ses branches, les belles-lettres, la théologie même, rien ne lui avait échappé. Avant tout, il se proposait de publier un livre sur la très-sainte Trinité. « Et diray encores, dit-il, que je n'ay voulu, ou peu faire autrement, que je n'aye commencé mon entreprinse au nom très sainct d'une tant sacrée Trinité, où repose tout mon appuy et confiance, et sans la grace ou faveur de laquelle je ne veux et ne peux rien entreprendre. Cependant il paraît que cet ouvrage resta en projet. Après ses deux bibliothèques, son intention était de faire paraître un abrégé de son Histoire généalogique des maisons nobles de France, qui ne contenait pas moins de vingt mille articles, « mis par ordre d'A, B, C, pour ne fascher aucun. » Venaient ensuite soixante volumes sur la vie des rois de France, un Recueil des Conciles, tant généraux que provinciaux, tenuz en France pour le fait

(1) Si nous faisions plus de cas des renseignements puisés à la source des Ana, nous nous prévaudrions de l'anecdote suivante rapportée dans le Scaligerana : « La Croix du Maine est fou, disait un jour le grand Scaliger, il avait une chambre toute pleine de lettres de divers personnages, mises dans des armoires, in nidis; j'y allai, et en sortant, Aurat me dit : « Oscura diligentia, » car il ne prononçait point le b. Telles gens sont les crocheteurs des hommes doctes, qui nous amassent tout. Cela nous sert beaucoup; il faut qu'il y ait de telles gens. »

de la Religion, ou pour autres causes, un Recueil des Estats tenuz en France, un Traicté des Parlemens de France, un Livre des batailles et rencontres données en France, et des villes prises ou assiégées, tant pour le fait de la religion que pour autres raisons; « et pour le regard de l'histoire de nostre temps, ou bien des guerres civiles advenues en France pour la religion, depuis 47 ans en ça, j'ay recherché, ajoute-t-il, les mémoires des plus certains et véritables autheurs qui en ont escrit, voire de ceux qui en peuvent tesmoigner de vive voix, pour y avoir esté présens, ou pour l'avoir entendu fidellement de ceux qui en peuvent bien parler avec asseurance et sans passion. Ceux qui en ont escrit, tant d'un party que d'autre, sont au nombre de quarante ou environ, soient latins ou françois, mais la pluspart n'a encore mis ses œuvres en lumière. »> Après l'histoire politique, venait l'histoire litté– raire, un Traicté des Académies ou Universités de France, la Recherche des Bibliothèques ou cabinets les plus renommez de France, avec le catalogue de leurs curiositez; et finalement «pour l'illustration de la langue françoise, » les Etymologies, les Proverbes avec leur interprétation, et un Traicté d'Orthographe, etc., etc. La plupart de ces volumes étaient « achevez et les autres bien avant encommencez et poursuivis.» Nous passerons sous silence ceux de ses écrits qui devaient «< servir à tout l'univers, » et une foule d'autres dont il ne donne la liste que « pour faire entrer quelques uns en admiration ou plutost defiance de lui et de ses labeurs ou travaux continus. « Nous ferons seulement remarquer qu'il convient que dans ses travaux, il s'aidait «<de Mentionnaires ou extraits tirés des autheurs sur toute sorte de matières, »> et il est très-vraisemblable que la plupart de ses écrits ne se composaient encore que de ces Mentionnaires. Enfin, il se proposait de publier très-prochainement un livre qu'il avait nommé « le Microcosme ou Petit Monde, contenant

sommairement tout ou la plus grande partie de ce qu'il avoit escrit, ou de ce qu'il vouloit encore escrire, touchant les choses qui appartiennent à l'homme, et à la cognoissance de toutes affaires mondaines, soit pour l'histoire et autres cas dignes d'estre sceuz. » Son intention était de commencer la publication de ses œuvres « par des Epitomes de chacun d'iceux,» mais il renonça à ce projet au moins pour sa Bibliothèque française, comme M. Hauréau l'a déjà fait observer avec raison dans son Hist. littér. du Maine, en relevant l'abbé Goujet, dom Liron, La Monnoye, Rigoley de Juvigny qui ont dit le contraire. Au jugement du même critique, si l'on ne considère le Discours de Grudé « que comme le plan d'une bibliothèque historique, il faut reconnaître que ce plan diffère peu de celui qui a été suivi par le P. Lelong dans son grand ouvrage sur les Historiens de France. C'est assez dire qu'il est estimable. »

En 4582, Grudé se rendit donc à Paris dans le but de commencer ses publications. « Je diray, écrit-il, qu'après avoir esté treze ou quatorze ans à escrire, recueillir et rechercher de toutes parts des mémoires, et en voyant enfin que j'en avois jusques à là que le tout se pouvoit monter jusques au nombre desept ou huict cens volumes, qu'enfin je me deliberay de faire ma demeure à Paris et pour cet effect, je feiz conduire trois charettes chargées de mes volumes et mémoires et de livres tant escrits à la main qu'autrement, et arrivay à Paris le dernier jour de may l'an 4582.» On voit par cet échantillon que le style de notre auteur n'est rien moins qu'élégant, mais il s'en excuse dans un endroit sur la précipitation avec laquelle il a dû composer son livre. Son premier soin fut de chercher à se procurer des amis. « Pour conduire mes affaires au port où je désirois tant d'aborder, je me suis advisé, dit-il, (selon qu'il a pleu à Dieu me conseiller) d'user d'une façon que tout homme vivant selon la crainte de Dieu doit faire, sçavoir

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