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Ce dernier épousa Jeanne Grimaudet et en eut FRANÇOIS, tué à la bataille de Senef, et MADELAINE, épouse de Léonard de Vauborel, sieur de SaintGeorges en Normandie, puis, en secondes noces, de Pierre de Francier, sieur de Juvigny (4); 2. THOMAS, sieur de La Gourtière, qui prit pour femme Marie Barbier; 3. JACQUES, qui continua la branche de Painel; FRANÇOIS, chef de la branche de SaintLaurent; 5° RENÉ, auteur des seigneurs de La Daguerie; -6° CHARLES, qui fit la branche de Cuillé; -7° PuiLIPPE, sieur de La Fauconnerie, qui laissa un fils, nommé JEAN-CHARLES, de son mariage avec Charlotte Grimaudet, célébré en 4646; 8° HENRI, tué à l'armée;-9° JEANNE, femme, en 1646, de Nicolas de Prouvère, sieur de Bicheteaux.

I. BRANCHE DE PAINEL. Jacques de Farcy prit le parti des armes et servit sous le maréchal de Châtillon, de 1629 à 1639. De son mariage avec Catherine de Gennes il eut: 4° JACQUES, conseiller au parlement de Rouen, qui épousa Susanne ou Marguerite Beraudin, laquelle, restée veuve, se sauva en Angleterre à la révocation, accompagnée de ses trois fils (Arch. gến. Tr. 287), dont l'un, appelé JEAN par d'Hozier, devint capitaine des gardes du roi d'Angleterre (2); 2o RENÉ, qui suit;3 JEAN, dont nous parlerons après son frère; 4° FRANÇOISE, femme de Jacques de Saint-Germain, sieur de Fontenay.

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René de Farcy, sieur de La Villedu-Bois, épousa Charlotte L'Evesque, et en secondes noces, Elisabeth Pré

(1) En 1674, Judith Francier, Alle orpheline d'Etienne Francier, sieur de La Brière, et de Marie Moissart, se fit catholique. Elle avait à peine onze ans, ayant été baptisée par Bockart, le 2 déc. 1663, dans le temple de Bourg-l'Abbé. Son parrain était Henri Du Bourget, sieur de Bonneval, et sa marraine Marie line (Arch, gén. M. 675).

(2) D'Hozier ne mentionne que ce seul fils, il ne connaissait pas les deux autres. Nous soupçonnons que l'un d'eux est le même que Jean de Farcy, pasteur de la Nouvelle-Patente, en 1689, selon M. Burn.

petit. I abjura avec son second fils ANNIBAL-FRANÇOIs, en 1688 (Arch. Tr. 255), et mourut avant 1695. Son fils alné, JACQUES-RENÉ, sieur de Mué et de La Ville-du-Bois, n'avait pas, à ce qu'il paraît, attendu pour « se réunir » que son père lui en donnât l'exemple. Quant à sa fille, qui avait reçu le nom de MARIE, peut-être estelle la même qu'une demoiselle de Malnoé-Farcy qui se réfugia en Hollande à la révocation, mais dont la constance ne put résister aux ennuis de l'exil, en sorte qu'elle revint en France en 1699 (Arch. M. 673). Ou bien cette demoiselle serait-elle plutôt la fille de Daniel de Malnoé, avocat au parlement, qui, jeté à la Bastille, en 1686, pour cause de religion, feignit de se convertir et profita de la liberté que lui procura cet acte d'hypocrisie pour se sauver en Hollande avec son fils (Arch. E. 3373)? Une troisième hypothèse serait moins admissible. Mi de Malnoé-Farcy pourrait être encore SUSANNE de Farcy, fille de Jean de Farcy, sieur de Malnoé, qui eut, en outre, de son mariage avec Susanne de Ravenel, deux fils nommés JACQUES-ANNIBAL et JEAN-CHARLESMICHEL. Ce dernier, sieur de La Villedu-Bois, servait, en 1709, avec le grade. de capitaine, d'où l'on peut conclure qu'il s'était converti. Son frère, sieur de Malnoé, épousa Jeanne de Gennes et n'eut qu'une fille qui se maria en 1730.

II. BRANCHE DE SAINT-LAURENT. François de Farcy suivit, comme son frère, la carrière des armes et fit les campagnes des maréchaux de Châtillon et de La Meilleraye. En récompense de ses services, il obtint, bien que protestant, le gouvernement de Vitré. Il avait épousé, en 1640, Claude Uzille, qui le rendit père de six enfants: 4° JACQUES, sieur du Rocher-Portal, conseiller au parlement de Bretagne, qui très-probablement se convertit plusieurs années avant la révocation; 2o JEAN, sieur de Saint-Laurent, qui épousa, en 1669, Françoise-Briande

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Liais, fille de François Liais, sieur du Temple, et de Marguerite Du Verger, et qui en eut FRANÇOIS-JACQUES et MADELAINE; - 3° AMAURI, lieutenant général des troupes du duc de Zell, qui laissa ANTOINE-SIMON et ELÉONORE, de son mariage avec DorothéeLouise Charéard; 4° CLAUDE, femme d'Olivier de Croesker, dont le nom ne s'est jamais présenté à nous dans le cours de nos recherches; 5° FRANÇOISE, épouse de Jacques de Bérenger, sieur de Fontaines en Normandie, qui passa dans les pays étrangers avec ses quatre enfants (Arch. TT. 270); 6 MARGUERITE, femme de Toussaint de Boisgélin, sieur de La Toise, le même peut-être que le gentilhomme normand de ce nom, dont nous avons raconté la conversion et la mort étrange. (Voy. II, p. 335).

-

III. BRANCHE DE LA DAGUERIE. René de Farcy servit avec ses frères sous Châtillon. Ilprit pour femme Marie de Gennes dont il eut 4° ANNIBAL, qui suit; 2 FRANÇOIS, sieur de PontFarcy, président aux siéges royaux de Laval, maitre des eaux et forêts et capitaine des chasses du comté de Laval, qui laissa, de son mariage avec Marie Du Breil, fille de Jean Du Breil, sieur de La Brunetière, et d'Anne Guillot, trois enfants, RENÉ -FRANCOIS, FRANÇOIS-RENE et MARIE, qui furent élevés dans la religion romaine; — 3° FRANÇOISE, qui ne fut point mariée. Né à Rennes, lit-on dans la Biographie du parlement de Metz, Annibal de Farcy suivit d'abord le barreau de Paris et fut reçu, le 19 janv. 4666, conseiller au parlement de Metz. A la révocation de l'édit de Nantes, préférant sa charge à sa religion, il s'empressa d'abjurer. Plus tard, il devint président de la chambre des requêtes au parlement de Bretagne. Les enfants qu'il eut de son mariage avec sa cousine ClaudeCharlotte de Farcy, furent élevés dans le catholicisme.

IV. BRANCHE DE CUILLÉ. Charles de Farcy, sieur de La Carterie, du Boisde-Cuillé et de Rozeray, qui suivit,

comme ses frères, la carrière des armes, n'eut point d'enfants de sa première femme Marguerite Renaud. En 1640, il se remaria avec Marguerite Uzille, fille de Jean Uzille, sieur du Coin, et d'Hélène Stangier, qui lui donna trois fils et trois filles. L'aînée de ces dernières, nommée MARGuerite, épousa, en 1669, François Morel, sieur de La Barre. La seconde, CLAUDE-CHARLOTTE, devint, en 1679, la femme de son cousin le conseiller au parlement de Metz. La troisième, CatheRINE-FRANÇOISE, mariée le 13 octobre 1685, à Benjamin de Ravenel, sieur de Bois-Tilicul, le suivit sans doute sur la terre étrangère, lorsqu'il réussit à sortir de France (Arch. Tr. 252). L'aîné des fils, appelé FRANÇOIS, sieur du Bois-de-Cuillé, servit dans l'arrièreban et fut fait prisonnier par les Lorrains, en 1674. En 1685, il fut choisi pour commissaire de l'édit dans la Touraine (Arch. Tr. 235). Il avait épousé, en 1670, Madelaine-Elisabeth de Guillon, fille de Charles, sieur des Touches, et de Madelaine Le Bachelle. A la révocation de l'édit de Nantes, il se convertit avec ses trois fils ANNIBALAUGUSTE, DANIEL-MICHEL et CHARLESFRANÇOIS. Le sort de son frère cadet, nommé DANIEL, est inconnu. Le troisième, appelé JACQUES, sieur de Rozeray en Anjou, épousa, en 1677, Isabelle Pineau, fille unique de Paul Pineau, sieur de La Trosnière, et de Renée Amproux. Il en eut trois enfants, CHARLES-RENÉ, JEAN et LOUISE, qui furent élevés dans le catholicisme. L'ainé épousa, en 1700, Charlotte de La Douespe, fille de Francois de La Douespe, sieur de La Vallinière, et de Philippe Majou, d'une famille qui a compté des confesseurs parmi ses membres. En 1687, Daniel de La Douespe fut emprisonné à Bayeux (Arch. M. 676), et en 1700, enfermé dans le château de Nantes (Arch. E. 3386). En 4725, les deux filles aînées du sieur de La Douespe furent mises par lettres de cachet à l'Union chrétienne de Lucon (Arch. E. 3444), où leur sœur ca

dette fut envoyée à son tour en 4728 (Arch. E. 3414).

Une famille du même nom et également protestante habitait la Bourgogne. Elle nous est connue par le testament de Samuel Farcy, qui se conserve à la Bibl. nationale (Jacobins St-Honoré, N° 30). Nous y apprenons que Samuel Farcy, commissaire à terrier du Pont-de-Veyle et ancien de l'église, avait été marié deux fois. Sa première femme, Françoise Dumont, lui avait donné deux filles: DOROTHÉE, qui épousa Pierre Roques, ministre du pays de Gex, et JEANNE, mariée à Samuel Renaud, chirurgien du Pont-deVeyle, réfugié à Yverdun. En secondes noces, il avait épousé Marie Bernard qui, à la révocation, s'était sauvée en Suisse. Il avait voulu, malgré son grand âge, la suivre avec sa fille SARA; mais il avait été arrêté, et il avait acheté sa liberté au prix d'une abjuration feinte, résolu de fuir dès que l'occasion s'en présenterait. Une seconde tentative ayant été plus heureuse, il avait rejoint sa famille à Yverdun, où il fit son testament, le 8 février 1689. Après sa mort, sa veuve passa en Allemagne; il parait qu'elle s'établit à Kösteritz; c'est au moins dans cette ville qu'elle maria, en 1699, sa fille Sara avec Louis Tiolet, chirurgien de Lézan, également réfugié. Il n'est pas de peuple plus attaché au sol natal que les Français. Trente années d'exil n'ayant pu habituer Tiolet et sa femme à l'idée de mourir loin de leur patrie, ils s'adressèrent, en 4747, au cardinal de Noailles pour lui demander la permission de revenir en France, lui promettant de suivre la religion romaine, pourvu (ce qu'ils le suppliaient en grâce de leur octroyer) qu'on leur accordat la communion sous les deux espèces et qu'on ne leur défendit pas de lire la Bible. Nous ne connaissons pas la réponse du prélat; mais s'il répondit, ce fut certainement par un refus.

FAREL (GUILLAUME), le plus fougueux et le plus intrépide de nos ré

formateurs, né à Gap, en 1489 (1) et mort à Neuchâtel, le 13 sept. 4565.

Issu d'une famille noble et riche (2), Farel était destiné par ses parents à la carrière des armes; mais entraîné par son goût pour l'étude, il vint à Paris et se fit le disciple de Le Fèvre d'Etaples, qui y professait alors les belles-lettres et la philosophie.A cette époque, la philosophie n'était encore que l'humble servante de la théologie, bien qu'elle tendit à s'affranchir, en sorte qu'il était presque impossible d'étudier l'une sans l'autre.A lalecture d'Aristote, Farel joignit donc celle de la Légende dorée et sa piété prit tous les caractères de la bigoterie. « Pour vray, écrivait-il plus tard, la papauté n'estoit et n'est tant papale que mon cœur l'a esté... S'il y avoit personnage qui fût approuvé selon le pape, il m'estoit comme Dieu. » Dans l'ardeur de sa dévotion, il en vint à vouloir copier les austérités des cénobites; il avait surtout une vénération profonde pour les Saints, « tellement, nous dit-il, que je pouvoye bien estre tenu pour un registre papal, pour martyrologe et tout ce qu'il faut en toute idolatrie et diablerie papales, en laquelle n'ai cogneu aucun qui m'ait vaincu. » Son maître Le Fèvre d'Etaples n'était guère moins fervent adorateur de la Vierge et des Saints, dont il s'occupait alors à recueillir les légendes pour l'édification des fidèles. « Il faisoit, nous raconte Farel, les plus grandes révérences aux images qu'autre personnage que j'ai cogneu, et demeurant longuement à genoux, il prioit et disoit ses heures devant icelles, à quoy souvent je

(1) Selon Allard, il naquit en 1469; c'est une erreur manifeste. Dans son Précis de l'histoire de la ville de Gap, M. Théodore Gautier dit (p. 74): Il n'y a aucun doute que ce précurseur de Calvin ne soit né en 1494; mais plus loin (p. 277), il revient à l'opinion

commune.

(2) Bolsec prétend que son véritable nom était Fareau, et Audin, qui le copie, comme toujours, ajoute qu'il était fils d'un notaire de Gap, mais ni l'un ni l'autre n'apportent la moindre preuve à l'appui de leurs assertions, et d'ailleurs quelle autorité accorder à d'aussi méprisables pamphletiers?

lui ay tenu compagnie, fort joyeux d'avoir accez à un tel homme. » Cependant le soin qu'il apportait à rassembler ces vies, pleines de fables ridicules et de grossiers mensonges, ne lui faisait pas négliger l'étude de la Bible, et ce furent ses conseils qui engagèrent Farel à lire le Livre saint. Quel étrange bouleversement dans ses idées ! Il cherche en vain, et il ne trouve mention dans l'Evangile ni de pape, ni de hiérarchie, ni d'indulgences, ni de purgatoire, ni d'œuvres surérogatoires, ni de messe, ni de célibat des prêtres, ni de tant d'autres inventions humaines. « Il fut fort ébahi, dit-il, en voyant que sur la terre tout estoit autrement en vie et doctrine que ne porte la saincte Escripture.»> Toutefois il ne se rendit pas sur-lechamp à l'évidence, il lui en coûtait de renoncer à des croyances et à des pratiques qui lui étaient chères; «< il a fallu, ajoute-t-il, que petit à petit la papauté soit tombée de mon cœur; car par le premier esbranlement elle n'est venue bas. >>

A la suite d'une lutte longue et pénible, la vérité finit cependant par triompher, et dès cet instant, Farel prit avec lui-même l'engagement sacré de devenir acteur dans le drame religieux qui se jouait en Europe. Afin donc de se rendre digne de remplir la mission qu'il s'imposait, il s'appliqua avec un redoublement de zèle à l'étude; il apprit le grec et l'hébreu pour se mettre en état de lire la Bible dans le texte original; il dévora les écrits des Pères pour se fortifier dans ses nouvelles croyances, et il acquit assez de connaissances pour prendre le grade de maître-ès-arts. Le Fèvre, qui avait conçu pour son disciple une grande amitié, lui procura par son crédit une place de professeur au collège du cardinal Le Moine, et peu de temps après, en 4524, il le mena à Meaux, où il était appelé lui-même par l'évêque Briconnet, qui était revenu de son ambassade de Rome tout pénétré de la nécessité d'une réforme.

Il parait que Farel ne fit pas un long

séjour dans cette ville où les doctrines évangéliques furent accueillies avec une vive sympathie. Brûlant du désir de faire partager ses convictions à ses concitoyens, il partit pour le Dauphiné, mais il rencontra une violente opposition et fut chassé de Gap par les habitants qui trouvèrent «sa doctrine fort étrange. » L'insuccès ne refroidit pas son enthousiasme, en sorte qu'il finit par gagner à l'Evangile quelques personnes parmi lesquelles il compta avec bonheur ses frères (1). Satisfait d'avoir déposé dans son pays natal la semence de la Réforme et laissant à la Providence le soin de la faire fructifier, il retourna à Meaux, où déjà l'horizon assombri présageait la tempête qui ne tarda pas à fondre sur le petit troupeau réformé. Epouvanté par les attaques de la Sorbonne, Briconnet trahit lâchement la cause qu'il avait embrassée, et les compagnons d'œuvre qu'il avait appelés à son aide durent fuir, en 4523. Après un court séjour à Paris, Farel partit, non pas pour Strasbourg, comme le dit Ancillon, et d'après lui, Ruchat, Salig, Allard, Sénebier, mais pour Bâle. Quelques jours après son arrivée, il se présenta au Conseil et lui demanda l'autorisation de soutenir publiquement des thèses, selon l'usage du temps.Elle lui fut accordée, malgré l'opposition du grand-vicaire et du recteur de l'Université, qui, de leur côté, défendirent, sous peine d'excommunication, à qui que ce fût d'accepter le défi. Le Conseil, qui depuis longtemps luttait contre les empiétements du clergé, vit dans cette défense un attentat contre son autorité, et par représailles, il ordonna à tous

(1) Selon une vie inédite de Farel (MSS. de Genève, No 147), ces frères étaient an nombre de trois et se nommaient Daniel, Gautier et Claude. Le rôle des Français reçus citoyens de Genève nous en fait connaître un quatrième, Jean-Jacques, apothicaire, qui fut reçu bourgeois, avec Guillaume et Claude, en 1537. Daniel se retira dans le canton de Berne, s'y fit naturaliser et fut chargé d'importantes négociations relatives aux églises. Gantier trouva un asile auprès de Guillaume de Fürstenberg. Farel avait aussi un neveu qui mourut de la peste à Bâle, en 1538.

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théologiens, curés et écoliers d'assis-
ter à la dispute, menaçant les récalci-
trants de leur interdire l'usage des
moulins et des fours, et l'abord du mar-
ché public. La dispute eut donc lieu,
le 45 fév. 4524. Les thèses de Farel,
au nombre de treize, roulent sur la per-
fection des Ecritures, la liberté chré-
tienne, les devoirs des pasteurs, la jus-
tification par la foi, la prédication de
l'Evangile, etc.; elles sont écrites avec
une grande modération, comme il con-
venait à un étranger qui demandait non
pas à enseigner, mais à s'instruire.
Quoique la dispute se fit en latin, Eco-
lampade dut servir d'interprète, Farel
n'étant pas bien compris à cause de sa
prononciation française. Les actes ne
s'en sont pas conservés, mais, au rap-
port d'un contemporain, la victoire de
Farel fut complète, et elle fut couron-
née par la conversion de Conrad Pel-
lican.

Farel passa quelques mois à Bâle,
pendant lesquels il visita Constance,
Schaffhouse, Zurich, où il fut reçu avec
la plus cordiale amitié par Grebel, My-
conius, Zwingle, avec qui il noua des
liaisons étroites. Malheureusement sa
brusque franchise ne sut pas ménager
l'excessive susceptibilité du Voltaire
du xvi siècle, qu'il eut l'imprudence
de comparer à Balaam. Il se fit ainsi
d'Erasme un ennemi redoutable (1) qui,
unissant sa haine à celle du clergé et
des ennemis de la Réforme, réussit à le
faire expulser de Bâle, en 4524.

Forcé de chercher un autre asile, le
réformateur se retira à Strasbourg où
il vécut quelques mois dans l'intimité de
Bucer et de Capiton. Choupard, dans
sa Vie msc. de Farel, affirme qu'il alla,
vers ce temps, visiter Luther à Wit-
temberg accompagné d'Anémond de
Coct; mais Füssli nie qu'il ait fait ce
voyage, dont il existe pourtant un in-
dice dans une lettre d'Ecolampade où,
recommandant de Coct et Farel au cé-

(1) Voici comment Erasme peint Farel, dès
1524, dans une lettre à l'official de Besan-
Nihil vidi unquàm mendacius, viru-
çon :
lentius aut seditiosius. »

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lèbre moine saxon, il lui dit, en parlant
de ce dernier : On ne saurait voir hom-
me plus franc et plus sincère. Il est
vrai, comme M. Kirchofer le fait obser-
ver, qu'Anemond de Coct était à Wit-
temberg en 1523, en sorte que la visite
de Farel à Luther serait antérieure à
son expulsion de Bâle.

Farel avait atteint l'âge de 35 ans, et
il n'avait point encore trouvé l'occasion
de travailler, aussi activement qu'il le
désirait, à la propagation des doctrines
évangéliques. Favorisées par le duc
Ulric, ces doctrines comptaient déjà un
certain nombre de sectateurs à Mont-
de apprit à Farel que plusieurs habi-
béliard, lorsqu'une lettre d'Ecolampa-
tants de cette petite ville désiraient son
arrivée parmi eux. A cet appel, il partit
sur-le-champ, accompagné de Jean Du
Mesnil, de Paris, et de Guillaume Du
Moulin, d'autres disent d'Anémond de
Coct, et arriva à Montbéliard, au mois de
juin 1524, selon le Précis historique
de la réformation dans l'ancien comté de
Montbéliard. Il se mit à l'œuvre avec
cette ardeur impétueuse qu'il apportait
dans toutes ses actions, et la vive ré-
sistance qu'il rencontra dans le clergé
romain surexcitant son zèle, il répon-
dit aux grossières invectives des cha-
noines de Saint-Maimbœuf et aux ex-
communications de l'archevêque de Be-
sançon, par des actes d'une témérité
qui lui attira de sévères réprimandes de
la part du doux Ecolampade : « Con-
dono, imò laudo zelum, lui écrivait son
ami, modò ne desideretur mansuetudo.
Da operam, mi frater, ut spiritum meum
exhilares etiam hoc nuncio: quòd in
tempore suo, vinum et oleum infundas,
quòd evangelistam, non tyrannicum le-
gislatorem præstes. » Et dans une autre
lettre, le sage réformateur de Bâle lui
disait avec une haute raison: « Neque
enim excidisse animo crediderim, quo-
modo inter nos convenerit: nempè ut
quantò propensior es ad violentiam,
tantò magis te ad lenitatem exerceas,
leoninamque magnanimitatem colum-
bina modestia frangas. Duci, non trahi
volunt homines. » Farel n'en continua

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