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parlement de Bretagne redemanda fièrement ses magistrats; et les brochures se multiplièrent Il y avait 150 colporteurs à Bicêtre; on était fatigué de brûler des pamphlets, qui renaissaient plus nombreux de leurs cendres: Eh! messieurs, s'écria un parlementaire, ne nous lasserons-nous pas de brûler la vérité? Cependant une vengeance est tirée des longues souffrances de La Chalotais; d'Aiguillon, l'ami, et, suivant l'opinion générale, le complice de Calonne, dans cette affaire; d'Aiguillon, que La Chalotais avait jadis blessé d'une épigramme; d'Aiguillion, qui voulut se venger d'un jeu de mots par un arrêt de mort, fut, à son tour, accusé par le parlement de Bretagne. L'avénement de Louis XVI rendit la liberté à La Chalotais, et rétablit le calme, du moins en apparence; après 10 ans de malheurs, ce magistrat revint siéger à Rennes, et mourut le 12 juillet 1785. Qu'on jette les yeux sur le draine déplorable dont il fut le héros, on y verra toute l'incertitude et toute la tyrannie, toute la pusillanimité et tout l'arbitraire d'un gouvernement qui creusait sa tombe. Nulle justice dans les vues, nulle force dans l'exécution de l'injustice; d'horribles outrages à la liberté publique, faits avec légèreté, arrogance, faiblesse et vengeance. Il était aisé de prévoir qu'un despotisme dont les ressorts s'usaient ainsi, allait tomber de lui-même; et cette décadence n'eut pas de précurseur plus visible et de symptômes plus effrayans que les procédures dont nous venons de parler.

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CHALVET (PIERRE-VINCENT), auteur d'un journal peu connu et qui ne mérite point de l'être, intitulé Journal chrétien (publié au commencement de la révolution). Ce Journal chrétien n'était pas tout-à-fait catholique, ce qui n'était point un mal alors : mais il eût fallu que le style en fût un peu français. Editeur des poésies de Charles d'Orléans, Chalvet est aussi l'auteur de quelques ouvrages trop médiocres pour être cités, et de la nouvelle édition, ou plutôt de la refonte de la Bibliothèque du Dauphiné, par Allard (1797, Grenoble, in-8°). Professeur d'histoire à l'école centrale de l'Isère, et bibliothécaire de la ville de Grenoble, it mourut le 23 décembre 1807. Il était né en 1767, à Grenoble. Homme laborieux et patient, il était dénué de presque toutes les autres facultés brillantes ou solides qui tirent un écrivain de la foule.

CHAMBARLHAC (J. J. VITAL), baron de l'Aubpin, né le 2 août 1754, aux Etables, département de la Haute-Loire, débuta dans la carrière militaire, en 1769, par le grade de sous-lieutenant. A l'époque de l'émigration, il sut rẻsister aux séductions et aux exemples qui lui étaient donnés chaque jour, et suivant de plus honorables conseils, il n'abandonna point les drapeaux français pour passer sous ceux de l'étranger. Dès l'année 1792 il se distingua à l'armée des Alpes, et fut fait chef de bataillop. En 1793, il s'empara des retranchemens du mont Carmel, où il fit mille prisonniers. Il se fit remarquer par

sa bravoure et ses talens à la journée d'Arcole, en 1796; il fut blessé et nommé général de brigade sur le champ de bataille. Dans l'année 1799, le premier consul le chargea de mettre un terme aux brigandages connus sous le nom de Guerre des chouans; il les battit près de Mortagne, les poursuivit de toutes parts, et ne tarda pas à en purger entièrement les départemens qu'ils infestaient. Il se distingua de nouveau à Castiglione et à Marengo, où il commandait la 1re division de l'armée de réserve; il fut pourvu successivement du commandement de Tortose, de Mayence, du département de la Loire, et de la 13m division militaire. Nommé, en 1802, général de division, et en 1806, commandant de la légiond'honneur, il contribua à l'expulsion des Anglais du territoire de la Hollande lors de l'invasion de l'île de Walcheren par les troupes britanniques. Le général Chainbarlhac commandait à Bruxelles, en 1813. Lorsque les Français évacuèrent l'Allemagne, il défendit autant que les circonstances le permettaient le pays confié à sa garde. Le 21 août 1814, il a été fait chevalier de Saint-Louis. CHAMBERET (J. B. J. A. C. T. DE), médecin, né à Limoges, le 19 septembre 1779. Après s'être occupé, pendant quelque temps, des mathématiques, et avoir porté les armes pour la défense de son pays, il vint étudier la médecine à Paris, en l'an 8 de la république. L'enseignement de cette science venait alors de recevoir en France, par la loi du 14 frimaire an 3, un développe◄

ment, une étendue et une direction philosophique, dont l'histoire ne fournit aucun autre exemiple. Il se livra avec tant d'ardeur à l'étude des sciences diverses qui constituent le domaine de la médecine, et sans lesquelles l'art de guérir, au lieu d'être un art salutaire, devient un des plus redoutables fléaux de l'humanité, que, malgré les difficultés de plus d'un genre qu'il eut à combattre, il ne tarda pas à se distinguer parmi ses nombreux condisciples. Dès l'an 11 de la république, il remporta un prix au concours général de l'école de médecine; plus tard, un prix de clinique fondé par Corvisart, lui fut décerné. Il fut employé pendant quatre ans, et d'après un concours public, dans les principaux hôpitaux de Paris, et fut reçu docteur en médecine à la faculté de la même ville, en 1808. Depuis lors jusqu'au licenciement de l'armée, en 1814, il fut successivement attaché, comme médecin, à l'armée d'Italie, à l'armée d'Espagne, à la grande-armée et aux hôpitaux militaires de Paris. Licencié avec l'armée, M. Chamberet fut désigné par M. Boyer, premier chirurgien de l'empereur Napoléon, pour le remplacer près du nouveau souverain de l'île d'Elbe; mais des difficultés insurmontables ne lui ayant pas permis de se rendre dans cette île, il partageait son temps, à Paris, entre l'exercice de la médecine et des travaux littéraires conformes à ses goûts, lorsqu'il fut nommé médecin ordinaire et professeur-adjoint à l'hôpital d'instruction de Lille,

établissement créé pour l'instruction des officiers de santé militaires; et où M. Chamberet enseigne la physiologie et l'hygiène. M. Chamberet a publié une Dissertation sur une maladie de la peau, désignée sous le nom de Prurigo, in-4°, Paris, 1808. Il est un des collaborateurs du grand Dictionnaire des sciences médicales, et de l'Encyclopédie méthodique. La Flore médicale, qui fut entreprise par le savant et infortuné Chaumeton, lui doit sa partie thérapeutique ou purement médicale, à partir de la lettre C. Il a concouru, pendant plusieurs années, à la rédaction du Journal de médecine de MM. Corvisart, Boyer et Leroux, et il est en outre un des collaborateurs du Journal complémentaire des sciences médicales. Enfin, M. Chamberet travaille en ce moment à un Traité d'hygiène, qui ne peut manquer d'être favorablement accueilli du public, si l'on en juge par le succès des leçons orales de ce médecin, que l'on compte parmi les partisans les plus éclairés de la doctrine physiologique.

il

CHAMBERT (GERMAIN), peintre et graveur, naquit à Grisolles, arrondissement de Castel-Sarrasin, département de Tarn-et-Garonne, en 1784. Peintre habile à un âge où l'on étudie encore, désira se placer au rang des graveurs. N'ayant pas à Toulouse de maîtres qui pussent le diriger dans cette entreprise, il travailla seul, et en peu d'années parvint à graver le trait avec une grande pureté. Plusieurs auteurs, parini lesquels on compté MM. Bruand et Dumège, lui confièrent l'exé

cution des planches de leurs ouvrages. L'académie des sciences de Toulouse le choisit pour dessinateur et graveur. Il fit à l'eauforte un grand nombre de portraits; la pièce la plus remarquable de son œuvre, est un Ecce homo, d'après Mignard. Chambert fut un des premiers à vouloir tirer parti de la découverte de la lithographie; il avait établi à Toulouse une imprimerie en ce genre; il espérait en obtenir un grand résultat, lorsqu'une maladie lente, mais cruelle, le conduisit au tombeau. Il mourut vivement regretté, le 13 février 1821. Parmi ses tableaux on distingue une Assomption.

CHAMBON(ANTOINE-BENOIT), était trésorier de France à Uzerche, petite ville du Limousin, au commencement de la révolution. Nommé maire de cette commune, et député du département de la Corrèze à la convention nationale, il se lia bientôt avec les girondins, et particulièrement avec Gensonné, dont il partageait les opinions et appuyait les discours. Il dénonça le ministre Pache, appela Robespierre factieux, scélérat, et pour ce fait fut provoqué en duel par Bourdon de l'Oise, qui depuis fut un des plus acharnés accusateurs du monstre dont il était alors le défenseur. Chambon ne vota la mort de Louis XVI que sous la condition de l'appel au peuple, et s'éleva vivement contre la proposition de statuer, séance tenante, sur la question du sursis. S'étant opposé à ce qu'on fit une avance de 3,000,000 à la ville de Paris, pour achat de subsistances, les

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sections demandèrent son expulsion de l'assemblée. Il en fut pourtant nommé secrétaire, et combattit avec chaleur contre la tyrannie qui pesait sur les députés à l'époque du 31 mai. Un décret de la convention ayant ordonné que Chambon demeurerait en arrestation dans son domicile, il s'en échappa. Un second décret le déclara traître à la patrie, et le mit hors la loi. Un troisième prononça la confiscation de ses biens. Chambon s'était retiré à Lubersac, petit village des environs de Brives: c'est là, que poursuivi comme une bête fauve, il fut tué dans une grange, au mois de novembre 1793. Quinze ou dix-huit mois après cet événement, sa veuve obtint des secours et une pen

sion.

CHAMBON DE LA TOUR, (JEAN-MARIE), né à Uzès, département du Gard, était maire de cette ville au commencement de la révolution. En 1789, il fut nommé, par la sénéchaussée de Nîmes, député du tiers aux états-généraux. Comme aujourd'hui, il existait déjà à cette époque un côté gauche et un côté droit qui se combattaient dans l'assemblée; et si M. Chambon y garda le plus profond silence, il s'acquit néanmoins des titres à la reconnaissance publique, en allant s'asseoir au côté gauche, avec lequel il vota constamment. Élu, en 1792, député de son département à la convention nationale, M. Chambon y observa le même silence qu'à l'assemblée précédente; et, soit pour cause de maladie, soit par l'effet du hasard, soit par un calcul de

prudence, il n'assista point aux séances où l'on jugea Louis XVI. Usant toujours de sa circonspection ordinaire pendant le régime de la terreur, il échappa à tous les dangers, ou plutôt il sut ne s'exposer à aucun. C'était dans un autre temps et sur un autre théâtre que M. Chambon voulait se signaler. Après le 9 thermidor, envoyé à Marseille, des proclamations virulentes y signalèrent son arrivée, et furent suivies d'une réaction. Les compagnies de Jésus et du soleil, usurpant l'autorité judiciaire, et rivalisant de crimes avec les terroristes qu'ils prétendaient punir, ensanglantèrent, comme eux, cette malheureuse ville, et assassinèrent les assassins sous les fenêtres et sous les yeux de M. Chambon. Pendant ces exécutions, il rendait compte à la convention des mesures qu'il avait prise pour déjouer les complots des terroristes; il sollicitait et obtenait, de l'assemblée, l'approbation de sa conduite; et la félicitait au sujet des victoires qu'elle remportait elle-même sur les rassemblemens séditieux, etc. M.Chambon à la fin dénoncé parles députés Goupilleau et Pélissier, et par les citoyens de Marseille, fut rappelé de sa mission; ses collègues Guérin et Rouyer voulurent bien se charger de sa justification et de son apologie. Ce législateur, après la session de la convention, passa au conseil des anciens, où il resta muet jusqu'en 1799, époque à laquelle ce conseil cessa d'exister, et M. Chambon d'appartenir à la représentation nationale.

CHAMBON-DE-MONTAUX

(NICOLAS), né à Brevannes, département de Seine-et-Oise, en 1748, fut reçu médecin à Paris, et alla s'établir à Langres où il exerça son état pendant plusieurs années. Revenu à Paris en 1780, il devint membre de la faculté de cette ville et médecin del'hôpitalde laSalpêtrière. Après avoir rendude grands services en cette qualité, il quitta sa place et sa profession pour embrasser la carrière administrative, et fut élu maire de Paris en remplacement de Pétion, le 5 décembre 1792. L'ex-ministre de la guerre, Pache, lui succéda le 13 février 1793; et M. Chambon ne fut maire qu'environ 70 jours mais on peut signaler ce court espace comme un des plus orageux de la révolution. Ayant présenté à la convention nationale une adresse de la commune de Paris relative au rapport du décret concernant la famille des Bourbons, M. Chambon fut mandé à la barre de l'assemblée, où il déclara pour sa défense qu'il n'avait fait que se rendre l'organe passif des sections de Paris. Au mois de janvier, il informa la même assemblée de la situation de la capitale et de l'opinion publique relativement au procés de Louis XVI. On ne vit pas sans surprise que ce nouveau rapport était en contradiction formelle avec l'adresse présentée par lui quelques jours auparavant. La mission la plus pénible, sans doute, que M. Chambon eut à remplir pendant qu'il était maire, fut celle d'accompagner le ministre de la justice et le secrétaire du conseil exécutif, lorsque ces deux functionnaires se rendirent au

Temple pour notifier à Louis XVI son arrêt de mort. M. Chambon fit ses efforts pour obtenir la libre représentation de la pièce intitulée: l'Ami des lois, ouvrage qui, par cela même qu'on y proclamait les principes de la modération, était attaqué jusque dans l'enceinte législative par l'exagération révolutionnaire. (Voyez LAYA.) Il en fit l'objet d'une pétition à la convention, et le conseil de la commune improuva sa conduite. M. Chambon malade, ou prétextant une maladie, quitta ses fonctions de maire et reprit sa profession de médecin. On a de lui les ouvrages suivans: Maladies des femmes, des filles et des enfans, 1798, 10 vol. in-8°; Traité de l'anthrax, 1781, in-12; Des moyens de rendre les hôpitaux utiles à l'instruction, 1787, in-12; Traité des fièvres malignes, 4 vol. in-12, 1787; Traitė de l'éducation des moutons, 2 vol. in-8°, 1810. M. Chambon avait écrit contre la vaccine, mais il n'a point fait imprimer son ouvrage.

CHAMBONAS (LE MARÉCHAL-DECAMP, MARQUIS DE). Dans le temps où le public s'occupait beaucoup des démêlés scandaleux qui agitaient l'intérieur des familles, M. le marquis de Chambonas donna aux oisifs une ample matière d'anecdotes, à l'occasion du procès en séparation, qu'il intenta à sa femme. Il avait épousé avant la révolution la fille naturelle de M. Saint-Florentin et de Me Sabattier, et les opinions politiques des deux époux ne s'accordant point, ce motif fut la cause ou le prétexte de la dissolution de leur

me

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