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nir ses jours dans un couvent. Qu'était-ce que Cagliostro? un imposteur habile qui eut l'esprit de deviner à quel degré de sottise pouvait s'abaisser ou s'élever la crédulité de certains hommes. Ayant des connaissances en chimie, science alors bien moins avancée que de nos jours, il en fit l'application à l'art de guérir, l'exerça envers les pauvres avec désintéressement; et sous ce rapport, soit par calcul, soit par penchant, il sut se rendre utile à la société. Eloquent, fin, délié, il sut mettre à profit l'exaltation de quelques cerveaux enthousiastes, et par des moyens connus aujourd'hui dans toutes les fantasmagories, s'entoura de morts qui l'aidaient à duper les vivans. Mari d'une femme charmante, il n'en fut pas jaloux, et eut beaucoup d'amis. Cagliostro se moquait des hommes pour leur argent. Nous connaissons certains pays où l'on voit certains ministres qui, sans être sorciers, sont nantis de ce privilége. En un mot, le comte de Cagliostro eût très-bien figuré devant un tribunal de police correctionnelle : mais il y a loin d'un mauvais sujet à un grand criminel. La conduite de Cagliostro à Paris est un modèle d'impudence, la sentence rendue contre lui à Rome est un monument de cruauté.

CAGNOLI (ANTOINE), célèbre astronome, Italien d'origine, naquit dans l'île de Zante. En 1776, il accompagna en France l'ambassadeur vénitien. C'est alors que se développa tout à coup son penchant pour l'astronomie. Conduit par un sentiment de curiosi

té, à l'Observatoire de Paris, la vue de Saturne et de son anneau lui fit une impression profonde, et donna pour le reste de ses jours une nouvelle direction à ses travaux. Livré à l'étude des sciences exactes, il fit, en moins d'un an, les progrès les plus rapides. S'étant fixé à Vérone en 1782, il établit dans sa propre maison un observatoire, pourvu de tous les instrumens nécessaires. D'importantes observations le placèrent au rang des hommes utiles, dont le mérite a droit à tous les égards. Lorsque les Français prirent Vérone, en 1797, ils firent réparer, aux frais de l'état, son observatoire, que n'avaient pas épargné les désastres de la guerre. D'autres circonstances l'ayant décidé toutefois à vendre ses instrumens, ils furent transférés à l'observatoire de Brera, dans la ville de Milan. Pour lui, il se rendit à Modène, en qualité de professeur d'astronomie de l'École-Militaire. Il était correspondant de l'institut de France, et fut un des premiers savans décorés de la Couronne de fer. La société italienne le choisit pour président; et Cagnoli lui fut très-utile, soit par ses propres sacrifices, soit en employant pour elle tout son crédit. Il resta à Modène jusqu'aux événemens de 1814, qui le ramenèrent à Vérone, où une attaque d'apoplexie termina ses jours, le 6 août 1816. On avait lu durant plusieurs années, en tête d'un almanach publié par Cagnoli, des Dissertations pleines d'agrément, auxquelles il conserva ce titre, lorsque ensuite il les publia en 2 volumes: elles forment un traité

d'astronomie élémentaire. On lui doit aussi une Trigonométrie universelle, qui est regardée comme classique. Enfin il a laissé la traduction italienne de l'Efficacité médicale de l'alcali volatil, par Le Sage.

CAHIER-DE-GERVILLE (B. C.), ancien avocat au parlement de Paris, adopta franchement les principes de la révolution, et devint, en 1789, procureur-syndicadjoint du département de Paris. Au mois de juin 1790, il dénonça et fit poursuivre les auteurs d'un libelle, où le général La Fayette était indignement calomnié. Après les événemens malheureux arrivés à Nancy, le 31 août de la même année, le pouvoir exécutif le chargea de se rendre dans cette ville, afin d'y faire une enquête sur les causes de l'insurrection des soldats. Dans le rapport qu'il en fit au conseil, il attribua ces causes à l'incivisme d'un grand nombre d'officiers du régiment du roi. D'après cette opinion il arrêta les procédures commencées, et fit mettre en liberté les soldats considérés d'abord comme coupables. Cette conduite ne satisfit pas tout le monde. On accusa M. Cahier-de-Gerville de faire triompher le parti, par qui l'ordre social était menacé d'une désorganisation complète, et cette accusation était principalement fondée sur ce qu'il avait fait rouvrir les sociétés populaires. Porté au ministère de l'intérieur, par les amis de la constitution, lorsqu'il fut présenté au roi, le 27 novembre 1791, Louis XVI, qui n'était pas exempt de préventions défavorables à son égard, lui adressa ces

mots : « Vous vous chargez là, monsieur, d'une tâche bien difficile. Sire, répondit M. Cahier, il n'y a rien d'impossible à un ministre populaire auprès d'un roi patriote. » Il éprouva dans cette place des désagrémens continuels, particulièrement de la part de Bertrand-de- Molleville, ministre de la marine, avec lequel il se trouvait en opposition directe. Ce dernier, qui avait toute la confiance de Louis XVI, regardait Cahier comme un républicain ennemi des rois, et cherchant à détruire toutes les institutions monarchiques. Cependant il avouait que son collègue observait religieusement la constitution. A cette époque malheureuse, où la plus légère nuance d'opinion suffisait pour diviser les hommes, les députés de la Gironde désignèrent Roland pour succéder à Cahier, qui fut obligé de donner sa démission, à la suite de différentes attaques que lui portèrent Vergniaud, Ducos et Grangeneuve. Ce qui avait achevé de le brouiller avec tous les partis, c'était son rapport, fait le 18 février 1792, sur la situation de la France, relativement aux troubles religieux, rapport où dénonçant à la fois l'intolérance sacerdotale et le fanatisme politique, il demandait d'une part qu'il fût pris des mesures énergiques pour déconcerter les espérances des contre-révolutionnaires; et de l'autre, que les clubs fussent fermés. Il quitta le ministère le 24 mars 1792, et sa carrière politique finit à cette époque. Bertrand-de-Molleville, qui avait cessé d'être ministre. quelque temps avant Cahier-de

Gerville, le considérait comme l'auteur de sa disgrâce Le député Bonnemain le dénonça; mais comme il n'occupait plus de place, il n'inspirait plus de haine ni d'envie, et la convention passa à l'ordre du jour sur la dénonciation. CAILHAVA (JEAN-FRANÇOIS), né le 28 avril 1731 à Toulouse, est auteur d'un grand nombre de pièces de théâtre, parmi lesquelles on distingue le Tuteur dupé, le Mariage interrompu, et les Etrennes de l'Amour. Ces trois comédies ont eu du succès; les sujets des deux premières sont tirés de Plaute. Cailhava a encore publié des observations sur Molière, et un ballet pantomime présenté à l'institut, intitulé: La Descente de Bonaparte en Égypte. Ses productions offrent plusieurs traits d'une gaieté piquante; mais son style est en général incorrect, et sa poésie ressemble trop à la prose. En 1792, Cailhava fit partie de l'assemblée électorale de Paris; et, dans le mois de germinal an 6, il remplaça à l'institut M. de Fontanes, condamné à la déportation le 18 fructidor. Cailhava mourut le 21 juin 1813.

CAILLARD (ANTOINE-BERNARD), diplomate, naquit, en 1737, à Aignay en Bourgogne. Ses parens voulant lui assurer les avantages de l'état ecclésiastique, l'envoyèrent terminer ses études à SaintSulpice; mais bientôt il fit un autre choix, et débuta, en 1761, dans la carrière des affaires publiques, sous les auspices de Turgot, alors intendant à Limoges. Auprès d'un tel maître qui l'honora de son amitié, Caillard pui

sa des notions saines sur les gouvernemens et sur l'économie politique, et il se plut toujours à rapporter ses succès au grand homme sous lequel il s'était formé. En 1769, sur la recommandation de Turgot, il fut attaché à M. de Boisgelin, frère de l'archevêque d'Aix, en qualité de secrétaire de la légation de Parme. Il remplit les mêmes fonctions en 1773, auprès du comte de Vérac, ministre à Cassel; il l'accompagna l'année suivante à Copenhague, et, en 1780, à Pétersbourg. Chargé d'affaires dans ces deux cours pendant l'absence de l'ambassadeur, Caillard justifia cette confiance par une conduite pleine de mesure. Il se lia, pendant son séjour en Russie, avec le comte de Goertz, ministre prussien. La considération dont il s'était environné dans le Nord, lui ménagea une réception flatteuse à Berlin et à Potsdam, où il s'arrêta quelque temps à son retour en France. L'accueil que lui avait particulièrement fait le grand Frédéric produisit une grande sensation à Versailles. On lui confia, en 1785, une mission secrète en Hollande, où il fut renvoyé quelque temps après avec le titre de chargé d'affaires. La révolution trouva Caillard fidèle aux principes de Turgot. En 1792, il fut accrédité auprès de la diète de Ratisbonne, comme ministre plénipotentiaire, et il passa en 1795 à Berlin, revêtu du même caractère. Dans ces deux résidences il surmonta les difficultés dont les circonstances compliquaient ses travaux diplomatiques. La place de chef des archives des relations

extérieures devint pour lui une retraite laborieuse qu'il quitta un moment pour négocier un traité aveo la Bavière, et pour tenir, en 1801, le portefeuille des affaires étrangères en l'absence de M. de Talleyrand, qui lui-même avait désigné Caillard pour le remplacer. Il mourut à Paris d'une paralysie au cerveau, le 6 mai 1807. Il était très-versé dans la Connaissance des langues anciennes et modernes, et suffisamment initié dans les hautes mathématiques pour avoir mérité le suffrage d'Euler. Il fut l'un des traducteurs de la physiognomonie de Lavater, 1781-1787, in-4°. On lui doit encore quelques morceaux philologiques dans le Magasin encyclopédique, et un Mémoire sur la révolution de Hollande, en 1807. Cet écrit inséré dans le Tableau politique de l'Europe, ouvrage de M. de Ségur, est remarquable par la fermeté des principes, et par la lumière qu'il jette sur la constitution hollandaise.

CAILLAU (J.-M.), médecin à Bordeaux, a publié plusieurs écrits, entre autres: Avis aux mères sur l'éducation physique et morale des enfans, in-8°, 1797; Journal des mères de famille, 4 vol. in-8°, 1797; Examen de la philosophie medicale de M. Lafon, in-8°, 1797; la traduction du poème de Cl. Quillet, intitulé: la Callipedie, ou l'Art d'avoir de beaux enfans, in-8°, 1799; Réflexions générales sur les femmes considérées comme gardes-malades dans les hôpitaux, in-8°, 1808; Epitre à l'Espérance, in4°, 1811; et Mémoire sur le croup, in-8°, 1812. En 1808, M. Caillau

a encore fait paraître un poème en trois chants, intitulé: L'Antoniade.

CAILLEMER (CHARLES-FRANçois-Louis), né, le 15 novembre 1757, en Normandie, était avocat avant la révolution, et fut nommé, en 1792, juré à la haute cour nationale d'Orléans. Président de l'administration centrale du département de la Manche, il y fut choisi, en 1799, pour député au conseil des anciens. M. Caillemer se montra d'abord dans le parti du directoire: mais ensuite il participa aux préparatifs du 18 brumaire, et fut nommé tribun après l'établissement du gouvernement consulaire. En 1801, M. Caillemer eut le malheur de voter pour l'établissement des tribunaux spéciaux, et se prononça contre le projet du code civil. Sorti du tribunat en 1803, il fut envoyé en qualité de commissaire général de police, à Toulon, où il resta jusqu'en 1814. A la fin du mois de mars 1815, il obtint une place de lieutenant extraordinaire de police, et cessa d'être employé après la bataille de Waterloo.

CAILLY (DU CALVADOS), se montra dès le commencement de la révolution un de ses partisans et après avoir occupé différentes fonctions dans son département, il y exerça celle de commissaire du directoire en 1796. Soupçonné de jacobinisme, il fut destitué quelque temps avant la journée du 18 fructidor; mais fut cependant élu, en l'an 6, membre du conseil des anciens. L'année suivante il fut nommé secrétaire de l'assemblée, et fut chargé

de faire un rapport sur le notariat, dans lequel il établit les droits de la république sur les successions des émigrés. Ses opinions politiques connues du premier consul, l'éloignèrent des fonctions législatives après la révolution du 18 brumaire; mais il ne tarda pas à devenir président de la cour d'appel de Caen. Il occupait encore cette place en 1819.

CALDER (SIR ROBERT), prit trèsjeune du service dans la marine anglaise, et assista comme capitaine à la bataille du 27 février 1797, où le comte de Saint-Vincent, qui commandait une flotte, acquit son titre. En croisière, 1805, devant le Ferrol, il rencontra la flotte combinée française et espagnole, commandée par les amiraux Villeneuve et Gravina, et après un combat, dans lequel il souffrit beaucoup lui-même, il parvint à s'emparer de deux vaisseaux espagnols. L'amiral Calder espérait attaquer le lendemain son ennemi et le détruire entièrement; il l'avait même annoncé à son gouvernement: mais, contrarié par les vents, il ne put s'opposer à la retraite que Villeneuve exécuta sous ses yeux. Trompés dans leurs espérances, les Anglais attribuèrent ce défaut de succès à sir Robert, qui fut obligé de demander lui-même sa mise en jugement. Le conseil de guerre de Portsmouth, devant lequel il fut traduit, l'acquitta de toute imputation de lâcheté; mais il décida qu'il n'avait pas fait tout ce qu'il aurait pu pour détruire les vais seaux ennemis, et cette faute fut attribuée à une erreur de juge

ment. Condamné à être sévèrement réprimandé, Calder n'en a pas moins continué à servir dans la marine, et était encore, en 1816, amiral du Pavillon-Blanc.

CALDERARI (LE COMTE OTTONE), né vers 1750 à Vicence, se livra dans sa jeunesse à l'étude des lettres et des beaux-arts. Le goût qu'il avait pris pour l'architecture à l'école vicentine, et dans l'étude des ouvrages du célèbre Palladio, ne tarda point à se développer d'une manière étonnante, et malgré sa jeunesse, il fut admis à l'académie olympique de Vienne. Les principaux ouvrages qu'on cite du comte Calderari sont le Palais Loschi, le Palais Bonini, et le Palais Cordellina à Vicence; enfin le Séminaire de Vérone, qui passe pour un chef→ d'œuvre. Le pays Vicentin est orné d'une foule de maisons de campagne, pleines de goût et d'élégance, dont Calderari est l'architecte. Cet habile artiste a encore donné différens morceaux de poésie et des ouvrages didactiques importans sur son art. Il mourut en 1803. Membre des principales académies de l'Italie, il était en outre associé de l'institut de France.

CALES (J. M.), exerçait à Toulouse la profession d'avocat, lorsque les principes de la liberté furent proclamés. M. Calès les embrassa avec ardeur, fut choisi par le département de la Haute-Garonne comme député à l'assemblée législative, et l'année suivante, à la convention nationale. Dans le procès de Louis XVI, il vota pour la mort sans sursis ni appel, et fut envoyé, dans le mois de juil

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