INTRODUCTION 1334 MAIN I. Dans son Introduction au second volume des Analecta VaticanoBelgica, M. A. Fayen a fait connaître en quelques lignes le fonds des Registres de la Chancellerie pontificale aux Archives du Vatican (1). C'est une collection de plus de deux mille volumes; elle renferme la copie d'un nombre incalculable de lettres papales, envoyées dans tous les pays de la chrétienté. Pour la période des papes d'Avignon, la série des registres est double: à côté des registres sur papier, dits d'Avignon, il y a les registres sur parchemin, dits du Vatican: ils sont la copie des premiers, au moins pour les lettres communes et curiales, car pour les lettres secrètes il n'existe qu'une seule recension, qui est celle du Vatican. Le pontificat de Benoît XII compte 7 registres dans la série d'Avignon et 18 dans celle du Vatican (2); ajoutons cependant qu'un certain nombre de lettres se sont égarées dans des registres appartenant à d'autres pontificats, notamment dans ceux de Clément VI et (1) Lettres de Jean XXII (1316-1334), t. I, p. I-III. Rome-Paris-Bruxelles, 1908. (2) Voir G. PALMIERI, Ad Vaticani Archivi Romanorum Pontificum regesta manuductio, pp. 7 et 100. Rome, 1884. Le REG. VAT. 62, consacré aux affaires d'Orient, contient des lettres de Clément V, Jean XXII, Benoît XII et Clément VI. Il est sans importance pour nous. Nous n'en donnerons pas la description. 700075 de Grégoire XI (1). C'est cet ensemble de sources historiques, contenant à peu près vingt-cinq mille documents, que nous avons dépouillé afin d'y recueillir les renseignements concernant les anciens diocèses de Cambrai, Liège, Thérouanne et Tournai. Les lettres dont une analyse ne pouvait donner une idée suffisante, ont été imprimées in extenso ou par extraits; quant aux autres, il a suffi d'omettre les formules de chancellerie, pour arriver à un résumé à la fois clair et complet. Notre travail se présente ainsi sur le même plan que le recueil des Lettres de Jean XXII, publié par M. A. Fayen (2). Il importe cependant de noter quelques légères divergences. On sait que pour des causes probablement accidentelles un certain nombre de lettres des papes d'Avignon n'ont pas été enregistrées (3). Au cours d'une exploration rapide de quelques dépôts d'archives de Belgique et de France, M. Fayen en a retrouvé plusieurs qui se rapportent au pontificat de Jean XXII (4). Nous n'avons pas eu l'occasion de faire les mêmes recherches pour Benoît XII: nous avons dû nous contenter d'extraire de la littérature imprimée une dizaine de bulles d'ailleurs intéressantes dont les Archives du Vatican ne conservent aucune trace: elles sont reproduites à l'appendice; nous avons corrigé parfois quelques fautes minimes que la (1) Voir E. GÖLLER, Mitteilungen und Untersuchungen über das päpstliche Register- und Kanzleiwesen in 14. Jahrhundert, besonders unter Johann XXII. und Benedikt XII., dans Quellen und Forschungen aus Italienischen Archiven und Bibliotheken herausgegeben vom königl. Preussischen Institut in Rom, t. VII (1904), p. 82. Nous aurons l'occasion de signaler une légère erreur, commise par l'auteur de cet article, dans notre description des registres. Le REG. Av. 305, cité par E. GÖLLER, ne contient aucune lettre de Benoît XII concernant les diocèses qui nous occupent; nous le passerons sous silence. (2) Voir l'exposé de l'éditeur, our. cité, t. I, pp. XL-XLI. (3) Voir e. a. M. DEPREZ, Recueil de documents pontificaux conservés dans les diverses archives d'Italie, dans Quellen und Forschungen aus Italienischen Archiven und Bibliotheken, t. III (1900), pp. 103-128 et 255-307. M. VIDAL pense qu'un volume de la sixième année du pontificat de Benoît XII a été égaré. Voir Notice sur les œuvres de Benoît XII, dans Revue d'histoire ecclésiastique, t. VI (1905), p. 808. (4) Voir ouv. cité, p. XXXVIII. connaissance du formulaire nous permettait de relever (1). C'est encore à l'appendice que l'on trouvera un certain nombre de documents qui, sans être sortis de la chancellerie apostolique, ont trouvé place exceptionnellement dans les registres pontificaux parce qu'ils facilitent l'intelligence de quelques bulles papales. Ainsi le corps même de notre volume est réservé exclusivement aux lettres curiales, secrètes et communes qui émanent de Benoît XII et dont la copie est conservée aux archives du Saint-Siège. Nos textes et analyses embrassent toutes les catégories de lettres qui ont attiré l'attention de M. Fayen; nous avons donné en outre un résumé substantiel des actes d'une portée générale pour la collation des bénéfices ou la perception des revenus (2); leurs prescriptions s'appliquent en effet à l'univers chrétien. Quelques-uns d'entre eux sont connus. Ils ont été publiés dans le Corpus juris canonici (3) ou le Bullarium Romanum (4). Mais ce n'est qu'exceptionnel (5); au demeurant il peut toujours être utile au travailleur de les trouver réunis dans un volume qui en vérifie la constante application: sans (1) A. WAUTERS, dans sa Table chronologique des chartes et diplômes concernant l'histoire de la Belgique (Publications in-4o de la Commission royale d'histoire de Belgique), t. IX (Bruxelles, 1896), signale aux années 1337 et 1338 deux actes dont l'un n'est pas de Benoît XII et dont l'autre ne concerne pas l'histoire de Belgique: a. t. IX, p. 630, en date du 8 octobre 1337, nous lisons: Le pape Benoît confère un canonicat de l'église de Comines à Bodon, fils de Henri Bodon, chanoine de l'église de Colberg. Dat. Avin. VII id. octobris anno III. — Fragment dans les Vatikanische Akten zur Deutschen Geschichte in der Zeit Kaiser Ludwigs des Bayern, p. 679. Il suffit de se reporter à cet endroit pour voir qu'il s'agit d'un canonicat de l'église de Colberg, dans le diocèse de Cammin, et non de Comines en Flandre. b. t. IX, p. 658, à la date: 10 juillet 1338, nous lisons: Le pape Benoît autorise les religieuses de Sinnich à réclamer les biens de leur monastère qui auraient été illégalement aliénés. Datum Romae, VI idus julii pontificatus nostri anno quarto. Miraeus et Foppens, Opera diplomatica, t. III, p. 715. Il s'agit ici d'une lettre de Benoît XI que FOPPENS a daté par erreur de 1334. Le Datum Romae aurait dû éveiller les soupçons de WAUTERS. (2) Voir p. ex. les nn. 1, 25, 282, 422, etc. (3) Voir les nn. 25 (cap. 13, 1. III, t. 2 in Extravg.comm.), et 355 (cap. un., 1. III, t. 10 in Extravg. comm.). (4) Voir les nn. 325 et 609. (5) Voir p. ex. le n. 422, qu'on chercherait en vain dans ces recueils. eux la raison d'un grand nombre de collations de bénéfices lui échappe, puisqu'il ne saurait dire en vertu de quel droit le Saint-Siège en dispose. Nous avons signalé aussi, à propos des lettres communes, les taxes qui ont été payées pour leur rédaction en cour d'Avignon et qui peuvent constituer parfois, à certains points de vue, l'un des éléments les plus intéressants du document (1): car si pour les grâces ordinaires la taxe oscille entre dix et vingt gros tournois et ne paraît constituer à première vue qu'un remboursement des frais réels de chancellerie, elle peut s'élever en certains cas particuliers jusqu'à plusieurs centaines de gros. Il faut se rappeler, en outre, que les taxes, qui ne sont notées qu'une seule fois dans les registres de la Chancellerie, devaient être en réalité payées jusqu'à quatre reprises dans des bureaux différents (2) et pouvaient ainsi grever lourdement le budget des communautés ou des individus. Il est vrai qu'elles étaient calculées d'après un tarif connu (3): on pourrait les reconstituer approximativement même si nous omettions de les reproduire. Mais ce procédé d'ailleurs fastidieux ne donnerait pas nécessairement la taxe payée en réalité, puisque en pratique le tarif prescrit n'a pas été toujours appliqué: nous ne sommes pas sans exemples de discordances appréciables (4). Au surplus, il ne fournirait aucune solution au sujet des littere diversarum formarum (5), qui ne sont pas réductibles aux éléments tarifés. (1) On consultera sur leur histoire et leur perception le beau travail de M. TANGL, Das Taxwesen der päpstlichen Kanzlei vom 13. bis zur Mitte des 15. Jahrhunderts (extrait des Mittheilungen des Instituts für Oesterreichische Geschichtsforschung, t. XIII). Innsbruck, 1892. (2) Voir M. TANGL, our. cité, ch. III, pp. 48 et suiv. (3) Voir Liber taxarum cancellariae apostolicae paparum Avinionensium, éd. M. TANGL, ouv. cité, pp. 77 et suiv. (4) Voir e. a. K. RIEDER, Römische Quellen zur Konstanzer Bistumsgeschichte zur Zeit der Päpste in Avignon, 1305-1378, p. xXVII. Innsbruck, 1908. (5) C'étaient ces lettres précisément qui payaient les taxes les plus élévées. Voir TANGL, ouv. cité, p. 37. Sous la rubrique diversarum formarum se classent les nn. 140, 194, 217, 218, 220, 222, 231, 261, 284, 285, 305, 318, 323, 325, 353, 354, 356, 359, 360, 361, 367, 374, 380, 381, 393, 403, 424, 432, 434, 435, 439, 441, 443, 444, 449, 453, 454, 464, 465, 466, 467, 477, 483, 487, 489, 496, 507, 546, 548, 576, 598, 613, 643, 660, 663, 669, 672, 678, 694, 705, 721 et 727 de notre re cueil. |