sombre et illimité océan, sans borne, sans dimension, où la longueur, la largeur, et la profondeur, le temps et l'espace sont perdus, où la Nuit aînée et le CHAOS, aïeux de la nature, maintiennent une éternelle anarchie au milieu du bruit des éternelles guerres, et se soutiennent par la confusion. Le chaud, le froid, l'humide et le sec, quatre fiers champions, se disputent la supériorité, et mènent au combat leurs embryons d'atomes. Ceux-ci, autour de l'enseigne de leurs factions, dans leurs clans divers, pesamment ou légèrement armés, aigus, émoussés, rapides ou lents, essement leurs populations aussi innombrables. que les sables de Barca ou que l'arène torride de Cyrène, enlevés pour prendre parti dans la lutte des vents, et pour servir de lest à leurs ailes légères. L'atome auquel adhère un plus grand nombre d'atomes gouverne un moment. Le CHAOS siége Surarbitre, et ses décisions embrouillent de plus en plus le désordre par lequel il règne : après lui, juge suprême, le Hasard gouverne tout. Dans ce sauvage Abîme, berceau de la nature, et peut-être son tombeau, dans cet Abîme qui n'est ni mer, ni terre, ni air, ni feu, mais tous ces élémens qui confusément mêlés dans leurs causes fécondes, doivent ainsi se combattre toujours, à moins que le tout-puissant Créateur n'arrange ses noirs matériaux pour former de nouveaux Into this wild abyss the wary fiend Stood on the brink of hell, and look'd a while, Great things with small) than when Bellona storms, The stedfast earth. At last his sail-broad vans He spreads for flight, and in the surging smoke Thence many a league, As in a cloudy chair, ascending rides Audacious; but, that seat soon failing, meets A vast vacuity: all unawares Fluttering his pennons vain, plumb down he drops Half flying; behoves him now both oar and sail. pru mondes; dans ce sauvage Abîme, SATAN, le dent ennemi, arrêté sur le bord de l'Enfer, regarde quelque temps: il réfléchit sur son voyage, car ce n'est pas un petit détroit qu'il lui faudra traverser. Son oreille est assourdie de bruits éclatans et destructeurs non moins violens (pour comparer les grandes choses aux petites) que ceux des tempêtes de Bellone quand elle dresse ses foudroyantes machines pour raser quelque grande cité; ou moins grand serait le fracas si cette structure du ciel s'écroulait, et si les élémens mutinés avaient arraché de son axe la terre immobile. Enfin, SATAN, pour prendre son vol, déploie ses ailes égales à de larges voiles; et enlevé dans la fumée ascendante, il repousse du pied le sol. Pendant plusieurs lieues porté comme sur une chaire de nuages, il monte audacieux; mais ce siége lui manquant bientôt, il rencontre un vaste vide tout surpris, agitant en vain ses ailes, il tombe comme un plomb à dix mille brasses de profondeur. Il serait encore tombant à cette heure, si, par un hasard malheureux, la forte explosion de quelque nuée tumultueuse imprégnée de feu et de nitre, ne l'eût rejeté d'autant de milles en haut cet orage s'arrêta, éteint dans une syrte : spongieuse qui n'était ni mer, ni terre sèche. SATAN presque englouti, traverse la substance crue, moitié à pied, moitié en volant; il lui As when a gryphon, through the wilderness With winged course, o'er hill or moory dale, The guarded gold; so eagerly the fiend O'er bog or steep, through strait, rough, dense, or rare, With head, hands, wings, or feet, pursues his way, And swims, or sinks, or wades, or creeps, or flies. At length a universal hubbub wild Might in that noise reside, of whom to ask Which way the nearest coast of darkness lies, Wide on the wasteful deep: with him enthroned The consort of his reign; and by them stood faut alors rames et voiles. Un griffon dans le désert, poursuit d'une course ailée sur les montagnes ou les vallées marécageuses l'Arimaspien qui ravit subtilement à sa garde vigilante l'or conservé; ainsi l'Ennemi continue avec ardeur sa route à travers les marais, les précipices, les détroits, à travers les élémens rudes, denses ou rares; avec sa tête, ses mains, ses ailes, ses pieds, il nage, plonge, guée, rampe, vole. Enfin, une étrange et universelle rumeur de sons sourds et de voix confuses, née du creux des ténèbres, assaillit l'oreille de Satan avec la plus grande véhémence. Intrépide, il tourne son vol de ce côté, pour rencontrer le Pouvoir quelconque ou l'Esprit du profond Abîme, qui réside dans ce bruit, afin de lui demander de quel côté se trouve la limite des ténèbres, la plus rapprochée confinant à la lumière. Soudain voici le trône du CHAOS etson noir pavillon se déploye immense sur le gouffre de ruines. La Nuit vêtue d'une zibeline noire, siége sur le trône à côté du CHAOS: fille aînée des êtres, elle est la compagne de son règne. Auprès d'eux se tiennent Orcus et Ades, et Demogorgon au nom redouté, ensuite la Rumeur, et le Hasard, et le Tumulte, et la Confusion toute brouillée, et la Discorde aux mille bouches différentes. SATAN hardiment va droit au Chaos. |