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on doit découper l'ongle jusque sur l'oignon : j'ai vu de ces oignons qui étoient enfoncés un quart de pouce sous l'ongle.

Ces oignons s'évanouissent d'eux-mêmes dès qu'on a ôté la pression: sinon, il faut les ramollir par des emplâtres que j'ai recommandées ci-dessus.

Quand on les touche avec la pierre infernale, ou le beure d'antimoine, les oignons deviennent très - malins et dangereux. Le mal n'est proprement pas une dégénération primordiale, mais il est la conséquence d'une pression perpétuelle. On force et on oblige l'orteil à cette maladie ; il est donc nécessaire de prévenir la cause, afin d'empêcher l'effet.

S. V.

Le vice le plus commun et le plus douloureux, sont les cors, que C. Celse, P. d'Egine et Aëce ont très-bien décrits. Les cors viennent le plus souvent aux articulations proéminentes des orteils, comme dans la Fig. 2 et 3, ƒ et p, et sur le côté du petit orteil S Fig. 8.

C'est l'épiderme qui est naturellement très - mince à ces endroits; mais qui par la compression continuelle s'épaissit, et s'endurcit comme de la corne.

Voici les progrès de cet accident. Dans le commencement l'endurcissement est grand comme la tête d'une épingle; un second épaississement succède, qui est un peu plus grand, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il s'y forme une espèce d'épine, qui comprime l'expansion aponevrotique des articulations et y cause une douleur horrible, que mes lecteurs connoîtront probablement mieux par l'expérience, que par la description la plus exacte que je puisse en donner.

Les cors viennent aussi entre les orteils qui se touchent : il y en a X

qui attaquent la plante des pieds. Tous, en général, rendent la marche presqu'insupportable.

Des Souliers bien-faits, commodes et assez larges sont, dans tous ces cas ci, le meilleur remède : après cela je ne connois rien de plus efficace que l'onguent de grenouilles avec le mercure quadruplé, (unguentum e ranis cum mercurio quadruplicato ). On met une petite tablette ronde de cet onguent sur une demi - fronde, ou funda, faite d'une bonne emplâtre conglutinative: cette tablette est appliquée à l'endroit lésé, sur le cor; on entoure l'orteil avec les deux extrémités de la fronde, et on garantit le tout par un bandage commode.

Il n'est pas nécessaire d'observer sans doute qu'on doit premièrement ôter toute la callosité qui est à l'entour avec un canif bien tranchant; parce que cela abrège beaucoup la guérison. Voila les meilleurs et les principaux remèdes contre cette terrible incommodité.

C. Celse prétend ( Liv. V. Chap. 28. p. 335) qu'on doit premièrement diminuer les cors avec un scapel par abrasion, et qu'on y doit appliquer après de la résine. Paul d'Egine a écrit tout un chapitre sur ce sujet (Liv. IV. Chap. 8o). Il est entièrement conforme à Celse; mais il propose la pierre ponce au lieu de scalpel, pour les diminuer ; après cela toute sorte de remèdes émolliens et astringens, comme l'attramentum hitorium, qui ne diffère pas beaucoup de notre encre ordinaire, et qui contient beaucoup de vitriol. Il recommande de même les mouches cantharides: il ne faut donc pas être surpris qu'on loue aujourd'hui avec tant d'enthousiasme la teinture de ces mouches, pour guérir les verrues et autres excroissances fongueuses de la peau.

Il faut surtout consulter Aëce (Tetrabibl. IV. serm. 4. p. 735): puisqu'il y donne un dénombrement de tous les remèdes usités

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dans les tems reculés, dont il loue les principaux avec beaucoup de discernement.

Aucun des anciens n'a proposé un remède plus ridicule que Marcellus (Med. Art. princip. Tom. II. p. 399.): attritis calceamentorum factos clavos emendat veteris soleæ ac exustat cinis cum oleo impositus. » Le meilleur remède pour guérir les cors, » occasionnés par le frottement des Souliers, est d'y appliquer » les cendres d'un vieux Soulier brûlé mêlées avec de l'huile. >>

S. V I.

Le petit peuple, et les gens d'un âge avancé, les femmes surtout, négligent, faute d'assistance, les ongles des orteils : ils croissent alors, et forment des excroissances longues comme des cornes. J'en ai vu qui alloient, par exemple, du grand orteil R, (Fig. 8.) le long de Z, B, jusqu'à K, formant une courbure qui passoit par dessus les autres orteils. J'ai vu de ces cornes aux deux pieds; j'en ai observé aux ongles du second orteil. Tous les ongles peuvent former des cornes proportionnées à la grandeur des orteils. J'en conserve plusieurs dans de l'esprit de vin, entre autres le grand orteil d'une femme dont l'ongle forme une corne prodigieuse, qui couvre tous les orteils. On rencontre des exemples semblables dans presque tous les cabinets d'anatomie. Mr. de Buffon décrit dans le Vol. XIV. p. 376. de son Hist. Nat. un ongle contourné en spirale, long d'un demi-pied, dont la circonférence avoit près de deux pouces. Cet ongle, dont l'accroissement s'étoit fait depuis douze ans, coupé par Mr. Campenon à un pouce de distance de la racine, au gros doigt du pied d'une fille âgée de 75 ans.

a été

J'ai vu quelquefois sous les ongles une substance dure et spongieuse, qui soulevoit l'ongle, et qui occasionnoit une longue corne,

qu'on avoit peur de toucher crainte de rendre le mal dangereux. Cette substance ne me parut point, d'après un mûr examen, du tout à craindre; je l'ai fait ôter après que l'ongle eut été ramolli dans de l'eau tiède. Cela étant fait, on peut couper petit à petit l'ongle, et l'emporter sans aucune mauvaise suite.

Toutes les fois que les ongles sont très-longs et très-durs, il faut les scier prudemment, puis les façonner avec un bon scalpel.

Voila quelles sont mes réflexions et mes remarques sur la meilleure Forme des Souliers. Qu'on juge si ce sujet, si

peu important au premier aspect, ne mérite pas d'être traité avec beaucoup de soin? qu'on dise ensuite si Possidonius a bien ou mal raisonné, lors qu'il a prétendu, que l'art de faire des Souliers a été, suivant toute probabilité, inventé et perfectionné par les philosophes ?

FIN

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