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pour en détruire l'organisation; sans cette précaution, bord repousse seulement à son origine, et forme un onglet qu'il faut arracher de temps en temps (1).

Observations de médecine pratiqué par le docteur Cortambert (2). - OBSERVATION. Le nommé M***, cultivateur à Saint-Martin-des-Vignes, âgé de 26 ans, très-laborieux, éprouve, à la fin d'avril 1827, des vertiges instantanés, presque chaque jour, surtout au moment où il a la tête baissée pour travailler. (Il y avait été sujet plus anciennement.) Le 9 mai, à 4 heures du matin, il ressent un frisson, ensuite une chaleur générale; les gencives sont saignantes, des taches violettes paraissent sur la peau : le soir, la fièvre est plus forte.

C'est le 10, à midi, que M. Cortambert voit le malade pour la première fois. La langue est inégalement enflée; les gencives sont dans le même état que la veille, et les taches de la peau, violettes, brunes, noirâtres, légèrement soulevées; le visage seul en est exempt; la physionomie est assez bonne.

Les remèdes qu'il prescrit sont : une décoction de ratanhia et de miel rosat pour gargarisme; infusion de roses rouges 3 onces, cachou 12 grains, sirop anti-scorbutique 2 onces, à prendre par cuillerée à bouche, de 2 en 2 heures. Eau vinaigrée pour boisson.

(1) Clinique.

(2) Ces observations ont été présentées à la Société d'agriculture, sciences et belles-lettres de Mâcon, l'une des plus zélées parmi toutes celles du royaume pour le progrès des connaissances utiles. M. Cortambert est d'ailleurs connu pour avoir inséré dans les mémoires de la Société médicale un travail remarquable sur le langage figuré en médecine. Note du rédacteur.

Le malade est mieux dans la soirée, jusqu'à 8 heures; alors le froid et le tremblement se manifestent; la fièvre est forte toute la nuit; la langue enflée est douloureuse; le sang sort de toutes les parties de la bouche; il se montre dans les urines et dans les selles.

Le malade avait usé rarement du gargarisme, en trouvant l'impression trop vive. Le 11, à 9 heures du matin, le pouls est moins fébrile, le teint est légèrement coloré; tous les autres symptômes de la veille se sont accrus; la langue, présentant un boursoufflement plus considérable, est partout noire et saignante, ainsi que les gencives.

Le traitement ordonné est une décoction de raifort sauvage 4 onces, acide muriatique demi-once, miel 2 onces, pour être passée sur la langue et les gencives, avec un pin ceau. Décoction de ratanhia 3 onces, alun 12 grains, sulfate de quinine 10 grains, sirop anti scorbutique 1 once, pour potion à prendre par cuillerée à bouche, d'heure en heure ; eau commune une bouteille, acide sulfurique 40 gouttes, sucre 4 onces, à boire par verrées. La fièvre dure toute la soirée; la sueur est accrue dans la nuit par des couvertures très-chaudes.

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Le 12, point de frisson le matin; la langue se dépouille et devient rose à sa pointe, moins gonflée et sans douleur; la voûte palatine, rougeâtre, est parsemée de taches d'un rouge plus foncé ; des taches de la peau ont disparu; d'autres persistent, et il en survient de nouvelles.

On ordonne sulfate de quinine et alun, de chaque 12 grains; miel q. s., pour 6 bols à prendre de 2 en 2 heures; on doit continuer la limonade minérale ainsi que les lotions astringentes sur la langue, et faire des frictions tant sur les membres que sur le corps, avec du vinaigre.

Le soir, on croit observer un peu de fièvre, qui est suivie,

plus tard, de sueur. Le sommeil est très-bon; les urines, ainsi qu'une selle moulée, sont toujours teintes de sang.

Le 13 la langue est revenue à son état naturel, les taches de la muqueuse palatine s'effacent; on observe que, parmi celles de la peau qui persévèrent, il en est quelques-unes semiglobuleuses, dures, ressemblant assez bien à ces échymoses qui surviennent subitement à une partie fortement pincée; le malade dit que ces mêmes endroits de la peau, les premiers jours, lorsqu'on les pressait, étaient sensibles comme si on les eût pincés.

Le traitement est le même que la veille, à la différence que la dose de l'alun a été doublée, ainsi que le nombre des bols.

Le 14 on rapporte au médecin que tous les symptômes s'améliorent ; que cependant le sang continue de sortir par les voies urinaires. Il ordonne la limonade chargée de citron et l'application de l'eau glacée sur l'hypogastre.

Le 15 des vésicules s'élèvent avec picotement dans le pourtour de la bouche. La langue est plutôt blanche que rouge; les urines sont mêlées de moins de sang; les échymoses de la peau pâlissent.

L'eau froide n'a pas été appliquée sur l'abdomen; le médecin la prescrit encore, et, pour tout autre remède, une limonade moins forte.

Le 16 les gencives mollasses se détachent par lambeaux et ne saignent plus; l'hématurie a cessé; les taches cutanées rougissent, s'éclaircissent, disparaissent; l'appétit, qui s'était déjà fait sentir les jours précédens, devient plus vif; le miel rosat est employé pour lotion de la bouche. La convalescence est prompte.

2 OBSERVATION. Mile C***,, âgée de 32 ans, d'une con-, stitution qui a toujours été regardée comme bonne,est atteinte ́T. LVI.

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d'un chagrin vif et profond. M. Cortambert est consulté le 14 mai 1828. Elle se plaint d'un sentiment de gêne dans l'estomac, d'amertume à la bouche, de dégoût; la langue est chargée, humide et blanche; aucune douleur ne se fait sentir dans la région épigastrique ni ailleurs ; il existe une légèré fièvre.

Après quelques jours d'observation et d'un simple traitement par les boissons délayantes, les symptômes persistant, le médecin conseille deux grains de tartre stibié. Les vomissemens sont bilieux, mais l'état de la malade ne change ni en bien ni en mal. Des sangsues sont appliquées sur l'épigastre; une apparence de mieux s'établit lentement; mais cesse bientôt un minératif est employé sans succès comme sans aggravation; un peu plus tard, aux premiers symptômes se joignent des vomissemens spontanés, bilieux ou muqueux, qui, rares d'abord, se répètent ensuite plus souvent et enfin tous les jours : les boissons les plus légères et les plus douces sont rejetées. Il n'y a point encore de douleur sensible dans les parties qui paraissent le siége de la maladie; mais, l'abdomen étant aplati, rentrant, on remarque dans le trajet de l'aorte ventrale, depuis le dessous des fausses côtes jusqu'au côté gauche et au-dessous de l'ombilic, des battemens aussi manifestes que ceux du cœur, tandis que le pouls est serré, petit et vite.

Pendant ce temps, qui comprend environ un mois, à dater du 14 mai, on est revenu deux fois aux sangsues; on a tenu presque continuellement sur l'abdomen des cataplasmes émolliens; on a essayé ensuite une potion opiacée, ensuite des bains tièdes, des sinapismes, des vésicatoires, etc.; rappeler que tous ces remèdes se succédaient, c'est dire qu'ils ont presque tous été également inutiles.

La diète a été absolue, et d'autant plus facilement, qu'il y avait absence totale d'appétit.

Le médecin recourt à la glace, et, lorsqu'elle lui manque, il emploie de l'eau, aussi froide que possible, en topique sur la région de l'estomac, et en boisson. Les vomissemens deviennent plus rares et finissent par cesser entièrement; les boissons passent d'abord en petite, ensuite en plus grande quantité; les battemens abdominaux sont aussi moins forts et deviennent bientôt presque insensibles : la malade reprend courage.

Mais ce mieux apparent ne dure que huit jours : les envies de vomir reviennent; l'idée seule de boire tiède les excite; l'eau froide les modère, les retarde, mais ne les arrête pas toujours. Beaucoup de symptômes consécutifs et sympathiques surviennent: un des plus incommodes est une gêne dans l'œsophage, qui suscite des efforts d'expectoration et fait craindre l'étouffement: l'eau froide souvent la dissipe; les battemens qui répondent au trajet de l'aorte et sont isochrones avec le pouls redeviennent larges et forts.

On donne six grains de musc en pilule : il y a moins de vomissemens ce même jour. Le 26 et le 27 juin, une consultation ayant eu lieu, les avis sont partagés sur la cause des battemens de l'aorte, qui paraissent si développés. Deux des consultans les attribuent à une dilatation anévrismale de l'artère; un autre combat cette opinion, que l'auteur de l'observation adopte, tout en reconnaissant cependant des motifs de doute. On s'accorde à conseiller: 1o la continuation de la glace en topique; 2o l'emploi de l'acétate de morphine sur les cuisses, par la méthode endermique ; 3° l'usage de la thridace en pilules; 4° des lavemens alternativement nutritifs et anti-spasmodiques.

L'état de la malade continue à s'aggraver, toutefois avec

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