thoscope indique les contractions tumultueuses et confuses du cœur. Le ventricule gauche s'agitait surtout avec violence; absence de respiration dans le lobe inférieur du poumon droit, bouillonnement dans le reste de son étendue, le pouls extrêmement serré, profond, petit; la soif très-vive (nouvelle saignée de deux livres); pas de couenne sur le sang tiré aux veines jusqu'alors. Le 29 aucune amélioration (deux saignées d'une livre et demie chaque): couenne épaisse; caillot petit, à bords renversés. Le soir le pouls a perdu de sa dureté, mais il est plus petit et irrégulier; l'orthopnée est moins suffocante, mais la douleur est déchirante: elle occupe plutôt la région épigastrique que la cardiaque, et les contractions convulsives du cœur persistent (trente sangsues à la région épigastro-cardiaque). Le 30, nuit inquiète, gémissemens, subdelirium, face jaune, traits assaissés, abattement extrême; l'état de la circulation et de la respiration est comme la veille, la toux ne laisse pas une minute de relâche (trente sangsues à la région précordiale); et, comme pendant l'écoulement du sang la douleur diminue, et que les contractions prennent plus de régularité, on applique vingt-cinq nouvelles sangsues sur les morsures encore saignantes des trente appliquées d'abord. Le 31 le malade a reposé quelques heures; ses traits expriment moins de souffrance; le pouls est plus large., mais les mouvemens du cœur sont encore embarrassés, et la douleur n'est pas enlevée (une ventouse scarifiée à l'endroit de la douleur). Le soir, battemens du cœur plus tumultueux, pouls plus serré; toux sèche, douloureuse; inquiétude (quinze sangsues sur la région du cœur). Le 1 avril nuit agitée, jactation, gémissemens, toux sèche déchirante, pouls profond, petit, dur; pulsations du cœur confuses. Le malade supplie qu'on le saigne (saignée de deux livres): journée tranquille, et qui aurait été meilleure sans l'opiniâtreté de la toux; pouls toujours dur, profond, cependant les battemens du cœur sont plus distincts, et le stéthoscope annonce le passage plus libre de l'air dans tés poumons (trois grains de thridace dans trois onces de véhicule, à prendre par cuillerées, d'heure en heure; bain de corps). Sentiment indéfinissable de bien-être dans le bain; et il semble, pendant tout le temps du séjour du malade dans l'eau, que le mal soit enlevé. Cette amélioration est de courte durée, et déjà le soir les symptômes ont repris leur Le 2, nuit inquiète, rêvasseries, gémissemens. A la visite, respiration haute, orthopnéique, traits décomposés, teint jaune, yeux battus, battemens de cœur confus, embarras sés (saignée de huit onces, thridace). Soulagement momentané; mais, à l'entrée de la nuit, angoisse extrême, impossibilité de demeurer une minute dans la même attitude; pouls fuyant sous les doigts, battemens du cœur tellement irréguliers et confus qu'on ne saurait leur assigner un caractère; face décomposée, désir de cesser de vivre afin de ne plus souffrir (large vésicatoire à la région précordiale). Quelques instans de sommeil à l'entrée de la nuit; mais, à cinq heures du matin, l'officier de santé de garde est forcé de retirer l'emplâtre, à cause des douleurs qu'il a produites. Le 3 pouls ranimé, contractions du cœur moins tamultueuses; toux fréquente, mais moins pénible; le malade accueille mes paroles de consolation; il souffre beaucoup de la place du vésicatoire, qui occupe la presque totalité de la poitrine. Le soir strangurie excessive (décoction de graine delin). Le 4 respiration moins gênée, circulation moins embarrassée; le ventriculo gauche repousse encore le stéthoscope avec force, mais à droite le calme renaît: l'air passe avec murmure dans toute l'étendue du poumon; la toux est moins fatigante, et n'excite plus de douleurs que dans un point circonserit en dedans du sein gauche, les traits sont moins tirés, la voix est moins rauque, et le parler s'exerce avec moins d'efforts. Le passage des urines cause encore de vives douleurs (dix sangsues sur le point douloureux). Le 5 nuit tranquille, plusieurs heures de sommeil paisible, pouls élargi, souple, égal; contractions du cœur distinctes, régulières, mais toujours accompagnées d'une forte secousse. Depuis ce jour aucun accident n'est venu traverser la convalescence; les urines, qui avaient été rares et limpides, sont devenues très-abondantes et hypostatiques; le ventricule gauche a perdu peu à peu son excès d'action', le pouls s'est relevé, la peau s'est ouverte, l'appétit s'est prononcé; les forces sont revenues avec tant de promptitude déjà, que le 26 avril ce militaire a été rendu à son service (1). Observation sur une rupture du col de l'utérus et du vagin pendant le travail de l'accouchement, par M. Haime, médecin à Tours. La femme Déhan, âgée de vingt-huit ans, d'une forte stature et d'un tempérament lymphatique. fermière à la Viollière, commune de Rouziers, à quatre lieues de Tours, avait déjà accouché deux fois très-heureu sement, bien que le premier travail eût duré soixante heures. Enceinte pour la troisième fois, sa grossesse n'avait présenté rien d'insolite, si ce n'est que vers le milieu elle fut prise d'une fièvre intermittente à laquelle elle n'opposa aucune (1) Journal complémentaire. médication, et dont elle eut plusieurs récidives qui finirent par amener de la lenteur dans les fonctions, la décoloration des tissus, de la bouffissure à la face et de l'œdème aux membres abdominaux. Le 18 février 1828, ayant senti les premières douleurs de l'enfantement, elle fit appeler vers six heures du soir une sage-seinme, qui reconnut que l'enfant se présentait dans la seconde position de la tête. Le travail ne fit pas de progrès sensibles jusqu'à huit heures du soir du lendemain 19; mais dès ce moment il augmenta manifestement, et la sage-femme annonça que l'accouchement allait se faire : les douleurs persistèrent et s'accrurent encore jusqu'à minuit. Alors on commença à apercevoir un écoulement de mucosités sanguinolentes, accompagné de malaises inexprimables et d'un refroidissement très-marqué des extrémités; le pouls était petit, concentré. Tout-à-coup, vers cinq heures du matin, la malade éprouva une violente douleur tout-à-fait différente des douleurs ordinaires, qui lui arracha un cri, et qui fut immédiatement suivie d'un affaissement général et de la cessation absolue des contractions utérines. Les traits du visage s'altérèrent, les angoisses augmentèrent, l'abdomen devint trèssensible au toucher, des nausées fatigantes et des vomissemens de matières bilieuses se manifestèrent, et lorsque la malade prenait une position verticale, il s'écoulait par la vulve une plus grande quantité de sang et de sérosité. Sur ces entrefaites, on manda MM. Brault père et fits, chirurgiens à Beaumont-la-Ronce, gros bourg distant d'one lieue et demic environ du domicile de la malade; mais ne s'étant pas trouvés chez eux, ils ne purent se rendre auprès d'elle que dans l'après-midi. Les signes commémoratifs, les symptômes actuels, le calme perfide qui succédait à un travail actif; de plus, la présence d'une tumeur inégale, déje 4 tée à gauche, et laquelle, palpée, permettait de distinguer un corps volumineux à travers les parois de l'abdomen, sans que rien d'intermédiaire parût interposé; enfin le toucher au moyen duquel la main, en glissant à côté de la tête du fétus, n'éprouvait qu'un léger obstacle à pénétrer dans la cavité abdominale jusqu'à la région sacro-iliaque qu'elle sentait distinctement à nu; tous ces signes réunis convainquirent ces deux praticiens qu'il s'était effectué une rupture du vagin, et que le fétus avait passé en grande partie dans l'abdomen. Les symptômes alarmans dont il a été parlé ne firent que s'aggraver, le pouls marquait plus de cent pulsations; la malade, en proie à d'affreuses angoisses, accusait surtout une douleur très-vive partant de la région iliaque gauche, se faisant plus particulièrement ressentir à l'épaule du même côté, et qui semblait lui faire oublier tout le reste. Dans une conjoncture aussi critique, MM. Brault demandèrent un troisième homine de l'art, et je me hâtai de me rendre sur les lieux, dans la nuit du 20 au 21. Quelque diligence que je fisse, je ne pus arriver qu'à une heure du matin. Après avoir recueilli les renseignemens que je viens de faire connaître, et m'être assuré par moi-même de la nature de l'accident, nous délibérâmes quelques instans sur les moyens de salut que l'art mettait à notre disposition, et nous convînmes qu'il était urgent de terminer promptement l'accouchement, à l'aide du forceps appliqué sur la tête. Toutefois ne pouvant nous dissimuler l'imminence du danger que courait la malade, et la presque certitude qu'elle ne survivrait pas aux manœuvres indispensables pour cette opération et pour l'extraction du placenta, tant l'affaiblissement était extrême, nous crûmes devoir déclarer au mari et aux assis |