examen, je suis de votre avis; car s'il eût examiné, il n'aurait peut-être pas écrit en votre faveur. Vous lui reprochez encore de confondre quelquefois la folie et le crime; c'est un reproche qu'il ne mérite pas seul, et ce n'est qu'une conséquence de votre système; c'est précisément cette conséquence inévitable que j'ai signalée, et que vous rencontrerez partout où seront professés vos principes. Si Georget, dont personne ne conteste le talent, a commis la même faute, comment voulez-vous que les hommes médiocres, qui sont partout en majorité, évitent cet écueil ? C'est là un des argumens que j'ai fait le plus valoir. M. Teyssier y a ajouté une nouvelle force par ses raisonnemens, et vous par vos censures. Toutefois il faut le dire, M. Teyssier se montre meilleur logicien que vous. Car vous posez un principe et vous reculez devant les conséquences. M. Teyssier, adoptant l'un raisonne parfaitement en acceptant les autres. Vous avouez que celles-ci sont fausses: vous vous condamnez vous-même. N'est-ce pas d'ailleurs une excessive sévérité de votre part que de dire à M. Teyssier qu'il a plus de zèle que de maturité, lorsque sa brochure n'est simplement qu'une longue citation de morceaux extraits de Georget et de Gall, et MM. Esquirol et Broussais; lorsque lui-même, faisant abnégation de tout amour-propre, convient ingénûment qu'il n'y a de bou daus ce qu'il a écrit que ce qu'il a emprunté ? Il n'avait donc pas besoin de maturité, puisqu'il avait pour lui celle de ses maîtres, qui sont aussi les vôtres. En énumérant avec complaisance les journaux qui m'ont combattu, et en faisant ressortir la faible minorité de ceux qui ont bien voulu m'accorder leurs suffrages, vous avez sans doute cru que cette opération d'arithmétique était un argument: vous avez pensé que le nombre des bonnes raisons était proportionné au nombre des raisonneurs. Je dois l'avouer, j'ai fort peu de respect pour les décisions de la majorité; car je ne crois pas que ce soit là qu'il faille chercher le bon sens ni la vérité : sans quoi je vous ferais remarquer que vous placez parmi mes adversaires le Journal hebdomadaire, tandis que les éloges qu'a osé me donner M. H. Royer Collard ont semblé tellement dangereux, que, de l'aveu de M. Teyssier, ils ont seuls motivé sa brochure. , << Pour convaincre M. Elias, ajoutez-vous, je lui disais: Venez et voyez. M. Élias aime mieux discuter que voir et aux yeux des personnes, je ne dis pas étrangères à la médecine, mais à l'étude de l'aliénation, il pourra paraître avoir la raison de son côté. » Voilà qui réduit à bien peu de chose la majorité formidable que vous m'opposiez, puisque vous convenez que je puis réussir à convaincre non seulement les magistrats, avocats, jurés, etc., mais même tous les médecins étrangers à l'étude spéciale de l'aliénation, c'est-à-dire la presque totalité. Toutefois, je vous l'ai déjà dit, le nombre des suffrages ne forme pas preuve. Je passe à ces mots : « M. Élias aime mieux discuter que voir. » Mais, je vous le demande, qu'ai-je besoin de voir, puisque je cite et que j'admets les faits que vous me racontez? Quand je les discute sans les avoir vus, mais après les avoir lus, c'est vous prouver que je crois à votre exactitude lorsque vous les publiez. Je ne sache pas que vous puissiez faire de cette confiance un motif de blâme. Ma grande erreur, dites-vous, mon erreur capitale, c'est d'assurer que dès qu'il y a conscience, il y a liberté. Je veux bien supposer un instant que vous parveniez à me prouver que la conscience peut s'allier avec la perte de 1 la liberté. En pourriez-vous davantage démontrer la folie, -lorsqu'elle serait cachée pour tout le monde? Auriez-vous quelque raisonnement plus clair et plus concluant à produire, que ceux qu'on a fait valoir dans l'affaire des Papavoine, Henriette Cornier, etc.? J'ose assurer au contraire que la question se trouverait plus compliquée. En effet, lorsqu'un accusé, avouant qu'il est meurtrier, dirait en même temps qu'il savait faire mal, lorsque le médecin expert établirait savamment, coram judice, qu'il se peut rencontrer des cas où un homme soit fou et conserve sa conscience, comme il n'y aurait alors aucune différence entre la raison et la folie, l'embarras du juge augmenterait en proportion de l'incertitude de la science. En vain prétendriez vous que d'autres symptômes serviraient à vous éclairer. Je le répéterai toujours, tous les symptômes que vous énumérez se rencontrent tantôt isolés, tantôt réunis dans une multitude d'affections qui ne ressemblent en rien à la folie. Ils ne sauraient donc faire reconnaître celle-ci, si elle ne se manifeste pas clairement par ses extravagances ou ses fureurs. Je suis fâché, Monsieur, de vous ramener sans cesse aux mêmes raisonnemens; mais j'y suis contraint en voyaut, pour toute réponse à mes argumens, les mêmes objections que j'ai déjà réfutées. Au reste vous annoncez que bientôt vous traiterez cet important sujet avec quelque étendue. J'aime à croire qu'alors la question se trouvera un peu plus avancée. Je vous prie de vouloir bien insérer cette lettre dans votre prochain numéro. J'ai l'honneur d'être, etc. ÉLIAS REGNAULT. VARIÉTÉS. Développement de la langue. D'après M. Froriep, la langue d'un embryon de 4 semaines a la forme d'une feuille ronde, sans traces de ligne moyenne; à 5 semaines, elle se développe plus en long, et conserve sa forme oblongue jusqu'à la septième semaine; à cette époque, les parties antérieure, moyenne, et postérieure de l'organe, offrent la même largeur; la ligne médiane commence à se dessiner, et la langue elle-même n'adhère plus que par sa moitié postérieure. Dans la huitième semaine, l'organe gustatif est surtout large dans son tiers antérieur; dans la neuvième, au contraire, cet excès de largeur se remarque dans le segment moyen, bien que la plus grande largeur corresponde primitivement encore au point de jonction du segment antérieur avec le segment moyen. Dans la dixième semaine, le dernier segment offre définitivement la plus grande largeur, et donne à la langue la configuration d'une feuille de myrthe. Cette disposition persiste dans la onzième et la douzième semaine, période pendant laquelle la langue commence à se recourber par en bas. Vers la treizième semaine de la vie embryonaire, la langue perd de sa largeur, et se rapproche davantage de la forme qu'elle affecte dans les adultes. A partir de cette époque jusqu'à la quarantième semaine, elle ne subit plus de modification notable dans sa forme, quoiqu'elle soit encore toujours plus large à sa partie moyenne qu'en avant et en arrière. La substance musculaire ne devient visible que dans le cours de la neuvième semaine; elle se prononce de plus en plus dans la douzième et la quatorzième, et se montre à son plus haut degré de développement dans la dix-septième. Les papilles manquent encore à cinq semaines, elles commencent à se manifester dans la sixième, sous la forme de points granuleux, ronds, peu serrés, disséminés sur toute la surface de l'organe, qui, dans la septième semaine, se rapprochent davantage et augmentent en nombre. A huit semaines, leur forme n'est pas encore déterminée, mais elles sont grossies et se montrent plus serrées aux parties antérieure et postérieure de la langue. Ce n'est que dans le cours de la neuvième semaine qu'elles revêtent une forme plus décidée; on peut alors les distinguer en papilles coniques, en filiformes et en fongiformes. On aperçoit alors aussi, pour la première fois, les rides ou gerçures à la base de la langue; elles occupent la place que les saillies des papilles rendaient précédemment fort rugueu se Les papilles ne changent pas dans la dixième semaine, tandis que les rides se prolongent à la portion antérieure de la langue, principalement vers ses parties latérales, moins vers le milieu; elles forment, de la sorte, par leur extrémité antérieure, un angle aigu dont le sommet est tourné vers la base de la langue. Une ride droite se dirige, dans la ligne moyenne de l'organe, de sa racine au sommet de l'angle mentionné; elle donne naissance latéralement aux autres rides, qui se portent obliquement sur les côtés. On ne distingue pas encore les papilles lenticulaires (papilla vallata), mais leur place est indiquée déjà par l'angle que forment les rides, et par une élévation qui est située dans cet angle. Ce n'est que dans la onzième semaine, lorsque toutes les autres papilles sont développées comme il faut, que les papilles lenticulaires apparaissent sous la forme d'é. minences rondes, mais qui ne sont pas encore entourées, d'un enfoncement. Elles persistent à cet état pendant la douzième et la treizième semaine; enfin, dans la quinzième et la seizième, elles sont contenues dans leurs enfoncemens, et toutes les rides se sont formées à la face dorsale de la langue. M. le docteur Froriep n'a jamais observé le trou borgne ou lacune de la langue avant la quarantième semaine. L'os hyoïde existait communé. ment à douze semaines; à quatorze il avait ses grandes cornes; mais toutes les parties en restaient molles et cartilagineuses jusqu'à la naissance. Ce n'est qu'alors qu'elles commençaient à s'ossifier, observation qui avait déjà été faite par le professeur J.-F. Meckel. Il est rare que le frein de la langue se forme avant le milieu de la septième semaine; cependant M. Froriep croit en avoir aperçu de légers rudimens déjà dans la cinquième semaine. Albinus avait admis que les artérioles des papilles s'ouvraient libre. ment à la surface de la langue, sans se continuer avec les veines; c'est une erreur que notre auteur impute à des injections mal réussies. M. Froriep fonde son assertion sur ce qu'il a vu chez M. le professeur Dællinger à Wurzbourg; ce savant possède des injections très-fines de la langue, sur lesquelles il est facile de suivre la masse injectée, des artères dans les veines. M. Froriep prétend également s'être convaincu par ses recherches que la branche descendante est fournie par le nerf hypoglosse et non par le premier nerf cervical, comme l'avait indiqué M. Ribes. Tumeur dégénérée qui a nécessité l'amputation dans l'articulation scapulo |