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« et la mauvaise intelligence des princes du sang << avaient laissé prendre aux Anglais. Il força ces der«niers à se retirer du royaume, et revint à Paris « vainqueur de tous ses ennemis, où il fut reçu avec « des acclamations universelles (1).

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«La paix, qui suivit des exploits si glorieux, donna «<les moyens de réprimer les abus qui s'étaient in«<troduits pendant les troubles passés; ceux des théà«tres ne furent pas mis au dernier rang. Le parle«ment, en accordant aux clercs de la basoche la permission de continuer les jeux de farces et de «sotises, leur enjoignit d'en retrancher les termes «< contraires à la pureté des mœurs, et tout ce qui «pouvait offenser ou compromettre la réputation « de qui que ce fût. Ces défenses n'ayant pas été << observées aussi exactement qu'elles auraient dû « l'être, on les renouvela, et on y ajouta qu'à l'a« venir les basochiens ne représenteraient leurs piè

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(1) L'historien de Charles VII dit (parlant de l'entrée de ce roi à Paris, en l'année 1437) que « tout au long de la grande rue Saint-Denis, près d'un jet de pierre l'un de «l'autre, étoient fails eschaffaultz bien et richement tendus, « où étoient faits par personnages, l'Annonciation, NostreDame, la Nativité Nostre-Seigneur, sa Résurrection et « Pentecoste, et le Jugement qui séoit très-bien; car il se « jouoit devant le Chastelet, où est la justice du roi : et « emmy la ville avoit plusieurs jeux de divers mystères, 'qui « seroient trop longs à racompter; et là venoient gens de << toutes parts criant Noel! et les autres pleuroient de joye. (Hist. de Charles VII, p. 109, in-fo.), b amongu

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«< ces qu'après en avoir obtenu l'ordre du parlement. «En 1442, les clercs de la basoche ayant contre<< venu à ces dispositions, en donnant des représenta<«<tions défendues, le parlement, pour punir leur dé«<sobéissance, rendit un arrêt le 14 août de la même << année, qui condamna les acteurs à quelques jours « de prison au pain et à l'eau.

« Le 12 mai 1473, le parlement en prononça un « autre, dont le motif était tout contraire, puisqu'il «< ordonnait à la basoche l'exécution de ses jeux, et << lui enjoignait de ne se départir de cet usage que "par une permission de la Cour.

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« Nous ignorons les causes qui firent interdire à <«< la basoche la continuation de son spectacle, mais << nous trouvons un arrêt du parlement, en date du «15 mai 1476, qui défend à tous clercs, tant du << palais que du Châtelet, non seulement de repré«senter des jeux de farces, sotises et moralités, mais « même d'en demander la permission (1). Jean 1E

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(1) Du samedi 19 juillet 1477. Vu au conseil, en la « grand'chambre, les chambres assemblées; vu par la Cour « la requeste baillée à icelle par les clercs des présidens et « conseillers de ladicte Cour, et aussi les avocats et procu «reurs d'icelle, la Cour a défendu et défend à Jehan l'Es«veillé, soy-disant roi de la bazoche, Martin Houssy, Theo«dart de Coatnanpran, et autres ayans personnages, de << jouer farces, moralités ou sotises, au Palais de céans, ne << ailleurs, jusques par ladicte Cour en soit ordonné, sur « peine d'estre battu de verges par les carrefours de Paris, « et de bannissement de ce royaume, »› la pa

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veillé, roi de la basoche, ne laissa pas l'année sui«vante de demander cette permission au parlement, « qui, par son arrêt du 19 juillet 1477, réitéra les défenses, sous peine, aux contrevenans, d'être battus «de verges par les carrefours de Paris, et bannis du «royaume. Cette suspension du spectacle de la baso«< che s'étendit jusqu'à la fin du règne de Charles VIII, « qui mourut en 1497.

Fire Louis XII, qui lui succéda, et qui fut nommé à

si juste titre le père du peuple, rétablit tous les « théâtres et les libertés dont ils avaient joui avant « les règnes des rois Louis XI et Charles VIII; et par une raison particulière, il permit aux poëtes ade reprendre dans leurs pièces les vices et les défauts de toutes les personnes de son royaume sans «aucune exception (1). Les basochiens ne furent pas

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(1)« Le bon roi Louis XII se plaignant que, de son temps, «< personne ne lui vouloit dire la vérité, ce qui étoit cause qu'il ne pouvoit savoir comme son royaume étoit gou« verné, et pour que la vérité pat parvenir jusqu'à lui, per« mit les théâtres libres, et voulut que sur iceux on 'jouast «< librement les abus qui se cominettoient, tant en sa cour «comme en son royaume, pensant par-là aprendre et sa→ "voir beaucoup de choses, lesquelles autrement il lui étoit « impossible d'entendre. » Bouchet, qui rappelle ce fait, ajoute : « Je trouverais bien meilleur, pourceque les théâatres sont par trop satyriques, qu'il y eust un tronc aux principales villes de France, duquel le gouverneur de la aprovince aurait la clef, comme il se pratique à Milan; où <«< il est permis de mettre toutes choses qui concernent l'Es

« les derniers à éprouver les bontés de Louis XII ; << entre autres grâces qu'il leur fit, il leur accorda la

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permission de dresser leur théâtre (1), toutes les << fois qu'ils joueraient, sur la table de marbre (2) «« qui existait pour lors dans la grande salle du pa«lais, et qui fut détruite par l'incendie qui arriva << en 1618. Avant cette permission de Louis XII, les basochiens n'avaient point eu de lieu fixe pour faire <«<leurs représentations; elles se passaient tantôt au « Châtelet, et quelquefois dans les maisons particu.«lières.

« Le parlement ne se montra pas moins favorable « que le roi aux amusemens des basochiens, et leur <<< accorda souvent des gratifications pour les indem«niser des frais qu'ils étaient obligés de faire pour « leurs montres et jeux

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<< tat, et accuser ceux que publiquement on n'oserait défé«rer, et dont il serait dangereux d'en dire mal. » (Guil. Bouchet, Sérée XIII.)..... son

(1) Fauchet.

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(2) Cette table de marbre avait été fabriquée et posée dans la grande salle du palais, puisqu'elle servait aux festins somptueux que les rois de France donnaient aux empereurs et rois étrangers. Sauval en parle dans les termes suivans: « Au<«<trefois, dans la grande salle du palais, qui fut consumée << en 1618, il était dressé une table qui en occupait 'presque « toute la largeur, et qui, de plus, portait tant de longueur, « de largeur et d'épaisseur, qu'on tient que jamais il n'y en « a eu de tranche de marbre plus épaisse, plus large, ni plus longue. » (Antiq. de Paris, 1. 8, p. 3.)/

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« passer, dans les pièces que jouait la basoche, qui «< pût offenser la réputation et les mœurs, porta <«< ceux-ci à mettre des masques qui représentaient les << traits du visage des personnes qu'on désignait; et « quelquefois on ajoutait des écritaux pour donner le « véritable sens à plusieurs discours obscurs répandus « dans les farces, et qui étaient justement les en<«< droits cyniques. Pour arrêter ces nouveaux abus, <«<le parlement manda le chancelier et les trésoriers, << et leur fit défense de faire monstrations de spec« tacle, ne écritaux taxans, ou notans quelque << personne que ce soit, sur peine de prison et de « bannissement.

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-« L'obéissance que la basoche marqua aux ordres << qu'elle avait reçus, fut cause que le parlement, en «1538, lui permit de jouer en la manière accoutu<<mée, avec ordre, pour l'avenir, de remettre à la «Cour les manuscrits de ses pièces quinze jours

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avant la représentation. L'année 1540 fût très-dif«férente pour les basochiens, puisqu'on leur défendit

de jouer leurs jeux, sous peine de la hart. Une ma« ladie qui se répandit à Paris en 1545, et qui y fit « beaucoup de progrès, obligea le parlement à refuser @aux basochiens la permission de continuer leurs «‹ représentations. »

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A l'égard du titre de roi de la basoche, il fut révoqué par Henri III, voyant que le nombre des qui eleres montait à près de dix mille, défendit qu'aucun de ses sujets prît dorénavant le titre de roi, ce qui fit passer tous les droits de la basoche à son chancelier.

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