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travail sur l'occupation allemande auquel il a été fait précédemment allusion.

L'histoire très documentée et très complète des sapeurs-pompiers de Nancy vous a été lue par M. Mengin; un chapitre a pu en être distrait en faveur de vos Mémoires. Cet extrait vous fera regretter davantage que l'ouvrage, qui a une autre destination, n'ait pas pu y figurer en entier.

M. de Metz-Noblat, si versé dans les questions d'armes portatives et de tir, vous a entretenus de la solution théorique d'une question pratique de chasse : << A quelle distance tirer la perdrix en battue? » Cette étude est destinée à une revue cynégétique. Après avoir examiné les conditions particulières du tir en question, considéré comme très difficile, l'auteur conclut : « 53 mètres en avant et 35 en arrière, telles sont les distances en deçà desquelles le tireur pourra lancer utilement son coup de feu, ensemble 88 mètres que la compagnie en mouvement couvrira en six secondes environ. >>

Le projet de dictionnaire biographique lorrain que M. Duvernoy vous avait soumis l'an dernier est étudié par une commission spéciale. Des types de notices vous ont été proposés par MM. Favier et Duvernoy. Ce n'est que le début d'une œuvre de longue haleine appelant le concours de bien des compétences et de beaucoup de bonnes volontés. L'exécution est digne de la sollicitude de l'Académie de Stanislas et sa réalisation lui ferait le plus grand honneur.

Enfin, je ne veux pas omettre l'envoi d'une spiri

tuelle pièce de vers qui vous a été adressée par M. de Goussaincourt, à l'occasion de la fête des Rois.

Notre confrère n'exerçait dans cette poésie qu'une royauté éphémère. Si, cependant, la générosité fait partie des attributions souveraines, M. de Goussaincourt avait d'autres droits de ceindre la couronne que ceux que lui conférait la fève du gâteau traditionnel des Rois.

Son ardeur à encourager le bien vient en effet de lui inspirer la fondation d'un prix qui grossira la liste de ceux que l'Académie doit déjà à sa libéralité. Un prix biennal de 100 francs est désormais destiné à récompenser les contremaîtres, ouvriers et ouvrières de l'industrie, justifiant de trois ans au moins de services sans discontinuité chez le même patron ou dans le même établissement. Le concours s'étend aux départements de Meurthe-et-Moselle et des Ardennes.

C'est par un hommage de gratitude au bienfaiteur que je suis heureux de terminer ce compte rendu.

DISCOURS PRONONCÉ

le 18 juillet 1907

AUX OBSÈQUES

DE M. SCHLAGDENHAUFFEN

PAR M. LE Dr ED. IMBEAUX

PRÉSIDENT

MESSIEURS,

La mort, qui nous avait un instant oubliés, vient de réclamer une proie: elle a cueilli d'une main rapide l'un des doyens de notre Compagnie, triomphe, hélas ! trop facile quand le poids des ans et d'un labeur incessant courbe déjà par avance le vieillard vers la tombe, si bas que la moindre secousse semble devoir suffire à l'y faire tomber !

Cette dernière secousse n'a ni surpris, ni inquiété le sage que nous pleurons: il savait sa journée arrivée à son terme, il la savait bien remplie, et il était tout prêt à laisser le soir de ce beau jour se fondre dans la nuit. Il savait aussi que tout crépuscule est suivi d'une nouvelle aurore, et il achevait doucement de vivre ici-bas, attendant cette vie de l'au-delà qui nous est inconnue,

mais que nous espérons toute pleine de lumière immortelle.....

Frédéric Schlagdenhauffen était né le 7 janvier 1830 à Strasbourg. Il avait fait toutes ses études dans cette ville, et il appartenait comme agrégé, depuis 1855 à l'École de pharmacie, et depuis 1869 à la Faculté de médecine, toutes deux si célèbres, de la capitale alsacienne. Comme les Tourdes, les Hecht, les Herrgott, les Bleicher, la tempête de 1870 déracina sa vie et transplanta le jeune professeur sur la terre lorraine, sœur et héritière de la terre d'Alsace. Nous le retrouvons donc en 1872 professeur de physique et de toxicologie à l'École de pharmacie, et en même temps professeur agrégé à la Faculté de médecine de Nancy. Il devient directeur de l'École supérieure de pharmacie le 15 octobre 1886 et garde ces hautes fonctions jusqu'à l'heure d'une retraite bien méritée, le 1er novembre 1900. Pourquoi devait-il avoir, moins d'un an après, la douleur de voir son successeur, notre très cher et très regretté collègue Bleicher, marquer de son sang cette chaire directoriale de l'École de pharmacie, comme pour la revêtir d'une pourpre sacrée qui témoigne encore mieux de l'immense dévouement de ses titulaires!

Le double enseignement de Schlagdenhauffen aux écoles de médecine et de pharmacie était loin de suffire à remplir sa vie : une activité scientifique étonnante s'y ajoute et laisse place encore au labeur du toxicologue aidant la justice dans ses recherches les plus délicates et de l'hygiéniste assidu à tous les conseils de salubrité de la ville et du département.

Il ne m'appartient pas d'apprécier l'œuvre du savant, à la fois physicien, botaniste, chimiste et thérapeute éminent. Mais je ne puis me lasser d'admirer la régularité saisissante avec laquelle chaque année il apporte à la science un nouveau tribut de recherches et de découvertes le nombre des mémoires publiés par notre ami dans les revues compétentes est presque incalculable, et tous ont un but éminemment utile et philanthropique. Après s'être d'abord adonné à la haute physique, le jeune professeur s'oriente nettement vers les nouveautés de la chimie biologique, animale et végétale il veut connaître toutes ces substances mystérieuses, ptomaïnes et alcaloïdes, que les corps vivants élaborent dans les replis les plus intimes de leurs tissus, et qui, à des doses infinitésimales, produisent sur d'autres êtres, soit de foudroyants empoisonnements, soit heureusement aussi de merveilleux effets de régénération de la vie ou d'adoucissement de la douleur.

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Et voici qu'il y a déjà vingt-cinq ans Schlagdenhauffen et Heckel dont les noms sont indissolublement liés, guidés par l'expérience et l'instinct de je ne sais quelles peuplades ouest-africaines, découvrent les propriétés si bienfaisantes de la noix de kola. Voici qu'ils dotent l'humanité de ce nouveau pain à la puissance centuplée, admirable médicament d'épargne qui soutient le cœur faiblissant et prolonge la vie aux plus extrêmes limites du possible. Heureux savants, qui avez assisté si longtemps au triomphe toujours croissant de votre belle découverte, je vous admire et je vous envie !...

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