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Recevez donc, Monsieur, mes remercîments pour votre bienveillant souvenir et croyez à mes sentiments de haute estime.

NAPOLÉON LOUIS.

The day after receiving this letter Saintine again received, by post, a blossom of the Heliotrope which the illustrious captive cultivated on the terrace of his prison, with the dedication written by the future Emperor:

"Offert par le prisonnier de Ham

à l'auteur de Picciola."

The last twenty years of Saintine's life were spent at Marlyle-Roi. It is there that he wrote the works that followed his

Picciola, the chief of which are Seul, Le chemin des Écoliers, La seconde Vie. It is there that he delighted in the evening hours, to forget, in the intimacy of his neighbours, that, at that very moment, he was being applauded in several of the Paris theatres.

His

Up to the last day of his life he was kind to all around him, an affectionate husband, dearly attached to his daughter and to his son-in-law, and doting on his grandchildren. last illness was not of long duration. When he was told that death was near at hand, he drew from his finger the ring which he had worn since his marriage-day, placed it on his wife's finger and peacefully breathed his last.

LIST OF THE PRINCIPAL WORKS OF X. B. SAINTINE, WITH THE DATE OF THEIR FIRST PUBLICATION.

1823 Poems, Odes, Epistles.

1825 Jonathan le Visionnaire, contes philosophiques et moraux. 1826 Histoire des Guerres d'Italie, Campagne des Alpes.

1830 Histoire de la Civilisation antédiluvienne.

1832 Le Mutilé.

1834 Une Maîtresse de Louis XIII.

1836 Picciola.

1839 Antoine.

1844 Les Récits dans la Tourelle; Le Rossignol pris au Tré

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1861 La belle Cordière et ses trois Amoureux: Le chemin des Écoliers.

1862

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Contes de toutes les couleurs: Léonard le cocher, etc. 1863 La mère Gigogne et ses trois Filles.

1864 La seconde Vie.

Saintine's Dramatical works were all joint productions, and were written in collaboration with the following writers: Ancelot, Arago, Basset, Bayard, Carmouche, Cogniard, de Courcy, Dartois, Désaugiers, Dumersan, Dumoutier, Dupeuty, Duvert, Lafitte, Laloue, Lauzanne, Masson, Mélesville, Monnier, Scribe, Thomas, Varin, de Villeneuve.

PICCIOLA.

LIVRE PREMIER.

I.

LE comte Charles Véramont de Charney, dont le nom sans doute n'est pas encore oublié des érudits de notre temps, et pourrait au besoin se retrouver sur les registres de la police impériale, était né avec une prodigieuse facilité d'apprendre; mais sa haute intelligence, façonnée dans les 5 écoles, y avait contracté le pli de l'argumentation. Porté vers l'étude des faits sociaux et nullement vers l'observation des sciences naturelles, il devait faire un savant, non un philosophe, et c'est ce qui advint.

Dès l'âge de vingt-cinq ans, il possédait la connaissance 10 complète de sept langues. Bien différent de tant d'estimables polyglottes, qui semblent ne s'être donné la peine d'étudier divers idiomes qu'afin de faire preuve d'ignorance et de nullité devant les étrangers aussi bien que devant leurs compatriotes (car on peut être un sot en plusieurs langues), 15 le comte de Charney usait de ces études préparatoires pour s'avancer vers d'autres, beaucoup plus importantes.

S'il avait de nombreux valets au service de son intelligence, chacun d'eux, du moins, avait sa charge, ses occupations et ses landes à défricher. Avec les Allemands, les 20 Anglais et les Italiens, il s'occupa d'abord de l'histoire, qu'il pouvait interroger en remontant jusqu'à ses sources premières, grâce aux Hébreux, aux Grecs et aux Romains.

Bientôt effrayé de la multitude des faits contradictoires luttant les uns contre les autres, se sentant broncher à 25

chaque pas dans ce labyrinthe sans issue où il s'était engagé, fatigué de poursuivre vainement une vérité douteuse, il n'envisagea plus l'histoire que comme un grand mensonge traditionnel, et tenta de la reconstruire sur de nouvelles 5 bases. Il fit un autre roman, dont les savants se moquèrent par envie et le monde par ignorance.

Les sciences politiques et législatives lui présentaient quelque chose de plus positif; mais elles appelaient tant de réformes en Europe! Et, lorsqu'il essaya d'en signaler 10 quelques-unes, les abus lui parurent tellement enracinés dans l'édifice social, tant d'honnêtes existences étaient commodément assises sur un faux principe, qu'il se découragea, ne se sentant ni assez de force ni assez d'insensibilité pour renverser chez les autres ce que l'ouragan révolutionnaire 15 n'avait pu détruire entièrement chez nous.

Puis, combien de hauts esprits, avec autant de lumières et de bonnes intentions que lui peut-être, avaient des théories en tout opposées à la sienne! S'il allait mettre le feu aux quatre coins du globe pour un doute! Cette réflexion 20 l'humilia plus encore que les aberrations de l'histoire, et le laissa dans une perplexité pénible.

La métaphysique lui restait.

C'est le monde des idées. Là les bouleversements paraissent moins effrayants, car "les idées se choquent sans 25 bruit dans les espaces imaginaires," comme l'a dit un poëte allemand sentence plus brillante que juste; la pensée muette a un écho sonore.

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Avec la métaphysique, Charney croyait ne compromettre le repos de personne, et il y perdit le sien.

Là surtout, là, plus il s'avança vers les profondeurs de la science, analysant, discutant, argumentant, plus il n'entrevit qu'obscurité et confusion. L'insaisissable vérité, toujours fuyant à son approche, s'évanouissait sous ses pas, et, moqueuse, semblait voltiger à ses yeux comme un feu 35 follet, qui vous attire pour vous égarer. Il la voyait, lumineuse, devant lui, et elle s'éteignait sous son regard pour renaître où il ne la soupçonnait pas. Infatigable et tenace, s'armant de patience, il la suivait avec une prudente lenteur pour la forcer dans son sanctuaire, et, rapide, elle s'éloignait; il voulait hâter sa course pour l'atteindre,

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