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moyen de plusieurs planches ou même d'une seule, continua d'être pratiqué et s'est encore perfectionné depuis.

Dans ces derniers temps il a été appliqué avec succès à la gravure sur pierre et à la lithographie; c'est ce qu'on appelle lithochromie. Mais il faut avouer que le coloriage de toute espèce de gravure fait au pinceau est plus moelleux et plus varié dans les nuances.

V. Les arts graphiques que nous venons de mentionner sont étroitement liés à la typographie dont ils ornent et complètent même les productions; car il est intéressant et quelquefois utile de joindre à un dictionnaire biographique les portraits des hommes célèbres dont on raconte l'histoire; à une géographie, les cartes des pays dont on donne la description; à un ouvrage technologique, des modèles d'instruments, des plans, des figures.

La gravure et la lithographie remplacent même la typographie pour des textes de peu d'étendue, tels que des calendriers, des circulaires, des prospectus (1).

Si la typographie propage les écrits des auteurs, la gravure et la lithographie portent dans tous les lieux du monde l'image d'un tableau, d'une statue, d'un monument qu'on ne peut voir que dans un seul endroit ou qui même n'existent plus, mais dont elles ont conservé les formes et les proportions d'après une échelle déterminée; et quelquefois ces données ont servi à guider l'artiste dans la reconstruction d'un édifice qu'on voulait rétablir sur son plan primitif.

(1) Il faut constater cependant que trop souvent de grandes négligences se remarquent dans les textes gravés par exemple, des lettres majuscules ou minuscules irrégulièrement placées, de mauvaises coupures de mots, l'absence ou le ridicule de la ponctuation; quelquefois, au bas d'une gra vure magnifique, des fautes d'orthographe impardonnables.

La litho-typographie reproduit identiquement, pour ainsi dire, les anciens manuscrits, les vieilles impressions et estampes.

Tous ces arts graphiques, ainsi que la galvanoplastie, la photographie et autres découvertes récentes, que nous avons déjà mentionnées, recevront probablement encore des applications importantes.

CHAPITRE XVI.

IMPRIMERIE IMPERIALE.

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SOMMAIRE.

I. Sa fondation.-II. Ses premiers directeurs.-III. Ses accroissements et ses travaux sous l'ancienne monarchie.-IV. Sa transformation sous la république ; elle devient imprimerie des administrations nationales.-V. Sa réorganisation sous l'empire; elle conserve son monopole. — VI. Réforme équitable sous la restauration; ordonnance de 1823 qui lui rend le monopole des impressions des ministères.-VII. L'imprimerie impériale après la révolution de juillet; sa situation actuelle.-VIII. Plaintes des imprimeurs contre son monopole; les prix y sont plus élevés que ceux du commerce. - IX. Bénéfices; impressions gratuites.X. Ses lenteurs, etc.-XI. Ses envahissements incessants. - XII. Ce qu'elle devrait être. XIII. Imprimerie administrative.

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I. L'imprimerie royale (aujourd'hui imprimerie impériale) fut fondée par Louis XIII en 1640, sous le ministère du cardinal de Richelieu. Toutefois, il est juste de reconnaître que François Ier en avait jeté les premiers fondements alors que, dans l'unique intérêt de la science, il fit graver, par Garamond, les caractères grecs, connus depuis sous le nom de grecs du Roi, et qui ont servi aux belles éditions des Robert et des Henri Estienne.

Elle fut établie dans les galeries du Louvre, et Louis XIII dépensa en sept ans pour sa création plus de 360,000 livres.

La haute administration en fut confiée à Sublet des Noyers, surintendant et ordonnateur général des bâtiments et manufactures du roi; Sébastien II Cramoisy en fut nommé directeur, et Trichet du Fresne, correcteur. Richelieu, voulant propager la foi catholique en Orient et y étendre les relations politiques et commerciales de la France, occupa les premières presses de cet établissement à imprimer les livres destinés à être remis gratuitement aux missionnaires. Il fit publier d'abord dans ce but l'Imitation de Jésus-Christ (de Imitatione Christi, 1640); puis deux ouvrages qu'on dit avoir été écrits par Richelieu lui-même : Les principaux points de la foy de l'Église catholique (1641) et l'Instruction du Chrétien (1642). Ainsi c'est une pensée pieuse qui présida à l'institution de l'Imprimerie royale, et c'est par des ouvrages pieux qu'on l'inaugura. On y publia ensuite des éditions de Virgile (1641), d'Horace, de Térence (1642), de la Bible (1642), etc. Plusieurs de ces éditions sont ornées de frontispices et de vignettes gravés sur les dessins du célèbre Poussin. Par là était justifié, dès le principe, le but de l'imprimerie royale, qui était à la fois de servir aux intérêts de la religion, des lettres et des sciences, et de multiplier leurs plus beaux monuments. «En deux ans seulement, dit Sauval, il sortit des presses de l'imprimerie royale 70 grands volumes grecs, français, latins, italiens, etc., entre autres les Conciles en 37 volumes in-folio, et tous imprimés d'un caractère très-gros, très-net et très-beau, et sur le plus fin papier, le plus fort et le plus grand dont on se soit servi. Et comme le soin qu'on en prit ne fut pas moindre que la dépense, on ne doit pas s'étonner qu'un si riche travail ait porté l'imprimerie à son plus haut point de perfection. Ses premiers produits ravirent toute la terre. Les Anglais, les Allemands, les Italiens proclamèrent

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