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ACHILLE MAROZZO a écrit en Italien 1. Livre d'efcrime, pour apprendre à tirer de l'épée & de toutes armes, translaté en François, & imprimé à Lyon, in-4°. par Pierre Marefchal, fans datte.

I

1Ç'a été, vers le milieu du feizième fiècle, un fameux Maître d'Armes, Italien, Auteur du Livre intitulé La Scrimia, où les meilleurs tours d'efcrime font enfeignés, & toutes les attitudes offenfives & défenfives exactement repréfentées. Anton-Francefco Doni a fait dans la première partie de fa Libraria, en 1550, l'éloge d'Achille Marozzo, alors vivant. Le nom dụ Traducteur François eft inconnu. (M. DE LA MONNOYE).

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ACHILLES PIRMINIUS GASSARUS a écrit en Latin un Livre intitulé Epitome Chronicorum mundi, qui a été mis en François par tranflateur incertain, fous le titre fuivant : Brief Recueil de toutes Chroniques & Hiftoires, quant aux illuftres & plus notables personnages, faites & advenues depuis le commencement du monde jufques au temps préfent, an mil cinq cens trente-quatre, avec le Catalogue de tous les Empereurs & Papes Romains, jufques à Charles V de ce nom, & de Clement VII, imprimé en Anvers, in-8°. par Martin l'Empereur, l'an 1534.

C'étoit un curieux amateur de Livres, tant manufcrits, qu'imprimés. Auffi fa Bibliothèque, jointe à plusieurs autres, entra-t-elle depuis en celle des Comtes Palatins du Rhin, transférée en 1622 à la Vaticane. On ne le nomme d'ordinaire qu'Achilles Gaffarus, le nom de Pirminius, qu'on dit être d'un faint Evêque de Meaux, ne lui ayant été donné qu'en Confirmation. Sa vie, que Melchior Adam a écrite, nous apprend que c'étoit un Médecin & Mathématicien Allemand, né en Souabe, à Lindau, le 3 Novembre 1505, & mort à Ausbourg le 4 Décembre 1577. Sa Chronique Univerfelle ayant d'abord été imprimée à Bâle, en Latin, l'an 1532, la Traduction Françoise ici mentionnée, qui en parut deux ans après, en continua la fuite jufqu'en 1534. Melchior Adam dit que Gaffarus donna depuis, non-feulement une féconde, mais une troifième Edition de fa Chronique, avec des augmentations confidérables, mais je n'ai pas appris que le Traducteur François ait donné de même une Edition plus ample de fa verfion. (M. DE LA MONNOYE).

ACHILLES STATIUS . Les Amours de Clytophon & de Leucipe, écrits jadis en Grec, en huit livres, par Achilles Statius,

Statius, Alexandrin, & depuis mis en Latin par L. Annibal
Cruceio3, & traduits en François ; aucuns m'ont dit, par Belle-
forest 4, mais il ne fe nomme point; imprimés à Paris, in-8°.
par Pierre l'Huyllier, 1568.

On ne dit plus, il y a très-long-temps, qu'ACHILLES TATIUS, confor-
mément aux Manufcrits, qui tous écrivent Tários. Photius n'écrit
pas autre-
ment, & même Saumaise lit A'xas Téries dans Suidas, quoique celui-ci ait
constamment Zrátis, orthographe généralement fuivie dans le feizième siè-
cle, mais enfuite abandonnée. ( M. DE LA MONNOYE).

1 La Croix du Maine, au mot FRANÇOIS DE BELLE-FOREST, écrit de
Clitophon & de Leucipé, ils devoient l'un & l'autre écrire de Clitophon & de
Leucippe. Ceux qui, pour éviter l'équivoque du nom mafculin Leucippe, ont
écrit Leucippé, n'ont pas fait réflexion qu'au moment qu'on dit les Amours
de Clitophon & de Leucippe, on juge naturellement que le fecond de ces
noms eft féminin. (idem),

3 Du Verdier ayant vu la Traduction Latine des Amours de Clitophon &
de Leucippe, par L. Annibal Cruceius, Milanois, s'eft imaginé que Cruceius
devoit être rendu par Cruceio, n'ayant pas fu que ce Traducteur s'appeloit,
en Italien, Luca Annibale della Croce; c'eft ainfi que le nomment dans leuts
Eloges le Ghilini & le Picinelli. Il mourut le 27 Septembre 1577. (idem).

4 La Croix du Maine, au mot FRANÇOIS DE BELLE-FOREST, le dit po-
fitivement. Le nommé JACQUES DE ROQUEMAURE, OU DE ROCHEMORE,
n'ayant vu que la première version Latine de ce Roman, où manquoient les
quatre premiers Livres, traduifit, en François, les quatre derniers, qu'il fię
imprimer à Lyon, in-16. l'an 1556, fous le titre de Propos amoureux, con-
tenant le difcours & mariage de Clitophant il vouloit dire Clitophon) & de
Leucippe. Nous avons eu depuis une verfion entière, plus Françoife de beau-
coup que celle de Belle-Foreft, mais qui n'eft peut-être pas plus fidèle. J'ai
au refte fait voir, pag. 133 du Menagiana, Tom. I, qu'Achille Tace étoit
plus ancien qu'Héliodore. Claude Saumaife, qui, en 1640, nous donna une
Edition Grecque-Latine, in-12, de ce Roman, accompagnée de fes notes, n'a
point témoigné avoir fu que Nicolas Rigault avoit eu, long-temps auparavant,
deffein d'illuftrer ce même Auteur. Nous fommes maintenant, dit Rigault,
dans une lettre à Jofeph Scaliger, du 9 Septembre 1601, en pleines vacations
des affaires du Palais. J'en pafferai une bonne partie à gouverner les bonnes
graces de la Leucippe d'Achilles Tatius. J'ai vu l'Edition de Commelin, qui eft
fort corrompue en beaucoup d'endroits, & j'efpére, Dieu aidant, par le moyen
de deux écrits à la main que j'ai ( Ce font les deux Manufcrits de la Biblio-
thèque du Roi, defquels Saumaife a ufé) la pouvoir remettre en fon luftre,
& y remplir plus de cent lacunes. C'eft la foixante-feizième du Liv. II des
BIBLIOTH, FRAN. Tom. III. DU VERD. Tom. I. B

Lettres Françoifes adreffées à Scaliger, impreffion d'Harderwick, 16243 in-8°. (idem).

Au premier Livre.

[ Non-feulement les oifeaux ont fentiment des forces d'amour & de ses feux & flammes; ains encore les ferpens, les bêtes à quatre pieds, les plantes, &, comme il me femble, les pierres de minéraux mêmes. Car l'aimant attire & aime le fer, & s'il le voit, ou le touche, ne faut de fe le joindre comme s'il avoit en foi quelque flamme amoureuse, qui l'induit à ce faire : & qu'eft cela, finon les baifers & embraffemens de la pierre qui aime, à l'endroit du fer qui eft aimé ? Quant aux plantes, les Philofophes tiennent (ce que je penferai être fable, fi les Laboureurs & Jardiniers n'étoient de leur avis) que les herbes & plantes font affectionnées les unes aux autres, & que entre toutes n'en ny a de fi ardente qu'eft le palmier, defquels ils font deux efpèces, mâle & femelle, & que le mâle convoite l'anvoifinement de fa compagne que s'il advient que la femelle foit plantée loin du mâle, il defféche peu-à-peu, ce que cognoiffant le Laboureur, & voyant que le defir de fa femblable le gâte ainfi, il regarde vers quelle part s'encline le palmier (car il tourne fon fommet vers le lieu où eft la femelle) à fin de remédier à fa maladie. Et lors il prend un rameau & fyon de la femelle, & l'ente dans le cœur du mâle, lequel reprend efprit & s'éveille par le mouvement de fes branches, & revient en vie, comme étant reffufcité par les embrassemens de la chofe aimée. Et ce font les mariages & amours des plantes: mais autre eft l'alliance du fleuve Alphée, amant, & de la fontaine Arethufe, fa bien-aimée : car le fleuve va & chemine aufli franchement parmi les flots de la mer, que s'il couroit lentement par terre : & la mer ne lui rend point le goût falé, quoiqu'il paffe par fes ondes, ains s'en va : & ce paffage fert de canal propre au fleuve coulant, lequel par icelui va vifiter fa bien-aimée Arethufe, à laquelle il porte ce que ceux qui viennent aux Jeux Olimpiers, qui fe font de cinq en cinq ans, lui donnent pour préfent, l'un une chofe & le fecond une autre, & ce font les joyaux & préfens qu'il fait à fon aimée. Il fe trouve encor un grand fecret d'amour parmi les ferpens, je ne dis pas feulement de même efpèce, mais encore qui font divers genre: car la vipere, qui eft ferpent terreftre, brûle d'affection à l'endroit de la murene vivante en la mer : laquelle murene eft ferpent de figure, mais au goût & ufage très-bon & délicat poiffon : la vipere voulant avoir affaire à elle, vient fur le bord de la mer, & fiffle, donnant figne à la femelle de fa venue; elle l'oyant fort de l'eau, non que foudain elle aille vers fon époux, fachant bien qu'il a les dents venimeufes, & donnans la mort, mais monte fur quelque roc, attendant que le mâle ait vomi fon venin, & cependant l'amoureux, habitant la terre, & l'amie infulaire & marine fe paiffent d'œillades : mais dès auffiτότ que l'amant a ôté tout foupçon de crainte à fon époufe, & qu'elle voit le venin jeté hors, vomi par terre, elle defcend de fon roc, & embraffe fon amant, fans plus redouter fes baifers & embrassemens.

Au troifième Livre, il parle du Phenix ainfi.

Le nom de ce faint oifeau eft le Phenix, lequel naît en Ethiopie, de la grandeur & couleur d'un Paon, & lequel feconde en beauté ledit Paon, ayant fes plumes peintes & entremêlées d'or & de pourpre, & fe glorifie d'être l'oifeau du Soleil. Ce que la figure de fon chef témoigne affez bien à caufe que fur icelui on voit une couronne faite fort ingénieufement & de grande industrie de la nature : le rond de laquelle vous repréfente les rayons du Soleil, ayant la couleur afurée & célefte, la face de couleur de rofe, & le regard plaifant, lorfqu'il efpanit fes rayz: car fes plumes étendues repréfentent les rayons, comme dit eft. Or eft-il de telle condition, que les Æthiopiens jouiffent de lui en vie, mais mort il eft aux Egyptiens. Ĉar, dès qu'il eft mort (ce qui n'advient qu'après long âge) fon fils, fortant de lui, le porte au fleuve du Nil, & là lui dreffe & batit un tombeau en cette forte. Il prend tout autant de myrrhe très-fouëfve, & bien flairante, comme il lui en faut, pour y enclorre le corps défunt, & le creufe de fon bec, puis y met fon père, & c'eft fon fepulcre : or l'ayant gentiment accoûtré dans ce cercueil qu'il couvre de terre, il prend fon vol vers le Nil, ayant cette charge & fepulcre, accompagné d'un infini nombre d'oifeaux qui lui font comme fes garde-corps, à l'imitation de ceux qui fuivent leur Roi allant en pays étrange: & jamais cet oifeau ne fe fourvoye du chemin de la ville du Soleil, qui eft le fiège & repos de l'oifeau mort: mais étant là arrivé, il s'arrête en l'air, afin que chacun le voie, attendant les prêtres & miniftres du Soleil leur Dieu : & peu de temps après vient le prêtre Ægyptien fortant du temple avec un livre en la main, afin de juger fi l'oifeau rapporte à fa defcription & figure. Qui eft que l'oifeau cognoiffant qu'on ne lui ajoute point foi, il découvre les plus fecretes parties de fon corps & pennage, & leur montre en vue le corps mort de fon père, ufant par figne du devoir de celui qui loue les trépaffés. Et lors les prêtres du Soleil recevans ce corps, le mettent en terre & l'enfeveliffent : & de-là advient que la façon de vie, tant que cet oifeau vit, le fait Æthiopien, mais le moyen de lui dreffer tombeau après fon trépas, fait qu'après fa mort il eft eftimé Ægyptien.

Au quatrième Livre, il parle de l'Eléphant ainfi.

La mère l'engendre par long-temps, & qui eft déjà vieille à fa naiffance, à caufe qu'elle tient en fon ventre la femence avant que former le corps: puis étant échu ce terme & efpace d'années, elle produit fon engeance déjà envieillie en fes flancs : & c'eft pourquoi l'Eléphant a fi grand corps, & qu'il ne peut être furmonté par force aucune, & qu'il vit fi longuement: car on dit que fa vie eft égale, voire furpaffe celle que Hefiode attribue aux Corneilles. Les machoires de l'Eléphant font tout ainfi que le chef d'un taureau, car fi tu vois fa gueule, tu penferois qu'il eût deux longues cornes en icelle, mais ce ne font point cornes, mais des dents crochues aucunement &

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mouffes, 'du milieu defquelles fort la Probofcide, qu'on appelle la main de cette bête, ayant la forme & proportion d'une grande trompe, laquelle lui eft de grand ufage és chofes qui lui font néceffaires, d'autant qu'avec icelle il prend & vivres & tout ce qu'on lui jette qui eft bon à manger, que fi c'eft viande de laquelle il ait coutume de manger, il la prend foudain, & tournant fa Probofcide vers le menton, il fe met la viande dans la bouche: mais au contraire fi la viande ne lui eft propre, faifant comme un cercle de fa main & trompe, l'éleve en haut vers fon dos, & la donne à fon maître : d'autant qu'il a un Ethiopien affis fur fon dos, qui lui fert de nouveau chevaucheur, lequel il flatte & le craint, & l'entend fort bien quand il lui parle, voire fouffre d'être battu, affavoir avec une maffue de fer, de laquelle fon gouverneur ufe au lieu d'un fouet. Il me fouvient encore d'avoir vu un cas émerveillable en cet animal: il y eut un homme Grec, lequel mit fa tête au droit de la gueule d'un Eléphant, & foudain la bête ouvrant fa bouche & foufflant alloit comme fi elle eût flatté & careffé cet homme en quoi je m'étonnois, & de la téméraire hardieffe de cet homme, & de la courtoifie de l'Eléphant. Or, nous difons, ce Grec qu'il avoit falarié l'Eléphant de cette grace, par laquelle il avoit humé en l'haleine de cette bête la fouefveté égale à l'odeur des meilleures drogues qui viennent des Indes par lequel fenriment & flairement il étoit guéri d'un grand mal de tête: difoit en outre que l'Eléphant n'ignoroit point cette fienne vigueur, & c'étoit pourquoi il n'ouvroit point fa bouche, fans avoir payement, lequel il vouloit avançant la main, tout ainfi que font les Médecins qui ont opinion de leur favoir, & ayant reçu le falaire, il obéiffoit, & vous rendoit la pareille, ouvrant & béant fa gueule, & attendant en cette façon au plaifir de l'homme, cognoiffant, c'eft alfavoir qu'il a vendu l'odeur de fon haleine. Lors je lui dis: d'où vient à une bête fi lourde & fi difforme une telle fouëfveté d'haleine? De la viande, répond Charmides, de laquelle il fe paît, & qui est propre à lui rendre un fi doux flairement. On fait que la région des Indes eft voifine du Soleil, & que les Indiens font ceux qui les premiers voient le Soleil, lorfqu'il fe lève, & fentent fes rays les plus chauds d'icelui, tellement que aufli prefque ils rapportent la couleur de telle brûlure. Or a-t-il en Grèce une Aeur qui a prefque la couleur d'un Ethiopien, laquelle en Inde eft une feuille, & non point fleur, telles font les feuilles que nous

que

voyons fur nos arbres. Or cette fleur en Grèce cele & cache fon odeur & fouëfveté, & pource aucun n'en tient compte, foit qu'elle ait moins de plaifir de fe glorifier de fa naïveté parmi les fiens, ou bien qu'elle ne veuille ufer de fa faveur & rarité à l'endroit de ceux de fon pays. Que fi elle est un peu tranfportée hors de fon pays, & quelle paffe les monts, elle montre & découvre apertement fa fouëfveté cachée, & fe changeant de feuille en fleur, elle eft remplie d'odeur douce & agréable. C'eft la fleur des Indiens que nous appelons rofe noire, de laquelle les Eléphans fe repaiffent, tout ainfi que les bœufs à nous de bonne herbe. Cette bête donc ainsi nourrie dès

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