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chœur du grand autel de l'église cathédrale. Il dénombre 6 articles, où l'on reconnaît la plupart de ceux de 1387, deux en moins (les terres sises aux lieux dits « la Caminada » et « Camp Marinc »), mais trois en plus un pré sis lieu dit « Limanhas » (1), au cens de 4 deniers rodanois; un tronçon de pré (frustrum prati) au lieu appelé la Raussie (la Raolsia) (2), aux appartenances d'Aguès, auparavant terre labourable et sujet au quart des blés, que le procureur des choriers réduit à un cens de 2 deniers rod., attendu la transformation de la terre en pré et le peu de fertilité de cette pièce; des jardins, ayrals, patus et chènevières (canabayrals) contigus, au même endroit (in facto vocato de la Raolsia), confrontant avec une terre que le reconnaissant tient du seigneur de Sévérac et avec une maison et aire qui lui appartiennent également. Il est fait mention d'une maison sise à Vimenet, qui est évidemment le même article que le cazal de la reconnaissance de 1387, puisqu'elle est sujette au même cens de 4 deniers rod. et confronte avec la rue (carreria publica) qui va de la place de « la Jonagua >> à l'église. Elle confronte aussi avec une autre maison. du même Etienne Costy, tenue du seigneur de Sévérac. On précise que la pièce de terre sise au terroir de las Talhadas >> confronte avec le champ du reconnaissant appelé de la Portette (la Portela) et avec la draye (draya) (3) qui va du puech de Montredon à la fontaine de Fontesparse (fontem vocatum sparsa) (4).

(1) La dénomination de « limagne » est assez fréquente dans les lieuxdits du Rouergue. Elle désigne un terrain marneux, fertile, situé dans les bas-fonds.

(2) Nous avons trouvé mention pour la première fois de la Raussie, ou plutôt du mas de la Raussie, dans la reconnaissance faite au chapitre de Rodez, le 22 mai 1387, par Etienne de Bonneterre, du village d'Agués, où il déclare des maisons avec leur ayral et un jardin (quasdam domos cum suo aprali et unum ortale) sis audit mas (in manso vocato de la Raolsia). (3) Draye, large chemin ou piste que suivent les troupeaux. (4) Fonds du chapitre de Rodez, registre coté 46,

La Société déclare que les doctrines et assertions émises dans les Mémoires qu'elle publie, doivent être considérées comme propres à leurs auteurs, auxquels elle en laisse l'entière responsabilité.

ན་ན་ན་ན་

UNE FAMILLE DE BOURGEOISIE RURALE
EN ROUERGUE

LES COSTY D'AGUÈS

ལ་

I.

Introduction. Les Costy à Vimenet en 1290. Etablis au village d'Aguès, ils font au cours du XIVe siècle des reconnaissances féodales au seigneur de Sévérac-le-Château, au chapitre de l'église cathédrale de Rodez, au monastère de Bonneval. L'origine italienne des Costy est une légende.

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Il y a une trentaine d'années vivait à Rodez un vieillard de figure originale qu'on appelait le marquis de Costy. Il avait grand air avec sa barbe blanche, mais sa mise était plutôt paysanne longue blouse noire, chapeau de feutre mou à larges bords, boucles d'oreilles en argent, survivance d'une mode autrefois assez répandue; un long bâton à la main. Sa situation de fortune était loin de la richesse. Il prétendait avoir des secrets pour prédire le temps. et à l'occasion il vendait des pronostics qu'il écrivait sur des bouts de papier. Fier de ses ancêtres, il rappelait volontiers l'illustration de sa famille.

Il vint un jour aux archives de la préfecture à propos du partage des biens communaux de Vimenet dont il était originaire et j'ai noté qu'à cette occasion il me pria de lui lire une copie d'un acte de

1258 qu'il avait entre les mains et qui consistait en un accord intervenu entre la communauté de Vimenet et l'abbaye de Bonneval. Puis, m'entretenant de ses affaires personnelles, il me confia qu'il possédait de très nombreux parchemins et il m'en fit voir un qu'il avait apporté. A ma grande surprise, je constatai que ce document authentique datait de 1290 et qu'il contenait une concession de terres faite par le seigneur de Sévérac-le-Château aux frères Costy, de Vimenet, moyennant certaines redevances. Ainsi un Costy m'apportait à la fin du XIXe siècle un titre incontestable de ses ancêtres remontant au xiire. Il y avait là un cas remarquable de vitalité familiale, car il n'est pas commun de constater la perpétuité d'une famille de père en fils, sous le même nom, pendant six siècles. Une étude sur la famille Costy paraissait donc offrir de l'intérêt et il valait la peine d'en rechercher les origines, les générations, les vicissitudes et le rang social.

C'est ce que nous avons essayé de faire au moyen de documents conservés aux archives départementales de l'Aveyron, dans les mairies et dans des études de notaires. Quant aux archives de la famille qui nous eussent été d'un grand secours, elles ont été dispersées, abandonnées à leur sort et finalement les débris qui en subsistaient, plus ou moins avariés, ont été entièrement détruits il y a quelques années. Il n'y aura donc pas lieu de s'étonner si, sur bien des points, ce travail est incomplet.

L'acte de 1290 mentionné plus haut, et dont nous regrettons de n'avoir point pris copie, est le plus ancien que nous ayons rencontré. En général, d'ailleurs, il n'est guère possible dans des études de ce genre de remonter, en toute sûreté, au delà du xie siècle. En pénétrant plus loin dans le passé, les documents deviennent rares, et quand ils existent, leur forme brève et succincte les rend souvent obs

curs; il n'est pas facile de les rattacher les uns aux autres, le fil se perd et les traces disparaissent. Quelle heureuse fortune s'il pouvait en être autrement Ecrire les annales d'une famille, sans interruption, depuis l'époque gallo-romaine par exemple, ce serait un peu faire l'histoire de la civilisation. Nous n'aurons pas cette ambition.

Le deuxième document où il est question des Costy est de 1329, et il confirme en tous points celui de 1290. C'est une liste des « hommes » (homines) de Vimenet qui firent reconnaissance des possessions qu'ils tenaient de lui à noble et puissant homme (nobili et potenti viro) Pierre des Cases (de Casis), chevalier, administrateur des biens de son fils Pierre des Cases, seigneur du château et de la baronnie de Sévérac dont Vimenet était une dépendance. Il y eut 82 reconnaissances faites par les hommes de Vimenet à leur seigneur le 10 avril et 11 reconnaissances le 12 du même mois. Parmi les premières figurent celles de deux Costi qui portent l'un et l'autre le prénom de Pierre, indiqué simplement par l'initiale P. L'un au moins de ces Costy était sans doute d'Aguès (1), car après lui vient immédiatement un tenancier de ce village appelé « Hugo d'Aguès».

Le chapitre de l'église cathédrale de Notre-Dame de Rodez possédait au nombre de ses bénéfices le prieuré de Vimenet et il avait dans la paroisse un certain nombre de tenanciers qui lui firent reconnaissance en 1387. Parmi eux figure un Pierre Costy, du village d'Aguès (Petrus Costini, mansi de Agues), qui, le 22 mai, sous l'un des portails (infra portale) de Vimenet, reconnut tenir en emphytéose et pagésie de Hugues de Galhac, agissant comme procureur

(1) Nous ne nous rappelons pas si dans le parchemin de 1290 il était question du village d'Aguès, mais il est bien probable que les propriétés concédées aux Costy y étaient situées.

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