ij que de sa passion. Le feu sacré vit toujours dans cette âme vouée à l'amour des livres et des lettres! Car M. Brunet n'est pas seulement un bibliographe; c'est encore un bibliophile, un lettré. En travaillant pour les autres, il travaille pour lui-même. Il satisfait son goût, en nous donnant les moyens de satisfaire les nôtres. Son cabinet est un des plus beaux et des plus riches de Paris. Si quelquefois il semble blâmer les hauts prix auxquels la concurrence des amateurs a porté les raretés, les curiosités, les reliures aux armes, ne l'en croyez pas trop sur parole; c'est un hommage que sa raison se croit obligée de rendre à la morale bibliographique et aux principes sévères; la passion n'y perd rien. M. Brunet a fait ses folies comme nous tous, et serait très-capable d'en faire encore. Je l'ai vu dans les salles de vente, en proie à toutes les passions qui agitent les plus simples mortels, tantôt affecter l'indifférence et tourner le dos pendant qu'un mandataire inconnu, mais fidèle, poussait l'enchère pour lui; tantôt se rapprocher de la table par un mouvement involontaire; trahir son secret enfin, et lever le masque, luttant luimême avec vaillance contre un concurrent acharné, jusqu'à ce qu'un dernier coup lui eût assuré le livre, qu'il emportait triomphalement sous son bras, après l'avoir obtenu, il est vrai, à un prix trois fois, dix fois plus élevé peut-être que celui qu'il comptait y mettre. Je l'ai vu aussi, mais rarement, sortir vaincu et atterré. La morale reprenait le dessus alors; triste consolation! Les paroles étaient superbes, le cœur était plein de dépit. Qu'il vaut bien mieux pouvoir dire: Je l'ai payé trop cher, c'est vrai, mais je l'ai! Si ce sont là des faiblesses, elles n'en rendent M. Brunet que plus aimable et plus cher aux bibliophiles, ses confrères, et je ne doute pas qu'elles n'aient d'ailleurs grandement contribué à la popularité toujours croissante et à la perfection de son livre. Il y a mille choses que M. Brunet n'aurait pas vues si M. Brunet ne les avait pas aimées. La passion seule voit tout, comprend tout, vivifie tout, même un dictionnaire bibliographique. Il y a tel mot qui ne vous dit rien à vous, lecteur indifférent, et qui me dit tout, à moi, parce qu'il exprime un sentiment là où le simple bibliographe n'aurait énoncé qu'un sec jugement. Combien de fois ne m'a-t-il pas semblé, en feuilletant par plaisir le livre de M. Brunet, que tous ces amateurs fameux des siècles passés se relevaient devant moi, les Grolier, les de Thou, les comtes d'Hoym, les La Vallière, les MacCarthy; qu'ils m'introduisaient eux-mêmes dans leurs bibliothèques et qu'ils en exposaient sous mes yeux les richesses; ou bien que j'assistais à leur vente, et que, disposant d'une bourse intarissable, je faisais mon choix parmi ces livres qui sont les pierres précieuses, les fleurons délicats, les ravissantes superfluités de la science et de la littérature! C'est le côté séducteur de l'ouvrage de M. Brunet; c'est la part qui en revient au goût et à l'imagination. Le côté utile en est assez connu. Quel est le bibliothécaire qui puisse se passer du fameux Manuel? Quel est le libraire qui ne le consulte pas à toutes les heures du jour? Livre nécessaire, tout le monde en convient. Livre aimable et charmant, les bibliophiles seuls le sentent, et j'ai le courage de le dire. Revenons à cette cinquième édition. On assure qu'elle sera augmentée de plus d'un tiers. La partie classique en formera toujours la base aussi riche que solide. C'est le fond inébranlable qui supporte tout le reste. Les littératures étrangères y tiendront plus de place, et ce n'est que juste, puisqu'elles en ont pris une immense, à tort ou à raison, dans l'éducation et dans les études. Nous sommes tous devenus un peu Allemands et un peu Anglais, ce qui ne serait pas un mal si nous ne risquions pas, en même temps, de devenir un peu moins Français. Par compensation peut-être, toute cette vieille littérature française que nos pères, dans leur intolérance classique, méprisaient trop, je crois, a repris faveur; vieilles poésies, vieux romans, satires, contes, fabliaux, pamphlets de toute espèce: la nouvelle édition du Manuel leur sera plus largement ouverte. Les éditions originales de nos grands écrivains, qui traînaient sur les quais il y a peu d'années encore, se sont élevées tout à coup à la dignité de livres rares et recherchés, éditions originales de Corneille, de Racine, de La Fontaine, de Bossuet, de La Bruyère, et non sans raison; car ces éditions originales offrent souvent des variantes précieuses. On y retrouve le premier jet, la première pensée des auteurs, quelquefois même un texte plus pur. Il était naturel que M. Brunet leur donnât droit de cité dans son Manuel. Les livres de science, de critique, d'histoire, ont subi comme les autres leurs révolutions. M. Brunet en tient compte. Il ne me paraît un peu rigoureux que pour la littérature contemporaine; il l'était du moins dans les éditions précédentes; mais ce n'est pas à moi de le lui reprocher. Ajournons la littérature contemporaine à une sixième édition. Lorsque la première édition du Manuel parut en 1809, un savant illustre, M. Boissonade, qui en rendit compte dans ce journal même, s'exprimait ainsi : « Je commencerai << cet article par l'éloge du livre dont je dois rendre compte; c'est commencer comme << il faudrait finir. Je prévois que l'aridité du sujet m'ôtera beaucoup de lecteurs, et je « désire que ceux qui lisent au moins mes premières lignes sachent que j'ai la plus « grande estime pour la science bibliographique de M. Brunet, et que son ouvrage est « excellent. » Que dirait donc aujourd'hui M. Boissonade? Il dirait sans doute que l'ouvrage de M. Brunet, perfectionné d'édition en édition, fruit de cinquante années d'étu iv des patientes et d'observations minutieuses, est devenu le manuel classique, le chefd'œuvre de la bibliographie; il rendrait un juste hommage à cette vie modeste et laborieuse, vouée à la plus douce des études; il féliciterait M. Brunet d'avoir parcouru si noblement sa carrière, et, à un âge où le repos est un droit, quelquefois une nécessité, de conserver encore toute l'ardeur de son âme, toute la fraîcheur de ses facultés. Ce qu'aurait certainement dit dans cette occasion M. Boissonade, j'ai tâché de le dire de mon mieux; je l'ai dit de tout mon cœur; mais ma signature n'a pas l'autorité de la sienne, et voilà mon regret! NOUVEAU DICTIONNAIRE BIBLIOGRAPHIQUE CIACCONIUS CIAMPINI CIACCONIUS (Alphonsus). Vitæ et res gestæ pontificum romanorum et cardinalium, ab initio nascentis ecclesiæ ad Clementem IX, ex recognitione August. Oldoini. Roma, 1677, 4 vol. in-fol. fig. [21605] La première édition est de Rome, 1630, 2 vol. in-fol. Eædem vitæ, etc., a Clemente IX usque ad Clementem XII, scriptæ a Mario Guarnacci. Romæ, 1751, 2 vol. in-fol. fig. Ces deux ouvrages sont ordinairement réunis. Vend. 61 fr. Reina; 100 fr. Daunou; 69 fr. Libri, en 1857; en Gr. Pap. 121 fr. Soubise et La Serna. Il faut y joindre l'article suivant: VITE et res gestæ sum. pontific. et cardinal. ad Ciacconii exemplum continuatæ, quibus accedit appendix, quæ vitas cardinalium perficit a Guarnaccio non absolutas, auct. Tob. Pide Cinque et Raph. Fabrino, Romæ, 1787, in-fol. Historia utriusque belli dacici a Trajano Cæsare gesti, ex simulacris quæ in columna ejusdem Romæ visuntur, collecta. Romæ, 1616, in-fol. 130 pl. obl. 12 à 18 fr. [29478] Vend. 21 fr. de Cotte. Colonna trajana scolpita con l' historia della guerra dacica, ec., disegnata da Pietro Sante Bartoli, con l' espositione latina d' Alf. Ciaccone compendiata nella volgare lingua, accresciuta da Gio.Pietro Bellori. Roma, de Rossi, in-fol. obl. fig. [29480] Ciacconius (P.). De Triclinio, 29179. TOME II. Ce vol. contient 9 pl. prélim., y compris le frontispice et l'épître dédicat. à Louis XIV, 119 pl. formant le corps de l'ouvrage, et 9 ff. de texte. Ce morceau manque quelquefois. Vend. en m. r. 48 fr. La Valliere; 62 fr. de Cotte; en v. br. 41 fr. ancienne vente Renouard. On place quelquefois à côté de cet ouvrage le volume intitulé : PETRI CIACONII Toletani opuscula in columnæ rostratæ inscriptionem, de ponderibus, de mensuris de nummis, Romæ, typogr. vaticana, 1608, pet. in-8. ORTHOGRAPHIA columnæ Trajanæ 134 æneis tabulis insculpta utriusque belli dacici historiam continens, nunc denuo a C. Losi edita. Romæ, 1778, gr. in-fol. obl. Annoncé sous ce titre et porté à 8 thì. dans un catal. de Weigel. CIADYRGY (Ant.). Voy. MENINSKI. CIAKCIAK. Dizionario armeno-italiano, composto dal P. Emman. Ciakciak. Venezia, tipografia mechitaristica di S. Lazzaro, 1837, in-4. de 25 pp. prélim. et 1508 pp. [11718] Le même Père avait déjà publié un Nuovo Dizionario italiano-armeno-turco, Venezia, tipogr. armena, 1829, in-8. CIAMPI (Seb.). Vita Caroli Magni. Voyez TURPIN. CIAMPINI (Joan.). Vetera monimenta, in quibus præcipue musiva opera, ædium structura, ac nonnulli ritus dissertationibus illustrantur. Romæ, 1690-99, Ciampi (Seb.). Notizie inedite, 9187. - Res polonicæ, 27832. - Vita di Cino da Pistoja, 30710. - Memorie di Carteromaco, 30722. - Bibliografia delle antiche corrispondenze dell' Italia colla Russia, etc., 31661. 1 2 tom. en 1 vol. in-fol. fig. 18 à 24 fr. [29253] Ce recueil, assez important, devait avoir 4 parties, mais il n'en a paru que deux. Vend. 31 fr. Reina. Synopsis historica de sacris ædificiis a Constantino Magno constructis, etc. Romx, 1693, in-fol. fig. 10 à 15 fr. [29468] Vend. 15 fr. 50 c. Reina. On trouve quelquefois dans ce volume l'ouvrage suivant du même auteur: DISSERTATIO historica de collegii abbreviatorum de parco majori erectione, etc. Romæ, 1691, in-fol. Les trois vol. ont été réimpr. à Rome, en 1747, sous le titre de Ciampini Opera, editio novissima cæteris correctior et auctior accedunt ejusdem Ciampini opuscula quædam selectiora; item appendix seu notæ et auctoris vita. Examen libri pontificalis Anastasii, 21600. CIATTI (Fel.). Memorie, annali et istoriche delle cose di Perugia, raccolte dal R. P. M. Felice Ciatti, distinte in tre parti, nelle quali si descrive con varia eruditione, Perugia, etrusca, romana et augusta. Perugia, Angelo Bartoli, 1638, in-4. Haym dit qu'il n'a paru qu'un seul volume de cet ouvrage; cependant l'exempl. vendu 28 fr. Libri, en 1857, en contenait un second, dans lequel, à la vérité, le titre et les derniers feuillets qui, dit-on, n'ont pas été imprimés, manquaient. CIBALDONE. Opera utilissima a conser varsi sano. (absque nota), in-4. [14871] Livret très-rare, composé de 20 ff. seulement, impr. en beaux caract. romains, sans chiffr., réclam. ni signat., vers la fin du xve siècle. La première page est entièrement remplie par la description du contenu du vol., et commence ainsi : Opera de lexcellentissimo physico magistro Cibaldone electa fuori de libri autentici di medicina utilissima a conservarsi sano. Ensuite sont deux petits poëmes, l'un en terza rima, commençant: Questa e uerace autentica doctrina l'autre en scstine, commençant: A uoler seruar la sanitade. Ce précieux opuscule n'a été vend. que 13 sh. 6 d. Pinelli (IV, n° 1893), mais il vaut davantage maintenant. Il y en a un exempl. porté dans la Biblioth. crofts., n° 2474, sous la date dell'an. M. D. Libro tertio de lo Almansore chiamato Cibaldone. Stampato per Martio Zano da Trino in Venetia (senz' anno), in-4. de 6 ff. à 2 col. sig. A. fig. en bois. Opuscule impr. vers la fin du xve siècle ou au commencement du XVI. C'est un traité d'hygiène en vers qui paraît avoir beaucoup de rapports avec l'ouvrage précédent, si ce n'est le même avec quelques changements dans la rédaction. La première page est ornée d'un encadrement et de diverses figures. 69 fr. mar. r. Libri, en 1847. - Incomincia il libro tertio dello Almansore overo Cibaldone. - Brixie per Da mianŭ et Jacobũ Philippũ. (s. d.), in-4. de 6 ff. à 2 col., 44 vers par page, caract. demi-goth. Édition du commencement du XVIe siècle. (Molini, Operette, p. 113.) Une autre édition de ce Libro tertio, imprimée à Brescia, per d. Bapt. de Farfengo, sans date, in-4. de 4 feuillets à 2 col. en caract. goth., est décrite dans Della Tipografia bresciana Memoric de M. Lechi, p. 80. CIBOLE (Rob.). La sainte meditation de lhomme sur soimeme. Imprime pour Simon Vostre a Paris (1510), pet. infol. goth. de 86 ff. à 2 col. [1701] A la fin du vol. se lit la souscription latine ainsi conçue: Finis hujus operis quod... dicitur completum Arzileriis anno dñi millesimo quingentesimo decimo. Un frère Pierre Le Febvre, confesseur de CharlesQuint, a donné de ce livre une seconde édition augmentée (d'un traité des grâces et opérations du Saint-Esprit) sous le titre suivant: LIVRE très-utile de sainte méditation de l'homme sur soy mesme, etc. Lovain, Ant. Mar. Bergangne, 1556, in-4. Édition remarquable surtout par ses lettres grises qui représentent différents animaux fort hardiment dessinés (catal. Crevenna, no 850). Gillet couteau M. Quicherat a donné dans les tomes III et V du Procès de la Pucelle (voy. PROCÈS) des extraits des Cibber (Colley). Works, 16903. |