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Soutenez bien ce nom que vous fites connaître,
La gloire est un dépôt que l'on doit assurer.
Si vous ne montez pas, vous tomberez peut-être;
Plus on acquit d'honneur, plus on doit s'illustrer.
Le signe des héros flatte votre espérance;
Sublime récompense

Pour qui peut s'en parer!

Du vainqueur de Vurtchen vous possédez l'estime ;
Votre chef en reçut un gage glorieux (2).

Espérez. Rien n'échappe à son regard sublime,
L'aigle voit de moins haut la profondeur des cieux,
Et lorsqu'il fut contraint d'ensanglanter la terre,
Le terme de la guerre

Etait devant ses yeux..

Ah que ce doux soleil sur l'horizon se lève !
De ses rayons, amis, qu'il dore nos guérets,
Soudain je prends ma lyre, appuyé sur mon glaive
J'ai chanté les combats, jè célèbre la paix ;
Troubadour et guerrier. j'en goûte tous les charines :
Fier d'avoir pris les armes,
Heureux d'être Français:

Alors je veux redire aux rivaux de la France:
Dans un frivole espoir vous avez combattu;

Rien ne peut d'un grand homme ébranler la constance,
Il doutera du sort et non de sa vertu.

Grand, s'il ne tombe pas, plus grand's'il se relève,
Tant qu'il possède un glaive

Il n'est pas abattu.

Les exploits de Lutzen sont dans votre mémoire,
Gustave en est jaloux. Frédéric étonné

Aux lauriers de Vurtchen refuse encor de croire ;
Dans son rapide essor le vainqueur s'est borné,
Les arts suivent la paix qui suivit la victoire;
De cette triple gloire

Son front est couronné.

J. B. BARJAUD, officier au 37e régiment d'infanterie légère et chevalier de l'ordre impérial de la Réunion.

(2) La croix d'officier de la Légion-d'Honneur,

ÉLÉGIE SUR LA MORT D'AUGUSTE CH....D,

Enlevé à vingt-deux ans à l'amitié et aux arts.

IL s'asseyait à peine au banquet de la vie
Et de son existence expire le flambeau !.....
Ma voix l'appelle en vain, sa dépouille chérie
Repose pour jamais dans l'ombre du tombeau.
Si l'Eternel touché par ma prière

Et par les vœux qu'exprimait ma douleur,
Avait prolongé la carrière

De l'ami, que toujours regrettera mon cœur;
On aurait vu sur sa tête blanchie
Après soixante hivers de succès éclatans,
La Gloire, noble but des travaux du génie,
De lauriers immortels couronner ses vieux ans.
Favoris des neufs sœurs, dans son heureux délire,
D'Horace et de Lebrun partageant les transports
Peut-être sous ses doigts aurait frémi la lyre,
Qui devait rappeler leurs sublimes accords;
Ou bien, des bons mots de Catule,
Imitant l'aimable gaîté,

Il eût avec légéreté

Contre les sots lancé le ridicule,

Ou guidé l'amour sur les

par

pas de Tibule,

Chanté comme lui la beauté.

Ah! je rêvais sa gloire... et la fièvre brûlante

A porté la mort dans son cœur

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Le poison des chagrins avec elle y fermente,
Et rien n'arrête leur fureur.

Pour s'opposer à ces ravages,

Tous les secours de l'art deviennent impuissans,
Mon ami va tomber à la fleur de ses aus

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Comme un jeune arbrisseau battu par les orages.
Grâces, vertus, génie, amours
Arts, brillans séducteurs qu'il aima dès l'enfance,
Accourez tous à sa défense,

Contre le mal affreux qui dévore ses jours.

En vain je les appelle.... Hélas sa voix mourante
Murmure à peine un son demi formé ;

Il veut presser ma main de sa main défaillante,
Et dans mes bras il tombe inanimé......

Pour lui cette heure est la dernière...
Une éternelle nuit se répand sur ses yeux;
Ses regards expirans sont levés vers les cieux,
Et le dernier sommeil s'étend sur sa paupière...
Lorsque le ciel dans sa rigueur,
Détruit cette chaîne si tendre

Qui liait mon cœur à son cœur,

Je sens pour moi qu'il n'est plus de bonheur, Et qu'à me consoler je dois en vain prétendre.

O mon ami, les yeux baignés de pleurs,
Tous les printems on me verra répandre
Sur le tombeau qui renferme ta cendre,
Les doux parfums et les brillantes fleurs.
En te donnant ce triste et dernier gage
D'une amitié que, dès notre jeune âge
Le goût des arts se plaisait à nourrir,
Mon cœur consacrera le touchant souvenir
Des vertus, des talens, qui furent ton partage,

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LOGOGRIPHE

J'ACCOMPAGNE toujours les habitans des mers;
Ma tête mise à bas je vole dans les airs.

V. B. (d'Agen.)

CHARADE.

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POUR mon premier je le laisse à la gamme,
Il est bien là; mais mon dernier
C'est autrement je le réclame,
Et pourvu que jamais il ne soit mon entier,
Très-volontiers j'en fais ma femme.

S.....

!

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est Palais (château) et palais (de la bouche.) Celui du Logogriphe est Samos, dans lequel on trouve : amo. Celui de la Charade est Carnage.

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LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

MÉDÉZ; roman mythologique; par M. NÉE DE LA ROCHELLE, juge-de-paix à la Charité-sur-Loire. Quatre vol. in-12, fig.Prix, 12 fr., et 15 fr. frane de port. A Paris, chez Arthus-Bertrand, libraire, rue Hautefeuille, no 23.

Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée, dit le proverbe. Combien de fois Médée, chez les morts, malgré l'honneur qu'y eut son ombre de contracter une ombre de mariage avec l'ombre d'Achille, put elle reconnaître et proclamer la vérité de cet adage, si toutefois elle recevait aux Champs-Elysées des nouvelles de ce bas monde ; si les nouveaux venus lui apprenaient de quelles couleurs elle était peinte par les gazetiers du tems et par les poëtes de la Grèce? Combien de fois aussi a-t-elle dû regretter de n'avoir pas mieux su, avec toute sa magie et sa Toison d'Or, se soumettre les régulateurs de l'opinion, protéger, encourager les talens des distributeurs de la renommée, et mériter les chants de leur reconnaissance. Aujourd'hui une femme aussi supérieure que l'était Médée, saurait bien, avec moitié moins de charmes, et n'eût elle que celui de l'éclat d'un trône, savourer par avant-goût le nectar poétique de ces éloges précurseurs de ceux de la postérité; elle verrait une facile indulgence diviniser ses aimables faiblesses; elle étendrait à son gré sur d'autres écarts un peu moins anacreontiques les vastes replis du manteau de la politique; elle pourrait même, de son vivant, si cela était son bon plaisir, ordonner les apprêts, jouir de la pompe de son apothéose,... Oh! décidément, cette pauvre Médée fut bien mal servie par ses contemporains: elle eut des secrets pour dompter ou endormir les plus furienses bêtes et elle ne sut pas plier à son gré la complaisance du plus petit poëte: elle connut des sime

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