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A MADEMOISELLE JOSEPHINE B***.

DE Cypris, à mes yeux, la peinture divine,
Parut long-tems manquer de vérité ;
Mais dès que je vous vis aimable Josephine
Je crus sans peine à sa réalité.

Par M. ***.

Des

ÉNIGME.

JE suis une étroite maison
Qu'on habite en toute saison;
Elle n'a porte ni fenêtre,
Attendu que jamais le maître
Ne sent naître en lui le désir
De voir au-dehors, ni sortir.
Toujours dans la même attitude
Il est là, dans la solitude,

Exempt de toute inquiétude.

songes creux lisant dans l'avenir, Prétendent qu'il n'est là que pour y reverdir: Non plus que Rabelais je n'y puis rien connaître, Et je dis comme lui que c'est un grand peut-être.

S.......

LOGOGRIPHE.

JE suis chez les Mahométans
Le cousin germain des sultans,
Et je dois au sang de ma race
Et mon turban vert et ma place.
Retournez-moi ; j'offre à vos yeux
Ce que cherche un pauvre poëte;
Sur quatre pieds, saint radieux,
Les bons Français chomaient ma fête;
Ou je suis (si vous l'aimez mieux),
Ce point que, par un coup-d'œil juste,
Atteint le chasseur qui l'ajuste à

Sur trois, le nom qu'un troubadour
Donne à l'objet de son amour;

Ou bien une plaine sans terme,
Toujours mobile et jamais ferme ;
Ou bien enfin de la fureur

Je suis la compagne et la sœur.
Sur deux, on me voit dans la game
En deux lieux bien voisins briller;
Mais je m'enroue à tant parler,
Devinez, Monsieur ou Madame.

H. L. S.

CHARADE.

A Paris aisément plus d'un compilateur
Par mon premier se fait auteur.

Mon dernier est le nom de cet usurpateur

Qui des deux fils d'un roi fomenta la querelle.
Joyeux jusqu'à son dernier jour,
Mon tout auprès de mainte belle,

Jadis sur sa lyre immortelle

Chanta Bacchus, chanta l'Amour.

V. B. (d'Agen.)

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est Amadoue.

Celui du Logogriphe est Centurion, dans lequel on trouve : cein

turon.

Celui de la Charade est Carlin.

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LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

ŒUVRES CHOISIES DE BARTHE. Édition stéréotype d'après le procédé de Firmin Didot.- Un vol. in-18.

UNE jolie comédie, plusieurs épîtres qui rappellent la manière de Gresset, et des pièces légères remplies de facilité et de grace, ont fait la réputation de Barthe, dont les ouvrages n'avaient jamais encore été recueillis. Ce poëte a beaucoup travaillé pour le théâtre, où il a obtenu des succès; mais deux de ces pièces seulement, les Fausses Infidélités et la Mère jalouse, sont restées au répertoire. La première est un petit chef-d'œuvre, dont l'intrigue parfaitement conduite se dénoue d'une manière très-heureuse. Le comique en est vrai et naît du contraste des caractères, qui donne lieu à plusieurs situations piquantes; le dialogue est vif, naturel et franc, les vers sont heureusement tournés, le style a la facilité, l'élégance, la verve que la nature du sujet exige, et s'il pétille d'esprit, c'est celui de la bonne comédie et non cet esprit alambiqué et ce persiflage continuel, qui règnent dans l'Impertinent de Desmahis, et dans la Feinte par amour de Dorat; pièces que certains critiques ont voulu mettre à côté des Fausses Infidélités.

Mais si Barthe montra, dans cet acte charmant, qu'il savait bien tracer une petite intrigue et donner à son développement toute l'action qu'il comporte, il n'en fut pas de même lorsqu'il essaya la haute comédie, parce que l'esprit de saillie et le goût ne suffisent pas pour consommer ce grand œuvre qui demande toutes les ressources du génie réunies au talent d'observer. Je ne parlerai pas ici de l'Homme personnel parce que Barthe échoua complètement, lorsqu'il voulut peindre ce caractère dont il fit une comédie plus mauvaise encore que PEgoïste de Cailhava; mais comme la Mère jalouse a été recueillie dans l'édition que j'annonce, je saisirai

MERCURE DE FRANCE, SEPTEMBRE 1813. 489

cette occasion pour prouver que l'auteur des Fausses Infidélités a méconnu son talent, en traitant la haute comédie.

La première obligation d'un poëte comique, est de bien choisir le caractère qu'il veut mettre en scène. Ce choix ne peut être que le résultat d'une longue observation de l'homme en particulier et des hommes en général; il demande toutes les méditations d'un esprit accoutumé à réfléchir sur les vertus et les vices des classes nombreuses dont se compose la société, et il faut bien sur-tout se garder de prendre les modifications et les nuances d'un caractère pour autant de caractères particuliers, car de simples variations, telles que celles que peut offrir l'Intrigant, par exemple, ne doivent présenter que des traits vagues, si on les isole d'un ensemble qu'elles contribuent à faire connaître. Il ne faut pas non plus que des travers passagers et des vices extrêmement rares deviennent le sujet d'un ouvrage destiné à nous amuser en nous donnant des leçons, parce que le poëte manque son but s'il met sous les yeux des spectateurs, des mœurs dont le plus grand nombre ignore l'existence.

Une mère, jalouse de sa fille jusqu'à vouloir l'éloigner des lieux qu'elle habite pour n'être pas effacée par elle, est un caractère bas et odieux, dont il ne peut résulter aucune espèce d'intérêt dramatique, dans quelque situation qu'on le place. C'est d'ailleurs un être hors de la nature, dont le cœur d'une mère n'a jamais pu offrir l'idée. Je sais que les femmes sont d'une discrétion à toute épreuve lorsqu'il s'agit de leur âge, je sais que bien loin de dévoiler un pareil secret, elles donnent de fréquens démentis à leur acte de naissance, mais il y a bien loin du désir de passer dans le monde pour la sœur aînée de sa fille, à une jalousie aussi hideuse que celle de Mme de Melcour.

Le sujet que Barthe a choisi est donc mauvais, puisqu'il n'appartient pas à l'ordre naturel des passions ou des vices, et si par hasard ce caractère odieux existe, les exemples en sont tellement rares qu'il était inconvenant de le mettre sur la scène.

Voyons maintenant si le poëte a été plus heureux dans la peinture que dans le choix du sujet.

Dans une pièce à caractère, tout doit concourir à le développer. L'individu qu'on veut peindre paraît-il devant nous, il faut que ses actions, ses discours, ceux des personnes qui l'entourent et divers incidens habilement ménagés tendent au même but; est-il hors de la scène, tout doit être combiné de manière à ce qu'il no sorte pas un instant de notre pensée; sinon la comédie, quel que soit le mérite des détails, ne vaut absolument rien.

On sent, après cela, qu'il faut bien concevoir un caractère, apprécier ses nuances, déterminer ses modifications et ses rapports avec d'autres caractères connus, faire habilement jouer les ressorts qui le mettent en jeu et le placer dans des situations propres à son développement, pour que la pièce acquière ce degré de perfection que l'esprit humain peut donner à ses concep

tions.

L'auteur de la Mère jalouse n'a pas fait toutes ces réflexions avant de tracer son plan, c'est pour cela qu'il est si mauvais. En effet, le principal personnage ne se rend jamais compte de la nature des sentimens qu'il éprouve. On est long-tems à savoir quels sont les motifs qui le font agir, et après le premier acte, entièrement consacré à l'exposition, le spectateur n'est pas encore au fait de l'action qui va s'engager, et n'a qu'une idée bien vague de la jalousie de Me de Melcour.

L'action se noue au second acte d'une manière trèsbrusque; on commence à voir alors que l'intention de la mère est de marier sa fille à un provincial pour l'éloigner d'elle. La jeune personne douce et timide a un amant passionné, mais la mère que l'auteur rend un peu coquette pour motiver sa jalousie, se persuade qu'elle est adorée par l'amant de sa fille, et quand celui-ci se jette à ses pieds pour lui demander la main de Julie, elle s'attend à une déclaration et ne peut cacher sa surprise en découvrant qu'on ne pense nullement à elle. Alors elle fait tous ses efforts pour accélérer le mariage de sa fille avec un étranger; tandis que les jeunes amans et ceux qui s'intéressent à leur sort, travaillent à prévenir

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