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27. Item un livre couvert de parchemin contenant plusieurs estampes qui représentent les Antiquités, les Eglises, les Palais, les fontaines ornées de Rome, les statues, et les pierres gravées antiques.

28. Item toutes celles de mes estampes qui représentent les portraits de ressemblance de Roix, Princes, Généraux d'armées, Cardinaux, Archevêques, Evêques, Abbés, Ministres d'Estat, Ambassadeurs, Envoyés et autres personnes de distinction, gravés d'après les plus habiles peintres par les meilleurs graveurs.

29. Item une grande carte de Paris en plusieurs feuilles réunies, collées sur toile, de mesme mesure avec le rouleau noir et la gorge noire.

30. Item une grande vue de Londres en plusieurs feuilles réunies, collées aussi sur toile, de mesme avec le rouleau noir et la gorge noire.

31. Item une grande carte de l'Isle de Malthe et du Goze, colorée et dessinée par un sçavant ingénieur, où sont marquées toutes les batteries pour la défense de la dite Isle.

32. Item un plan très exact de la ville et des ports de Malthe, aussy dessiné par un sçavant ingénieur; il est collé comme la précédente carte et il a une bordure noire.

33. Item deux grandes vues de la fameuse Tour de Cordoüan sur la mer à l'embouchure de la Garonne, dont l'une représente l'extérieur et l'autre l'intérieur de cet édifice; elles sont dessinées et colorées, et elles m'ont esté données par Monsieur de Beauharnois, Intendant de marine à Rochefort; elles sont collées sur toile avec leur rouleau noir et leur gorge noire.

34. Item un traité d'optique in quarto sur les réflexions, réfractions, inflections et les couleurs de la lumière, par l'illustre Chevalier Isaac Newton, Président de la Société Royale de Londres, qui me le fit remettre de sa part le 14 septembre 1722 par feu Monsieur Varignon, Professeur en mathématique au Collége Royal de Paris; ce livre est couvert de marroquin rouge doré sur tranche. J'y joins la lettre latine que le susdit Isaac Newton me fit l'honneur de m'écrire le 22 octobre 1722.

35. Item deux traités de la théorie de la manœuvre des vaisseaux dont l'autheur, feu Monsieur le Chevalier Renau, de l'académie Royale des sciences et Lieutenant Général des armées de France, me fit présent le 15 avril 1717.

36. Item un livre in quarto intitulé Coutume générale d'Artois, avec des nottes historiques par le sçavant Monsieur Maillart, avocat au Parlement de Paris, qui m'en fit un don le 15 may 1715.

37. Item un volume in quarto intitulé histoire des démêlés de la Cour de France avec la Cour de Rome au sujet de l'affaire des Corses. Ce livre est rare et a esté imprimé sans nom de libraire ni de lieu en 1708.

39 (sic). Item un livre in folio intitulé Tables généalogiques et historiques des Patriarches, Roix, Empereurs et autres Princes depuis la création du monde jusqu'à présent, par Claude de l'Isle, géographe et historiographe; ce livre a esté gravé en 1718 et non imprimé.

40. Item un livre relié dont les estampes représentent tous les colléges de l'université d'Oxford que j'ay achepté en Angleterre.

41. Item le portrait peint à huyle, avec sa bordure dorée, de l'illustre Monsieur le Maistre, avocat au Parlement de Paris; il est de la main du fameux peintre Le Fèvre.

42. Item mon portrait peint à huyle à Paris en 1714 par l'habile Monsieur de Largillière, Directeur de l'Académie royale de peinture et de sculpture; les deux mains y sont représentées sçavamment. Il est dans sa bordure sculptée et dorée.

43. Je donne et lègue encor à la susdite Bibliothèque de Genève un livre in quarto imprimé à Naples 1733, intitulé Abecedario Pittorico, où il est traité des noms des plus fameux peintres anciens et modernes et de leurs ouvrages par ordre alphabétique.

Je supplie très respectueusement nos Seigneurs du Conseil de la République de Genève, ma patrie, de vouloir faire attention à ce que tous les legs susdits que j'ay l'honneur de faire icy à la dite Bibliothèque de cette ville ne reçoivent aucune altération à quelque titre que ce soit, d'aliénation ou de subrogation.

Les faits que j'ai rappelés et les pièces inédites qui les accompagnent montrent suffisamment que Jacques-Antoine Arlaud fut un homme de bien, un citoyen dévoué. Genève se souviendra d'un de ses enfants qui, après une vie laborieuse, après s'être acquis une grande réputation comme artiste, s'est plu à orner l'un des établissements publics de sa patrie, en lui léguant quelques-unes de ses œuvres, en lui faisant part des biens qu'il devait à son honorable caractère non moins qu'à son beau talent. Th. H.

Taxé 39 fl. 4 s. 6 d. (18 fr. 18 c.)

DÉBRIS DE L'INDUSTRIE HUMAINE

TROUVÉS

DANS LA CAVERNE

FOUILLES DE 1864

DE BOSSEY

Je venais de lire le travail si remarquable qu'a publié M. Lartet sur les cavernes du Périgord ', lorsque, par une belle matinée de l'été dernier, je visitai avec quelques amis les cavernes et les grottes du Salève, situées au-dessus de Bossey, entre la Grande Gorge et le Coin. Encore sous l'impression de cette lecture, je creusai à l'aide d'un marteau et de mes mains un trou à l'ouverture de l'un de ces antres obscurs. La terre en était noire et présentait des traces de charbon et de cendres. Bientôt je découvris des os brisés d'animaux; enfin je retirai des tessons de poterie grossière avec grains de quartz. Il n'y avait pas à s'y tromper, j'avais sous les yeux des traces bien évidentes de l'existence des populations primitives de nos contrées; je venais de toucher le seuil d'une de ces demeures occupées par les premiers habitants de la Savoie: une page importante de l'histoire du passé était imprimée devant moi en caractères ineffaçables ; tout un monde inconnu se déroulait devant mes yeux.

Pour atteindre cette caverne, située à environ 200 mètres au-dessus de la plaine, il faut monter par un petit sentier en zigzag au travers d'un bois de noisetiers et, en se rapprochant des rochers abruptes du Mont-Salève, on gravit une moraine de

1 Voir la Revue archéologique de 1864.

rocailles où le sentier se perd. Après avoir opéré une véritable escalade sur une pente de 40 à 45 degrés, on se trouve à l'entrée d'une cavité naturelle ouverte dans la paroi calcaire de la montagne (planche I). Cette cavité forme un arc mesurant 11 mètres 25 centimètres de largeur sur 1 mètre 95 centimètres de hauteur, la profondeur en est de 7 mètres 50 centimètres ; dans un des côtés s'ouvre un large couloir qui s'élève dans les profondeurs de la montagne; une énorme pierre détachée de la voûte intercepte une partie de l'entrée et l'ouverture est tournée vers le nord-ouest: tel est l'aspect de la caverne de Bossey, appelée par les gens des environs la caverne de l'Ours.

Depuis le jour où j'ai découvert ces vestiges humains, j'ai continué mes fouilles. Ne pouvant y consacrer que le dimanche, mon travail a marché lentement; mais par contre j'ai fait là une abondante récolte de fragments de poteries ornées de moulures variées; des monceaux d'ossements d'animaux ont été mis au jour, et enfin des instruments tout à fait primitifs sont venus enrichir mes collections.

D'après la couche des objets recueillis, il est facile de reconnaître que cette caverne a été habitée à trois époques différentes, ou tout au moins pendant l'époque lacustre ou celtique et l'époque romaine, puis visitée dans ces derniers temps par des renards ou autres carnassiers.

L'époque lacustre est représentée par les fragments de plus de 40 vases de formes différentes, ayant la plupart des bords artistement ornementés, à l'aide, soit de petits poinçons, soit des doigts (planches II, figures 1, 2, 3, 4, 5 et 6; planche III, figures 1 et 2; planche IV, figure 1, et planche V, figures 1, 2 et 3). Nombre de débris portent encore l'empreinte des ongles (planche III, figure 4, et planche IV, figures 2 et 3); un fragment est sillonné de petites raies faites avec un instrument à pointe effilée (planche V, figure 4). On peut encore voir dans les moulures d'un bord de grand vase l'empreinte des nervures d'une feuille de noisetier (planche III, figure 2); parmi ces

débris, il a été trouvé plusieurs anses de vases d'assez bonnes formes (planche V, figures 5 et 6). Ces poteries, toutes faites à la main, sont pétries avec de petits cailloux brisés exactement de la même manière que celles que j'ai déjà recueillies sur l'emplacement lacustre des Eaux-Vives et de la Belotte, en un mot, comme toutes les poteries grossières de nos lacs.

On peut encore regarder comme faisant partie de l'époque lacustre, cinq instruments, dont le plus remarquable, de 15 centimètres de longueur, est fait d'un péroné d'ours brun (planche VI, figure 1). La plupart de ces instruments sont amincis à l'une de leurs extrémités, figures 1 et 2, probablement pour percer les peaux des animaux tués à la chasse, dont ces populations devaient se vêtir, et les autres sont taillés en forme de poinçons et destinés à ornementer les vases fabriqués sur les lieux mêmes, figures 3 et 4. Connaissant l'économie du temps, ces troglodytes ont choisi avec un soin tout particulier les os que leur forme naturelle adaptait le mieux à l'usage des outils qu'ils avaient en vue, comme il est facile de s'en convaincre d'après l'inspection de chacun d'eux.

On peut pareillement classer dans cette époque un marteau en pierre (planche IV, figure 4), un peson de fuseau en terre cuite (planche VI, figure 5) et une coquille, Cardium tuberculatum de la Méditerranée, figure 6. Cette coquille marine, sillonnée de profondes cannelures, est percée d'un trou rond à l'une de ses extrémités; elle doit avoir servi d'amulette. Il y a une trentaine d'années qu'on avait déjà découvert dans une grotte du Salève, avec d'autres objets travaillés, une coquille à peu près semblable (voir la description qu'en a donnée M. Troyon dans l'Indicateur d'antiquités suisses, 1855, page 51).

Tous ces objets ont été recueillis à peu de distance les uns des autres, au milieu de charbons, de cendres et d'ossements concassés, gisant sous une couche épaisse de terre excessivement noire.

Les débris de la table et les tessons de poterie sont en plus

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