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campagnes de 1761 et de 1762, en qualité de maréchal-généraldes-logis de l'armée; et le 22 septembre de cette dernière année, il reçut encore une blessure grave à la prise du château d'Amoncburg, près de Marpurg. Nommé successivement commandant en chef de la gendarmerie, gouverneur-général de la Flandre et du Hainaut, et ministre de la marine, en 1780, il fut promu, en 1783, à la dignité de maréchal de France. Il émigra au commencement de la révolution, et se retira d'abord auprès du duc de Brunswick, qu'il avait vaincu à Closter Camp, trente ans auparavant. Faisant partie de l'expédition que les émigrés et les Prussiens tentèrent si malheureusement, en 1792, par l'invasion de la Champagne, le maréchal de Castries avait sous ses ordres une division de l'armee dite des Princes. Il mourut à Wolfenbuttel, le 11 janvier 18 dans la 74 année de son âge. Plus brave militaire qu'habile ministre, il avait montré dans ce dernier poste moins de talent que de désintéressement et de probité. CASTRIES (ARWAND-CHARLESAUGUSTIN, DUC DE), pair de France, fils du précédent, combattit, avec le grade de colonel, pour l'indépendance américaine. De retour en France il fut nommé, en 1789, député aux états-généraux par la noblesse de Paris. Mais partisan zélé du pouvoir absolu dans sa patrie, il soutint avec opiniâtreté toutes les prérogatives de l'ancien ne monarchie, lui qui, dans le Nouveau Monde, avait défendu les principes de la liberté, et répandu son sang pour elle. Le contraste

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des nouvelles opinions du duc de Castries avec celles du comte Charles de Lameth, son ancien frère d'armes, et alors.son collègue à l'assemblée nationale, amena entre eux un duel, où cet ami de la liberté fut blessé. Le lendemain, l'hôtel de Castries fut pillé par le peuple, qui voulut venger ainsi le défenseur de ses droits. A cette occasion le duc de Castries écrivit au président de l'assemblée qu'il se voyait obligé de quitter la France, et qu'il attendrait un congé à Lausanne en Suisse. Au mois de mars 1792, les députés Malouet et de Lautrec firent de vains efforts pour empêcher qu'il ne fût porté sur la liste des émigrés. Vers le milieu de 1794, le duc de Castries organisa, pour le compte de l'Angle. terre, un corps d'émigrés français, qui alla servir en Portugal à la fin de l'année suivante. Rentré en France, à l'époque de la restauration, il fut nommé successivement pair, lieutenant-géné ral et commandant de la 15e division militaire, à Rouen, sous les ordres du maréchal Jourdan, gouverneur. Si l'on en croit les auteurs de la Galerie historique des contemporains, il y avait fait, par >> une conduite inconsidérée, de >> nombreux ennemis à la maison » de Bourbon.» Quand Napoléon revint de l'île d'Elbe, le duc de Castries se retira en Angleterre, d'où il se rendit en Belgique. Depuis le second retour du roi, il a repris ses fonctions à la chambre des pairs.

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CASTRO (DON Joseph-Rodrigue DE), savant helléniste, bibliographe espagnol, et bibliothécaire

du roi, naquit en Galice vers 1739. Après avoir fait de grands progrès dans les langues anciennes, il venait de terminer ses études, lorsqu'il publia, à l'âge de 20 ans, un petit poëme en hébreu, en gred et en latin, sur l'avénement de Charles III, sous ce titre : Congratulatio regi præstantissimo Carolo, quòd clavum Hispaniæ teneat, 1759. L'ouvrage obtint le suffrage unanime des savans les plus distingués, qui s'étonnèrent de voir ces trois langue possédées avec tant de perfection par un auteur si jeune encore. Castro fut choqué des défauts de la Bibliotheca Hispana rédigée par don Nicolas Antonio, qui avait omis, entre autres chosés, les articles biographiques des Arabes et des rabbins espagnols, faute de connaître les langues savantes. Il entreprit en conséquence une nouvelle Bibliothéque espagnole sur un meilleur plan, et après avoir travaillé pendant six ans consécutifs à la recherche des manuscrits anciens, il fit paraître, en 1781, le 1er volume de son ouvrage. Les savans nationaux et étrangers l'accueillirent avec en thousiasme, et s'empressèrent de fournir à l'auteur des matériaux précieux pour la continuation de ce travail intéressant. Castro coopéra à la rédaction de la Bibliothéque grecque, publiée par Jean Yriarte, qui, dans la préface de cette compilation, donne les plus grands éloges aux vastes connaissances de son collaborateur. Don Castro mourut à Madrid, en1799. CATALANI (MADAME ANGÉLIQUE), née à Sinigaglia, vers 1785. La plus brillante, et non la pre

mière cantatrice de l'époque; par la rapidité, la flexibilité, l'incroya ble étendue de sa voix, elle étonne encore aujourd'hui l'Europe qu'elle parcourt. C'est un instrument musical très-exércé, trèssouple, et dont le clavier est immense. Quant à cette pure et douce expression, que l'on peut appeler l'âme du chant, MTMe Catalani en est totalement dépourvue. Sa voix tout instrumentale exécute avec le plus grand bonheur ces difficultés bizarres, ces gammes chromatiques et enharmoniques, ces arpeggiatures, ces trilles sans fin, ces points d'orgue qui embrassent trois ou quatre octaves dans leurs modulations. A 16 ans, elle débuta à Rome avec un prodigieux succès, visita Lisbonne et Paris, passa en Angleterre, où elle gagna des sommes immenses pendant un séjour de quelques années. « Les bourses anglaises, dit le poète Byron, se souviendront long-temps de toi, >> miraculeuse Catalani, et des pan»talons brodés qui te valurent » 40,000 francs en une soirée. » Dans un opéra italien, elle avait joué un rôle turc, et Londres tout entier était accouru pour la voir et l'entendre. Il n'appartient pas à la gravité de l'histoire de chercher quels secrets rapports pouvaient se trouver entre une excellente chanteuse et la politique, et pourquoi l'on vit Mme Catalani paraître, échapper aux regards, revenir et fuir tour à tour, suivant les variations des événemens qui agitaient l'Europe. Quoi qu'il en Soit, elle vint à Paris en 1815, et obtint la direction de l'OpéraBuffa, que bientôt une gestion au

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moins imprudente l'obligea d'abandonner, Le mauvais choix des onvrages et des acteurs, l'élimination des cantatrices qui pouvaient lui faire quelque ombrage, la mutilation des partitions dans la vue de faire briller sa voix; tels sont en partie les reproches que ses partisans eux-mêmes ne lui ont pas épargnés. Elle a repris le cours de ses tournées, et conti nue de prélever sur les cours et sur les capitales de l'Europe un impôt que les amateurs payent au plaisir, et que la mode impose à la foule des oisifs de bon ton.

CATEL (CHARLES-SIMON), né à L'Aigle en 1773. Un goût inné pour la musique l'amena fort jeune à Paris, à l'époque où Sacchini, après la mort de Gluck, y tenait le sceptre musical: frappé des grandes dispositions du jeune Catel, Sacchini le fit entrer à l'école royale, où il apprit la composition sous Gossec, qui en fit son élève d'adoption. Catel, en 1790, fut attaché au corps de musique de la garde nationale, en qualité de compositeur-adjoint à son maître Gossec. C'est pour cette armée civique qu'il composa les recueils de marches et de pas militaires, si énergiques et si brillans, que les soldats français ont fait tant de fois entendre à l'ennemi avant la victoire. La première production qui signala le talent de M. Catel pour les grandes compositions, fut un De Profundis à grand orchestre, exécuté en 1792 à l'occasion des honneurs funèbres que la garde nationale parisienne rendit à son major-général Gouvion. La nécessité de faire entendre la musique dans les

fêtes nationales, l'insuffisance et les inconvéniens des instrumens à corde pour ce genre d'exécution, déterminèrent M. Catel à composer des symphonies pour les seuls instrumens à vent, et des choeurs à grand orchestre, dont les accompagnemens n'exigeaient aucun instrument à corde, Le premier essai d'une composition de cette espèce se fit aux Tuileries, le 11 messidor an 2, dans l'hym❤ ne à la Victoire, sur la bataille de Fleurus, dont Le Brun avait fait les vers; il obtint un succès d'enthousiasme. Dans les chants que Catel fit ensuite avec Chénier et Le Brun; dans ceux que composèreut Gossec, Méhul, Chérubini, Martini, Le Sueur et Berton pour les fêtes nationales, on n'employa plus que les instrumens à vent, En l'an 3, époque où s'organisa le conservatoire de musique, M. Catel fut nommé professeur d'harmonie, et justifia ce choix, peu de temps après, en composant un Traité d'harmonie qui a fait école, et qui détermina l'abandon du système de la basse fondamentale. établi par Rameau, et sur lequel d'Alembert, Roussier et d'autres savans ont écrit des volumes sans pouvoir s'entendre. L'école d'Italie n'avait sur ce point aucune théorie; celle d'Allemagne flottait entre plusieurs systèmes; le principe sur lequel repose la théorie de M. Catel répond à tout, et n'admet aucune exception. Cet habile my. sicien est celui des professeurs du conservatoire qui a le plus contribué à la composition des ouvra. ges élémentaires adoptés en France pour l'enseignement de toutes

rend maître de la ville où se trouvent plusieurs pièces d'artillerie. Réuni au général d'Elbée, il combat sous ses ordres, et se distingue dans une seconde affaire à Chemillé, puis à Vihiers. Il s'était fait également remarquer à Fontenay, lorsque l'insurrection se propageant, après la reddition de Saumur, le 13 juin 1795, les chefs sentirent le besoin de l'unité dans le commandement. Les généraux Lescure et d'Elbée ne voulant pas se donner précisé ment un maître, désignèrent pour généralissime Cathelineau, qu'ils ne craignaient point; et Cathelineau, dont le zèle était simple, n'accepta que dans l'idée de remplir un nouveau devoir. On vit alors le commandement suprême des armées royales et catholiques, dans les mains d'un homme në au milieu des rangs les plus obscurs, tandis que le descendant des Biron commandait l'armée républicaine. Cathelineau voulait ne pas tarder à justifier le choix qu'on avait fait de lui. Le 29 juin, il attaqua Nantes, mais il fut repoussé avec une perte considérable. Malgré le mauvais succès des premières tentatives, il était revenu plusieurs fois à la charge, et dans le dernier assaut, une balle lui avait fracassé le bras; c'est alors que le général d'Elbée ordonna la retraite. Cette blessure ne paraissait pas mortelle; mais la gangrène s'y établit, et, le 10 juillet 1793, Cathelineau succomba dans Saint-Florent, où il s'était fait transporter. Les paysans qu'il conduisait au combat, le nommaient le saint d'Anjou : sa dévotion les édifiait. Ils s'étaient

imaginé qu'il serait invulnéra ble, et que ceux qui marcheraient sous ses ordres auraient le même avantage. Le 14 mai 1816, le gouvernement a donné une pension de 1500 francs au fils de Cathelineau, et une de 300 à chacune de ses filles.

CATHERINE II ALEXIOWNA (SOPHIE-AUGUSTE-DOROTHÉE), princesse d'Anhalt-Zerbst, impératrice de toutes les Russies, née à Stettin en 1729, mariée en 1745 à son cousin le duc Charles-Pierre-Ulric de Holstein-Gottorp (couronné sous le nom de Pierre III, en 1762, étranglé la même année), mère de l'empereur Paul Petrowitz (étranglé en 1801), morte à Pétersbourg en 1796, la trentecinquième année de son règne, à l'âge de 67 ans. Les fastes du trône de Russie sont sanglans. L'assassinat ou l'usurpation y marque l'élévation de presque tous ses souverains, depuis Ivan III, qui affranchit les Russes du joug des Tartares, jusqu'à l'empereur régnant. Ivan IV, le premier tzar qui est couronné à Moscow, en 1557, tue un de ses fils dans un accès de fureur, et meurt dans un cloître, couvert du sang de ses sujets. Boris Godounoff succéda à Fédor I** par le meurtre du tzarowitz Demétri. Fédor II, fils de cet usurpateur assassin, est détrôné par un moine qui le fait étouffer sur le corps sanglant de sa mère. Ce moine, nommé Otrepieff, se fait proclamer tzar à Moscow, sous le nom du prince Demétri, que Boris a fait égorger. Wassili Chonisky, qu'Otrepieffa soustrait au supplice, le tue, monte sur le trône en 1606, et meurt dans un cou

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