Page images
PDF
EPUB

domestiques meurent si on ne leur donne une certaine por tion de sel ou d'argile saline, nommé barreiro. Au sud de cette ligne, il ne leur est pas nécessaire, parce que les eaux et le pâturage en contiennent assez (1).

Pendant la sécheresse qui régna à Ciará, depuis 1792 jusqu'en 1796, tous les animaux domestiques y périrent.

Dans la capitainerie de S.-Paul, où le principal métier des habitants est l'éducation des bestiaux, chaque propriétaire possède depuis plusieurs centaines jusqu'à des milliers de têtes de bétail. Quelques-uns en ont jusqu'à 40,000, outre les boeufs qui servent au trait ou à l'agriculture.

Dans un terrain de deux milles carrés de bons pâturages, on nourrit ordinairement de 3 à 4,000 têtes.

Chevaux. Les premiers importés à S.-Salvador du cap Vert, en 1581, y étaient vendus de 10 à 12 milreis, et transportés ensuite à Pernambuco, le prix en était de 30 à 60 cruzados.

A Montévideo, les chevaux se vendent de 5 à 7 dollars par tête ; à Pernambuco, de 10 à 12 dollars.

Mulets. On en élève un grand nombre dans la province de Rio Grande do Sul. On châtre les mâles. Ils supportent mieux la chaleur que les chevaux et valent deux fois plus. Les mulets de Rio-Grande ne coûtent que de 1 à 2 milreis. Les moutons et les chèvres sont plus prolifiques que ceux de l'Europe, mais ils ont dégénéré.

Il est remarquable que les moutons tombent malades et meurent s'ils se nourrissent pendant dix années sur le même sol; mais transportés sur un autre, à la distance de quelques milles seulement, ils se rétablissent. On donne le lait des chèvres aux enfants (2).

La propriété de Cunha, en Parahyba, qui appartient à la famille de Albuquerque de Maranham, s'étend 14 lieues le long du chemin qui conduit de Recife à Natal.

des

Pour favoriser l'accroissement des plantations à sucre, un décret fut rendu, le 22 septembre 1758, pour la capitainerie de Rio de Janeiro, contre la saisie pour dette, biens d'un planteur, qui sont employés aux travaux de la plantation. Le 6 juillet 1807, ce décret fut mis en vigueur dans toutes les possessions portugaises d'outre-mer. Par un

(1) Azara, I, 53; Azara, quadrupèdes, II, 357. (2) Cor. Braz., II, 31.

autre décret du 21 janvier 1809, il a été statué que les saisies ne peuvent porter que sur le tiers du produit net de la plantation (1).

Le 22 avril 1809, loi du gouvernement pour l'encouragement de l'industrie agricole et manufacturière, en accordant aux produits des fabriques l'exemption de tous droits sur les matières premières.

[ocr errors]

Septembre 1810, proclamation de la Cour de Portugal qui garantit les priviléges des donataires et des seigneurs dominants, à tous ceux qui voudraient devenir propriétaires de terres dans la province de Minas-Geraes et sur les bords du Rio-Doce. Elle s'engagea aussi d'accorder les priviléges de villa à tout établissement qui contenait douze cabanes d'Indiens civilisés.

Par un décret du 16 mars 1820, les étrangers sont autorisés à former des colonies dans le royaume du Brésil. Ils recevront gratis une certaine étendue de terrain, qui doit retourner à la couronne s'ils revenaient en Europe avant dix ans; mais, passé ce délai, ils pourront y aller librement et disposer de leurs propriétés. Ceux qui s'y établiront, seront considérés comme sujets de sa majesté, et jouiront des mêmes avantages et priviléges.

Population. D'après l'état de la population des diocèses, ridigé au tribunal des ordres, en 1776, et envoyé au roi, la population du Brésil monta seulement à 1,500,000 individus, mais on n'y comprenait que ceux de la communion. Le dénombrement de 1798 porta la population à plus de 3,000,000.

D'après le rapport fait au roi de Portugal, en 1819, la population du Brésil, dans l'année précédente, monta à 3,617,900 habitants, savoir:

1,728,000 nègres esclaves (pretos captivos).

843,000 blancs (brancos).

426,000 libres, de sang mêlé (mestiços, mulatos, mama-lucos, libertos).

259,400 Indiens de différentes tribus (Indios de todas as

castas).

202,000 esclaves de sang mêlé (mulatos captivos).

159,500 noirs libres (pretos foros de todas as naçoes africanos).

3,617,900

(1) Kosters' Travels, ch. 16.

[ocr errors]

On a désigné les différentes classes de la manière suivante: 1° les Indios, les Indiens purs ou habitants primitifs du Brésil; 2° aribocos, nés d'un nègre et d'un Indien; 3° negros ou malecos, les nègres créoles nés au Brésil; 4o mamalucos, mamelus ou metis sortant de blancs et d'Indiens 5° mulatos, mulâtres provenant du mélange de blancs et de nègres; 6o Braseileiros, Brésiliens ou Portugais créoles; 7° Portugueses ou Filhos do Reino, ou des Portuguais d'Europe. Les Indiens civilisés sont connus sous le nom de caboclos; et ceux qui vivent encore dans leur état naturel, sous celui de gentios, tapuyes et bugres (1).

M. de Humboldt, d'après des pièces officielles inédites qui lui ont été communiquées par M. Balbi, a évalué la population du Brésil à 4,000,000 (2).

Nieuhoff raconte (chap. 7) qu'en 1647, il y avait près de 40,000 nègres employés aux moulins à sucre, entre RioGrande et S.-Francisco, dont la plupart avait été amenés des royaumes de Congo, d'Angola et de Guinea. Lorsque le commerce était florissant, leur prime était de 70 à 100 dollars, et quelquefois les plus intelligents se vendaient jusqu'à 14 et 1,500 écus; mais qu'après la décadence du commerce, ils ne valaient plus que 40 dollars.

Esclaves. En 1821, 76 navires partirent de Bahia pour le commerce des esclaves. On en importa à Rio, 21,199; et en 1822, 24,934. Ils avaient été achetés à Angola, Ambuiz, Ambuele, Benguela, Cabinda, Luanda, Mozambique et Quilumana. On compte la perte d'un sur cinq pendant la traversée (3).

En 1828, le nombre d'esclaves importés à Rio de Janeiro montait à 43,055 (4).

Le nombre des esclaves rachetés et mis en liberté par les croiseurs anglais, depuis le mois de juin 1819 jusqu'en juillet 1828, ce qui embrasse une période de neuf années, s'élève à 13,281; ce qui donne un chiffre annuel de plus de 1,400. On évalue à près de 100,000 le nombre d'esclaves enlevés pendant le même laps de tems sur les côtes d'Afrique (5).

(1) Voyage du prince Maximilien, cap. 2.

(2) Relat. hist., lib. IX.

(3) Journal of mrs. Graham, p. 146-151-228, et Appendix. (4) Notices of Brazil, by M. Walsh, vol. II, 322.

(5) Id., vol. II, p. 491, and Parliamentary reports.

Le voyageur Koster (page 16) a évalué les esclaves noirs de Pernambuco à 32 livres sterling, ou 768 francs par

tête.

Proportion des naissances à la population. Dans la province de S.-Paulo, comprenant 209,218 habitants, dont la moitié blancs, on a trouvé que la proportion des naissances à la population était de 1 à 21, et les décès de 1 à 46.

Longévité. En 1806, Un métis, nommé Christovam de Mendonça, de la province de Serégipe del Rey, exerça encore son métier de potier dans sa 128e année, à l'Aldeia d'Aracajú, près l'embouchure de la rivière Cotinguiba. Il travailla un peu jusqu'au jour de sa mort, qui eut lieu deux ans après (1).

A Montalègre, située sur la rive gauche de Maranham, l'évêque trouva un Indien centenaire qui avait encore beaucoup de santé et de vigueur. Il y en avait trois autres qu'on supposait être plus vieux. A Čariazedo, un Indien centenaire avait une femme du même âge environ, dont il était jaloux (2).

Cazal assure que plusieurs individus de différentes castes de la capitainerie de Minas-Geraes ont vécu 100 ans.

M. de Saint-Hilaire assure que Joam Gonzalvez da Costa parcourut les forêts à l'âge de 100 ans.

Maladies. Les maladies les plus ordinaires sont des catarrhes, des rhumatismes, des inflammations et de violentes coliques.

Piso remarque (3) que le mélange de trois différentes races d'Européens, d'Africains et d'Américains avait produit de nouvelles maladies, ou avait tellement modifié la constitution physique des Brésiliens, que les plus habiles médecins étaient embarrassés des nouveaux symptômes.

Dans l'année 1556, les naturels du pays, où les Français débarquaient sous Villegagnon, furent attaqués par une fièvre pernicieuse, dont 800 furent enlevés. On leur persuadait, dit Lescarbot, que c'était M. Villegagnon qui les fesait mourir.

(1) Cor. Braz., II, 152.

(2) Journal de Coimbra, 4-371, cité par M. Southey, ch 44. (3) De Indiæ utriusque re naturali et medica, Amsteladami, 658.

En 1621, la petite vérole fit de grands ravages parmi les Indiens civilisés de Maranham.

En 1642, une maladie épidémique dévasta Pernambuco et les provinces du midi. En même tems, la petite vérole fit de grands ravages; plus de 1,100 esclaves noirs y périrent.

En 1645, une maladie épidémique éclata à Parahyba, et se propagea au camp des Portugais, où elle fit de grands ravages. Les malades éprouvèrent une forte oppression à la poitrine et des douleurs aiguës. Ils moururent souvent après l'attaque, et tous le troisième jour. Au commencement, les médecins ne savaient pas comment traiter cette nouvelle maladie; mais enfin ils découvrirent qu'une saignée copieuse était un bon remède.

En 1663, Une maladie épidémique fit mourir un grand nombre d'Indiens soumis.

La petite vérole fit encore de grands ravages à Pernambuco, et sur toutes les côtes jusqu'au Rio-Janeiro. La mortalité était si grande, que les nègres de plusieurs sucreries étaient tous morts, et les bras manquaient pour l'agricul

ture.

En 1686, une maladie épidémique se déclara au Recife, où elle enleva plus de 2,000 personnes. De là, elle se propagea, par Ollinda, à Bahia, où il en mourut de 20 à 30 personnes journellement parmi les blancs, et particulièrement les marins. Chose remarquable, dit le père Labat, les étrangers qui abordèrent à ces villes, pendant plusieurs années après, gagnèrent la même espèce de maladie, qui fut connue par les Portugais sous le nom de bicha (1).

Après la sécheresse, qui dura depuis 1744 jusqu'en 1749, dans la province de Mato-Grosso, une grande mortalité y eut lieu.

Dans la province de Ciará, la même cause produisit les mêmes effets. La sécheresse y régna depuis 1792 jusqu'en 1796; et pendant cet intervalle, le miel sauvage était la principale nourriture des habitants, qui périrent de maladies qu'il avait occasionnées. La population de la province montait alors à 150,000 habitants; et sept paroisses en furent abandonnées, car tous les animaux domestiques y avaient péri (2).

(1) Labat, tom. I, p. 72-4.

(2) Cazal, Cor. Braz., art. Ciará.

« PreviousContinue »