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Et qu'on forte
Viftement,
Car Clement
Le vous mande.
Va friande

De ta bouche,
Qui fe couche
En danger
Pour manger
Confitures:
Si tu dures
Trop malade,'
Couleur fade
Tu prendras,
Et perdras
L'embonpoint.

Dieu te doint

Santé bonne
Ma mignonne.

EPITRE XXXIX.

A deux Damoifelles.

SUSCRIPTION.

Sus lettre, il faut que tu defloges:
Par toi faluer je pretens

La nouvelle Efpouse Bazoges:

Auffi Trezay, qui perd fon temps.

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Si j'avois mieux,
Devant vos yeux
Il feroit mis,
A fes Amis

Bien tant foit cher,
Ne faut cacher.
Or eft befoing,
Quand on eft loing,
De s'entrefcrire.
Cela fait rire,
Et chaffe efmoi.
Efcrivez moi
Donc je vous prie:
Car l'enfant crie,
Quand on lui faut,
S'il ne le vaut,
Il le vaudra.
Et ne faudra
D'eftre à jamais
Tout voftre: mais
Dieu fçait combien
Il voudroit bien
Vous fupplier
Ne l'oublier.
Ailleurs, ne là
Rien que cela
Il ne demande:
Me recommande.

EPITRE XL.

A ceux, qui après l'Epigramme du beau Tetin (1) en feirent d'autres.

N

1535.

Obles Efprits de France Poëtiques,
Nouveaux Phebus furpaffans les anti-

ques,

Graces vous rends, dont avez imité
Non un Tetin beau par extremité,
Mais un Blafon que je fis de bon zelle
Sur le Tetin d'une humble Damoiselle.

En me fuyvant vous avez blafonné, (2)
Dont hautement je me fens guerdonné,
L'un de fa part, la Cheveleure blonde:
L'autre le cueur: l'autre la cuiffe ronde:
L'autre la main defcripte proprement
L'autre un bel œil defchiffré doctement:
L'autre un Esprit, cherchant les Cieux ou-

vers:

L'autre la bouche, où font plufieurs beaux

vers:

L'autre une larme: & l'autre a fait l'oreille:
L'autre un fourcil de beauté non pareille.
C'est tout cela, qu'en ay peu recouvrer:
Et fi bien tous y avez fceu ouvrer,
Qu'il n'y a cil, qui pour vrai ne deferve
Un prix à part de la main de Minerve:

Mais

(1) L'Epigramme du beau Tetin est la 57. cy-après.

(2) Voyez tous ces Blafons cy-après, avec les noms de ceux qui les ont faits.

Mais du Sourcil la beauté bien chantée
A tellement noftre Court contentée,
Qu'à fon autheur noftre Princeffe donne (1)
Pour cefte fois de laurier la couronne:
Et m'y confens, qui point ne le cognois,
Fors qu'on m'a dit, que c'eft un Lyon-
nois. (2)

O fainct Gelais creature gentile,

Dont le fçavoir, dont l'efprit, dont le stile,
Et dont le tout rend la France honorée,
A quoi tient-il que ta plume dorée

N'a fait le fien? ce mauvais vent qui court, (3)
T'auroit-il bien pouffé hors de la Court?
O Roy François, tant qu'il te plaira pers le,
Mais fi le pers, tu perdras une perle,
Sans les fufdits blafonneurs blafonner,
Que l'Orient ne te fçauroit donner.

Or chers Amys, par maniere de rire
Il m'eft venu volonté de defcrire
A contrepoil un Tetin, que j'envoye (4)
Vers vous, afin que fuiviez cefte voye.
Je l'euffe paint plus laid cinquante fois,
Si j'euffe peu: tel qu'il eft toutesfois,
Protefter veux, affin d'éviter noise,
Que ce n'eft point un Tetin de Françoife,'
Et
que voulu n'ai la bride lafcher
A mes propos, pour les Dames fafcher:

Mais

(1) Madame la Ducheffe de Ferrare; ainfi cette piece doit être du commencement de l'an 1535. (2) Maurice Sceve de Lyon.

(3) Le mauvais vent qui court.] C'eft que tout fçavant étoit alors réputé Lutherien; & s'il ne prenoit fa fuite, il étoit expofé à être brûlé. Mais SaintGelais étoit trop fage, pour donner dans ces bagatelles.

(4) C'eft l'Epigramme 58. cy-après.

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Mais volontiers, qui l'efprit exercite,
Ores le blanc, ores le noir recite:
Et eft le painêtre indigne de louange,
Qui ne fçait paindre aufli bien Diable, qu'Ange,
Après la courfe, il faut tirer la barre:
Après bemol, faut chanter en becarre.

Là donc Amys, celles qu'avez louées,
Mieux qu'on n'a dit, font de beauté douées:
Parquoi n'entens que vous vous defdiez
Des beaux blafons à elles dediez

Ains que chacun le rebours chanter vueille,
Pour leur donner encores plus grand' fueille:
Car vous fçavez, qu'à gorge blanche & graffe
Le cordon noir n'a point mauvaise grace.
Là donc, là donc, pouffez, faites merveil-
les:

A beaux cheveux, & à belles oreilles,
Faictes les moi plus laides que l'on puiffe,
Pochez ceft œil: feffez moi ceste cuiffe:
Descrivez moi en ftile efpouvantable
Un fourcil gris: une main deteftable:
Sus, à ce cueur, qu'il me foit pelaudé,
Mieux que ne fut le premier collaudé:
A cefte larme, & pour bien eftre efcripte,
Defchiffrez moi celle d'un hipocrite:
Quant à l'efprit, paignez moi une fouche:
Et d'un taureau le mufle, pour la bouche.
Bref, faictes les fi horribles à voir,
Que le grand Diable en puiffe horreur avoir.
Mais je vous pry que chacun blafonneur
Vueille garder en fes efcrits honneur:
Arriere mots, qui fonnent fallement.
Parlons auffi des membres feulement,
Que l'on peut voir fans honte defcouvers,
Et des honteux ne fouillons point nos vers:
Car quel befoing eft-il mettre en lumiere

Ce

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