Un peu devant qu'Aurora la fourriere Pour efclaircir la belle aube du jour. Si me fouvint tout à coup de mon fonge. (1) Dont la plufpart n'eft fable, ne menfonge, Par les vertus, qu'en vous il difoit eftre. Le bon vieillard, vrai confort des craintifs,' Me (1) Si me fouvint de mon fonge &c.] Ce vers & les trois fuivans font formez fur les premiers vers du Roman de la Rofe qui commence ainsi. Maintes gens dient que en fonges Me recevra, non pour aucune chofe, Aura tiré de la mer infortune, Maugré les vents, jufqu'en l'ifle d'honneur Et fi aurai par un ardant desir Cueur & raifon de prendre tout plaifir De vous fervir, pour faire œuvres condignes, EPITRE III. Du Champ d'Attigni, à madite Dame d'Alençon. (1) L 1521. SUSCRIPTION. Lettre mal faite & mal efcrite, A main tremblant deffus la blanche carte Me voy fouvent: la plume loin s'escarte, L'encre blanchift, & l'efperit prend ceffe, Quand j'entreprens (très-illuftre Princeffe) Vous faire efcrits: & n'euffe prins l'audace, Mais (1) Attigny fur la riviere d'Aine à trois lieuës de Rhetel en Champagne, endroit célebre pour avoir été, dès la premiere race de nos Rois, une maison Royale où le font paffez depuis divers événemens confiderables. L'on occupa le Champ d'Attigni près Rhetel, lorique Henry de Naffau avec les Troupes de Charles-quint vint attaquer Mezieres 1521. Le brave Chevalier Bayart fit tant par fa prudence & fa bravoure, que Naffau fut obligé de lever le fiege. Boucal fi eftimé dans les guerres de ce temps-là fut tué à la prife de Novarre par les François en 1522. Mais Bon vouloir, qui toute peur efface, Où (1) On voit par cette Epitre & la fuivante, que le fervice de la Cour n'avoit pas empêché Marot de fuivre le parti des armes. Ce fut au fortir des amufemens de fa jeuneffe, comme il le marque lui-même, Ballade 4. Or je voys voir fi la guerre eft perduë. Il étoit apparemment dans une Compagnie d'ordon nance de quelque Seigneur. C'étoit Pulage de la nobleffe inferieure & de ceux qui vivoient noblement, d'entrer dans ces compagnies, dès qu'ils ne pouvoient point avoir eux-mêmes quelque forte de commandement. Mais Marot ne réuffit pas à la guerre. 11 ne laiffoit pas néanmoins de s'y trouver felon les occafions. Celle-cy du Champ d'Attigny fe prefenta en 1521. & le Prince qu'il défigne fous le nom de Mon feigneur, étoit le Duc d'Alençon, mary de Madame Marguerite, à qui le Poëte avoit l'honneur d'appar tenir. François I. avoit donné à ce Duc le comman dement d'une armée qui devoit s'opposer à celle de Charles-quint, commandée par le Comte de Naffau qui entroit en Champagne. Celle du Roy étoit pour alors à Attigni proche de Rhetel. Où l'on a veu de guerre maints esbats, Si on ne veut avoir la main couppée. Ne penfez pas, Dame, où tout bien abonde,' I. Ainfi (1) Avanturiers] C'étoit fous Louis XII. & Fran çois I. une forte d'Infanterie Françoife fort mal ha billée, mais qui pour cela n'en étoit pas moins bra ve. Selon Brantôme, & les Notes fur Rabelais liv. ch. 26. pag. 184. les advanturiers étoient une milice ramaffée qui faifoit corps dans l'Infanterie Françoife. Elle étoit propre pour un premier feu, ou pour un coup de main. Elle fut foumife par François I. au Colonel General de l'infanterie. D'abord elle n'avoit point de folde, mais on lui fourniffoit les étapes dans le Royaume, & vivoit en pays ennemis du butin qu'elle y pouvoit faire: elle fit de fi grands defordres en France même, qu'on fut obligé & par des regle mens & par des troupes qu'on leur oppofa, de les foumettre à la difciple militaire. On en voyoit encpre fous Henri IV. mais il n'en a point patu depuis. |