Puis deffus moy le grand haro criaftes, (1) Et de bon heur prinftes un fecretaire Propre pour vous. Onques ne fe fceut taire De compofer en injure & mefchance: Je le cognois. Or prenons autre chance. Je fuis d'avis que veniez appoinctant: Quant au courroux, en moy n'en a point tant, Que pour le bien de vous fix je ne veille. Et qu'ainfi foit, en amy vous confeille, Que deformais voftre bec teniez coy: Car voftre honneur reffemble un ne fçay quoy, Lequel tant plus on le va remuant, Moins il fent bon, & tant plus eft puant. Et quand orrez ces miens prefens alarmes, Ayez bon cueur, & contenez vos larmes, Que vous avez pour les Adieux renduës: Las, mieux vaudroit les avoir efpanduës Deffus les pieds de Chrift, les effuyans De vos cheveux, & vos pechez fuyans Par repentance avecques Magdaleine. Qu'attendez-vous? Quand on eft hors d'aleine, La force faut. Quand vous ferez hors d'aage, Et que vos nerfs fembleront un cordage, Plus de vos yeux larmoyer ne pourrez, Car fans humeur feiches vous demourrez : Et quand vos yeux pourroient pleurer encores, Où prendrez-vous les cheveux, qu'avez ores, Pour effuyer les pieds du Roy des Cieux ? Croyez qu'à tel myftere precieux, Ne (1) Haro.] Cri de Juftice ufité en Normandie; celui qui le crie fur quelqu'un, auffi bien que celui fur lequel il eft crié font obligez tous deux d'aller en prifon jufqu'à ce qu'on leur ait rendu justice. Ne ferez lors du bon Ange appellées, Vous voulez faire, & ne voulez qu'on die. Ceffez, ceffez toutes occafions, Si prendront fin toutes derifions: C'eft le droit point pour clorre les paffages Qui fceuft changer le bruit d'honneste fem 'me. Et n'eft blafon, tant foit plein de louange, croire Que la colombe en rien ne noircira, Et (1) Cette maladie que la vigueur de l'humanité ne rend que trop commune, s'appelle encore la pellade dans une Epigramme au Duc de Mayenne Chef de la Ligue. La pelade vous avez prife Par la bréche que vous savez, Cette maladie fut apportée de Naples en Flandres en Et le corbeau de rien ne blanchira. Certainement les vertus qui s'efpendent Deffus vos cueurs fi fort voftre me rendent; Que pour l'amour de vous n'euffe jamais Contre elles fait cefte prefente: mais Tant m'ont preffé d'efcrire, & me contraignent, Qu'il femble au vray, que plaifir elles preignent EPITRE XIV. Epifire qu'il prefenta à Bourdeaux, à la Reyne Eleonor à fon arrivée d'Efpaigne avec Meffieurs les deux Enfans du Roy, delivrez des mains de l'Empereur Charles le Quint. (1) 1530. Puis que les champs, les monts, & les val lées, Les fleuves doux, & les undes fallées Vers (1) François I. fut un heros malheureux, mais il fut heros; & c'eft à ce titre qu'il fit la conquête d'Autriche foeur de Charles Quint. Cette Princeffe, frapée de tout ce qu'on difoit a l'avantage de ce Prin se infortuné, ne put s'empêcher de l'admirer: & la rue du Roy ne lui fit faire qu'un pas de l'admiration à des fentimens plus intéreffans. Enfin la chofe fe termina par un mariage, qui fut le deuxiême que contracta. François I. Il avoit époufé d'abord Claude de France, fille de Louis XII. de laquelle il eut trois Princes & trois Princeffes. Le mariage d'Eleonor d'Autriche fut commencé à Madrid en 1526. & entierement conclu & terminé en France, lorfque la Reine Eleonor y conduifit en 1530, les deux Enfans de France. C'est là quel a été le fujet de cette Epure.. Vers mefurez, pour faluer auffi Ta grand' hauteur, qui rompt nostre foucy? D'eftre fi dur comme d'une bombarde: De tarder tant tous languir nous faifoit: Que le corps pris, l'honneur luy demoura, (1) Qu'en (1) L'honneur luy demourra.] Cela fe rapporte à ce que François I. écrit à Madame d'Angoulême fa Mere, après la perte de la bataille de Pavie, & après fa prife. Madame, dit-il, tout eft perdu hormis l'honneur. Et il avoit raifon; car il fut un heros, tont vaincu qu'il étoit. |