partie aussi des fonctions de l'organe, et cette étude n'a pas été sans succès. Nous engageons les, personnes qui liront le Manuel de M. Beullac, à se mettre en garde contre les assertions de l'espèce de celle que nous venons de signaler. Du reste, les faits physiologiques sont encore loin d'offrir un ensemble assez bien coordonné pour qu'il soit possible de faire un bon manuel sur cette science; l'époque n'est pas venue. Les livres élémentaires écrits sur cette matière, et dans lesquels les faits sont exposés avec quelques détails, peuvent à peine suffire à l'étude de la science et à donner à l'élève une idée nette de l'étendue, de l'importance, de la complication des phénomènes dont l'ensemble est désigné sous le nom de Vie. Pour populariser une science il faut qu'elle soit très-avancée, et la marche expérimentale existe depuis trop peu de temps en physiologie pour qu'il soit possible de faire entrer cette science dans un cadre aussi resserré que celui où M. B. a voulu la renfermer. MÉDECINE. 225. NOUVELLE MÉDICATION (Médication endermique), par la voie de la peau privée d'épiderme et par celle des autres tissus accidentellement dénudés; par LESIEUR, D. M. à Francon ville. 226 Rapport sur ce mémoire, par MM. BERTIN et DUMÉRIL. (Lu à l'Acad. de médecine, section de médecine, dans la séance du 23 mai 1826.) La surface de la peau intacte et celle des membranes muqueuses, l'estomac, le rectum, la surface de la conjonctive, l'intérieur des fosses nasales, de la bouche, les voies aériennes, l'oreille externe, le canal de l'urètre et l'intérieur de la vessie, enfin l'intérieur du vagin et de l'utérus sont les voies par lesquelles on fait ordinairement pénétrer les médicamens dans l'économie animale, mais M. Lesieur pense qu'on doit beaucoup plus souvent qu'on ne l'a fait jusqu'à ce jour, avoir recours à d'autres voies, tels sont l'intérieur des veines et la surface du derme et des autres tissus accidentellement dénudés. Il pense que, dans un grand nombre de cas, ces voies de médications sont préférables; parce que, bien que l'estomac de mor par exemple offre au médicament ingéré une grande surface d'absorption, il est des cas où cette voie ne peut être employée, soit parce que les malades ne peuvent avaler, soit parce qu'ils rejettent par le vomissement le médicament, et enfin parce que les sucs gastriques, mélangés avec les substances médicamenteuses introduites, peuvent par leur action digestive, en altérer les propriétés. C'est donc dans l'intention d'éviter ces inconvéniens, que M. Lesieur propose mettre le derme à nu au moyen d'un emplâtre vésicant et de se servir de la surface ainsi dénudée, pour faire penétrer les médicamens par voie d'absorption. On emploie tel ou tel vésicant, suivant la nature de la maladie, suivant qu'il faut agir plus ou moins promptement, suivant enfin que l'emploi d'un pareil moyen s'accorde plus ou moins bien avec le traitement général de la maladie. Ainsi le taffetas vésicant, l'écorce du Daphne gnidium, de l'eau bouillante, un ceau de coton imbibé d'acide sulfurique, de l'ammoniaque liquide, la pommade du docteur Gondret, de l'acide acétique, pourront être employés suivant le cas et même on pourrait faire une petite plaie. La surface d'absorption ainsi préparée, on ne placera le médicament qu'on veut faire absorber, qu'au centre ou à la circonférence de la surface dénudée, ou on l'incorporera, soit à la pommade épispastique, soit au cérat, soit enfin à la gélatine, s'il est de nature à exciter une trop forte suppuration; à chaque pansement on doit enlever avec soin le résidu du médicament et les couches albumineuses qui peuvent se former. Jamais M. Lesieur n'a vu survenir d'inflammation cutanée; s'il en arrivait, il faudrait nécessairement avoir recours aux émolliens. Après avoir fait connaître, dans les deux premières parties de son travail, en quoi consiste la méthode et les moyens propres à en favoriser l'emploi, M. Lesieur, dans une troisième partie, traite du mode d'application du médicament à la surface dénudée. On commencera par une ou deux applications médiates, afin d'habituer graduellement le derme au contact du médicament; on évite ainsi la douleur, et l'on arrive aux applications immédiates. Si le médicament est solide, forme qui est la plus commode, on en saupoudre la plaie si c'est une poudre ou un sel par exemple; on s'en sert en place d'onguent, si c'est un extrait, une conserve; cette forme convient surtout aux médicamens très 1 actifs et de peu de volume. Si le médicament est liquide, on en imbibe la charpie, qu'on applique sur la surface dénudée, ou on l'emploie en bain. Pour les médicamens gazeux, il faut un vase garni de deux robinets, l'un pour faire le vide et l'autre pour introduire le gaz médicamenteux. Voici les avantages que M. Lesieur attribue à la méthode qu'il a mise en usage: 1o. Elle peut toujours être employée lorsque les autres ne peuvent l'être ou ne le seraient qu'avec danger; 2o. on soustrait les voies gastriques à l'action topique des médicamens, qui souvent peut causer de l'irritation ou produire tout autre effet nuisible; 3. ou évite aux malades tous les dégoûts qu'excitent les médicamens sur les sens de l'odorat et du goût; 4°. on peut médicamenter les malades sans qu'ils le sachent, et on a la facilité d'arrêter et de borner l'effet du médicament dès qu'on le veut; 5.. on produit des effets plus prompts; 6o. on soustrait les médicamens à l'action décomposante de l'estomac ; 7o. enfin, on peut par ce moyen découvrir quel est, dans chaque médicament, la partie active, en examinant chimiquement le médicament après son emploi et voyant quel est le principe constituant qu'il a perdu. M. Lesieur termine son travail par le récit de dix-sept observations qu'il a recueillies à l'Hôpital-Cochin, à la Maison royale de santé et à Bicêtre, et sur lesquelles on en trouve quatre relatives à des catarrhes pulmonaires qui ont été guéris par l'application de l'acétate de morphine, sur un vésicatoire ou un cautère; la dose, d'abord d'un demi-grain, fut graduellement portée à deux grains; l'usage en fut continué pendant deux mois, et quand on l'interrompait, les accidens reparaissaient. Viennent ensuite deux observations de phthisies pulmonaires, qui furent évidemment soulagées par le même moyen; seulement il faut une moindre dose, ainsi que dans tous les cas où il y a désorganisation du poumon. La septième et la huitième observation sont relatives encore à l'acetate de morphine, qui fut employé avec succès: 1o. pour une douleur pleurétique qui avait résisté à des saignées et à un vésicatoire; 2°. contre une névralgie temporale, dont les accès revenaient chaque jour à une heure fixe. Dans la 9. observation, de la strychnine fut employée à la dose d'abord d'un sixième de grain à la surface d'un vésica C. TOME IX. toire chez un hémiplégique ; cette dose fut portée à deux grains ; il survint un accès tétanique, qui se dissipa promptement en retirant la strychnine, que l'on remplaça par de l'acétate de morphine. M. Lesienr se demande si l'on ne pourrait pas employer ainsi ce médicament contre le tétanos. Enfin, les autres observations sont relatives à l'emploi du sulfate du quinine, du musc, de l'émétique et du kermès; par ces moyens, M. Lesieur a guéri des fièvres intermittentes de divers types, a fait cesser des toux convulsives accompagnées de suffocations, a provoqué des diaphorèses, rappelé des expectorations supprimées, etc. Ļa section de médecine, reconnaissant l'utilité de ce travail, a cru devoir nommer une commission composée de MM. Andral père, Gueneau de Mussy, Double, Chomel et Ségalas, pour continuer de faire des expériences sur l'emploi de cette nouvelle méthode thérapeutique. 227. RECHERCHES POUR DÉTERMINER LES CARACTÈRES ET LES EFFETS DE LA VARIOLOÏDE (1), et pour découvrir l'origine de cette maladie; par A. Moreau de Jonnès, membre du conseil supérieur de santé. ( Lues à l'Acad. des Sc., dans sa séance du 15 octobre 1826.) Un fait pathologique, dont le savant Dr. Hosack me transmet le récit, par l'un de ses disciples, me semble mériter de fixer l'attention de l'Académie. Une épidémie variolique ayant éclaté de nouveau à NewYork, il y a quelques mois, un nègre, qui n'avait point été vacciné, fut atteint de la maladie et en mourut. Son corps, porté à l'amphithéâtre de chirurgie, offrait l'aspect de la variole confluente. Aucun des élèves ne voulut s'exposer à le toucher, quoique tous semblassent devoir être préservés, par la vacçination, du danger de la contagion. Cette conduite prudente prouve que l'expérience des cinq épidémies antérieures leur avait enseigné qu'il n'y avait point de sûreté pour eux, si la maladie dont ce nègre était mort, an lieu d'être réellement la variole commune, était la varioloïde qui avait atteint, dans cet indi (1) Nous avons rendu compte d'un 1er. mémoire de M. Moreau de Jonnès sur ce sujet, dans le Bulletin des Sciences médicales, Tom. V, 1825, art. 170. 2 vidu, par défaut de vaccination, son plus haut degré de malignité. Leur appréhension ne fut que trop justifiée par l'événement. Sur une quarantaine d'élèves, qui étaient entrés dans l'amphithéâtre, et dont aucun n'avait été en contact avec le cadavre, trois seulement échappèrent à la varioloïde. Il est presque superflu de dire que ces jeunes gens, qui appartiennent à la 1o. école de médecine des États-Unis, et qui vivent dans un pays où nul préjugé ne s'oppose à la propagation de la vaccine, en avaient tous reçu le bienfait. S'ils ne furent point, par elle, garantis de la varioloïde, ils furent du moins tous préservés de la mort, tandis que parmi les familles, qu'une funeste incurie avait fait négliger de profiter de cette précieuse découverte, l'épidémie enlevait une multitude de personnes. Les autorités publiques et le collége de médecine de NewYork ont redoublé d'efforts, dans cette circonstance malheureuse, pour multiplier les vaccinations et si non réussir à arrêter l'épidémie, du moins l'empêcher d'être meurtrière, et même d'avoir de suites dangereuses, pour les individus qu'elle atteint. Convaincus que ce n'est point assez que de vacciner gratuitement tous ceux qui se présentent pour l'être, les médecins se sont distribués entre les différens quartiers de la ville, et sont allés de maison en maison remplissant leur pieux office avec une infatigable charité. Ce qui sans doute surprendra davantage que cette belle action, c'est que sur toute la population de New-York, qui est la plus grande réunion d'hommes aux États-Unis, trois ou quatre familles seulement ont refusé d'être vaccinées, et encore ont-elles cédé aux justes représentations des magistrats. Ces détails montrent que les tristes leçons de l'expérience ne sont perdues en Amérique, ni pour la science, ni pour l'humanité. Il est vivement à désirer que les exemples qu'ils présentent, fructifient de ce côté de l'Atlantique; et l'on doit regretter que les connaissances acquises sur la variolcïde aux États-Unis, en Angleterre et en Hollande, ne soient point encore populaires parmi nous, et laissent subsister des erreurs dont chaque jour montre le danger et les malheurs. Plusieurs praticiens recommandables ont résolu d'éclairer enfin ce sujet par leur expérience personnelle et par ieurs recherches; mais la juste appréhension des tracas et de l'ennui des controverses, |