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DE PHARMACIE

ET

DES SCIENCES ACCESSOIRES.

No. XI. — 7o. Année. — NOVEMBRE 1821.

DE L'ACTION De l'acide sulfurique sur les MURIATES.

Extrait d'un Mémoire lu à l'Académie royale des sciences de Munich, le 10 mars 1821,

Par M. VOGEL.

On sait que tous les muriates terreux et alcalins, mis en contact avec de l'acide sulfurique concentré, font une effervescence due à un dégagement de gaz acide muriatique. Cette effervescence n'a cependant pas lieu avec l'acide sulfurique, qui est mêlé auparavant avec partie égale ou avec une plus grande quantité de son poids d'eau.

Comme plusieurs muriates métalliques ne se comportent pas de la même manière avec l'acide sulfurique concentré, et comme on observe au contraire beaucoup d'anomalies dans cette action, j'ai fait une série d'expériences sur cet objet pour en observer et examiner les phénomènes.

VII. Année. - Novembre 1821.

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Muriate de cuivre et acide sulfurique.

Lorsque l'on verse de l'acide sulfurique concentré sur le deuto-muriate de cuivre hydraté, ce sel perd sur-le-champ sa couleur verte, et devient brun, parce que l'acide snlfurique lui enlève de l'eau ; mais il ne se dégage pas de gaz acide muriatique, et l'on n'aperçoit aucun signe d'effer

vescence.

Après avoir conservé le mélange pendant quelques jours dans un vase clos, on peut décanter l'acide sulfurique qui est parfaitement blanc, et ne renferme pas une trace de cuivre; le muriate de cuivre se trouve en masse au fond du vasse, sans avoir éprouvé aucune décomposition. En l'exposant à l'air humide ou bien en l'arrosant avec quelques gouttes d'eau, il reprend sa couleur verte.

La décomposition du muriate de cuivre a cependant lieu aussitôt qu'on élève la température de son mélange avec l'acide sulfurique; il se dégage alors du gaz acide muriatique avec une vive effervescence; il reste dans le matras un sel insoluble dans l'alcohol, et qui donne par sa dissolution dans l'eau des cristaux bleus de sulfate de cuivre.

L'acide sulfurique concentré se comporte de la même manière avec le muriate de cuivre brun, privé d'eau par la dissection, et avec le sous-muriate de cuivre naturel ou le sable vert du Pérou.

Il n'y a aucune action à froid de la part de l'acide sulfurique sur ces deux substances; mais l'effervescence a lieu à l'aide de la chaleur, et il reste dans l'un et l'autre cas un sulfate de cuivre.

Muriate de fer et acide sulfurique.

Le muriate protoxide de fer, bien desséché, mis en contact avec l'acide sulfurique concentré, fait de suite une

vive effervescence. Il se dégage du gaz acide muriatique, et il reste du sulfate de fer.

Le muriate de fer au maximum, en poudre sèche, se comporte, sans que l'on chauffe le mélange, de la même manière avec de l'acide sulfurique. Il se dégage du gaz acide muriatique, mais point de gaz oxi-muriatique.

Muriate de zinc et de manganèse.

Le muriate de zinc, desséché et arrosé ensuite avec de l'acide sulfurique concentré, donne, sans le secours de la chaleur extérieure, une vive effervescence. La même chose a lieu avec le muriate de manganèse: un dégagement de gaz acide muriatique se fait remarquer, mais point de dé gagement de gaz oxide-muriatique.

Muriate de protoxide d'étain.

Il se manifeste bien une effervescence quand on verse de l'acide sulfurique sur le muriate d'étain; mais elle est trèsfaible en comparaison de celle que nous avons observée avec les sels précédens de fer, de zinc et de manganèse.

J'ai introduit deux onces de muriate d'étain cristallisé, dans une cornue de verre, munie d'un ballon tubulé, duquel partait un tube recourbé plongeant dans l'eau.

L'appareil monté, je versai sur le sel d'étain deux onces d'acide sulfurique concentré, qui produisit une effervescence faible et un dégagement de gaz acide muriatique.

Après avoir mis des charbons ardens sous la cornue, l'effervescence devint très-vive, et des vapeurs blanches, trèsépaisses, passèrent dans le ballon. Il se dégagéa dụ gaz acide muriatique, du gaz hydrogène sulfuré et du gaz acide sulfureux.

L'eau qui était passée dans le récipient se troubla, et laissa déposer du soufre. Ce soufre provenait, selon toute

apparence, de la décomposition mutuelle du gaz hydrogène sulfuré et du gaz acide sulfureux; car la chaleur employée jusque-là était trop faible pour que du soufre eût pu se sublimer, ce qui n'arrive que vers la fin de l'opération par une chaleur plus intense. Le soufre se trouva au reste à une distance très-éloignée de la cornue, et dans le récipient dont le col n'était pas échauffé. Le muriate d'étain était entièrement décomposé par l'acide sulfurique, et il resta dans la cornue une masse blanche, qui, exposée à l'air humide, se convertit en un liquide jaunâtre ( du sulfate de deutoxide d'étain).

L'expérience fut répétée de la manière suivante :

Quatre onces de proto-muriate d'étain furent introduites. dans une cornue, avec trois onces d'acide sulfurique concentré; un tube recourbé, ajusté au ballon, plongea dans un flacon contenant de l'eau, et de celui-ci partait un autre tube qui s'enfonça dans une dissolution d'acétate de plomb.

La dissolution achevée, le gaz acide muriatique s'était dissout dans l'eau, et le gaz hydrogène sulfuré passa dans l'acétate de plomb qui en était noirci. Il s'était déposé du soufre dans le ballon, et l'eau chargée de gaz acide mu ́riatique contenait aussi de l'acide sulfureux. Une petite quantité de muriate d'étain était passée dans le ballon.

Proto-muriate de mercure (mercure doux).

Du mercure doux obtenu par sublimation, et bien desséché, a été mêlé avec le double de son poids d'acide sulfurique concentré. Il n'y avait ni effervescence, ni décomposition; car après trois jours de contact, le liquide décanté de la matière pulvérulente, ne contenait pas une trace 'd'acide muriatique ni de mercure; mais en appliquant la chaleur, et surtout lorsque l'acide fut porté à l'ébullition, le mercure doux se dissout en totalité, et forme avec l'acide une liqueur parfaitement transparente. Il se dégagea du

gaz acide sulfureux, mais point de gaz muriatique, dont je me suis assuré en ce que je fis passer le gaz qui se dédans une dissolution de nitrate d'argent; le précipité gagea blanc qui se forma était entièrement soluble dans l'acide nitrique, c'était donc seulement du sulfite d'argent.

Il se sublimait pendant l'ébullition, dans le col de la cornue, des aiguilles blanches solubles dans l'alcohol, et que l'eau de chaux colorait en jaune. Ces aiguilles n'étaient autre chose que du sublimé corrosif.

Lorsque l'on fait refroidir promptement la dissolution du mercure doux dans l'acide sulfurique, elle se prend en masse blanche saline, qui se redissout de nouveau en la chauffant; mais si le refroidissement de la dissolution s'opère lentement, il se forme des aiguilles blanches qui se croisent

en tous sens.

La matière saline qui reste dans le matras ne se dissout pas complétement dans l'eau, ni dans l'alcohol. L'alcohol en dissout beaucoup de sublimé corrosif, et laisse une poudre jaunâtre composée de deuto-sulfate de mercure et de mercure doux; ce dernier était dissout dans l'acide sulfurique et échappé à la décomposition.

Le mercure doux se décompose cependant aussi en totalité par une ébullition long-temps continuée avec l'acide sulfurique. La masse restante se dissout alors entièrement dans l'eau bouillante, et par une évaporation lente on obtient des cristaux de sublimé et de sulfate de mercure. Le sublimé peut être séparé du dernier sel par de l'alcohol bouillant.

L'acide sulfurique concentré, bouillant, dissout donc le mercure doux en grande quantité, et le transforme enfin en sublimé et en deuto-sulfate de mercure.. L'acide sulfurique est décomposé en partie pendant cette action, et donne naissance à la formation de gaz acide sulfureux.

Il ne se dégage pas de gaz acide muriatique dans cette opération, et cela provient sans doute de ce qu'il se forme du deu

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