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orphelines (1) ont trouvé une nouvelle famille dans celle du citoyen Mauclerc.

Pouget étoit doué d'une excellente mémoire d'une pénétration singulière, et d'une disposition constante à l'étude. Né timide, il cachoit le sentiment d'une supériorité, qui ne lui fit jamais blesser les convenances sociales dans le monde, ni dans l'Académie les égards dûs à ses Confrères; Il possédoit cette indulgence aimable, compagne du vrai mérite et de la politesse des mœurs; il savoit que la communication des lumières, le plus grand avantage des sociétés littéraires, doit être franche et non interrompue, et que c'est un bien commun qu'il faut tâcher d'augmenter, sans ambitionner le droit exclusif d'évaluer le mérite d'autrui; il communiquoit volontiers ses idées, et n'écartoit jamais des coopérateurs.

Il aimoit les beaux arts, et connoissoit tous les chefs-d'œuvres dont s'énorgueillit notre littérature. Dans l'âge heureux où l'on préfére la lecture de Racine à celle de Newton; dans le tems où une imagination ardente aime à embellir tous les objets qui la frappent des charmes de la poësie, il eût été bien pardonnable de faire des

(1) Lucie et Adèle. La dernière s'est mariée depuis peu avec le citoyen Tapié, de Narbonne.

vers. Un de ses amis, persuadé qu'il pouvoit en faire de bons, lui adressa une épitre où il cherchoit à lui démontrer qu'il étolt né poëte. Pouget répondit par les vers suivans, les seuls peut être qu'il ait faits en sa vie, et que je n'aurois pas rapportés ici, s'ils ne m'avoient paru être une excellente imitation des cinq premiers vers que Perse, le plus obscur de nos poëtes latins, a mis à la tête de ses satyres:

« Non, je n'ai point dormi sur la double colline, »Je n'ai jamais puisé dans la source divine, » Que Pégase, en naissant, du haut de l'Hélicon, » Fit jaillir et tomber dans le sacré vallon; » Je laisse le Parnasse et la sombre Piréne, » Et les bois toujours verds des bords de l'Hypocrêne, » A ceux dont Apollon peut avouer les vers, >> Et qu'on voit en public de lauriers tout couverts(1).

(1) Nec fonte Labra prolui caballino : Nec in bicipiti somniaffe Parnasso Memini, ut repente sic poëta prodirem Heliconiadasque, Pallidamque Pirenen Illis remitto, quorum imagines lambunt Hedera sequaces;

De l'Imprimerie de TOURNEL père et fils. An 10.

BULLETIN

DE LA SOCIÉTÉ LIBRE

DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES

DE MONTPELLIER.

N.° VII.

OBSERVATION sur les bons effets de l'eau de Balaruc, prise en boisson et à des doses très-modérées, dans quelques espèces de vomissement chronique ; communiquée à la Société libre des Sciences et BellesLettres de Montpellier, le 6 Frimaire

an 10,

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Par le Citoyen FOUQUET, Médecin.

NE cause astez

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commune quoique peu connue, des vomissemens chroniques, est l'engorgement de la veine-porte, ou un état de pléthore de cette partie du système vasculaire veineux. On peut présumer l'existence de cette cause

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chez les personnes d'un tempérament sanguin, chez celles qui ont atteint cette période de la vie à laquelle le département du foie prend une prédominance marquée; chez celles qui, sujettes aux hémorrhoïdes, ont éprouvé une suppression. de ce flux ; enfin, chez les personnes du sexe parvenues à cet âge connu sous le nom d'âge critique, et qui est amené par la cessation de l'évacuation menstrueile. Les femmes, à cette époque, comme l'a fort bien dit MICHEL DE HEREDIA (1), sont affectées d'un état de pléthore, non seulement dans les vaisseaux de la matrice où l'habitude semble y diriger encore les mouvemens et les humeurs, mais aussi dans le système de la veineporte et dans le foie, ainsi que l'annoncent les hémorrhoïdes, les douleurs dans les reins, les inflammations lentes du foie, la jaunisse et autres accidens qui surviennent pour lors.

Témoin, plusieurs fois, des solutions spontanées des vomissemens chroniques, soit par des selles abondantes, soit par un flux hémorrhoïdal, j'ai cherché à imiter ces terminaisons naturelles, en portant sur les organes inférieurs une irritation capable d'y exciter des efforts analogues, et à provoquer une diarrhée artificielle, ou des évacuations sanguines par les vaisseaux du siège. C'est ce que je suis heureusement parvenu à obtenir; quelquefois, par les lavemens viscéraux donnés suivant la méthode de Kampf, et surtout par l'usage des eaux de Balaruc, dont les vertus fondante, résolutive, purgative, me paraissent ap

(1) Comment. in Hipp.de morb.popul. historia virg. abder.

propriées contre divers autres élémens morbifiques qui peuvent compliquer la cause essentielle du vomissement.

Les observations suivantes, que je choisis parmi plusieurs autres que j'ai recueillies, fournissent la preuve de ce que j'avance.

Le Citoyen D. *** âgé d'environ 55 ans, d'un témpérament bilioso-sanguin, éprouvait depuis quatorze ans, un vomissement de matière blanche, écumeuse, ne faisant aucune effervescence sur le pavé, et parfaitement semblable à l'humeur de la salive. Ce vomissement qui avait constamment lieu le matin et le soir, et sans beaucoup d'efforts, se répétait quelques instans après les repas. Le malade rejettait alors une grande partie des alimens qu'il venait de prendre.

Dans un examen fait avec beaucoup d'attention et dirigé principalement vers la région épigastrique, il ne fut aperçu aucune lésion organique, ni aucune autre cause sensible de cette affection. Les réponses du malade aux diverses questions qui lui furent faites sur les circonstances qui avaient précédé, sur ses maladies antérieures, ses habitudes etc., ne fournirent pas plus de données bien précises sur la nature de ce vomissement.

Ce citoyen, qui vint me demander conseil le 15 prairial an 8, avait déjà eu recours aux avis de plusieurs autres médecins, qui avaient employé une longue suite de remèdes, dont l'inefficacité l'avait jeté dans le découragement.

Je lui prescrivis un régime de vie doux et humectant, et une méthode de traitement, dans laquelle étaient combinés divers moyens fondans, anti-spasmodiques, toniques etc.; ces remèdes.

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