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ayant été successivement employés jusqu'au commencement de thermidor, mais toujours sans aucune apparence de succès, je le mis alors à P'usage des lavemens viscéraux, donnés suivant la méthode de Kampf. Peu de temps après l'administration de ce genre de secours, il s'établit par les vaisseaux hémorrhoïdaux internes une évacuation de sang noir et épais qui se soutint pendant trois jours.

Cependant le vomissement persistait encore avec la même intensité les premiers jours de fructidor, époque à laquelle on cessa l'usage des lavemens viscéraux qui, continués pendant un mois, paraissaient inutiles. Ces insuccès et les bons effets que j'avais obtenus des eaux de Balaruc données dans des cas analogues, me décidèrent à en faire l'essai. Le malade commença, en conséquence, par boire, le matin à jeun, un demi-verre de cette eau minérale coupée avec égale quantité d'eau commune. Huit ou dix jours après, le flux sanguin reparaissant, je fis suspendre l'usage de ce remède, qu'on ne tarda pas à reprendre. On en augmenta par degrés la dose, en diminuant proportionnellement celle de l'eau commune, jusqu'à ce que le malade put supporter environ deux verres d'eau minérale pure. Cette boisson continuée pendant une vingtaine de jours suffit, en déterminant des selles abondantes et de couleurs variées, tenant plus ou moins de l'atrabilieuse, pour faire cesser ce vomissement, qui, d'abord, revint à des intervalles plus éloignés, et finit par disparaître entièrement. Il y a aujourd'hui plus d'un an que le malade a vu terminer ses incommodités.

L'emploi de l'eau de Balaruc a été suivi du même succès chez une femme âgée de 45 ans, qui, depuis la cessation de ses mois, était sujette à des vomissemens très-fréquens. On avoit inutilement tenté sur cette femme, dont la maladie avoit été précédée par de vives affections de l'ame, des anti-spasmodiques directs et révulsifs, des saignées du bras, du pied, une application de sangsues à la marge de l'anus, des compressions sur la région de l'estomac etc.

Un homme hémorrhoïdaire, âgé d'environ 50 ans, chez qui une suppression du flux hémorrhoïdal avoit déterminé un vomissement semblable contre lequel on avoit aussi opposé inutilement les saignées etc., fut guéri par le même remède. Dans l'un et l'autre de ces deux malades, je déterminai, par l'usage de cette eau minérale, des évacuations de sang par les vaisseaux du siège, qui, en diminuant la pléthore du système de la veine porte, amenèrent la cessation du vomissemnt; mais chez le dernier il se joignit au flux hémorrhoidal, une diarrhée qui ne contribua pas peu à la guérison.

Les eaux de Balaruc conviennent donc dans quelques espèces de vomissement chronique ; leur usage peut concourir utilement avec les lavemens de Kampf, ordinairement indiqués dans ces sortes de maladies. Le diagnostic du genre de vomissement contre lequel elles peuvent être employées avec avantage, se déduit principalement des anamnestiques, du tempérament du sujet, de son áge, de ses habitudes etc.

Il faut cependant observer que ce remède ne peut réussir dans tous les cas de vomissement

que leur usage est contr'indiqué par une sensibilité et une irritabilité excessives de tout le système, ou des entrailles en particulier, qui accompagnent souvent les melena ordinaires, par des lésions organiques, un état de foiblesse de la poitrine,

etc. etc.

La Nouvelle de la Paix ;

Par le Citoyen RIGAUD.

Tel est le titre d'une pièce en un acte, mêlée de vaudevilles, qui a été jouée avec succès sur le théâtre de Montpellier, les 17 et 18 Brumaire, an 10. L'Auteur, le Citoyen Rigaud, Membre de la Société, a essayé d'acquitter la reconnaissance nationale, en confiant aux formes dramatiques les sentimens d'admiration dont l'Europe entière est pénétrée pour le premier Consul de la République française, auquel nous devons l'inestimable bienfait de la paix. Un jeune militaire qui, après plusieurs campagnes, revient inopinément dans son canton, où il retrouve son amante, et apporte officiellement la nouvelle de la paix qui doit le fixer près d'elle, est mis en opposition avec un marchand de vin, gascon, intéressé à la continuation de la guerre, rival plus ridicule que redoutable, et qui est aisément éconduit. C'est dans ce cadre léger que le citoyen Rigaud a su placér l'ivresse de la joie publique, et plusieurs couplets ingénieux adaptés aux circonstances: Nous regrettons que la nature de ce recueil nous interdise l'analyse de cette pièce. Il nous suffit de

consigner ici la satisfaction que la Société a éprouvée en voyant l'un de ses membres devenir, dans des momens aussi intéressans, l'organe des sentimens et de l'opinion de ses concitoyens.

De l'influence générale des beaux Arts sur la Poësie, et de celle de la Poësie sur les beaux Arts.

A un jeune Poëte qui part pour l'Italie.

Par le Citoyen MARTIN-CHOISY.

L'ame est un feu qu'il faut nourrir, Et qui s'éteint s'il ne s'augmente. (VOLTAIRE ).

( 1788 ).

Qu'Apollon t'accompagne en tes heureux

voyages !

Va cueillir des moissons de sentimens, d'images, Dans ces lieux où ce Dieu toujours pur dans

son cours,

Féconde les beaux arts, dispense les beaux jours; Va contempler sa gloire aux champs de l'Italie: De chefs-d'œuvres sacrés, cette terre embellic Prodigue à tous les yeux ses trésors innocens,

Un jour,

le plus beau prix des plus fiers
conquérans ;

Couvre de tes regards la Vénus immortelle
Qui nâquit de la mer, dont l'heureux Praxitèle
Soumit à son ciseau les célestes contours;
Hélas! elle a perdu le trône des amours,
Mais son marbre animé par un divin sourire,
Des beaux arts plus heureux a conservé l'empire.

Admire l'Apollon plein de grâce et de feu
Et plus beau que le jour, dont il étoit le Dieu;
Que tes sens soient troublés et tes yeux
immobiles !

Savoure longuement ces voluptés utiles,
Qui gravent dans ton cœur un puissant souvenir;
Le curieux doit voir, le poëte sentir :
Élève ta pensée à l'aspect des portiques
Que défendent les traits de ces héros antiques,
D'un peuple qui n'est plus, éternels monumens,
Conservés par l'histoire et même par le tems;
Ainsi des nations s'éternise l'empire.

Dans Rome avec le goût l'antiquité respire:
C'est en interrogeant ses mânes immortels
Qu'on vit renaître Apelle au sein des Raphaels;
Du Carrache fécond les peintures savantes,
Et du Dominiquin les toiles éloquentes,
Offrant des passions les premiers mouvemens,
De ton ame de feu seront les alimens:
Épure ton oreille à cette mélodie,

Qui jadis par les Grecs mille fois applaudie,
Ne veut pour rappeler les miracles du chant
Que leurs sens délicats et leur rithme touchant :
A ton art plus unie, elle augmente ses charmes;
Avant d'en arracher, tu dois verser des larmes ;
Et que ton cœur embrasse avec émotion
De ces arts fraternels la double fiction.

L'Imagination, cette sœur du Génie, Animant les pinceaux, les vers et l'harmonie, Et qui dans ces climats règne sur les esprits, Ainsi que la mollesse au sein de Sybaris, Éveillant dans ton cœur, siège de ta mémoire, Le besoin de produire et la soif de la gloire, Saura t'environner de ses enchantemens;

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