- Il seroit déplacé d'aller plus loin et de parler en pleine Académie, d'un Bal qui a duré toute la nuit; d'ailleurs que dirai-je d'un plaisir, le seul peut-être qui puisse se soutenir, sans variété?

Voilà, MM., le récit fidèle de l'Inaugura tion de la Statue de Voltaire ; j'espère que la critique fera grâce au Narrateur; ce jour là, elle avoit fui à l'aspect du Grand-Homme; il n'a eu que des partisans et des enthousiastes; ceux même qui comme moi ne regardent pas comme des préjugés, les idées salutaires qui servent à nous rendre meilleurs, et sans les quelles il est difficile d'être vertueux, n'ont pu mentir à leur goût et à leurs plaisirs, et ont payé leur tribut d'admiration à l'Enchanteur du dix-huitième siècle, au Génie le plus éton nant dans les Lettres, que la Nature ait pro duit; on avoit oublié même, l'imprudent qui

poursuit sa mêmoire;, cet infatigable Censeur devroit se ressouvenir (en parodiant un beau vers de Ducis)

Que soixante ans de gloire ont paré sa victime;

Et qu'enfin il y a la prescription d'un siècle en faveur des droits de Voltaire à l'immortalité.

EXTRAIT des Registres de la Société libre des
Sciences et Belles-Lettres de Montpellier,

Séance du Jeudi 14 Pluviose an 11.

LE Citoyen Martin-Choisy a lu un rapport sur l'inauguration de la statue de Voltaire, faite au Muste de Montpellier, le r nivose dernier.

Un membre demande que ce rapport soit inséré dans les Bulletins de la Société, à cause du grand intérêt que présente pour les Lettres et la Philosophie l'hommage public rendu dans la cité à l'un des plus beaux génies de la France, intérêt rendu plus sensible par la manière dont ce rapport a été rédigé.

La Société, considérant que ses registres sont une sorte de dépôt public où le souvenir des événemens, qui honorent les Sciences et les Belles-Lettres, a de droit une place marquée ; que la gloire du grand-homme, objet de la séance du Musée, et les talens distingués des Citoyens qui l'ont célébrée, forment pour la ville de Montpellier et en particulier,

pour un établissement, spécialement utile aux Let tres et aux Beaux Arts, une réunion de circonstances heureuses, qui méritent de la publicité; qu'enfin, le rapport à elle lu par le Citoyen Martin Choisy, est l'ouvrage de l'un de ses membres, et lui appartient à ce titre :

A unanimement délibéré que ce rapport seroit transcrit dans ses registres, et inséré dans le plus prochain numéro des Bulletins qu'elle publie.

Je soussigné, certifie l'extrait ci-dessus conforme aux registres et au jugement de la Société.

A Montpellier, le 20 pluviose an onze de la République.

POITEVIN,

Secrétaire de la Soc. libre des Sc. et B. L. de Montpellier.

BULLETIN

DE LA SOCIÉTÉ LIBRE

DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES

DE MONTPELLIER.

N.° XIV.

Notice minéralogique sur Montferrier.

Par J. DRAPARNAUD,

LE petit mont basaltique au sommet duquel

est bâti le village de Montferrier me paroît mériter l'attention des minéralogistes, soit par sa position, soit par les substances qu'il présente Situé à une lieue au nord de Montpellier, sur la rive droite de la rivière du Lez, au milieu d'un pays entièrement calcaire, secondaire, il forme en quelque sorte le pendant avec la montagne de St. Loup, située auprès d'Agde, et la chaussee basaltique de St. Thibéri. Sa hauteur ne me paroît pas dépasser 50 mètres; et l'on en fair le tour à la base dans 15 minutes.