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mens d'amphibole et une terre d'un vert de serin très-agréable, que je crois provenir de la décomposition de l'amphibole, et qui a beaucoup de rapports avec la mine de fer verte de WERNER. Ils ont quelquefois une figure prismatique ou cunéiforme; ce qui tient sans doute à ce qu'ils ont rempli la place qu'occupoient des prismes de basalte. Ils sont assez souvent colorés en jaunâtre ou en rougeâtre, par le péridot décomposé.

Tel est le tableau fidelle des substances minérales que présente le mont basaltique de Montferrier. Je m'abstiendrai d'y joindre aucune théorie géologique: car la géologie n'a été jusqu'à présent que le roman de la minéralogie. Les Neptuniens seront surpris sans doute que je n'aie pas assuré que Montferrier n'est point un ancien volcan: mais les Vulcanistes le seront bien davantage que je ne me sois pas entièrement conformé à l'opinion généralement reçue dans nos contrées méridionales.

OBSERVATIONS sur la formation et la cristallisation sous-marines du Spath calcaire;

LA

Par J. DRAPARNAUD,

A formation et la cristallisation du Spath calcaire sous les eaux de la mer, m'ont paru des faits propres à exciter l'intérêt des Minéralogistes, et à éclairer quelques points de Géologie. C'est

ce qui m'a décidé à publier succinctement le résultat des observations que j'ai faites sur cet objet pendant plusieurs années.

Il se forme sans cesse dans le sein de la Méditerranée de grandes masses de pierre calcaire coquillière; et les flots en rejettent souvent sur le rivage des portions assez considérables. Si on les examine avec attention, l'on voit que les fragmens de coquilles, les galets, les grains de sable, qui les composent, sont agglutinés ensemble par l'intermède d'un ciment calcaire confusément cristallisé. Il n'est pas rare d'y trouver des valves de coquilles dont la cavité est tapissée de cristaux de Spath calcaire, et qui ressemblent à des géodes. Les molécules de chaux carbonatée n'étant point gênées dans les cavités de ces coquilles, ont pu obéir librement aux lois de la cristallisation et prendre des formes régulières. Ces cristaux de chaux carbonatée appartiennent à la variété que Mr. l'abbé HAüY a nommée Chaux carbonatée inverse, et que les anciens minéralogistes appeloient Spath calcaire muriatique. J'en ai cependant observé qui peuvent être rapportés à la variété cuboide du même auteur. La première de ces variétés a la forme d'un rhomboïde aigu dont J'angle du sommet est de 78°27'47": la seconde est un rhomboïde qui se rapproche de la forme cubique et dont l'angle du sommet est de 87°42′30′′. Tous ces cristaux sont d'une couleur un peu jaunâtre et n'ont pas une très-belle transparence; ce qui tient sans doute, ainsi que leur forme, à la nature même du fluide dans lequel ils se sont formés.

Les minéralogistes ont tous attribué une origine sous-marine à la pierre calcaire secondaire: mais

ils paroissent avoir ignoré que le Spath calcaire, même cristallisé, a souvent une origine semblable. Les observations précédentes demontrent qu'une grande quantité de Spath calcaire se forme et cristallise journellement sous les eaux de la Mediterranée. Elles prouvent de plus que la pierre calcaire secondaire ne se forme pas dans le sein des mers par le seul entassement des coquilles, des galets..... ainsi que l'ont pensé BUFFON et la plupart des naturalistes, mais que la nature unit ces divers matériaux à l'aide d'un ciment calcaire qui se forme continuellement sous les eaux marines. Ce même ciment agglutine entr'elles les molécules du sable et donne ainsi naissance aux bancs de grès. Je laisse aux Géologistes à déduire de ces observations toutes les conséquences qui peuvent én découler. Il faut un génie supérieur pour être le digne interprète de la nature: je me borne à en être le fidelle historien.

ADDITION à la noté du Citoyen RAMOND, sur l'Asphodèle rameux.

Par le Citoyen LA CHABEAUSSIERE, Directeur des Salins de Sette, Membre de plusieurs Académies anciennes.

LA note

A note intéressante du Citoyen RAMOND (a), sur l'Asphodèle rameux, mérite toute la reconnois

(a) V. Bulletin N.° IX,

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sance de ceux qui sont à portée d'user des rensei gnemens qu'il a donnés, et nous lui devons à notre tour de lui détailler tout ce que nous savons sur cette belle plante.

L'Asphodèle rameux que le Citoyen RAMOND a vu dans les montagnes des Hautes-Pyrénées, et VILLARS dans celles des Alpes, croît aussi dans les montagnes des Basses-Pyrénées: il est très-abondant, comme l'a observé le Cit. GoUAN, aux environs de Montpellier, et surtout à Aiguesmortes, et dans les plages entre la mer et les étangs.

Dans les Basses-Pyrénées, au pays Basque, je l'ai vu dans une montagne qui porte son nom; elle est surmontée d'une maison qui porte le nom de la plante et de la montagne; mais ce nom est Basque (amboulo).

Cette montagne a sa base à ro toises seulement au-dessus du niveau de la mer, dont elle est éloignée de 10 lieues; sa crête est à 200 toises seulement au-dessus de sa base.

On ne connoît pas dans ce pays-là l'usage que le Citoyen RAMOND indique tant des feuilles fraîches pour les vaches, que des feuilles fanées pour les

moutons.

Il en est sans doute de ce goût comme de bien d'autres, l'habitude le développe et l'utilise : c'est beaucoup de savoir qu'on peut le faire naître; et cette plante croissant naturellement, il est hors de doute qu'avec fort peu de soin on peut la multiplier avantageusement.

L'Asphodèle rameux, que l'encyclopédie méthodique assimile avec le non rameux, croît en Italie, en Espagne, en Autriche, et ailleurs.

Le dictionnaire de l'industrie, article coupure, indique l'asphodelus lancastriæ verus de Jonston comme spécifique en Écosse contre les hémorragies. Je ne sais à laquelle des cinq ou six espèces connues d'asphodèle celle-ci a du rapport.

A Aigues-mortes et dans les plages on ignore aussi l'usage indiqué par le Citoyen RAMOND, des feuilles d'asphodèle; mais on en fait des alumettes; c'est un petit commerce dans la ville d'Aigues mortes.

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Une propriété particulière de la racine d'asphodèle, c'est de guérir très-promptement les éruptions dartreuses; elles disparoissent souvent après le premier frottement, et presque toujours après l'avoir réitéré deux ou trois fois en deux ou trois jours; il peut n'être pas prudent de guérir aussi promptement toute espèce de dartres; mais il est bien des cas où l'on en peut user.

Pour opérer cet effet, on prend une des tubérosités qui sont en nombre et forment la racine de l'asphodèle rameux; on la casse par le milieu, et on frotte avec cette racine la dartre elle-même.

L'évêque d'Agde (St. Simon), qui possédait beaucoup de connoissances agricoles, avoit ordonné de mêler des racines d'asphodèle avec le son des cochons de sa ménagerie; il m'a été assuré qu'ils le mangeoient; mais soit paresse ou incurie, on ne suivit pas ces essais; et l'évêque, détourné par d'autres soins, ne s'en occupa plus.

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