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La pomme de terre, le turneps', la carotte, etc., ne sont point attaqués par les bestiaux dans les pays où on n'est pas accoutumé à les leur donner pour nourriture; il en est de même sans doute des feuilles et racines d'asphodèle: quelques chevaux sont fols de côtes de melons, d'autres les rejettent; et il en faut conclure que si la nature n'a pas destiné certains alimens pour la nourriture des animaux, il est possible cependant de les leur faire adopter même avec une sorte de fureur, lorsqu'on les a forcés d'en manger quelquefois; et les instructions du Citoyen RAMOND veulent être mises en pratique j'en ferai l'épreuve et j'en rendrai compte en son temps.

Le fruit de l'asphodèle ou plutôt la pulpe qui enveloppe ce fruit, ressemble à une petite pomme; son goût est douceâtre ; les enfans la mangent sans qu'il en résulte aucun inconvénient (b). On pourroit les soumettre à la fermentation vineuse, dût-on y ajouter un peu de sucre; j'ai des preuves qu'elle s'établit même sans addition; je pousserai plus loin cette épreuve.

En 1786 il y eut disette dans le pays Basque ; elle fut l'effet de l'enlèvement fait par les espagnols de tout le maïs des environs: en vain on avoit donné des ordres pour arrêter cet abus; la nuit, des mulets, les pieds empaquetés de linges et de chiffons, passaient sans bruit près des habitations; les communes environnantes, craignant même fléau, se refusèrent

(b) Les auteurs assurent qu'Épiménide vécut trèslong temps en ne se nourrissant que de pastilles composées d'asphodèle, de mauve et d'une espèce de scille,

à alimenter celle qui se trouvoit dépourvue; Baïonne n'avoit que son nécessaire; on écrivit en Amérique pour faire arriver du maïs.

Je fis ouvrir les greniers des fermiers des dixmes; j'entretins tant que je pus avec ce secours; mais la disette devenait extrême, déjà quelques pauvres gens avoient eu recours à des orties qu'ils avoient fait bouillir; je fis cuire des racines d'asphodèle; j'en mangeai; j'en fis manger; le mets n'étoit pas savoureux, mais il me prouva la possibilité de remédier à une extrémité désespérée. Heureusement le maïs d'Amérique arriva; il fut cher: car la cupidité spéculant sur le besoin, les navires, qui pouvoient entrer en nombre à Baïonne, né venoient qu'un à un: mais enfin on ne manqua plus d'alimens.

La fécule de la racine d'asphodèle, obtenue dans ce temps, et que je me proposois de faire mélanger avec d'autres farines, si on avoit pu s'en procurer alors, étoit en, petite quantité et rousseâtre.

Je dirai, chemin faisant, que, dans cette circonstance de l'arrivage du maïs d'Amérique, j'en fis semer quelques grains; ils étoient blancs et aplatis; ils levèrent bien; la tige s'éleva jusqu'à 12 pieds, et il y en eut où l'on comptoit jusqu'à 1 1 épis; mais la saison étoit trop avancée; ils ne purent mûrir: j'ai toujours regretté de n'en avoir pas conservé pour semer l'année suivante dans un temps plus convenable: certes, c'était une richesse pour un pays qui ne vit que de maïs, que d'acquérir une plante aussi forte et aussi productive.

OBSERVATION de l'éclipse de soleil du 10 Fructidor an X.

Par le Citoyen POITEVIN.

J'AI

'AI fait cette observation à Mézouls, dont j'ai déjà indiqué la position (pag. 54). Le tems étoit très-serein. Le soleil, à son lever, étoit caché par un nuage peu large formant une bande noirâtre. A 5h 29', il était entièrement dégagé, et l'éclipse était d'environ trois doigts. Ne pouvant espérer que l'observation de la fin, j'y ai employé l'équipage moyen de ma lunette achromatique, et je l'ai déterminée à 6 h 9'15". Il peut y avoir quelques secondes d'incertitude, parce que j'étois seul et assez éloigné de la pendule. Il y avoit une grosse tache sur le soleil, mais dont je n'ai pu faire usage. Le tems vrai a été déterminé par les méthodes ordinaires.

LISTE

Des Membres de la Société Libre des

Sciences et Belles-Lettres de Montpellier,

Au 20 Germinal an XI.

ASSOCIÉS RÉSIDENS.

LES CITOYENS,

ALBISSON

LBISSON (JEAN), membre du Tribunat.

AMOREUX (Pierre-Joseph), membre de la ci-devant Académie des sciences de Montpellier, ancien professeur, d'histoire naturelle à l'école centrale de l'Hérault, associé à plusieurs Académies nationales et étrangères, etc....

BARTHEZ (PAUL-JOSEPH), professeur en Médecine de l'école de Montpellier, membre de la ci-devant Académie des sciences de cette ville, médecin du Gouvernement, correspondant de l'Institut national, etc...

"

BAUMES (JEAN – BAPTISTE - TIMOTHÉE), ci• devant professeur en Médecine de l'Université de Montpellier, aujourd'hui professeur de Pathologie, météorologie et nosologie à l'école de médecine de cette ville, président de la société de médecine - pratique, secrétaire perpétuel de la société de médecine du Gard, membre des sociétés de médecine de Paris Bordeaux, Marseille; de l'académie du Gard, de Vaucluse, de Dijon, etc....

BROUSSONET (VICTOR), membre de la cidevant académie des sciences de Montpellier, professeur de clinique interne à l'école de médecine de cette ville, membre du collége royal des médecins, et de la société de médecine de Madrid, associé à celle de médecine-pratique de Montpellier, de la société médicale de Londres, de Barcelonne, de Bordeaux; de la société philomatique de Paris, d'économie rurale de Vaucluse, etc...

BRUN (PIERRE-FRANÇOIS), préfet du département de l'Arriège, etc...

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CAIZERGUES (JEAN-RAYMOND), homme de loi, etc...

CARNEY (JEAN-ALEXANDRE ), membre dé la ci-devant académie des sciences de Montpellier,

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