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boleras, tandis que mon moiae conducteur conversait avec mes compagnons de voyage. La terre est amoncelée sur tous les édifices qui seraient encore enfouis, sans le zèle de l'Hyéronimite; et il n'est pas douteux qu'avec un peu de travail on continuerait à faire, dans ces lieux, une ample récolte d'antiquités. Il existe, dans la sacristie de la cathédrale de Séville, un miroir de métal en très bon état, dont les ecclésiastiques, qui nous le montraient, ignoraient l'origine et l'usage: un d'eux m'assura très-sérieusement que l'on guérissair infailliblement des fluxions à la tête en venant s'y regarder souvent avec une foi vive. Je vis en effet plusieurs individus à visage bouffi, se mirer avec beaucoup de dévotion devant ce bijou, qui peutêtre avait enseigné plus d'une minauderie à quelque jolie femme d'Italica.

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Sur l'inoculation de la petite vérole, et sur celle de la vaccine, etc.

Par le Citoyen CHRESTIEN.

Tout le monde connaît les services que l'ino'culation a rendus à l'espèce humaine. Un virus souvent funeste, lorsque son explosion est spontanée, ne produit communément qu'une indisposition légère sous les mains, qui le communiquent avec précaution. Cet art conservateur lui fait perdre l'énergie redoutable qu'il tenait de la nature, sans détruire son caractère. La maladie a existé mais douce et bénigne, et ne doit plus atteindre l'individu qui a été soumis à cette pratique salutaire,

Ces avantages peuvent-ils sé rencontrer dans l'inoculation de la vaccine, si fort en vogue depuis quelque temps? peut-on regarder la vaccine inoculée, comme un préservatif de la petite vérole? quelle analogie, ou quelles différences peuvent exister entre ces deux virus? L'homme et la vache, séparés par tant de différences, possèdent-ils une matière homogène, identique, une variole de même nature? car il faut supposer cela jusqu'à un certain point dans le système des vaccinateurs: ou bien, si l'on ne consulte que les faits déjà annoncés, doit-on abandonner une méthode sure pour une pratique nouvelle, avant d'avoir suivi, pendant long temps, un certain nombre d'enfans vaccinés, et de les avoir comparés avec un même nombre qui aurait eu la petite vérole inoculée ?

Toutes ces questions et plusieurs autres ont été maitées avec un grand développement, dans un ouvrage que le Citoyen Chrestien a présenté à la Société, et qu'il vient de publier (1).

L'auteur y a joint des observations pratiques très-intéressantes sur la méthode d'absorption, ce qui le conduit à parler des moyens qu'il emploie pour la guérison des maladies vénériennes, sans le secours du mercure: un certain nombre de cures saillantes et authentiques, dans des cas même où le mercure avait échoué, et notamment celle rapportée dans une lettre du Citoyen Fages,

(1) Cet ouvrage a pour titre: Opuscule sur l'inoculation de la petite vérole, avec quelques réflexions sur celle de la vaccine. suivi d'observations pratiques sur la méthode par absorption; par A. J. CHRESTIEN, Docteur en médecine de l'Université de Montpellier, etc. etc.... et se trouve à Montpellier, chez Renaud, libraire; et à Paris, chez Bossange, Masson et Besson, libraires, rue de Tournon: an IX; in-8.o de 240 pages.

chirurgien d'un très-grand mérite; membre de la Société, suffiraient pour établir la vérité et l'importance de sa découverte ; cependant plusieurs motifs le retiennent encore et l'engagent à ne pas la faire connaître; il les ramène en plusieurs endroits de son ouvrage, et s'en explique en ces termes :

« Il ne paraîtra guère possible, en ajoutant » aux détails que je viens de donner la foi qu'ils » méritent par leur fidélité, d'améliorer la mé>thode que j'ai adoptée: je le croyais; mais »j'étais dans l'erreur. Une addition faite à la » préparation dont je me sers, en déterminant >> une excitation plus forte, a abrégé de beaucoup » le traitement, en corrigeant probablement, » dans un temps plus court, la diathèse pituiteuse » que le virus vénérien imprime aux humeurs; » ce ne sera que par une longue suite d'expé>>riences, que je pourrai préciser les cas où il » sera avantageux de provoquer cette exaltation, » etc..... En annonçant les guérisons, (dit- il » ailleurs), sans indiquer les moyens, je puis » faire naître le désir de la découverte : peut-être » aucun de ceux qui s'en occuperont n'employera » les substances dont je fais usage, et l'on en >> découvrira d'autres aussi efficaces; ce qui enri>> chira d'autant la matière médicale, qui, quoique » paraissant bien étendue, est très-restreinte pour » le vrai praticien : les vertus de beaucoup de re>> mèdes sont plus souvent établies sur les probabi»lités, que sur l'étude réfléchie de leur action. »> Il ajoute plus bas: « Je ne crois pas être dans » le cas de rien changer aux préparations que »j'emploie contre le vice siphillitique; mais j'ai » besoin de traiter plus de maladies vénériennes >> compliquées que je n'en ai traité pour connaître

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» quelles seront les modifications nécessaires dans » les remèdes; j'ai à déterminer si le mode adopté » par Brera, en le réglant sur les sympathies, » d'après les connaissances anatomiques, et plus » sûrement d'après l'observation, ne méritera pas, » dans certains cas, la préférence sur celui de » Clare: si leur réunion ne décidera pas des effets >> plus salutaires et plus prompts ».

Il nous reste à désirer que le Citoyen Chrestien complète à son gré ses expériences ultérieures, et fixe les modifications dont, suivant les cas, ses préparations peuvent être susceptibles: qu'il poursuive les heureuses applications qu'il en a déjà faites au traitement des maladies scrophuleuses, des goîtres, du squirre de la matrice, et même de quelques espèces de phthisies pulmonaires; et alors les motifs de son silence ayant cessé, l'intérêt de l'humanité réclamera impérieusement de lui la publication de sa découverte.

On sent qu'un recueil considérable de faits et de réflexions, offert par un praticien célèbre à ceux qui se consacrent à l'art si difficile de guérir, n'est guère susceptible d'analyse: les détails précieux qu'il renferme sont du plus grand intérêt; et l'Académie a vu avec satisfaction combien il devait ajouter à la réputation de l'un de ses membres.

ESSAI nécrologique sur le citoyen BARDON, de la ci-devant Académie de Marseille lu à la Société le 16 Messidor an 9,

Par le Citoyen MAURICE SÉGUIER.

La ville de Montpellier vient de perdre, dans la personne du Citoyen Jean Antoine BARDON,

in littérateur distingué. C'était un de ces hommes modestes qui, comme le disait Scarron à M.elle d'Aubigné, mettent à cacher leurs talens le même soin que d'autres mettent à les faire voir.

Le Citoyen Bardon, jusqu'au moment de sa réception à l'Académie de Marseille, n'avait soupiré, comme il le dit lui-même dans le discours en vers qu'il y prononça,

Que de simples chansons, des bouquets à Chloé, Vers enfans du moment, madrigaux éphémères, Qu'emportent les zéphirs sur leurs aîles légères. Mais ces premiers essais avaient si bien l'empreinte du goût, leur auteur, dès son premier vol, avait si bien chargé ses aîles de ce miel pur que nos abeilles littéraires recueillent encore tous les jours sur les fleurs des poëtes Grecs et Latins, que l'Académie de Marseille crut s'honorer en se l'associant. Le seul Bardon, étonné de son choix, répondait à ses nouveaux confrères ;

Comment auprès de vous ne pas m'énorgueillir,
De ce brin de laurier que je viens de cueillir?
Lorsque le plus beau trait de toute mon histoire
Sera de pouvoir dire, étonné de ma gloire :
Sur ma tête, un beau jour, ce laurier se trouva
Et J'avais cinquante ans quand cela m'arriva.

Malgré la nouvelle place qui semblait l'avoir familiarisé avec la lumière, le Citoyen Bardon n'en aima pas davantage la publicité; il lisait ses nouveaux ouvrages à ses amis ou dans le sein de l'Académie, sans permettre qu'ils fussent jamais imprimés; le seul qui l'ait été, est une parodie d'Alceste, intitulé Céleste, qu'il avait fait pour être jouée à la campagne sur un théâtre de société. Un des acteurs vola le manuscrit et le porta au directeur de la troupe qui était alors à Marseille, Le Citoyen Bardon entendant parler d'une pièce

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