couvertes de sa grande écriture bien connue de ses nombreux correspondants succédaient aux pages, sans ratures, toutes prêtes pour l'impression. Malgré son naturel maladif, notre confrère paraissait vigoureux, et son visage souriant, terminé par une longue barbe, respirait la franchise. Il aimait passionnément la marche et, pour se reposer de ses travaux, consacrait une partie de ses vacances à parcourir, le sac au dos, une région de la France. Il excellait aussi à diriger une embarcation, et on le rencontrait sur la côte bretonne, menant la vie des pêcheurs. Il était heureux de retourner chaque année dans sa maison de Cabrespine. C'est là que la mort le prit, en 1916. Au début de septembre des douleurs violentes firent diagnostiquer une angine de poitrine, dont les premiers symptômes, déjà anciens, avaient été méconnus. Le 14, une crise subite l'enleva en quelques minutes à l'âge de cinquante ans ; il dort de son dernier sommeil dans le cimetière d'un petit village de la Montagne Noire. » Ainsi disparaissait dans toute la maturité de son talent, un travailleur d'une rare vigueur d'esprit. A une époque d'une spécialisation excessive, la prodigieuse activité de Duhem s'est portée sur les parties les plus variées des sciences physico-mathématiques, et il a été aussi un humaniste et un philosophe. L'harmonie fut profonde chez lui entre l'homme et le savant, que guidait l'un et l'autre une vue systématique des choses ; sa vie si bien ordonnée laisse l'impression d'une admirable unité. La France perd en lui un bon serviteur, l'Académie qui de bonne heure avait rendu justice à son infatigable labeur, un de ses membres qui lui faisaient le plus d'honneur. » a H. BOSMANS. « Etablissements F. CEUTERICK 60, rue Vilal Decoster, Louvan. |