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DE L'IMPRIMERIE D'EUGÈNE DUVERGER,

RUE DE VERNEUIL, No 4.

RAISONNÉE

D'UNE JOLIE COLLECTION

DE LIVRES

(NOUVEAUX MÉLANGES TIRÉS D'UNE PETITE BIBLIOTHÈQUE)

PAR CHARLES NODIER

DE L'ACADÉMIE FRANÇOISE, BIBLIOTHÉCAIRE DE L'ARSENAL

PRÉCÉDÉE

D'UNE INTRODUCTION PAR M. G. DUPLESSIS

DE LA VIE DE M. CH. NODIER, PAR M. FRANCIS WEY

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PRÉFACE.

Voici l'une de ces perles précieuses dont la vue seule intéressera vivement tous les bibliophiles véritablement dignes de ce beau nom, c'est la collection de M. Charles Nodier.

Aux yeux de M. Nodier la bibliographie n'était pas seulement la science du titre exact d'un livre, de sa date précise, de son format et de sa reliure; chacun des bijoux qu'il avait jugé dignes de figurer dans ses rayons était un trésor nouveau et devenait pour lui l'occasion de réflexions délicates, originales et philosophiques; il aimait à promener son admirable télescope sur tous ces petits mondes; il découvrait souvent, dans la plus mince plaquette, une peinture de mœurs, un souvenir littéraire, un précieux éclaircissement historique.

En parcourant un catalogue si peu considérable, on se demande comment, dans un cadre aussi restreint, on a pu mettre un ensemble aussi parfait? Et cependant l'excellent bibliophile disait souvent : « Pour compléter mes rayons il me faut une condition, dix années d'existence.

« Et d'abord je voudrais, dans ma théologie, un ou deux beaux Livres d'heures manuscrit et imprimé, et un délicieux Jarry me fait grande faute.

α

« Quoique je ne sois pas légiste, un beau Corpus juris civilis, Elzevir; quelques traités singuliers de droit ajouteraient à l'agrément de mes rayons. >>

« Le cadre de mes sciences-et-arts demeurera fort restreint; cependant je regrette quelques vieux livres à cos

tumes, de ces livres à gravures en bois dont les exemplaires non déshonorés sont si rares; j'ai toujours désiré un Veccellio, un Holbein, et parmi les livres de chasse un beau vieux et frais Gaston Phœbus. »

Il disait encore : « La classe de mes livres que j'affectionne le plus est, sans contredit, celle des belles-lettres; là, j'ai mis tous mes soins à recueillir; j'ai voulu qu'il y manquât peu de véritables diamants. Cependant, je ne suis pas encore content! je n'ai jamais trouvé un beau NICOT dans sa vieille reliure qu'il se présente, je lui fais sur-le-champ une belle place. J'ai d'ailleurs tout ce que j'ai pu trouver, et j'ai été assez heureux pour avoir de très beaux exemplaires. Voyez mes grammaires de la Ramée, Meygret, et mes divers ouvrages d'Henri Estienne; ils sollicitent l'admiration la plus rebelle. >>

La difficulté de trouver de beaux, d'excellents exemplaires des livres anciens est bien plus mal aisée qu'on ne le pense communément : ainsi, dans les cadres de M. Nodier il entrait nécessairement un Virgile. Eh bien ! sa bibliothèque est sans Virgile! Rien pourtant, dira-t-on, n'est moins rare qu'un beau Virgile; mais notre illustre patron ne voulait avoir que le Virgile des amateurs, le Virgile Elzevir 1636, beau, grand, et s'il eût été possible, dans sa vieille reliure. Eh bien! il n'en a jamais trouvé un exemplaire digne de sa bibliothèque, tel qu'il le rêvait, tel qu'il le connaissait dans quelques cabinets d'amateurs de Paris. Il se serait encore contenté du Virgile Elzevir de 1676, mais en grand papier, et dans l'attente d'un tel Virgile il n'en achetait pas d'autre.

Dans toute sa collection on reconnaît le goût exquis du littérateur consommé pour toutes les belles et bonnes curiosités; aussi ne soyez pas étonnés de trouver huit éditions de Rabelais, toutes plus rares, toutes plus jolies les unes que les autres. Voyez aussi sa collection des Moyens de parvenir; ses Cabinet et Parnasse satiriques, sa précieuse

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