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en pluies, se précipitoient en torrens, se répandoient en ruisseaux, couloient en rivières, et parvenoient jusqu'à la mer. Dės ce moment la séparation des poissons pèlagiens, des littoraux, de ceux qui remontent dans les fleuves, de ceux qui vivent coustamment dans l'eau douce des lacs et des rivières, a pu se faire, et les distribuer en quatre grandes tribus très-analogues à celles que l'on connoît maintenant.

Les ours marins, les tapirs, les cochons, les hippopotames, les rhinocéros, les éléphans, et les autres quadrupèdes qui aiment les rivages, qui recherchent les eaux, qui ont besoin de se vautrer dans la fange, ou de se baigner dans l'onde, se sont répandus à cette époque vers tous les rivages, et leur apparition a dû précéder celle des autres mammifères et des oiseaux qui, craignant beaucoup l'humidité, redoutant les flots de la mer ainsi que les courans des rivières, desirant la sécheresse, liés par tous les rapports de l'organisation avec une chaleur très-vive, ne se nourrissent d'ailleurs ni de poissons, ni de mollusques, ni de vers, d'aucun animal qui vive dans l'Océan, ou se plaise dans les rivières, ou pullule dans les marais. Elle est donc antérieure à l'ar

ni

rivée de l'homme, qui n'a pris le sceptre de la terre que lorsque son domaine, déjà paré de toutes les productions de la puissance créatrice, a été digne de lui.

Lors donc qu'on écartera l'idée de toutes les causes générales ou particulières qui ont pu bouleverser la surface de la terre depuis l'abaissement de la mer au dessous des premiers pics, on reconnoîtra que les fragmens et les empreintes le plus anciennement et le plus profondément enfouis sous les couches terrestres ou soumarines, sont ceux des poissons, des cétacés, des lamantius, des dugons et des morses; ensuite viennent ceux de ces morses, de ces dugons, de ces lamantins, de ces cétacés, de ces poissons et des phoques, des tortues de mer, des crocodiles, des oiseaux palmipèdes et des oiseaux latirèmes; on placera au troisième rang ceux de tous les animaux que nous venons de nommer, et des oiseaux de rivage; on mettra au quatrième ceux de ces mêmes animaux, des oiseaux de rivage, des ours marins, des tapirs, des cochons, des hippopotames, des rhinocéros, des éléphans; et enfin on pourroit trouver les images ou les débris de tous les animaux,

et de l'homme qui les a domptés par son intelligence.

Cependant si, au lieu d'admettre l'hypothèse d'après laquelle nous venons de raisonner, l'on préfère de croire que la mer a parcouru successivement les différentes parties du globe, laissant les unes à découvert, pendant qu'elle envahissoit les autres, il faudra nécessairement avoir recours à une catastrophe presque générale, qui, agissant sur des points de la surface de notre planète diametralement opposés, entraînant. hors de leurs habitations ordinaires les poissons pélagiens, les littoraux, les fluviatiles, les cétacés, les lamantins, les phoques, les ours marins, les hippopotames, les éléphans et plusieurs autres animaux terrestres, les arrachant à toutes les parties du globe, les réunissant, les mêlant, les confondant, les soumettant au même sort, les a entassés dans les mêmes cavités, recouverts des mêmes débris, écrasés sous les mêmes masses, et immolés du même coup.

Au reste, c'est au naturaliste entièrement consacré à l'étude de la théorie de la terre, qu'il appartient principalement de rechercher les causes auxquelles on devra rapporter les résultats que nous venons d'indiquer.

Les zoologistes lui présentent les faits qu'ils ont pu recueillir dans l'observation des organes des animaux, et des habitudes qui en découlent; ils lui exposent les conséquences que l'on doit tirer de ces forces, de ces mocurs, de ces analogies, de la nature des habitations, des gisemens des débris, de la séparation ou du mélange des espèces, de l'altération ou de la conservation de leurs traits principaux, du changement ou de la constance de leur manière de vivre, de la température du climat qu'elles préfèrent aujourd'hui, de là chaleur des eaux hors desquelles on ne les trouve plus.

Nous tâchons de découvrir les inscriptions et les médailles relatives aux différens âges de notre planète; c'est aux géologues à écrire l'histoire de ses révolutions.

OBSERVATIONS

Sur la structure du coeur des Poissons,

PAR DUVERNEY,

DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS.

CES observations ont été faites sur une

carpe.

Le cœur de ce poisson est situé sous les mâchoires qui sont au dessous des ouïes, au fond du gosier, et que j'appellerai máchoires internes pour les distinguer de celles qui sont au dessus, et qui forment l'entrée de la bouche. La cavité où le coeur se trouve renfermé est revêtue d'une membrane fort polie, qui tient lieu de péricarde dans plusieurs autres poissons, mais qui ne peut pas être ainsi nommée dans celui-ci, puisque le cœur est encore enfermé dans un sac formé d'une pellicule très-mince, qui est proprement son péricarde.

Le bas de cette même cavité est fermé par une membrane qui sépare le cœur d'avec

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