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les facultés, donné le jour à tous les êtres vivans que l'imagination la plus bizarre peut concevoir; que dans ce nombre infini d'espèces, celles qui n'avoient reçu que des moyens imparfaits de pourvoir à leur nourriture, à leur conservation, à leur reproduction, sont tombées successivement dans le néant; et que tout s'est réduit enfin à ces espèces majeures, à ces êtres mieux partagés, qui figurent encore sur le globe.

Quelque opinion qu'il faille préférer sur le point du départ de la Nature créatrice, sur cette multiplication croissante, ou sur cette réduction graduelle, l'état actuel des choses ne nous permet pas de ne pas considérer la nature vivante comme se balançant entre les deux grandes limites que lui opposeroient à une extrémité un petit nombre d'espèces primitives, et à l'autre extrémité l'infinité de toutes les espèces que l'on peut imaginer. Elle tend continuellement vers l'une ou vers l'autre de ces deux limites, sans pouvoir maintenant eu approcher, parce qu'elle obéit à des causes qui agissent en sens contraire les unes des autres, et qui, tour à tour victorieuses et vaincues, ne cèdent, lors de quelques époques, que

pour reparoître ensuite avec leur première supériorité.

Quel spectacle que celui de ces alternatives! quelle étude que celle de ces phénomènes! quelle recherche que celle de ces causes! quelle histoire que celle de ces époques!

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pour

Et les bien décrire, ou plutôt pour les connoître dans toute leur étendue, il faut les contempler sous les différens points de vue que donnent trois suppositions, parmi lesquelles le naturaliste doit choisir, lorsqu'il examine l'état passé, présent et futur du globe sur lequel s'opère ce balancement merveilleux.

La température de la terre est-elle constante, comme on l'a cru pendant long-tems, ou la chaleur dont elle est pénétrée va-telle en croissant, ainsi que quelques physiciens l'ont pensé ? ou cette chaleur décroît-elle chaque jour, comme l'ont écrit de grands naturalistes et de grands géomètres, les Leibnitz, les Buffon, les Laplace?

Présentons la question sous un aspect plus direct. La Nature vivante est-elle toujours animée par la même température? ou la chaleur, ce grand principe de son énergie,

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diminue-t-elle ou s'accroît-elle à mesure que les siècles augmentent?

Quels sujets sublimes pour la méditation du géologue et du zoologiste! quelle immensité d'objets! quelle noble fierté l'homme devra ressentir, lorsqu'après les avoir contemplés, son génie les verra sans nuage, les peindra sans erreur, et, mettant chaque événement à sa place, fera la part des tems écoulés et des tems qui s'avancent!

DES DÉNOMINATIONS

Par lesquelles les Naturalistes distinguent les diverses parties des Poissons.

EN lisant les ouvrages qui traitent de l'histoire naturelle des poissons, et particulièrement ceux qui, par trop de concision, deviennent quelquefois obscurs, l'on est souvent embarrassé pour trouver la vraie signification des termes caractéristiques, mais de pure convention entre les naturalistes. Les livres systématiques sur-tout abondent en expressions qui ne sont point usités dans le langage ordinaire, et aucun dictionnaire ne les explique de la manière dont les savans les entendent. Il m'a donc paru utile de donner ici un court Vocabulaire du langage ichthyologique, tel que le parlent la plupart des auteurs modernes, et par là de mettre à portée de comprendre leurs ouvrages; ce qui seroit impossible sans cette espèce de clef de mots récemment inventés, et assurément trop multipliés. A chacun de ces mots, dont la plus grande partie n'est point reçue en

français, je joindrai le mot correspondant en latin de nomenclature; ce qui donnera la facilité d'entendre aussi les livres latins qui traitent de l'histoire naturelle des poissons, leset de connoître les dénominations quelles ils désignent les formes variées des diverses parties dans les différentes espèces...

LE CORPS; corpus.

par

Le corps des poissons, considéré à l'exté rieur, est :

1. Ové, ovatum, quand il approche de la forme d'un œuf, c'est-à-dire, lorsqu'il a plus de longueur que de largeur, et que l'un des bouts est plus pointu que l'autre,

2. ARRONDI Ou ROND, orbiculatum, lorsqu'étant aplati, il a autant de diamètre en hauteur qu'en longueur.

3. OBLONG, oblongum, s'il est plus long que large, n'ayant cependant pas, comme l'ové, l'une de ses extrémités plus pointue que l'autre.

4. LANCÉOLÉ, lanceolatum, ici la longueur surpasse sensiblement la hauteur, et une des extrémités est alongée en pointe.

5. OVÉ-LANCÉOLÉ, ovato-lanceolatum lorsque la forme tient de celle de l'ovée et de la lancéolée.

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