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achètent leurs filets de la couleur du fil, qui est de lin; et ils les teignent d'une couleur tannée ou rougeâtre, en les faisant bouillir dans de grandes chaudières, avec de l'écorce de pin sauvage (pinus maritima altera, Math.) On ne se sert point de l'écorce du pin cultivé (pinus sativa. C. B. P.) On réduit donc en poudre l'écorce de pin sauvage: sur une partie d'écorce on met six parties d'eau, qu'on fait bouillir jusqu'à la réduction de moitié; ensuite on ôte le marc, et on verse la décoction dans une tonne. Quand elle est refroidie, au point de pouvoir y tenir la main, on met les filets dans cette teinture, en les faisant entrer par un bout, et les tirant par l'autre, comme font des teinturiers: on les arrange tout de suite en rond, dans une futaille qui est percée de quelques trous; au bout de quinze jours, ils sont encore chauds; et quoiqu'on les y daisse long-tems, ils n'y souffrent aucune altération; de sorte que quelquefois on ne les en retire que lorsqu'on veut s'en servir; alors on les lave dans de l'eau douce, et on les fait sécher à l'air ou au soleil. On passe tous les mois des sardinales dans cette teinture; et comme la couleur devient à chaque fois de plus en plus brune, à la fin ces filets

semblent teints en noir; moyennant ces attentions, ils durent plusieurs années.

Si l'on vouloit teindre les filets en couleur d'eau, on pourroit suivre le procédé que nous avons indiqué dans la première section pour teindre les lignes; mais on n'en fait point usage pour les filets.

Dans les pays où l'on ne peut pas se procurer du tan de chêne, on prend de l'écorce verte et fraîche, de racine de noyer; on la coupe par morceaux, qui peuvent avoir un pouce en carré; on les met dans une cuve, et sur deux boisseaux de cette écorce, on verse deux seaux d'eau, qu'on fait bouillir pendant une heure; on retire ensuite l'écorce, on met les filets au fond de la cuve, et on les recouvre avec l'écorce qu'on avoit tirée de la cuve les ayant laissé tremper pendant vingt-quatre heures dans cette teinture, on les en retire, on les tord, et on les étend pour les laisser sécher.

Comme les filets sont un objet considérable de dépense, les pêcheurs prennent une singulière attention à les conserver; pour cela ils les lavent autant qu'ils peuvent dans de l'eau douce, toutes les fois qu'ils reviennent de la mer; ensuite ils les étendent ou sur la grève, ou sur des perches, pour

les faire sécher; et avant de s'en servir, ik les visitent pour rétablir les trous qui pourroient s'y trouver article très-important, puisque, comme nous avons déjà eu occasion de le dire, quelques mailles rompues deviennent bientôt un grand trou, si on néglige de les rétablir; enfin, quand on s'aperçoit qu'un filet perd sa teinture, on le repasse dans la tannée; avec de pareilles attentions, les pêcheurs font quelquefois durer très-long tems leurs filets (i).

(1) On ne connoît point en Saxe ni dans le Nord l'usage de tanner les filets. Cette méthode, qui paroît avoir des avantages, mérite l'attention de ceux qui s'appliquent à avancer le progrès des arts.

Fin du second volume.

Préservatif contre la mortalité du Poisson dans les étangs pendant les grands hyvers,

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Méthodes de préparer les différentes espèces de Poissons pour les cabinets d'histoire naturelle, 548 Des filets, de leur fabrique, de leur entretien, et de leurs différentes espèces, 377

Fin de la Table.

Etate of Prof. R. Shackleton

19.12.86

[volt.]

862206

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