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ès l'origine de l'art de guérir, on dut d'abord donner des noms aux maladies pour mieux les reconnoître; mais avant de pouvoir les classer en plusieurs genres et espèces, on ne possédoit encore sur cette matière, que l'assemblage de quelques faits épars. L'habitude seule régloit les actes des premiers médecins. L'art étoit stationnaire ou purement empirique. Il fallut inventer des méthodes factices et créer des nomenclatures. Tous les siècles se ressemblent sous ce dernier rapport, malgré les progrès de l'esprit humain.

On s'aperçut peut-être du danger des innovations : ainsi par exem

a

ple, chez les Égyptiens qui conservoient le dépôt des sciences, il étoit défendu sous peine de mort, de faire autre chose pour le soulagement des malades, que ce qui étoit ordonné dans le livre de Trismegiste, alors dieu de la médecine. Ce ne fut que long-temps après, qu'il s'éleva parmi les Grecs, des génies supérieurs qui inventèrent la fable de la mythologie; car ce n'est qu'une allégorie piquante des passions et des qualités de l'esprit humain, ennoblies par le commerce des dieux. Toutes ces ingénieuses fictions reçurent d'abord les honneurs de la poësie : telle a été l'origine d'Apollon, dieu de la médecine chez les Grecs (1).

(1) Il est fait mention de Machaon et de

On sait, au sujet de ces derniers, qu'ils puisèrent l'astronomie auprès des Égyptiens, et particulièrement la médecine. Il ne s'est agi originairement, que de voir la maladie dans son espèce, pour pouvoir en opérer la guérison par comparaison avec d'autres cas semblables qui avoient réussi. C'étoit le premier pas pour arriver, soi-même, à l'expérience. Mais on administroit toujours les mêmes médicaments; c'étoit toujours le même traitement

Podalyre, qui suivirent Agamemnon au siège de Troye. Homère, dans son Illiade, parle de ces deux médecins avec de grands éloges. L'application simple de quelques plantes sur les blessures; le Népenthès donné comme calmant opiacé, à l'intérieur; enfin, l'extraction des traits et des javelots; voilà, dis-je, toute la science de ces deux fils d'Esculape.

qui étoit suivi; en un mot, l'art de guérir se bornoit à quelques formules empiriques.

Chez les Mèdes, les Assyriens et les Babyloniens, les malades étoient exposés publiquement dans les carrefours, pour y recevoir les conseils et les secours de ceux dont ils sollicitoient l'humanité. On étoit passible d'une forte amende, si on n'avoit pas indiqué ce que l'on avoit fait pour se guérir, en pareille circonstance. Mais, sans remonter à ces temps fabuleux et trop éloignés de nous pour en tirer quelque avantage, nous connoissons une origine plus certaine de la médecine, chez les Hébreux. Le législateur Moïse a consigné, dans la Bible, des faits trèsremarquables, relativement au res

pect et à la reconnoissance qu'il recommande de porter au caractère du médecin. Le premier législateur, et le poëte le plus célèbre dans l'antiquité, ont ouvert les trésors de la science au genre humain. Salomon, le roi le plus sage de la terre, ne dédaigna point de faire son étude particulière des plantes et d'en conseiller l'usage soitintérieur,soit extérieur. Les prêtres égyptiens réunissoient également le sacerdoce et la médecine. Enfin nous arrivons à l'époque, où l'art de guérir dut être cultivé par le peuple le plus spirituel et le plus amateur des progrès des sciences et des arts. Les livres de Trismégiste (si toutefois ils passèrent entre les mains des Grecs), et les tables votives suspendues dans le

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