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Total. 2.093

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L'année 1839 avait été comparativement défa-
vorable, comme on voit.

Selon toute probabilité, et à moins qu'on ne

manque d'ouvriers, le chiffre de l'année 1843 of-

frira de nouveau sur celui de l'année dernière un

excédant très-considérable.

Pour compléter l'aperçu des résultats qu'a of-

ferts jusqu'à présent l'exploitation des riches gise-
ments de sables aurifères découverts depuis peu
en Sibérie, il nous reste à ajouter aux détails repro-
duits quelques mots sur les dispositions adminis-
tratives faites dans le but de surveiller et de ré-
gler la marche des travaux entrepris pour le
compte des particuliers.

On sait que dans toute la Sibérie, la propriété
du sol appartient presque exclusivement à la cou-
ronne. Les paysans, établis dans les villages de ces
vastes solitudes encore presque incultes, possè-
dent les terres qui leur ont été concédées aux
mêmes conditions que les paysans habitant les
domaines de la couronne dans le reste de l'em-
pire, et quant aux déportés envoyés dans ces ré-
gions lointaines, ils sont ou condamnés aux tra-

vaux forcés, ou simplement à la peine de la déportation. Les premiers sont employés dans les mines de Nertchinsk, les seconds, qui forment la trèsgrande majorité, sont distribués dans les villages, où ils commencent par entrer comme laboureurs au service des paysans. Un grand nombre parmi ces derniers acquiert en assez peu de temps les moyens de s'établir dans des fermes nouvelles; bien qu'ils soient comme de raison placés sous une surveillance spéciale, on leur accorde toutes les facilités nécessaires pour qu'ils puissent disposer, de la manière la plus avantageuse, de leur travail. Ce mode de déportation est, comme on voit, une punition bien moins sévère que la peine de l'emprisonnement, dont les suites se font sentir ailleurs d'une manière si défavorable sous plusieurs rapports.

Les particuliers qui voudraient explorer les montagnes de la Sibérie orientale dans le but d'y trouver de l'or, ne peuvent entreprendre de semblables recherches sans avoir obtenu, de la part du ministère des finances, une licence à cet effet. Le nombre des permissions accordées par les autorités compétentes est assez considérable; celui des établissements d'exploitation effectivement organisés ne l'est pas autant, parce qu'il arrive souvent, malgré la richesse de ces montagnes, qu'un entrepreneur cherche en vain, et perd même les frais qu'exigent toujours les explorations dans ces contrées inhabitées. Dès qu'un de ces explorateurs autorisés trouve quelque gisement de sables aurifères, il y élève des pieux, un signal quelconque, pour marquer l'endroit, et donnant aussitôt avis aux autorités subalternes, il s'adresse aux autorités supérieures pour obtenir que l'étendue du terrain, désignée habituellement sous le nom

de Parcelle, lui soit concédée dans ces lieux. D'après les règlements en vigueur, et dans lesquels sont prévus tous les cas qui peuvent se présenter, l'étendue d'une semblable parcelle ne saurait excéder certaines limites, et le même individu ne peut jamais en posséder deux contiguës l'une à l'autre.

Le droit prélevé au profit du gouvernement sur les produits des gisements exploités pour le compte des particuliers était d'abord fixé à 15 p. 100 du produit brut; plus tard, les facilités qu'offre le travail sur plusieurs points, et la richesse des sables, ont permis d'élever le taux de cette redevance jusqu'à 20, et dans quelques cas même jusqu'à 25 p. 100 du total. De plus, les entrepreneurs sont tenus de payer 4 roubles par livre d'or retirée des sables pour les frais de surveillance des districts des mines.

Si, dans le cours des travaux, quelque prairie, quelque champ se trouve être endommagé, l'entrepreneur est dans l'obligation d'indemniser le paysan qui en a la jouissance, et dès que le gisement se trouve être épuisé, la propriété du sol revient à la couronne. Les employés du gouvernement, chargés dans chaque district de marquer sur le sol l'étendue des parcelles concédées, et de mettre en possession les concessionnaires, veillent de plus à ce que toutes les quantités d'or retirées des gisements soient régulièrement enregistrées sur les livres tenus à cet effet.

Cet or doit être remis par le propriétaire à l'administration des mines de l'Altaï; après avoir été essayé une première fois, il est expédié par cette dernière, sous la surveillance de quelques employés, à l'hôtel de la Monnaie, à Saint-Pétersbourg. C'est là qu'on en fait l'essai définitif, qui

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permet d'en fixer au juste la valeur, et le droit que réclame le gouvernement, les 4 roubles par livre, dont nous avons parlé plus haut, et le montant des frais de monnayage, étant déduits du total, le reste est remis au propriétaire en pièces de 5 roubles d'or. Dans le cas où un payement plus prompt deviendrait nécessaire au propriétaire pour la continuation des travaux, une partie de cette somme peut même être soldée à compte, avant l'évaluation exacte et définitive, par la direction des mines de l'Altaï.

Le lavage des sables est effectué sur des plans inclinés de différentes constructions, et à l'aide de machines également variées, inventées en partie dans le pays même à mesure que le besoin s'en faisait sentir, et mises en mouvement soit par des roues hydrauliques, soit par des chevaux, souvent même à force de bras. En dernier lieu, quelques entrepreneurs se sont occupés d'y introduire la vapeur comme force motrice. La partie la plus pénible des travaux, et qui souvent exige le plus de frais, c'est le charroi des sables, dont il faut transporter d'immenses quantités des bas-fonds, où ils se trouvent déposés le plus souvent, aux points où les cours d'eau ont assez de volume pour qu'on puisse y organiser les établissements de lavage. Nous avons vu, dans nos précédents articles, que ce n'étaient pas les sables les moins riches qui produisaient par 100 pds. 1 zolot. de métal; or, il ne faut pas moins de 9,600 pds. de sable de cette qualité pour obtenir une livre d'or, et jusqu'à 384,000 pouds pour obtenir 1 poud de ce métal. Dans quelques parties de ces montagnes, on voit, de plus, le travail quelquefois arrêté, parce qu'à certaines époques de l'année l'eau vient à y manquer, et, en général, on ne travaille en Si

bérie que pendant l'été, tandis qu'au pied de l'Oural l'activité des établissements de lavage ne s'arrête pas même en hiver, les ateliers étant construits de manière à pouvoir être chauffés.

Quant aux ouvriers qu'on y emploie, ils appartiennent presque exclusivement à la classe des déportés ; et, en 1842, on n'en comptait pas moins de 11,000 seulement dans la Sibérie orientale. Ces gens y travaillent aux conditions débattues de gré à gré avec les entrepreneurs. Le contrat ayant été conclu sous les yeux des magistrats de la commune dans laquelle ils ont leur domicile, c'està-dire du chef et des anciens, élus par les habitants du canton, et des arrhes ayant été données, ils se rendent aux lieux désignés sous la conduite d'un ancien choisi parmi les ouvriers mêmes, et, à l'approche de la mauvaise saison ils retournent dans le même ordre. Chaque ouvrier est muni d'un livret, sur lequel on marque le nombre des journées de travail fournies par lui, ainsi que la valeur des objets qui lui sont délivrés avant la liquidation définitive des comptes; le reste des salaires accordés par l'entrepreneur, déposé dans une caisse commune, est transporté au village sous la garde de l'ancien. Ce reliquat est d'ordinaire assez considérable, l'activité croissante qui règne dans les établissements d'exploitation ayant fait monter le prix du travail à un taux comparativement très-élevé, sans compter que le propriétaire est tenu de fournir aux ouvriers, pendant tout le temps qu'ils passent dans les montagnes, d'abondantes provisions. La consommation de viande est même devenue tellement considérable dans les établissements de lavage, qu'on se voit dans la nécessité d'y amener des bestiaux de fort loin; de manière que cette partie des approvi

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