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C'est une de ces pierres en prismes, que les anciens Minėralogistes désignaient sous la dénomination de schorls (1) : celle-ci se nommait le schorl bleu, nom que l'on changea en celui de sappare, que Saussure lui donna pour désigner son infusibilité au chalumeau : cette qualité l'engagea à s'en servir et à l'indiquer pour faire de petits supports sur lesquels on place les pierres que l'on veut essayer au cha

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(1) Il est bon de prévenir ici que le nom de schorl est celui dont les anciens Minéralogistes allemands ou français ont le plus abusé, e le donnant à une foule de substances très-différentes les unes des autres; d'abord on le donna à des cristaux alongés, plus ou moins chargés de cannelures, et ordinairement accolés ou rapprochés en faisceaux; ensuite toutes les substances qui se présentèrent cristallisées en lames plus ou moins épaisses, et qui n'avaient pas encore reçu de noms particuliers, eurent ce nom de schorl, auquel on ajouta celui de la couleur et quelquefois celui du pays. Je vais indiquer les plus connues, en mettant entre deux parenthèses les noms qu'on a ctu devoir, avec raison, leur substituer, et qui sont suffisamment motivés par la nécessité d'éviter une confusion très- nuisible à l'étude. Outre le disthène qu'on nommait le schorl bleu, il y avait le schorl vert du Dauphiné (c'est l'épidote); le schorl cruciforme (c'est la staurotide); le schorl rouge ( c'est le titane); le schorl rouge de Sibérie ( c'est la substance qu'on a nommée sibérite, et qui est maintenaut réunie avec les tourmalines); le schorl électrique est la tourmaline ordinaire); les schorls blancs du Dauphiné ce sont certains cristaux de feld-spath); le schorl violet ( c'est l'axinite);, le schorl aigue-marine ( le béril); le schorl octaèdre ( c'est l'anatase, maintenant réuni au titane); le schorl opaque rhomboïdal, le schorl spathique, le schorl noir, le schorl vert des talcs (ce sont quatre variétés d'amphibole ); le schorl noir des volcans (c'est le pyroxène), etc. etc. Non content de cette prodigalité qui appauvrissait la science en y jetant le désordre, on se servait quelquefois de l'épithète de schorlique, pour indiquer des cristaux prismatiques; ces noms ont été justement bannis, et il eût été à désirer que les Allemands les eussent également proscrits, comme rappelant d'anciennes erreurs.

Jumeau. D'autres l'ont nommé cyanite, mais le nom de disthène qui lui a été donné par M. Haüy, est le plus généralement adopté. Ce nom signifie qui a deux forces; il indique sa double vertu électrique : en effet, quand on frotte des faces de certains cristaux de disthène, ils acquièrent l'électricité dite résineuse; tandis que d'autres cristaux de la même substance acquièrent, par le frottement, l'électricité vitrée.

Les cristaux de disthène sont ordinairement alongés; ils ont souvent quatre pans, dont deux sont plus étroits que les deux autres, ce qui leur donne à-peu-près la forme d'une règle de bureau; leur couleur est bleue, mais avec diverses nuances, depuis le bleu foncé jusqu'au bleu blanchâtre nacré : ils sont tantôt transparens, tantôt translucides; leur pesanteur spécifique est de 3,51.

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Les lames des cristaux de disthène se séparent facilement les unes des autres dans le sens de leur longueur: lorsqu'on essaye leur dureté sur le verre, il faut choisir le tranchant des lames, car le verre les raye sur leur épaisseur. On ne peut confondre au premier aspect le disthène qu'avec le mica bleu ; mais celui-ci est rayé par l'autre, et d'ailleurs les lames de mica ont une élasticité que n'ont point celles de disthène.

Il y a des portions de disthène d'un beau bleu et d'une belle transparence, principalement daus les fragmens de cristaux qui ont été roulés et arrondis par les eaux ; si on les taille soit en cabochon, soit à facettes, ils prennent un poli très-vif, et on peut les confondre au premier aspect avec des saphirs; j'en ai vu de très-beaux, et qui joignaient à beaucoup d'éclat une fort belle couleur;

mais la différence qui existe entre la dureté du saphir et même du cristal bleu, et le disthène, suffit pour les distinguer. On peut cependant employer cette pierre en bijou.

Les cristaux de disthène forment des faisceaux, ou bien sont divergens; ils sont quelquefois fort longs. On en trouve près de Lyon, au SaintGothard, dans les Alpes, dans le Tyrol, en Bavière, en Carinthie, en Ecosse et en Sibérie.

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Ce minéral se rapproche du paranthine, par sa composition et la faculté qu'il a de se boursoufler en fondant; mais il en diffère par quelques caractères; ses petits cristaux sont des prismes grisâtres ou rougeâtres, translucides assez éclatans; leur cassure transversale est conchoïde et lamelleuse dans le sens de la longueur : ces petits prismes sont ordinairement réunis en faisceaux; d'autres se trouvent disséminés dans leur gangue : ils sont très-fragiles. Leur pesanteur spécifique est de 2,63. La poussière du dipyre, jetée sur les charbons, répand une légère lueur phosphorique. On a trouvé ce minéral près d'un petit torrent (le gave Mauléon), dans les Pyrénées-Occidentales. (Espèce.)

BASALTE.

Je place ici ce minéral par appendice aux pierres dures, en prévenant qu'il ne fait point partie de la série méthodique du Muséum (1). Chaque auteur le place dans une division particulière, en raison de l'origine qu'il lui at

(1) M. Haüy désigne les basaltes sous la dénomination de laves lithoïdes basaltiques.

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