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de l'oxide de fer. Ces diverses couleurs sont disposées de manière à former des dessins anguleux, qui, vus à une certaine distance, représentent des villes dans lesquelles on remarque des ruines, des forts, des tours; ces objets sont quelquefois placés sur divers plans : le devant, plus vigoureux de ton, et le haut du tableau presque toujours plus clair, tend à compléter l'illusion. Quelquefois, en sciant ces pierres, on rapproche les deux plaques pour n'en former qu'un seul tableau. Cette variété prend un poli peu éclatant, et son mérite est tout entier dans l'illusion que certaines plaques produisent; on les encadre alors comme des tableaux, pour orner les cabinets. Je n'ai pu en faire graver qu'un fragment à cause de l'espace (pl. 7, fig. 4); mais il y a des plaques qui ont plusieurs décimètres en long et en large. Quelquefois ces pierres offrent des dendrites noires placées sur une terrasse, et représentent alors un petit paysage (pl. 7, fig. 3). Le nom vulgaire de pierre de Florence indique le lieu d'où l'on tire cette singulière variété de chaux carbonatée argilifere.

La chaux carbonatée compacte se trouve aussi globuliforme ; ces sphéroïdes, que l'on nomine vulgairement des oolithes (1), sont ordinairement de la grosseur de très-petites graines aglutinées par un ciment de substance à-peu-près semblable: plusieurs naturalistes ont pensé que la chaux devait cette forme sphéroïdale au mouvement des eaux: on en remarque qui ont la grosseur de pois. Les oolithes sont d'un jaune sale ou d'un rouge brunâtre : leur cassure est com'pacte, ordinairement écailleuse, ce qui empêche de les confondre avec d'autres variétés. On en trouve près d'Alençon et dans diverses contrées. Quelquefois les masses d'oolithes sont assez dures pour recevoir le poli, et j'en ai vu de jolies plaques.

(1) Ce nom est composé de deux mots grecs qui signifient œuf et pierre. Il indique la forme de ces corps sans désigner leurs substances; aussi trouve-t-on des oolithes ferrugineuses et quartzeuses : celles-ci reçoivent bien le poli.

C'est particulièrement à la chaux carbonatée grossière que l'on donne les dénominations vulgaires de pierre calcaire, pierre de taille, moellon. C'est la pierre à bâtir des Parisiens, et il est inutile d'insister sur des caractères que tout le monde a été à portée de remarquer ces pierres different entr'elles, du moins par l'aspect de la cassure et par la dureté, ce qui fait qu'on les destine à divers usages. Quelquefois elles renferment une grande quantité de coquilles. La chaux carbonatée grossière forme souvent des bancs d'une grande étendue, ordinairement horizontaux; dans certaines contrées, elle se présente aussi en couches très-minces. La pierre de liais n'est autre chose qu'une variété de ce groupe, dont le grain est fin et serré. La chaux carbonatée grossière, si commune en France, et dont les environs de Paris offrent de si belles carrières, est assez rare dans quelques pays, et notamment en Angleterre.

La chaux carbonatée crayeuse est la crqie vulgaire : cette variété, plus tendre que la précédente, happe un peu à la langue; sa cassure terreuse, sa légèreté et la propriété qu'elle a de laisser une trace blanche sur les corps, sont des caractères connus de tout le monde; mais dans les carrières elle est rarement aussi pure que celle du commerce; ordinairement, pour la rendre propre à servir de crayon, ou de blanc à la peinture en détrempe, il faut la purger du sable qu'elle contient, ce que l'on fait en la délayant dans l'eau. On lui donne alors la forme de petits pains cylindriques qui, dans le commerce, ont le nom de blanc d'Espagne, ou blanc de molleton, ou simplement de blanc. On l'emploie aussi dans cet état pour nettoyer divers objets polis.

Quoiqu'il existe de vastes contrées dont le sol est crayeux, cette variété ne paraît pas aussi commune que la chaux carbonatée grossière.

La chaux carbonatée spongieuse est douce au toucher, ce qui

la distingue sur-tout de la précédente qui est maigre; son grain est très-fin; elle est d'ailleurs tendre et si legère, qu'elle surnage quelques instans. Son aspect lui a fait donner les noms vulgaires d'agaric minéral et de moèle de pierre : elle est beaucoup plus rare que les précédentes; on la trouve cependant assez abondamment en Suisse. Enfin la chaux carbonatée pulverulente est cette variété blanche et très-légère qui forme quelquefois une espèce d'enduit sur les parois des bancs de pierre calcaire à bâtir. Elle se réduit en poudre très-fine en la touchant, et c'est là ce qui lui a fait donner le nom vulgaire de farine fossile.

3o. LA CHAUX CARBONATÉE CONCRÉTIONNÉE offre quelques variétés intéressantes Telle est l'albátre ; mais les amateurs et les marchands donnent ordinairement ce nom à une substance étrangère à cette espèce, et que je décrirai plus bas. L'albâtre calcaire est rarement assez blanc pour donner lieu à la comparaison vulgaire que l'on fait en parlant d'un objet qui a une très-grande blancheur. Ses caractères les plus apparens sont d'être composé de couches ondoyantes parallèles, plus ou moins translucides, d'un. blanc de lait, jaunes, rousses, etc. Ces caractères sont dus à la manière dont les concrétions pierreuses en général sont formées on doit concevoir que si la chaux carbonatée tenue en dissolution dans un liquide, au lieu de se trouver dans des circonstances favorables à la formation des cristaux, s'est écoulée lentement, et en quelque sorte goutte à goutte sur un corps quelconque, elle a dû former des couches successives qui ont été plus ou moins pures, plus ou moins colorées. Des cavités considérables présentent l'exemple de cette formation lente et successive: ces cavités ou grottes laissent suinter et dégoûter de leurs parois le liquide chargé de chaux car→ bonatée; lorsqu'il tombe de la voûte sur le sol, il laisse en s'évaporant, une légère couche de matière, qui se recouvre de nouvelles couches et s'accroît en hauteur, en formant une espèce de cône évasé, dont la pointe est

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