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parmi ces derniers furent de tout temps chargés de faire respecter les intérêts du domaine, de veiller à la perception régulière des tributs qui composaient les revenus de la couronne, et de recevoir les comptes des trésoriers généraux, des châtelains et des métraux. Telle fut l'origine de la Chambre des Comptes; aussi ancienne que le conseil résidant près de la personne de nos princes, elle eut, avant cette cour suprême, un siége permanent dans la capitale de la Savoie. Les comptes des syndics Antoine Ambrois et Guigue Dupont confirment cette assertion par une indication curieuse, et je crois pouvoir avancer, sur leur autorité, que c'est à l'année 1295 et aux sages dispositions d'Amé-le-Grand, que l'on peut rapporter l'établissement de la Cour des Comptes et de ses archives dans le château de Chambéry.

C'était le 15 mai de l'année 1405. Antoine Ambrois et Guigue Dupont, son collègue, tous deux bourgeois et syndics de Chambéry, après avoir solennellement juré sur les saints Evangiles de bien et fidèlement rendre compte de leur administration, exposaient au conseil assemblé, le tableau des recettes et dépenses qu'ils avaient faites pour la commune pendant les deux années qu'avait duré leur gestion syndicale (du 2 octobre 1396 au 2 octobre 1398). Les prud'hommes, qui s'étaient réunis dans le couvent des Frères-Mineurs, au son de la grosse cloche de

Saint-Léger, étaient François Marchand, licencié en droit, Antoine Belletruche, Antoine Longuelin, Jacques des Charmettes, Georges des Clets, Guigonnet Maréchal, Antoine Pegni, Etienne Rosset, Pierre Rapier, Pierre Arnaud et Etienne Boirel, tous bourgeois et conseillers de la ville de Chambéry. Au nombre des dépenses dont les syndics demandèrent l'allocation, figurent les frais de voyage de Guillemet de Challes et de Guillemet Chabod, damoiseaux (domicelli), députés par la commune auprès du comte Amédée VIII, dans une occasion importante. Il s'agissait de déjouer les manœuvres malveillantes d'Antoine Barbier et de Pierre Magnin, maîtres et auditeurs des comptes, qui insistaient auprès du prince pour faire transporter à Bourg le siége et les archives de la Chambre. Les députés partirent le 7 janvier 1397 pour la capitale de la Bresse, où résidait alors le comte de Savoie ; ils portaient au prince l'humble supplique de la ville de Chambéry, qui lui représentait tout l'inconvénient et l'énormité du déplacement projeté (13). Mais, avant de

(15) Requête de la ville au comte de Savoie.

Vobis illustri principi domino nostro singulari et precipuo domino Amedeo comiti sabaudie exponitur humiliter pro parte fidelium subditorum vestrorum burgensium et incolarum ville vestre Chamberiaci. nupper ad eorum noticiam pervenisse. quod de mandato aliquorum ex

tenter cette démarche, les syndics avaient adressé les plus vives réclamations au conseil résidant à Chambéry, et en avaient obtenu des lettres d'attestation,

vestris consiliariis magistris computorum vestrorum ore facto ut dicitur. dicti magistri scelicet Anthonius barberij et petrus magnini. computos reddituum patrimonij rerum et jurium vestrorum vestri dicti tocius comitatus de castro villa et pertinentiis chambr extrahere et ad loca remota ab eis scelicet ad partes breyssie transferre et exportare proponunt. Cumque dicti computi in castro et villa predictis tenuti fuerint immutabiliter permanserint et ex disposicionibus tam sollempnium sapiencium principum dominorum Comitum sabaudie predecessorum vestrorum sedes ordinaria ipsos computos audiendi tenendi et recipiendi huc usque ordinata tenuta fuerit et servata ibidem tanti temporis spacio. quod de contrario memoria hominis non existit sic quod et fuit absque eo. quod in mutacione exportacione et translacione faciendis predictis. sit aliqua utilitas evidens. quinymo pericula maxima et enormia apparerent. Cum per dictos computos et raciones de quibus in eis plurime fuerint menciones. de juribus vestris et magnatum plurium subditorum eciam aliorum plurium principum vicinorum vestrorum mencio fiat et tractetur. item et ex statuto dudum per illustrem dominum genitorem vestrum. et illustrem dominam bonam de borbonio ejus genitricem facto. ordinatum fuit dictos computos de castro predicto extrahi non debere. quod si interveniat debet vestri evidens utilitas sine fraude

licleras testimoniales, qui devaient constater leur opposition et mettre à l'abri leur responsabilité personnelle (14).

quibusvis veraciter apparere. sint que alie juste ardue et legitime raciones loco et tempore congruis et debitis declarande quare ad remocionem et exportacionem dictorum computorum predictas procedi non debeatur quovismodo quatenus excelse dominacioni vestre predicte placeat. dictum vestrum et consiliariorum vestrorum assertum mandatis si factum fuerit quod non creditur contrario imperio revocare. magistris vestrorum computorum predictis et ceteris vestris omnibus subditis inhibendo ne ad remocionem et exportacionem predictas quomodolibet procedant ipsas que minime faciant vel actemptent. quidem vestra dominacio sic faciens animos fidelium vestrorum supplicancium predictorum conquiescet qui aliter premissis actentis et de jurium vestrorum ennunciacione dubitantes turbati non modicum remanebunt.

(14) Requête des syndics au vénérable conseil résidant ȧ Chambéry.

Vobis venerabili consilio illustris principis dni nostri Sabaudie Comitis residenti exponunt. Anth. ambrosij et guigo de ponte sindici et syndicario nomine ville et universitatis chambr. de mandato consiliariorum dicte communitatis quod nupper ad eorum noticiam pervenerit. quod Anth. barberij et petrus magninj voluerunt et proposuerunt computos seu libros et raciones computorum dicti dni nostri comitis in suis archivis publicis solitis et

Les membres du conseil qui se trouvaient alors à Chambéry étaient Guillaume Marchand, Jean de Sauvage, Guillaume Beczon, Lambert Oddinet, avocat fiscal, et François Calod, qui, dans cette circonstance, remplaçait Antoine Barbier, l'adversaire des syndics. L'auguste tribunal ne voulut donner sa déclaration qu'après avoir entendu toutes les raisons que les maîtres des comptes et les chefs de la commune avaient à faire valoir, et cita les parties à comparaître devant lui le 3 janvier 1397. Les débats furent orageux, et Guigue Dupont et son collègue y brille

ad hoc specialiter et sollempniter per predecessores dieti dni nostri comitis ordinatis et in castro chambr. repositis. extra dictum locum et archivos quinymo extra provinciam Sabaudie transportare. Quam obrem novam et insolitam. dicti syndici ac quamplurimi nobiles burgenses dicte ville chambr. non immerito admirati ad dictos anth. et petrum de mandato dictorum consiliariorum personaliter accesserunt et ab eis siscitarunt. an super hoc haberent licteras de mandato a dicto dno nostro comite vel ejus consilio eos que rogaverunt ut eas exhiberent. ut cessaret materia de re tam miranda et insolita contra eos murmurandi. qui se nullas super hæc licteras habere dicere voluerunt. nec aliquas ostendere voluerunt. Ea propter cum talis transportacio sit contra morem solitum et contra consuetudinem et stillum per majores et predecessores dicti dni comitis ab antiquo sic quod de contrario memoria non existit invio

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