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pliquée aux données précédentes, qu'en prenant pour unité, la lumière de ce point dans la pleine lune; sa lumière est 0,02, dans les éclipses centrales apogées, et seulement 0,0036 ou six fois moindre environ, dans les éclipses centrales périgées. S'il arrive donc alors, par un concours extraordinaire de circonstances, que les vapeurs absorbent une partie considérable de cette faible lumière, quand elle traverse l'atmosphère pour arriver du soleil à la lune; ce dernier astre sera entièrement invisible. L'histoire de l'Astronomie nous offre quelques exemples, quoique très-rares, de cette disparition totale de la lune dans ses éclipses. La couleur rouge du soleil et de la lune à l'horizon, nous prouve que l'atmosphère terrestre laisse un plus libre passage aux rayons de cette couleur qui, par cette raison, est celle de la lune éclipsée.

Dans les éclipses de soleil, la lumière réfléchie par l'atmosphère terrestre, diminue l'obscurité qu'elles produisent. Plaçons-nous en effet, sous l'équateur, et supposons les centres du soleil et de la lune à notre zénith. Si la lune étant périgée, le soleil est apogée; on aura à très-peu près le cas de l'obscurité la plus profonde, et sa durée sera d'environ cinq minutes et demie. Le diamètre de l'ombre projetée sur la terre, sera vingt-deux millièmes de celui de la terre, et six fois et demie, moindre que le diamètre de la section de l'atmosphère par le plan de l'horizon, du moins, si l'on suppose la hauteur de l'atmosphère, égale à un centième du rayon terrestre, comme on l'a conclu de la durée du crépuscule; et il est très-vraisemblable que l'atmosphère nous renvoie encore des rayons sensibles, à de plus grandes hauteurs. On voit donc que le soleil éclaire dans ses éclipses, la plus grande partie de l'atmosphère, qui est au-dessus de l'horizon. Mais elle n'est éclairée que par une portion du disque solaire, croissante à mesure que les molécules atmosphériques s'éloignent du zénith : dans ce cas, les rayons solaires traversant une plus grande étendue de l'atmosphère, pour arriver du soleil à ces molécules, et de là revenir par la réflexion, à l'observateur; ils sont assez affaiblis pour laisser apercevoir les étoiles de première et de seconde grandeur. Leur teinte participant du bleu du ciel et de la rougeur du crépuscule, répand sur tous les objets, une couleur sombre qui jointe à la disparition subite du soleil, remplit les animaux de frayeur.

LIVRE SECOND.

DES MOUVEMENS RÉELS DES CORPS CÉLESTES.

Provehimur portu, terræque urbesque recedunt.
VIRG. Eneid., liv. 11.

NOUS

ous venons d'exposer les principales apparences des corps célestes; et leur comparaison nous a conduits à mettre les planètes en mouvement autour du soleil qui, dans sa révolution autour de la terre, emporte avec lui les foyers de leurs orbites. Mais les apparences seraient les mêmes, si la terre était transportée comme toutes les planètes, autour du soleil: alors cet astre serait, au lieu de la terre, le centre de tous les mouvemens planétaires. La connaissance de ce centre est indispensable pour avancer dans la recherche des causes motrices: elle est d'ailleurs pour nous, du plus grand intérêt, par le rang qu'elle assigne au globe que nous habitons. S'il est, en effet, immobile au milieu de l'univers ; l'homme est en droit de se regarder comme le principal objet des soins de la nature toutes les opinions fondées sur cette prérogative, méritent son examen; et il peut raisonnablement chercher à découvrir les rapports que les mouvemens des astres doivent avoir alors avec son existence. Mais si la terre est une des planètes qui circulent autour du soleil; cette terre déjà si petite dans le système solaire, disparaît entièrement dans l'immensité des cieux dont ce système, tout vaste qu'il est, ne forme qu'un point insensible.

CHAPITRE PREMIER.

Du mouvement de rotation de la Terre.

En réfléchissant sur le mouvement diurne auquel tous les corps célestes sont assujétis; on reconnaît évidemment l'existence d'une cause générale qui les entraîne ou paraît les entraîner autour de l'axe du monde. Si l'on considère que ces corps sont isolés entre eux, et placés loin de la terre, à des distances très-différentes; que le soleil et les étoiles en sont beaucoup plus éloignés que la lune, et que les variations des diamètres apparens des planètes, indiquent de grands changemens dans leurs distances; enfin, que les comètes traversent librement le ciel dans tous les sens; il sera très-difficile de concevoir qu'une même cause imprime à tous ces corps, un mouvement commun de rotation. Mais les astres se présentant à nous de la même manière, soit que le ciel les entraîne autour de la terre supposée immobile, soit que la terre tourne en sens contraire, sur elle-même; il paraît beaucoup plus naturel d'admettre ce dernier mouvement, et de regarder celui du ciel comme une apparence.

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La terre est un globe dont le rayon n'est que de sept millions de mètres le soleil est, comme on l'a vu, incomparablement plus gros. Si son centre coïncidait avec celui de la terre, son volume embrasserait l'orbe de la lune, et s'étendrait une fois plus loin; d'où l'on peut juger de son immense grandeur : il est d'ailleurs, éloigné de nous d'environ vingt-trois mille rayons terrestres. N'est-il pas infiniment plus simple de supposer au globe que nous habitons, un mouvement de rotation sur lui-même, que d'imaginer dans une masse aussi considérable et aussi distante que le soleil, le mouvement extrêmement rapide qui lui serait nécessaire pour tourner en un jour, autour de la terre ? Quelle force immense ne faudrait-il pas

alors pour le contenir et balancer sa force centrifuge? Chaque astre présente des difficultés semblables, qui sont toutes levées par la rotation de la terre.

On a vu précédemment, que le pôle de l'équateur paraît se mouvoir lentement autour de celui de l'écliptique, et que de là résulte la précession des équinoxes. Si la terre est immobile, le pôle de l'équateur est sans mouvement, puisqu'il répond toujours au même point de la surface terrestre : la sphère céleste se meut donc alors sur les pôles de l'écliptique, et dans ce mouvement, elle entraîne tous les astres. Ainsi le système entier de tant de corps si différens par leurs grandeurs, leurs mouvemens et leurs distances, serait encore assujéti à un mouvement général qui disparaît et se réduit à une simple apparence, si l'on suppose l'axe terrestre se mouvoir autour des pôles de l'écliptique.

Entraînés par un mouvement commun à tout ce qui nous environne, nous ressemblons au navigateur que les vents emportent avec son vaisseau sur les mers. Il se croit immobile; et le rivage, les montagnes et tous les objets placés hors du vaisseau, lui paraissent se mouvoir. Mais en comparant l'étendue du rivage et des plaines, et la hauteur des montagnes, à la petitesse de son vaisseau; il reconnaît que leur mouvement n'est qu'une apparence produite par son mouvement réel. Les astres nombreux répandus dans l'espace céleste, sont à notre égard, ce que le rivage et les montagnes sont par rapport au navigateur; et les mêmes raisons par lesquelles il s'assure de la réalité de son mouvement, nous prouvent celui de la

terre.

L'analogie vient à l'appui de ces preuves. On a observé des mouvemens de rotation dans presque toutes les planètes, et ces mouvemens sont dirigés d'occident en orient, comme celui que la révolution diurne des astres semble indiquer dans la terre. Jupiter beaucoup plus gros qu'elle, se meut sur son axe, en moins d'un demi-jour : un observateur à sa surface, verrait le ciel tourner autour de lui, dans cet intervalle; ce mouvement du ciel ne serait cependant qu'une apparence. N'est-il pas naturel de penser qu'il en est de même de celui que nous observons sur la terre ? Ce qui confirme d'une manière frappante, cette analogie; c'est que la terre, ainsi que

Jupiter, est aplatie à ses pôles. On conçoit, en effet, que la force centrifuge qui tend à écarter toutes les parties d'un corps, de son axe de rotation, a dû abaisser la terre aux pôles, et l'élever à l'équateur. Cette force doit encore diminuer la pesanteur à l'équateur terrestre, et cette diminution est constatée par les observations du pendule. Tout nous porte donc à penser que la terre a un mouvement de rotation sur elle-même, et que la révolution diurne du ciel, n'est qu'une illusion produite par ce mouvement, illusion semblable à celle qui nous représente le ciel, comme une voûte bleue à laquelle tous les astres sont attachés, et la surface de la terre, comme un plan sur lequel il s'appuie. Ainsi, l'astronomie s'est élevée à travers les illusions des sens; et ce n'a été qu'après les avoir dissipées par un grand nombre d'observations et de calculs, que l'homme enfin a reconnu les mouvemens du globe qu'il habite, et sa vraie position dans l'univers.

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